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| Irvin Yalom | |
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colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Irvin Yalom Mar 13 Mar 2012 - 17:49 | |
| Un peu de littérature comparée ? Ou comment l'analyse comparée d'un poème occidental et d'un poème oriental nous prouve l'existence de deux manières différentes de voir le monde... Intéressant ! - Citation :
- Dans un essai extraordinairement lumineux, Suzuki illustre deux postures de vie opposées par le biais de deux poèmes. Le premier est un haïku du XVIIe siècle attribué à Basho :
« Quand je regarde soigneusement, Je vois le nazuma en fleurs Près de la haie ! »
Le second est de Tennyson :
« Fleur dans le mur fissuré, Je te cueille du milieu des fissures ; Te tiens ici, racines et totalité, dans ma main. Petite fleur – Mais si je pouvais comprendre Ce que tu es, racines et totalité, et tout en tout Je saurais ce qu’est Dieu et ce qu’est l’homme. »
Dans le premier, Basho observe simplement une nazuma (une fleur commune, quelconque) qui fleurit près de la haie. Ce haïku évoque […] une relation tendre, proche, humble et harmonieuse avec la nature. […] Tennyson, quant à lui, se montre éloquent et plus actif. […] Tennyson tente d’analyser et de comprendre la fleur ; il prend une posture scientifique et objective. Il utilise la fleur pour accéder à une autre connaissance. Il transforme la rencontre avec la fleur en connaissance et, en dernier recours, en pouvoir. Suzuki suggère que ce contraste illustre bien la différence existant entre les attitudes orientales et occidentales vis-à-vis de la nature et, par voie de conséquence, envers la vie. L’occidental fait preuve d’un esprit analytique et objectif ; il tente de comprendre la nature en la disséquant, en la soumettant et en l’exploitant. L’oriental, quant à lui, se montre subjectif, intégratif, global ; il s’évertue non à analyser et à maîtriser la nature, mais à en faire l’expérience et à être en harmonie avec elle. Il s’agit donc d’un contraste entre un mode de recherche-action et un mode harmonisation-union, contraste souvent appréhendé par les termes « faire » par opposition à « être ». | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Irvin Yalom Mar 13 Mar 2012 - 17:52 | |
| Sur le manque de sens dans l'existence moderne : - Citation :
- A l’ère préindustrielle et agricole, les êtres humains étaient harcelés par de nombreux problèmes, mais ne semblaient pas être tourmentés par le vide existentiel auquel semblent se confronter nombre de nos contemporains. Il existait en effet différents pourvoyeurs de sens. A commencer par la perspective religieuse fournissant une réponse si globale qu’elle obscurcissait la question du sens. Ensuite, à ces époques, les êtres humains devaient en priorité combler des besoins plus urgents, comme la nourriture et l’abri, de sorte qu’ils n’avaient pas le luxe de s’interroger sur leur besoin de sens. […] Tolstoï, dont j’ai évoqué la crise existentielle au début de ce chapitre, constatait que le paysan simple de son domaine semblait peu tourmenté par ces doutes fondamentaux. Il en arriva à la conclusion que le paysan savait quelque chose que lui ignorait et, dès lors, chercha à soulager ses tourments en tentant d’imiter le paysan afin de découvrir son secret.
Les citoyens du monde préindustriel disposaient en outre d’autres activités pourvoyeuses de sens dans leur vie quotidienne. Ils étaient proches de la terre, se sentaient appartenir à la nature, s’intégraient au processus naturel par leur diverses activités –travail des champs, moissons, cuisine et, bien évidemment, sans y penser, par leurs enfants. Leur travail quotidien était créatif ; ils participaient à la création de la vie. Ils avaient le sentiment d’appartenir à une entité plus grande ; ils faisaient partie intégrante d’une famille et d’une communauté et, dans ce contexte, devaient se conformer à des rôles et des obligations. […]
Mais toutes ces significations ont disparu. Le citoyen contemporain, dans le monde séculier, urbain et industrialisé, doit se confronter à une vie dénuée de schéma de signification aux fondements religieux et dont le lien au monde naturel et la chaîne du vivant a été arraché. Nous avons du temps, trop de temps, à consacrer à des questions troublantes. […] Le temps « libre » nous est problématique en ce qu’il nous impose la liberté.
Le travail, tant qu’il en reste, n’est plus pourvoyeur de sens. Même une imagination des plus fertiles ne parviendrait pas à insuffler de la créativité à de nombreuses formes de travail modernes. […] Par ailleurs, de nombreux emplois n’ont aucune valeur intrinsèque. Comment des légions entières d’employés réalisant des tâches administratives au sein de vastes systèmes bureaucratiques peuvent-ils croire que leur activité ait un sens ? Avec l’explosion démographique et la couverture médiatique dont elle bénéficie, comment l’individu peut-il croire qu’avoir et élever des enfants rend un service à quiconque, à commencer par la planète ou l’espèce humaine ? | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Irvin Yalom Mar 13 Mar 2012 - 17:54 | |
| Irvin Yalom cite Martin Buber, qui a caractérisé deux types de relations différents qui peuvent lier les hommes entre eux : la relation "Je-Tu" et "Je-Cela", qu'il explique en ces termes : - Citation :
- L’homme, affirmait Buber, n’existe pas comme entité séparée : « L’homme est un être de médiation. » Il existe deux formes élémentaires de relation –et donc de formes de médiation- que Buber nommait « Je-Tu » et Je-Cela ». La relation « Je-Cela » qualifie la relation entre une personne et une chose, relation « fonctionnelle », relation entre un sujet et un objet totalement dépourvue de réciprocité.
La relation « Je-Tu » définit une relation totalement mutuelle impliquant l’expérience pleine et entière de l’autre. Elle diffère de l’empathie (perception imaginaire d’une situation de la perspective de l’autre), dans la mesure où elle implique davantage qu’un « Je » tentant d’entrer en relation avec un autre. « Il n’y a pas de Je en soi ; il y a le Je du mot-principe Je-Tu. » Petit préalable à la lecture d'un souvenir évoqué par le même Martin Buber, et que je trouve très éloquent : - Citation :
- A l’âge de onze ans, lorsque je passais l’été dans la ferme de mes grands-parents, j’avais coutume de me glisser dans l’écurie, chaque fois que je pouvais le faire sans être observé, et de caresser la nuque de mon favori, un cheval gris pommelé à la forte encolure. Ce n’était pas pour moi un simple petit amusement, c’était un grand évènement ; un bon et agréable évènement, certes, mais qui me causait aussi une profonde émotion. Si je devais l’interpréter aujourd’hui en partant du souvenir très vivace qu’en a gardé ma main, voici ce que je dirais : la bête me faisait éprouver l’Autre, l’énorme Altérité de l’Autre, mais une altérité qui ne demeurait pas étrangère, comme chez le bœuf et le bélier ; qui souffrait, au contraire, que je m’en approche, que je la touche. Quand je passais la main sur la puissante crinière, parfois curieusement lissée au peigne, d’autres fois tout aussi étonnamment échevelée, et que je sentais vivre sous mes doigts la chose vivante, c’était comme si l’élément de vitalité lui-même était continu à ma peau, quelque chose qui n’était pas moi, pas moi du tout, pas familier du tout à mon Je ; c’était précisément, et bien palpablement, l’Autre, et non pas simplement quelque autre, mais réellement l’Autre lui-même ; et il me permettait néanmoins de m’approcher de lui, et se confiait à moi et se tutoyait élémentairement avec moi. […] Mais une fois –qu’avait-il, le petit garçon ? je n’en sais rien, c’était en tout cas bien enfantin- j’ai songé pendant ma caresse au plaisir que j’y prenais, et tout à coup, j’ai senti ma main. Le jeu continuait comme d’habitude, mais quelque chose avait changé, ce n’était plus Cela. Et lorsque, le lendemain, après avoir donné abondamment à manger à mon ami, je lui grattai la nuque, il ne leva pas la tête.
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| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Irvin Yalom Ven 11 Jan 2013 - 18:45 | |
| Et Nietzsche a pleuré (1993) Et Nietzsche a pleuré fait partie de ces livres qui se découvrent en deux temps. Premier temps : enthousiasme. L’écriture est fluide, Irvin Yalom est rusé : en mettant en scène des personnages connus, en les destituant de leur piédestal par d’habiles pirouettes visant à présenter les aspects les plus pathologiques de leur personnalité, en leur faisant vivre des aventures tragiques et rocambolesques, mêlant les aspects les plus excitants et universels de l’existence –l’amour, le sexe, la téléologie, la mort, l’accomplissement personnel, la solitude…-, l’écrivain crée un livre addictif –ce qui est un comble pour un psychiatre ! Mais c’est peut-être justement en cette qualité de psychiatre qu’Irvin Yalom brille à fournir à son lecteur ce qu’il peut être en mesure d’attendre d’un livre intitulé Et Nietzsche a pleuré. Mais… deuxième temps : dubitation. Une fois l’histoire engloutie et absorbée avec plaisir, mieux vaut ne pas rouvrir ce livre : on serait alors déçu de voir apparaître en fil blanc toutes les astuces qu’a déployées Irvin Yalom pour construire son livre. Les personnages, alors qu’ils semblaient jusqu’à présent dotés d’une épaisseur et d’une vie propre, s’effondrent dans toute leur substance et redeviennent ce qu’ils n’avaient jamais cessé d’être : des amas de mots puis de lignes, supports d’une mise en pratique et d’une illustration des principales pensées de Nietzsche. La progression de l’intrigue, qui avait jusque-là pu sembler mouvante, imprévisible et surprenante, révèle son format répétitif. Mais qu’on se rappelle les bases… Le célèbre psychanalyste Josef Breuer, ami et confident de Sigmund Freud, est un jour convoqué par Lou Salomé, jeune femme fatale qui serait bien capable de détourner le médecin de son obsession pour une de ses patientes nommée Bertha, alors même qu’il est marié à une femme resplendissante et père de plusieurs enfants. Lou Salomé demande à Breuer de recevoir son ami Friedrich Nietzsche, un philosophe solitaire et reclus, qu’elle soupçonne de vouloir mettre fin à ses jours. Ce personnage extravagant ne saurait accepter de consulter le docteur Breuer dans le cadre d’un simple traitement : Lou Salomé demande alors à ce dernier de mettre au point une méthode d’analyse qui saurait dissimuler ses véritables intentions, et qui apparaîtrait, par exemple, comme un entretien d’ordre philosophique. Irvin Yalom ne nous permet pas de patauger dans le marasme des gens insignifiants. Les histoires qui se noueront entre ces grands esprits épris de nouveauté et de liberté sont à la mesure de la platitude des évènements qui parcourent la vie du commun des mortels. Mais qu’on ouvre un peu l’œil, et on découvrira la supercherie : la théorie de l’éternel retour s’illustre jusque dans les procédés utilisés par Irvin Yalom. Un entretien entre Nietzsche et Breuer, une entrevue entre Freud et Breuer, une incursion dans les journaux intimes de Nietzsche et Breuer, et la boucle reprend. Si les conversations entre les personnages sont stimulantes, c’est parce qu’elles reprennent parfois mot pour mot les propos de Nietzsche, et qu’elles se donnent à peine l’apparat d’une illustration. Si la première lecture donne l’impression que ces incursions s’inscrivent naturellement dans la progression de l’histoire, une seconde lecture fera apparaître leur nature quasi-plagiaire. Enfin, plaisir retors s’il en est : oui ! étalons au grand jour la misère et le pathétique de l’existence de Nietzsche ! ôtons-lui la grandeur de surhomme qu’il a toujours essayé de revendiquer ! comme le Christ, faisons-le retomber de son piédestal ! et nous nous retrouvons alors en face d’un Nietzsche-Yalom : non plus ce Nietzsche qui a pu écrire Par delà le bien et le mal, Ainsi parlait Zarathoustra, Le crépuscule des idoles et tant d’autres ; pas ce Nietzsche qui s’exprimait tout en finesse et en allusions, qui en disait le plus en en disant le moins ; mais un Nietzsche-factice qui croit atteindre la quintessence de son art en se vautrant dans le plaisir mièvre de la confession et de l’atermoiement –essayant de susciter la pitié ?! à contre-courant total donc de son idéologie. Si Irvin Yalom a certainement dévoilé une vérité cruciale de Nietzsche, il ne s’est contenté d’en gratter qu’une partie du fond. Pour ce qui est de la forme, on préfèrera celle plus ambitieuse du véritable Nietzsche qui, entre pudeur et courage, parvient bien souvent à se montrer plus éloquent dans des silences que dans de poussives démonstrations. Yalom nous transmettrait-il ses techniques de psychiatre infaillible ? - Citation :
- « […] Lorsque j’aborde un cas médical, je trouve toujours des moyens pour entrer dans la sphère psychologique. Prenez l’insomnie, par exemple : j’interroge souvent les patients sur la nature des pensées qui les maintiennent éveillés. Ou, une fois que le patient m’a récité toute la litanie de ses symptômes, je compatis avec lui et lui demande, l’air de rien, s’il se sent abattu par sa maladie, s’il a envie d’abandonner le combat, de mourir. Et cela convainc presque toujours le patient de me dire tout ce qu’il a sur le cœur.»
Des discussions intéressantes sur l'origine psychologique de certains troubles somatiques : - Citation :
- - […] je ne sous-entends pas du tout que vous ayez choisi votre maladie, à moins, bien sûr, que vous tiriez un quelconque profit de vos migraines. Est-ce le cas ? »
[…] Nietzsche finit par répondre : « Est-ce que je tire profit, d’une manière ou d’une autre, de ce supplice ? Cela fait longtemps que je me pose cette question. Peut-être, oui, que j’en tire un profit. […] Vous laissez entendre que les crises sont liées à l’angoisse ; mais parfois c’est le contraire : les crises atténuent mon angoisse. Mon travail, qui m’oblige à affronter la face obscure de l’existence, est harassant, et les migraines, si atroces soient-elles, constituent une sorte de secousse salutaire qui me permet de tenir bon. » Nietzsche apparaît souvent comme le ventriloque de ses livres : - Citation :
« On m’a donné tous les noms : philosophe, psychologue, païen, agitateur, antéchrist… On m’a même affublé de termes moins flatteurs. Mais je préfère me considérer comme un savant, car le socle de ma méthode philosophique est le même qui soutient la méthode scientifique : l’incrédulité. » - Citation :
- « Vous devez choisir entre le confort et la vérité ! Si vous choisissez la science, si vous voulez être délivré des chaînes rassurantes du surnaturel, si, comme vous l’affirmez, vous refusez la crédulité pour embrasser l’athéisme, dans ce cas vous ne pouvez pas convoiter les petits bonheurs du croyant ! Si vous tuez Dieu, vous devez par la même occasion quitter son temple. »
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| | | simla Envolée postale
Messages : 249 Inscription le : 10/01/2013 Age : 74 Localisation : Nouvelle calédonie
| Sujet: Irvin Yalom Lun 14 Jan 2013 - 6:09 | |
| J'ai adoré son roman " Et Nietzche a pleuré" et je vois que je ne suis pas la seule... Mensonges sur le divan était également excellent, plein d'humour | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Irvin Yalom Lun 14 Jan 2013 - 22:32 | |
| Pour ma part j'avais noté Le problème Spinoza pour la suite... | |
| | | tom léo Sage de la littérature
Messages : 2698 Inscription le : 06/08/2008 Age : 61 Localisation : Bourgogne
| Sujet: Et Nietzsche a pleuré Jeu 12 Déc 2013 - 22:33 | |
| Et Nietzsche a pleuré
Originale : Anglais (E.-U.), 1992
Impression plutôt positive, voir très positive sur ce livre. Il nous présente d'une façon abordable une sorte d'introduction aussi bien dans la psychothérapie naissante que dans la philosophie/la proclamation de vie et vivre, de Nietzsche.
Il est vrai, à mon avis, que ce livre brille plutôt par des dialogues élaborés que par la langue, le style en soi, ou des descriptions autres. Dans ce sens-là c'est assez « cérébrale » : il faut y entrer dans un mouvement, un dialogue entre deux esprits. Mais cela vaut quand même la peine.
En ce qui concerne la psychothérapie nous y entrons par la porte d'entretiens entre Freud et Breuer, le savoir et le metier de l'auteur et puis évidemment ce va-et-viens entre Breuer et Nietzsche dans leurs échanges.
Dans la présentation de la pensée de Nietzsche Yalom se base sur les écrits terminés jusqu'à la date des entretiens fictifs, vers la deuxième moitié 1882. Donc, certaines pensées et écrits plus tardifs ne s'y trouvent pas cités ! Oui, il cite d'un coté, mais dans les interrogations de Breuer, les dialogues entre les protagonistes principaux et la description du personnâge de N et de ses réactions nous apprenons quasimment en passant des éléments de la philosophie de Nietzsche. Je trouvais cela abordable, presque (trop) didactique.
Ce qui par contre est assez originale c'est que les deux savants présentant des spécialités (Breuer = psychothérapie ; Nietzsche = philosophie), se revèlent bons commentateurs, interprétateurs de l'autre bord : Breuer, à travers ses citations des œuvres de N, ses propres interrogations personnelles, des dialogues (avec Nietzsche, Freud, Max) nous fait comprendre un peu plus le monde de Nietzsche, et celui-ci se montre au cours du revirement de la « thérapie » un très bon partenaire dans le dialogue : il fera parler Breuer, pratique sur lui la « cure par la parole » dont celui-ci avait parlé ! C'est assez intentionnel, mais pour moi bien trouvé !
Je trouvais aussi intéressant dans la lecture comment des expériences de vie semblables (solitude, quête de sens/de vie, obsessions par une femme...) rendent possible au-delà d'une solitude restante une forme de lien, de proximité, de possibilités d'échange. A chacun de se demander ce que cela signifie dans sa vie, dans ses relations avec les autres...
Amusant ? Oui, spécialement là où on ne sait même plus (et pas les deux en dialogue!) qui mène la barre dans le bateau, qui a le dessus ou pas (voir "Notes personnelles" après les entretiens!). Conviction personnelle ? Réalité ? Comment est-ce que peu à peu la recherche du « pouvoir » peut laisser la place ?
Donc, un livre avec des questions et des sujets intéressants. Bien sûr reste dans pareil cas toujours la question de la relation entre réalité/vérité ET la part de fiction, propre à un roman historique. Mais en tous cas recommandable.
Encore deux réactions sur des remarques dans ce fil (page 1) :
En ce qui concerne la remarque de Babelle sur le « Nietzsche flippant » et la réponse d'Ezechielle : il n'y a pas de mal à souligner le caractère radicalement autre de « faire la philosophie » de Nietzsche. Dans ce livre, dans ce qui est cité par Breuer etc on souligne souvent qu'il s'agit d'une « philosophie de VIE et non pas d'une théorie. C'est ce qui rend les discussions sur ce philosophe des fois difficiles : si on en fait des débats autour d'une table... , cela mène souvent nulle part. C'est plutôt une expérience de vie. En plus, il me semble quand même incontestable que Nietzsche avait des fois une grande idée sur soi-même et l'importance de son œuvre, aussi son style d'écriture est assez spéciale. Il y a des aspects de sa personnalité « bizarres » - pourquoi les nier ? Nous tous, d'une façon ou d'une autre, on a nos bizarreries... Je ne pense pas qu'en idôlatrant Nietzsche on lui rend service. Certainement ses idées ont été et sont interpellantes, mais il y a d'extremisme dans certains, une extrapolation, voir une langue provoquante ou/et réveillante.
La solitude - ici associée d'abord à N, puis aussi à Breuer - bien comprise, n'est pas juste le propre de Nietzsche ou d'un grand philosophe, mais de chaque être humain. Mais beaucoup la couvre avec des semblants de communications réussies ou des échappatoires, des bruits et diversions superficiels. | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Irvin Yalom Dim 15 Déc 2013 - 9:32 | |
| Merci pour ce beau commentaire de lecture tom léo. - tom léo a écrit:
Ce qui par contre est assez originale c'est que les deux savants présentant des spécialités (Breuer = psychothérapie ; Nietzsche = philosophie), se revèlent bons commentateurs, interprétateurs de l'autre bord : Breuer, à travers ses citations des œuvres de N, ses propres interrogations personnelles, des dialogues (avec Nietzsche, Freud, Max) nous fait comprendre un peu plus le monde de Nietzsche, et celui-ci se montre au cours du revirement de la « thérapie » un très bon partenaire dans le dialogue : il fera parler Breuer, pratique sur lui la « cure par la parole » dont celui-ci avait parlé ! C'est assez intentionnel, mais pour moi bien trouvé ! En effet, je n'y avais pas pensé mais c'est un des aspects les plus intéressants de ce livre. - Citation :
- La solitude - ici associée d'abord à N, puis aussi à Breuer - bien comprise, n'est pas juste le propre de Nietzsche ou d'un grand philosophe, mais de chaque être humain. Mais beaucoup la couvre avec des semblants de communications réussies ou des échappatoires, des bruits et diversions superficiels.
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