Water [Deepa Mehta]

Water
Film canadien de Deepa Mehta

9 nominations au Festival de Toronto dont "Meilleur film" et "Meilleur réalisation"

Sorti en France :sept 2006.


Synopsis

Citation :

En 1938, alors que l’Inde est en conflit avec les Britanniques pour obtenir son indépendance, Chuyia âgée de 7 ans, perd son mari et se voit forcée de vivre dans un ashram en compagnie d'autres veuves. L'une d'elles, obligée de se prostituer auprès des notables de la ville, tombe amoureuse d'un riche partisan de Gandhi.

...

Un beau film qui s’attaque à l’exploitation sexuelle et au mariage précoce et démontre les conséquences de ces mariages sur ces femmes contraintes de vivre dans la pauvreté et l'insalubrité.

Citation :

La loi de l'époque dictait à ces veuves une conduite de renoncement aux désirs terrestres, elles pouvaient choisir entre « brûler avec leur époux » ou vivre dans l'abnégation...

L'histoire commence le jour où Chuyia est séparée sans comprendre de sa famille et envoyée dans ces maisons où les veuves hindous vivent en pénitence.
Des femmes paria à la tête rasée, dont les seules sorties autorisées sont celles résevées à la mendicité et le seul passe-temps, la prière, en attendant la mort.
Chuyia innocente et un rebelle va donner un peu de vie à ce monde figé et emmuré dans ses principes puis se lier d'affection avec une jeune veuve tombée amoureuse d'un bel avocat disciple de Gandhi.

La qualité des images d'une beauté saisissante nous révèle un pays peu connu de nous occidentaux, aux couleurs lumineuses, où l'eau semble être le point d'ancrage de ces vies basées sur la croyance. Une eau qui purifie, apaise et parait être le seul lien de ce peuple par ailleurs si disparate dans le maintien de ses castes.

Et puis cette musique qui baigne le tout
Tout celà confère à ce petit moment de cinéma un côté sacré, une aura particulière.
A voir pour mieux comprendre l'âme hindoue, ses croyances et son passé au travers de ces vies de femme anonymes qui ont payé de leurs existences la marche de l'histoire.

Je vous le réserve pour le cerclage

Video pour vous y inciter ICI

Water



Je viens de le regarder et j'ai adoré ce film. Certains le trouveront peut-être un peu trop beau, lisse ou esthétisant, parfois prévisible ou didactique mais les personnages sont forts et attachants, le propos juste et le mélodrame poignant, à mi-chemin entre la tradition indienne et la narration plus anglosaxone. J'ai pensé à "Epouses et Concubines" de Zhang Yimou pour ces relations entre ces femmes en huis clos. La photographie est splendide dans une tonalité bleutée qui illustre la thématique de l'eau omniprésente. La musique envoûtante est de Mychael Danna, le musicien attitré d'Atom Egoyan. Il clôt une trilogie qui comporte également Fire, histoire d'amour entre deux femmes, et Earth une adaptation du roman Cracking India de Bapsi Sidhwa sur l'affrontement entre musulmans et hindous en 1947 au moment de l'indépendance. Dans Water je n'oublierai pas cette petite fille offrant à une vieille femme bientôt mourrante cette sucrerie dont elle rêve depuis toujours, depuis son repas de mariage avant de devenir veuve et d'être placée à vie dans cet âshram. N'hésitez pas, il faut le voir. C'est un film coup de coeur que Salman Rushdie déclare "magnifique" dans l'accroche de l'affiche. Il aurait fait un très beau roman. Ecoutez Aériale!

Citation :

N'hésitez pas, il faut le voir.

Et voilà...
Jamais, je ne m'en sortirai, moi, jamais.

Oh oui, et il faut voir Earth et Fire, les autres éléments de cette trilogie. En Inde, Deepa Mehta est l'ennemie jurée des fondamentalistes : pensez, elle a osé évoquer l'homosexualité féminine dans l'un de ses films !

Je ne savais pas qu'il y avait une trilogie! Je vais tâcher de me la procurer...

Merci Marko de parler de ce film, un très beau souvenir pour moi...

Citation :

N'hésitez pas, il faut le voir. C'est un film coup de coeur que Salman Rushdie déclare "magnifique" dans l'accroche de l'affiche. Il aurait fait un très beau roman. Ecoutez Aériale!

Et oui écoutez Marko si vous ne m'écoutez pas moi

J'ai écouté Aériale!
Oui, c'est un film aux images splendides, et assez effrayant car quasi documentaire. Même si l'action se situe en 1938, deux choses. D'abord la réalisatrice signale que le sort des veuves de ce pays ne s'était guère amélioré en 2005. Et d'autre part, il lui a été impossible de tourner dans son pays:

Citation :

Depuis le début de sa "trilogie des éléments", Deepa Mehta est considérée comme la principale ennemie des fondamentalistes hindous et de leur chef Bal Thackeray. Ainsi en 2000, un groupe d'émeutiers a attaqué et brûlé les plateaux de production de Water et a proféré des menaces de mort contre la réalisatrice.
Le gouvernement indien a réprouvé publiquement cette atteinte à la liberté d'expression et a fourni 300 troupes, afin de protéger la production du film ainsi que Deepa Mehta. Cependant, les opposants de Water sont parvenus à mettre l'équipe du film sur écoute et ont continué à faire pression : des effigies de la réalisatrice ont été brûlées quotidiennement à travers le pays et la tentative de suicide d'un contestataire ont poussé le gouvernement à interrompre la production du film pour des raisons de "sécurité publique".

Ils n'aiment pas trop, mais le problème des veuves, il y a un cont splendide de Kipling bien à propos. Je vais chercher ce film, ce que vous en dites me donne vraiment envie de le voir.