Aeriale Léoparde domestiquée
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| Sujet: Jean Baptiste Gendarme Lun 11 Aoû 2008 - 11:22 | |
| - Citation :
Jean-Baptiste Gendarme est né en 1978. Il anime la revue Décapage. Il a obtenu pour son premier roman, Chambre sous oxygène, la " Bourse écrivain " 2005 de la Fondation Jean-Luc Lagardère.
source Evene.Table rase - 212 pages - Editions Gallimard -mars 2006- Résumé Cyprien, le héros, est le plus jeune. Il vit avec Adrien, son grand frère parti en classe de neige, et sa mère remariée. Un matin, il prend son bus de ramassage scolaire, comme tous les autres jours. Mais à l'arrivée on vient le chercher en cours... une nouvelle effroyable tombe: sa mère a eu un accident mortel. Comment perd-t'on son enfance un matin d'hiver et comment doit-on "ré-apprendre à vivre" conme disent les adultes? Avis Je l'ai lu à sa sortie, suite à une critique parue chez Télérama assez élogieuse. Mais il ne m'a pas laissé un souvenir marquant. Pourtant le début accroche, les phrases sont bien écrites et sobres, un peu distantes mais pas trop, légèrement teintées d' ironie que j'ai pris pour de la pudeur. Je me suis dit sur le coup que je tenais là un bon roman! Et puis ca s'essouffle, le style m'a paru plus terne une fois que je me suis habituée à cette prose, pourtant nerveuse et alerte. Dommage car Jean Baptiste Gendarme a un certain talent mais il est resté un peu trop en surface dans cette histoire (trop?) dramatique, et à force de nous préserver du pathos, il est passé peut-être à coté de l'essentiel. La suite est plutôt un étalage de souvenirs sympathiques et parfois plus graves, effleurés et jamais fouillés, et dont il ne me reste rien de précis. Le décalage entre le début et le reste m'a surtout laissé perplexe ... Extraits: - Citation :
«"Cyprien ? Tu n'as pas peur de te lasser de mon corps ?" me demande Flavie d'un ton désinvolte. Bien sûr que je vais me lasser de son corps. Comme j'en ai eu assez du squash, des animaux domestiques, des vacances entre amis, des noëls en famille, des salles de cinéma, des voitures trois portes, des abonnements téléphoniques, des films de Godard, des livres de Duras, des expos le dimanche après-midi, des premiers pique-niques en avril, des soirées où l'on doit repartir avec le dernier métro, des chauffeurs de taxi qui veulent absolument parler (surtout quand on vient de rater le dernier métro), des gens qui disent "Je veux dire" et qui ne disent rien, de ceux qui demandent "Tu vois ?", et qui ne nous montrent rien, des ticket-restaurant d'une valeur inférieure au prix du plat du jour, des dépanneurs qui terminent leur intervention par "Et voilà, ce n'était pas grand-chose" et qui reviennent deux jours plus tard, des étudiantes de Sciences-Po... J'ai trouvé plaisante chacune de ces choses (aimant certaines passionnément) et les ai détestées par la suite. Pourquoi en irait-il autrement pour le corps de Flavie ?»
- Citation :
- «On vous tend une rose dont on a pris soin d'enlever toutes les épines. Il ne manquerait plus que quelqu'un se pique le doigt. Vous suivez des yeux sa chute. Elle rebondit et glisse sur le côté. En regardant le cercueil, le temps se fige et vous prenez soudainement conscience de ce qui se joue aujourd'hui. Vous pleurez, sincèrement, pour la première fois: vous venez de perdre votre enfance.»
Articles de presse: - Citation :
- Télérama - Michel Abescat (14 Juin 2006)
Dans cet art de la distance ironique, cette façon de dire sans s'approcher trop près, d'être juste, précis, mordant, en demeurant à la lisière. Jean Baptiste Gebdarme empile les sacs de sable, protège, colmate, édifie une barrière bien haute et bien étanche. Le coeur de son livre- inaccessible directement - n'en est que plus incandescent - Citation :
- Le Nouvel Observateur - Jérôme Garcin (6 Juillet 2006)
'Table rase', ou l'art de narguer la mort en faisant rire les vivants et danser la prose. Suivez bien ce gendarme mobile.
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