| Parfum de livres… parfum d’ailleurs Littérature, forum littéraire : passion, imaginaire, partage et liberté. Ce forum livre l’émotion littéraire. Parlez d’écrivains, du plaisir livres, de littérature : romans, poèmes…ou d’arts… |
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| A.S. Byatt | |
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+3Le Bibliomane Arabella kenavo 7 participants | |
Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: Re: A.S. Byatt Ven 7 Jan 2011 - 11:21 | |
| Je confirme pour le film, j'en ai gardé de très bons souvenirs et aimerais d'ailleurs bien le revoir ! Je note pour le roman, que je ne connaissais pas |
| | | Antinea Espoir postal
Messages : 28 Inscription le : 15/09/2010 Age : 46 Localisation : Orléans
| Sujet: Re: A.S. Byatt Dim 13 Fév 2011 - 23:24 | |
| J'ai donc repris la lecture de "Possession" et j'en suis à la page 203 et je dois dire que je suis charmée. Il me possède Je ne pense pas pouvoir le lâcher désormais. J'ai trouvé le livre à la bibliothèque par hasard. Une bienheureuse découverte dois-je dire. Lors d'une interview AS Byatt avait affirmé que la lecture du livre "Le pendule de Foucault' 'Umberto Eco l'avait inspiré. Un roman hybride, un roman à clefs. Elle épouse pas mal de genres. J'ai vu le film il y a quelques années, et j'avais beaucoup apprécié aussi. Je le regarderai de nouveau mais une fois ma lecture finie. "L'ombre du soleil" m'a cependant laissée sur ma faim, j'ai été déçue. J'ai donc vraiment retrouvé avec plaisir la lecture de "Possession'. Je pense d'ailleurs l'acheter, parce que je crois que je vais le rendre à la bilbliothèque la mort dans l'âme. Je ne sais pas ce que donnera "la Tour de Babel" et "Petits contes noirs". Je reviendrai plus tard sur ce fil . Et je vous donnerai aussi mes impressions finales sur 'Possession". | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: A.S. Byatt Lun 14 Fév 2011 - 7:58 | |
| contente de lire que tu es finalement bien entrée dans ce livre.. c'est vraiment un petit bijou - Antinea a écrit:
- J'ai vu le film il y a quelques années, et j'avais beaucoup apprécié aussi. Je le regarderai de nouveau mais une fois ma lecture finie.
la première fois quand je l'ai vu, j'ai été déçue.. et surtout je me demandais comment quelqu'un qui n'avait pas lu le livre, pouvait comprendre quoi que ce soit dans ce 'puzzle'.. mais à partir de là, je l'ai revu.. plusieurs fois.. et je peux l'apprécier entre temps | |
| | | Antinea Espoir postal
Messages : 28 Inscription le : 15/09/2010 Age : 46 Localisation : Orléans
| Sujet: Re: A.S. Byatt Lun 14 Fév 2011 - 9:27 | |
| Je te redirai ça lorsque j'aurai revu le film , mais j'avais été séduite. Je l'ai commandé en même temps que celui sur Iris Murdoch. | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: A.S. Byatt Jeu 7 Juil 2011 - 18:30 | |
| Je commence à peine Possession et pour l'instant : je ris. La description du couple formé par Val et Roland est absolument hilarante ; humour à l'anglaise, pince sans rire, qui sous entend la rancoeur, les non-dits accumulés par cette femme (qui a écrit une thèse sur le ventriloquisme et qui ne s'exprime plus jamais qu'à travers la voix de son compagnon), c'est tout bonnement génial ! | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: A.S. Byatt Dim 17 Juil 2011 - 11:24 | |
| avec une très belle couverture de Dante Gabriel Rossetti, La Pia de TolomeiOn peut se poser la question des motivations de A.S Byatt : pour quelles raisons a-t-elle choisi de mettre en scène, de créer ex nihilo, ces deux personnages de poètes victoriens. L'un est un homme R.H. Ash, reconnu de son temps mais tombé dans la désuétude (mais que des universitaires continuent à faire vivre en cherchant tous les objets ou les écrits de leur 'idole') et une obscure poétesse dont les féministes de tous poils se sont amourachées, représentante ultime de la Femme, lesbienne, assoiffée de solitude, désireuse de vivre loin des hommes, de se construire une thébaïde pour vivre son oeuvre. C'est avec une précision hallucinante que Byatt nous fait pénétrer dans la vie de ces deux personnages : tout est reconstruit, leurs vies intimes, leurs écrits, leurs poèmes, leurs voyages, leurs passions, leurs relations avec le monde, avec l'esprit, la poésie. La prouesse dans la reconstitution de la vie victorienne est absolument bluffante. mais aurait finalement peu d'intérêt (ah ces longs poèmes quasiment illisibles qui parsèment le texte) si le texte n'était pas mis en miroir avec deux universitaires contemporains : R. Michell qui découvre le début d'une correspondance jusque là tenue secrète entre Ash et Christabel La Motte et Maud Bailey, femme froide, vertigineuse, glaciale, féministe, libre. Ce roman est en effet un roman-total, car il remet en lumière l'importance de ces femmes du XIXème siècle qui battirent en brèche les morales de leur temps pour construire du nouveau (les Woolf, Austen, Eliot, Sand et les plus obscures, celles qui furent les épouses de grands-hommes) ; si Possession s'arrêtait là, ce serait déjà une sacrée leçon d'histoire littéraire et des moeurs victoriennes, mais y joindre le mouvement féministes des années 60-70, y ajouter les joutes d'universitaires avides et capricieux et une réflexion étourdissante sur le pouvoir, était une gageure magnifiquement remplie. Quoi d'autre ? Et bien, l'intrusion systématique de mythes passionément décortiqués, celui de la ville engloutie d'Ys, et de Mélusine. Mélusine qui pourrait représenter la Femme totale, à la fois femme et monstre, femme et serpent, raisonnable et perverse, rationnelle et surnaturelle, obligée de se cacher pour révéler sa vraie nature et qui engendre des êtres fantastiques. D'ailleurs le Silence et la Solitude sont les termes essentiels de ce roman bavard. J'y ai vu une revendication en faveur de l'Individualisme, nous ne sommes pas faits pour être deux, le couple se battit le plus souvent sur un mensonge ou des silences, la passion peut se vivre dans la folie d'une année, d'un voyage, unique et puis il faut partir, partir avant que le quotidien ne fasse pâlir le rêve. L'individu se doit d'être seul pour être soit, Christabel est de ces femmes qui s'enferment en elle-même pour pouvoir vivre leur passion, elle frôle la folie, marche le long de falaises dont le vide l'attire, elle est complexe, désagréable, rusée, perverse et belle, touchante, inventive, tellement forte, inébranlable dans sa décision de n'exister que par elle-même, qu'on en est ému, un peu épris, touché. Et Ash, de même, qui apparait au début du roman comme un poète précieux, prétentieux, disert, se révèle également bien plus difficile à cerner, et bien plus chevaleresque, généreux, ouvert qu'on aurait pu le croire. Quoi d'autre ? Ne pas oublier les contes bretons récités au coin du feu par la vieille servante, sorte de mise en abyme totale du vécu de Christabel, les légendes hantent le roman ainsi que les superstitions. Nous sommes au XIXème siècle, à l'heure où les nobles anglaises se passionnent pour les tables tournantes et les guéridons bavards (se souvenir de Conan Doyle ou de Victor Hugo, tous deux fascinés par les médiums). Ses évocations apportent une touche de mysticisme et mettent dos-à-dos la rationnalité de certains et la nécessité de se tourner vers le surnaturel pour d'autres, avec les querelles que cela implique. Et puis ? Et puis, peut-être au-delà du jeu intellectuel délectable, A.S. Byatt a-t-elle voulu également aborder une certaine Réhabilitation de l'homme, du mâle, en dénonçant le freudisme obsédé de sexualité, en doutant du lacanisme outrancier, en ridiculisant les recherches post-modernes d'une littérature qui se mord la queue, Byatt a sans doute éprouver une grande jubilation à mettre en scène hommes et femmes et annoncer une nouvelle ère : celle où l'on pourrait espérer une connivence entre les sexes, nouée autour du respect de chacun, élargie par l'intelligence et la tolérance. | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: A.S. Byatt Dim 17 Juil 2011 - 15:41 | |
| sublime et eXtra comme toujours.. merci pour ce commentaire faut lire ce livre, les parfumés faut lire ce livre, les parfumés
Dernière édition par kenavo le Mer 6 Fév 2013 - 16:06, édité 1 fois | |
| | | Avadoro Zen littéraire
Messages : 3501 Inscription le : 03/01/2011 Age : 39 Localisation : Cergy
| Sujet: Re: A.S. Byatt Sam 28 Jan 2012 - 12:15 | |
| Possession
Une lecture passionnante, au charme étrange qui captive par séquences. Je me suis parfois senti à l'"extérieur" du récit, notamment lors des séquences poétiques, mais Byatt maintient une progression dramatique qui captive l'attention. Le rythme s'accélère et les deux époques (Ash/LaMotte, Roland/Maud) se rejoignent dans un même mouvement. Si la poésie victorienne apparait parfois indigeste, l'élément est essentiel à la compréhension d'un vertige romanesque...par la révélation de blessures intimes qui redessinent un regard artistique. Porté sur l'individu et ses aspirations enfouies (je ne reviens pas sur les éléments du -très beau- commentaire de shanidar).
Je retiens avant tout des passages bouleversants, et particulièrement la séquence bretonne à travers le journal de Sabine de Kercoz. Possession interroge l'héritage des vies et des oeuvres, évoque avec grâce l'obsession d'une recherche jusqu'à une forme de (dé)possession. Les citations et les références n'alourdissent pas un propos, mais lui offrent une résonance d'autant plus ample qu'elle représente le coeur du roman (dans la nécessité et la fragilité d'une transmission). | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: A.S. Byatt Sam 28 Jan 2012 - 12:59 | |
| - Avadoro a écrit:
- Possession
Une lecture passionnante, au charme étrange qui captive par séquences. Le film a dû ne conserver que les séquences qui ne captivent pas, alors ! | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: A.S. Byatt Sam 28 Jan 2012 - 14:48 | |
| Possession est une sorte de construction complexe, aux fondations étanches et solides, au fonctionnement parfaitement étudié et cette architecture légèrement démentielle (parce que visant à une reconstruction totale du monde littéraire victorien à travers la trajectoire de deux écrivains) force l'admiration. Je garde de cette lecture le souvenir de passages très forts (dans le cimetière par exemple), ou de joutes oratoires puissantes et intelligentes, Byatt ne tombe jamais dans la facilité qui ferait des féministes des harpies et des universitaires des sots, elle est bien plus subtile que cela ; je garde aussi en mémoire la silhouette de personnages très intenses et très troublants (Maud en particulier...). Avadoro a raison de souligner qu'il s'agit d'une lecture intellectualisée avant d'être sensible, ce qui rend parfois la lecture un peu 'extérieure', mais on est vite pris au jeu mis en place par l'auteur. | |
| | | Avadoro Zen littéraire
Messages : 3501 Inscription le : 03/01/2011 Age : 39 Localisation : Cergy
| Sujet: Re: A.S. Byatt Sam 4 Fév 2012 - 0:00 | |
| Je suis plongé dans Le livre des enfants. Un pavé au sens propre comme au sens figuré, mais l'oeuvre est absolument magnifique, encore bien plus marquante que Possession. Je vais essayer de le terminer ce week-end pour détailler mes impressions. | |
| | | Avadoro Zen littéraire
Messages : 3501 Inscription le : 03/01/2011 Age : 39 Localisation : Cergy
| Sujet: Re: A.S. Byatt Lun 6 Fév 2012 - 0:03 | |
| Le livre des enfants
Si l'insertion des poèmes pouvait rendre la lecture de Possession délicate, c'est ici la profusion des personnages qui impressionne dès les premières pages. 20 à 30 protagonistes occupent une place importante dans un roman qui ne comporte pas de centre, de point d'ancrage. Byatt offre ainsi une vision panoramique d'une époque, à travers des univers familiaux qui voient se mêler les générations.
L'environnement commun est celui de la société fabienne à la toute fin du XIXème siècle, vu sous un angle davantage social que politique (dont les débats restent tout de même en toile de fond). La démarche est réformiste, progressiste, et se traduit au quotidien par la préoccupation de l'épanouissement des enfants. Ces derniers sont perçus comme des jeunes adultes en devenir, et l'appropriation d'un savoir-faire, d'une créativité, est un enjeu de chaque instant. Byatt décrit avec une aisance remarquable ces recherches artistiques, pour cerner un émerveillement qui doit se renouveler en permanence. La visite de l'exposition universelle de 1900 à Paris est alors transcendée par ce sens du détail et de la découverte. Et si les développements peuvent sembler étirés, ils ne sont jamais gratuits...et le roman trouve justement un sens dans cet enrichissement de l'imaginaire.
Le lien entre les parents et les enfants est au coeur de chaque page : si les adultes témoignent d'une générosité, d'une tendresse rares, reflet d'un temps qui a nourri l'optimisme et l'illusion ; les enfants devront tous être confrontés à l'apprentissage d'une souffrance. Ils sont certes soutenus, expérimentent très vite l'euphorie d'une liberté...mais la vie dans son ampleur et son intensité précipite des angoisses et des refoulements. La personnalité d'Olive Wellwood, qui écrit des contes pour chacun de ses enfants en les accompagnant tout au long de leur chemin, est particulièrement révélatrice d'une fragilité. Elle-même cherche à surmonter une enfance blessée, mais ne parvient qu'à produire une sensation d'étouffement à force de trop vouloir protéger. Jusqu'au drame.
L'ombre de la guerre achèvera de briser l'avenir d'une génération "dorée". Le livre des enfants se termine alors entre espoir et amertume...la force de l'oeuvre est de parvenir à incarner une multitude de destins, avec une intensité parfois bouleversante. | |
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| Sujet: Re: A.S. Byatt | |
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| | | | A.S. Byatt | |
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