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| Elia Kazan | |
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+5Queenie traversay Bellonzo animal Elise 9 participants | |
Auteur | Message |
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animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Elia Kazan Mar 1 Nov 2011 - 9:50 | |
| Panique dans la rue (1950) Un homme malade est tué après une partie de poker à la Nouvelle-Orléans. C'est un immigré clandestin parmi d'autres mais l'autopsie révèle qu'il était malade de la peste pulmonaire. Un médecin (Richard Widmark) des services sanitaires et un policier (Paul Douglas) font une d'abord mauvaise équipe pour essayer de retrouver non plus des coupables mais toutes les personnes qui auraient pu être en contacts avec la victime. Ils ont 48h avant que le risque d'une épidémie au moins national ne soit trop grand. ça commence donc de façon assez classique, si ce n'est que Jack Palance dans le rôle de Blackie, le petit truand de service, fait sévèrement peur. Le duo mal assorti du médecin et du policier est une recette éprouvée qui épargne malgré tout les classique du buddy movie (ça existait déjà en tant que tel ?) pour nous laisser un portrait d'abord du médecin rongé pas seulement par des petits soucis financiers mais d'autres tourments de reconnaissance. Sa femme est toute mimi (Barbara Bel Geddes). Avec une image un peu forcée dans les éclairages on est rapidement pris dans un film intense qui mélange son suspens de film précatastrophe avec un voyage au cœur désenchanté de la Nouvelle Orléans avec ses marins et ses immigrés. Le film est tourné en décor naturel et cherche à coller le plus près possible à la réalité, ce qui allié à des choix surs et constants de cadrages fait un effet étouffant et époustouflant qui rend plus palpable l'anxiété des visages. Drôle de mélange de film pro gouvernemental (d'ailleurs la police est au second plan) qui chasse des gangsters malades et peut-être la peste pourrait être associée au communisme ? Peut-être. En tout cas quand on voit le film outre les qualités plastiques et l'intensité dont il fait preuve c'est aussi ce tableau très Kazan d'immigrants usés qui peuplent l'Amérique aux marges de son rêve qui prend corps et laisse une impression tout aussi durable (et interrogative si ce n'est contradictoire ?). Pas parfait car cadré de (trop) près (par moments) par un genre mais un film étonnant et terriblement réussi (preuve aussi que le mélange des genres ne condamne pas à la médiocrité). | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Elia Kazan Mar 10 Juil 2012 - 21:51 | |
| À l'est d'Éden (1955) Premier Kazan en couleur ? Une histoire sombre de famille sur débuts tendus de première guerre mondiale. En Californie entre la fin d'une ère de pionnier cultivateur et d'un âge industriel avec un no man's land entre les deux. no man's land dans lequel un des deux fils retrouve la mère supposée morte. c'est celui qui est raté, le mauvais de la famille qui fera tout pour se racheter aux yeux du père et fera succomber la fiancé de son frère au passage (avec réciprocité). Une belle histoire tordue que je voyais pour la deuxième fois et encore une fois avec une attention incomplète. Cependant il semble que ce ne soit pas le Kazan qui me fera décoller. Pourtant c'est du drame sévèrement efficace et il excelle à sortir toutes les petites mesquineries du placard pour les donner en pâture à un James Dean un peu agaçant en dehors de ses fulgurances de violence timide. Pas lu le bouquin mais on dirait qu'il y a eu du sévère grattage pour construire cette efficacité et garder quelques thèmes tout en faisant tourner le tout autour de ce jeune type mal aimé. Si on y réfléchit c'est consciencieusement horrible comme histoire ! | |
| | | Heyoka Zen littéraire
Messages : 5026 Inscription le : 16/02/2013 Age : 36 Localisation : Suède
| Sujet: Re: Elia Kazan Lun 29 Juil 2013 - 1:10 | |
| (1956) J'aime un vieux film autre que Chantons sous la pluie et les Chaplin. Je suis sous le choc, mon monde intérieur s'écroule. Au début j'étais dubitative, je me suis forcée à regarder histoire de pas mourir idiote et durant les 30 premières minutes, je suis restée sur mon impression. Je m'ennuyais, je voyais pas l'intérêt de regarder Babydoll pigner pour des meubles et monter dans les aigus contre son abruti de mari. Et là, patatrac ! Vacarro arrive et le jeu du chat et de la souris commence. Eli Wallach a du chien ! Face à lui, Carroll Baker fait fondre, on oublie son hystérie des premières minutes au profit de son visage angélique, sa candeur vacillante. Un merveilleux duo d'acteurs (mais Karl Malden est très bon aussi) ! Les belles images ont fait le reste, la magie du film a opéré pour les 90 minutes restantes et je suis encore sous le charme. J'envisage de reconsidérer mon avis au sujet des vieux films. Et peut être aussi de Tennessee Williams (huhu). " We got nothing to do but wait for tomorrow and see if we're remembered or forgotten. "
Dernière édition par Heyoka le Lun 29 Juil 2013 - 10:50, édité 1 fois | |
| | | traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| | | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Elia Kazan Lun 29 Juil 2013 - 13:00 | |
| ce n'est pas faut mais il faut reconnaitre qu'il maitrise bien le sentiment d'exaspération non ? | |
| | | Heyoka Zen littéraire
Messages : 5026 Inscription le : 16/02/2013 Age : 36 Localisation : Suède
| Sujet: Re: Elia Kazan Mer 31 Juil 2013 - 2:05 | |
| - traversay a écrit:
- Hum. C'est tout de même assez lourd, en général, TW. Enfin, on a bien tous en nous quelque chose de Tennessee (dixit un grand philosophe franco-belge).
Il a osé ! | |
| | | jack-hubert bukowski Zen littéraire
Messages : 5257 Inscription le : 24/02/2008 Age : 43
| Sujet: Re: Elia Kazan Mer 31 Juil 2013 - 11:15 | |
| heyoka, concernant les vieux films, reconsidère tout de suite... Les classiques de cinéma se trouvent dans tous les époques que nous connaissons et laissons passer notre chemin sur les navets que nous croisons de temps à autre... non, je n'essaie pas de te dissuader dans ta quête de parvenir à bout du Pitt. En tous les cas, bonne exploration... | |
| | | Heyoka Zen littéraire
Messages : 5026 Inscription le : 16/02/2013 Age : 36 Localisation : Suède
| Sujet: Re: Elia Kazan Mer 31 Juil 2013 - 13:36 | |
| - jack-hubert bukowski a écrit:
- non, je n'essaie pas de te dissuader dans ta quête de parvenir à bout du Pitt.
Et tu as bien raison parce que ça serait peine perdue ! Mon exploration m'amuse beaucoup pour l'instant. Concernant les vieux films, j'avais laissé tomber l'idée parce que jusque là, je m'ennuyais quasi systématiquement. J'ai prévu de regarder La Nuit du chasseur de Charles Laughton (1956) pour vérifier si la tendance s'inverse. Les goûts changent après tout. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Elia Kazan Lun 28 Juil 2014 - 21:21 | |
| - animal a écrit:
Les Visiteurs
... c'est beau, granuleux, froid (hiver) avec des images belles (aussi) et c'est très charnel... très cinématographique (de ses images, mouvements.... ), pensé donc, c'est sensible mais aussi troublant dans les doutes les contacts, les fissures (peut-être) dans les personnages.
Stressant mais impressionnant. et belle démonstration d'héritage et même transmission de la violence, avec de beaux petits morceaux de machisme dedans les moins gros pas les moins parlants....
Un film qui m'a hypnotisé dès les premiers plans qui dégagent une étrangeté dérangeante en montrant un homme et une femme derrière une baie vitrée dans leur maison perdue dans la nature. Banalité quotidienne mais cadrages à la fois beaux et mystérieux qui mettent en position de voyeur à distance, gestes d'intimité ambigus qui donnent le sentiment d'un malaise érotique dans ce couple. Je n'avais pas lu le résumé volontairement et j'en ai apprécié d'autant mieux l'évolution du récit. Le climat met effectivement très mal à l'aise (dès la séquence avec le chien blessé!) et je redoutais une montée de violence et de sadisme à la Haneke. Mais le film est bien plus complexe et les fameux visiteurs (comme les visités) ont un comportement qu'on ne peut jamais vraiment anticiper. Capables du meilleur et du pire pour des raisons qu'on comprend peu à peu. A l'image de ce jeune homme qui semble un sociopathe en puissance et qui nous révèle pourtant qu'il était un étudiant brillant. Il peut nous émouvoir malgré l'intensité de son regard à travers quelques révélations qui suggèrent autant son humanité que sa monstruosité. Ce plan où il regarde l'enfant dans son parc associe deux sentiments contradictoires que le spectateur ressent fortement. Tentation de l'innocence et de la douceur comme de la barbarie prédatrice. Clivage qui irrigue tout le film d'un trouble tenace. La violence sera bien présente mais Kazan ne nous inflige pas de torture insupportable. Il nous mène surtout à nous poser des questions sur la complexité de ce qui anime ces personnages. La mère de l'enfant semblant elle-même ambiguë et comme fascinée de manière très pulsionnelle par la violence latente de cet homme. Il y a tout un sous-texte sur la transmission de la violence, du machisme, du patriotisme, sur la frontière entre virilité et féminité, pulsion et humanité. Pas confortable mais vraiment intéressant! Et plastiquement très réussi. Un cinéaste puissant. | |
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| Sujet: Re: Elia Kazan | |
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| | | | Elia Kazan | |
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