Un bon début, ça aide...

Ci commence le récit de ce livre qui est appelé Le Devisement du Monde.

Seigneurs empereurs et rois, ducs et marquis, comtes et bourgeois,et toutes gens qui voulez connaitre les diverses races des hommes et les
diversités des diverses régions du monde, prenez ce livre et le faites lire, et vous y trouverez toutes les grandissimes merveilles et les diversités de la Grande Arménie, et de la Perse, et des Tartares, et de l'Inde, et de maintes autres provinces, comme notre livre vous le contera dans l'ordre,
apertement, d'après le récit de Messire Marco Polo, sage et noble citoyen
de Venise, qui vit tout cela de ses yeux.
Et ce qu'il ne vit pas, il l'entendit d'hommes surs en vérité.

Le Livre de Marco Polo - Texte mis en français moderne par A. t'SERSTEVENS

On n'est pas sur que Marco Polo a vu tout ce dont il parle. Mais il en parle
si bien qu'on lui pardonne.
En tout cas, il savait écouter, imaginer et conter. c'est beaucoup !

Début de mon premier mini roman :

Citation :

Le ballon roula aux pieds de Michel qui était en train de s’essuyer dans sa grande serviette de plage. Rapide, il le saisit et laissa venir vers lui les deux petits garçons.
― On peut l’récupérer, M’sieur, dit le plus rond des deux, qui avait aussi l’air le plus déluré.
L’autre, impressionné, restait à trois pas.
― Si je vous disais non, que feriez-vous ?
Il avait pris un air sévère.
― Z’avez pas l’droit, M’sieur, c’est notre ballon. Maman, maman, le monsieur nous a pris notre ballon !
La dame en question, une jolie brunette sourit à Michel. Elle observait la scène depuis quelques instants et avait bien vu qu’il ne faisait que les taquiner.
― Est-ce que vous le lui avez demandé poliment au moins ? Vous êtes-vous excusés de l’avoir dérangé ? Non, je suppose, alors faites-le et vite.
― Bonsoir, Madame, je crois que ce ne sera pas nécessaire. Je pense qu’ils ont compris.
Et il leur rendit leur jouet préféré.

Début du deuxième, encore en cours d'écriture :

Citation :

Le vieux monsieur prit la plume et d’une main encore bien assurée traça rapidement ces premiers mots :
« Je m’appelle Stéphane Malodrano. J’étais juge d’instruction dans les Hauts-de-Seine. À présent à la retraite, il me tient à cœur de raconter cette histoire, telle que je l’imagine dans sa totalité d’après les éléments d’enquête que j’ai pu recouper.
L’affaire s’est enclenchée concrètement le 26 août 1970… »

Chapitre 1

Le ciel etait un peu voilé sur Paris, ce vint-six août. La capitale, quasi désertée de ses habitants, vivait au rythme saccadé de l’apparition des bus et groupes de touristes qui envahissaient les hauts lieux de la saison : La Concorde, la Tour Eiffel (que serait un séjour à Paris sans une montée au moins au premier étage, plus haut si on a l’envie et les moyens ?), les Champs-Élysées et leurs boutiques attrayantes et… tout au bout, l’Arc de Triomphe.

Ce jour-là un groupe de quatre ou cinq femmes se dirige vers le monument.

Nous campions dans l'oasis. Les voyageurs dormaient. Un Arabe passa devant moi, haut et blanc; il avait pansé les chameaux et allait se coucher.
Je me jetai dans l' herbe sur le dos; je voulais dormir; je ne pus; un chacal hurlait au loin; je me rassis.
Et ce qui avait été si loin fut soudain près. Autour de moi un grouillement de chacals, des yeux d' or mat qui s' allumaient et s' éteignaient, des corps sveltes qui s agitaient agilement et en cadence comme le fouet.

Franz KAFKA - Arabes et chacals. Dans le recueil La Métamorphose. P. 129

Le 18 mai 1948, dans le sommeil de l'aube, Calogero Schiro vit Staline.
C'était un reve à l'intérieur d'un reve : Calogero était en train de rever d'une grande quantité de bulletins de vote, il en avait signé un millier la veille au soir, parceque le parti l'avait désigné comme scrutateur ; il voyait tous ces bulletins,et remarqua soudain sur les bulletins une main lourde qui sortait de la manche d'une vareuse militaire à l 'ancienne mode.
Dans son reve, il pensa : "Maintenant je suis en train de rever, voilà Staline", et il leva la tete pour regarder Staline dans les yeux.
Celui-ci avait une expression courroucée, et Calogero pensa : "Il est en rogne, il y a quelque chose qui ne tourne pas rond"; il fit aussitot un examen de conscience pour lui-meme et pour la cellule de Regalpetra...

Leonardo SCIASCIA - La Mort de Staline. Dans le recueil Les Oncles de
Sicile. P. 221

Sciascia est un grand écrivain italien, enfin sicilien. Grand chroniqueur et
grand conteur. Et il peut etre très drole. Ce début-là l'indique...

Jolie cette image de la flamme qui donne du relief aux choses et fait danser les mots!

bix229 a écrit:

Pourtant j'aime Bachelard parcequ'il offre un tel capital de poésie,
de modestie et de simplicité qu'on a envie de le connaitre...

Oui, c'est vrai Bix

pour l'ambiance :

Venice, Californie, avait autrefois de quoi plaire à ceux qui aiment être tristes : du brouillard à peu près tous les soirs, et le grondement des installations de forage le long de la côte, et le clapotis de l'eau noire dans les canaux, et le crissement du sable contre les fenêtres quand le vent se levait et chantait sur les aires dégagées et les promenades désertes.
C'était l'époque où la jetée de Venice partait en morceaux et mourait dans la mer, et où l'on pouvait trouver là les ossements d'un énorme dinosaure, le manège des montagnes russes, que les marées fluctuantes venaient recouvrir.
Au bout d'un long canal, on voyait de vieilles voitures de cirque que l'on avait roulées dans l'eau et, à l'intérieur des cages, quand on regardait, des choses vivaient ; poissons et crustacés s'agitant avec les marées, et c'était tous les cirques de tous les temps qui, d'une certaine manière, avaient été condamnés à être mangés par la rouille.
Et il y avait la bruyante avalanche d'un gros tramway rouge qui se ruait vers la mer toutes les demi-heures et, à minuit, prenait le virage en grinçant et jetait des étincelles sur les câbles à haute tension avant de s'éloigner en poussant une plainte, comme si le tramway et le solitaire qui vacillait au volant savaient qu'ils allaient disparaître d'ici un an, et que les rails seraient recouverts de béton et de bitume et la toile d'araignée des câbles récupérée sur des bobines et escamotée. [...]

(La solitude est un cercueil de verre, Ray Bradbury)

Nous nous sommes dit au revoir à l' un des angles de la Plaza Once.
Du trottoir opposé, j'ai regardé de nouveau; vous vous étiez retournée
et vous m' avez fait signe de la main.
Un fleuve de véhicules et de gens coulait entre nous ; il était cinq heures de nimporte quel apres-midi ; comment pouvais-je savoir que ce fleuve
était le funèbre Achéron, l'infranchissable ?

Nous ne nous sommes plus revus. Un an après vous étiez morte.

Jorge Luis Borges Delia Elena San Marco. Dans le receuil L'auteur et autres
textes. P. 33


On n'est pas obligé d'aimer Borges -l'homme. Il était un peu snob, cabotin et ostensiblement intelligent et cultivé.
Et son style est parfois trop tarabiscoté.
Mais dans ce livre au moins, il a jeté le masque. Il est écrivain et sensible
aussi.
Si vous ne deviez livre qu'un livre de lui, essayez donc celui-là...

monilet a écrit:

Début de mon premier mini roman :

Citation :

Le ballon roula aux pieds de Michel qui était en train de s’essuyer dans sa grande serviette de plage. Rapide, il le saisit et laissa venir vers lui les deux petits garçons.
― On peut l’récupérer, M’sieur, dit le plus rond des deux, qui avait aussi l’air le plus déluré.
L’autre, impressionné, restait à trois pas.
― Si je vous disais non, que feriez-vous ?
Il avait pris un air sévère.
― Z’avez pas l’droit, M’sieur, c’est notre ballon. Maman, maman, le monsieur nous a pris notre ballon !
La dame en question, une jolie brunette sourit à Michel. Elle observait la scène depuis quelques instants et avait bien vu qu’il ne faisait que les taquiner.
― Est-ce que vous le lui avez demandé poliment au moins ? Vous êtes-vous excusés de l’avoir dérangé ? Non, je suppose, alors faites-le et vite.
― Bonsoir, Madame, je crois que ce ne sera pas nécessaire. Je pense qu’ils ont compris.
Et il leur rendit leur jouet préféré.

Début du deuxième, encore en cours d'écriture :

Citation :

Le vieux monsieur prit la plume et d’une main encore bien assurée traça rapidement ces premiers mots :
« Je m’appelle Stéphane Malodrano. J’étais juge d’instruction dans les Hauts-de-Seine. À présent à la retraite, il me tient à cœur de raconter cette histoire, telle que je l’imagine dans sa totalité d’après les éléments d’enquête que j’ai pu recouper.
L’affaire s’est enclenchée concrètement le 26 août 1970… »

Chapitre 1

Le ciel etait un peu voilé sur Paris, ce vint-six août. La capitale, quasi désertée de ses habitants, vivait au rythme saccadé de l’apparition des bus et groupes de touristes qui envahissaient les hauts lieux de la saison : La Concorde, la Tour Eiffel (que serait un séjour à Paris sans une montée au moins au premier étage, plus haut si on a l’envie et les moyens ?), les Champs-Élysées et leurs boutiques attrayantes et… tout au bout, l’Arc de Triomphe.

Ce jour-là un groupe de quatre ou cinq femmes se dirige vers le monument.

Et t'es content de tes débuts monilet?...Il paraît que ça aide...

Je ne me suis pas vraiment posé la question en ces termes : ils sont venus comme ça ; c'est ce que j'avais envie de dire ; aux autres de juger ( le second pourrait encore évoluer dans la mesure où ma rédaction n'est pas achevée :) )

Un peintre se retire dans les montagnes, pour peindre, pour se reposer, mais surtout pour faire le point sur son art. Qu'est ce que la sensibilité artistique ? Qu'est-ce que la création ? Qu'est-ce qu'une sensation ? Comment distinguer l'art japonais de l'art occidental ? Le peintre observe la nature mais aussi les être humains. Dans l'auberge où il loge, il est le témoin silencieux d'un curieux manège. Une femme exceptionnellement belle paraît chargée d'un passé mystérieux qu'il essaie de mettre à jour. Les légendes du lieu, les commérages s'entremêlent et, à travers l'observation de cet être qui est à la fois le modèle idéal pour le peintre et le personnage du roman en train de s'écrire, l'auteur tente de définir son art, dans l'attente de la "crise" qui lui donnera son sens.

Oreiller d'herbes - Sôseki