Cindy Sherman

pas grave et tu me donnes envie d'ouvrir un fil Seliger...

Je suis tombée par hasard sur Cindy, au MOMA de NY (ouais, je vis dans un trou paumé mais je me la pète),
où se produit en ce moment même une expo temporaire.

Et Wahou...
Les photos postées par kénavo sont en grand format, on peut voir toute la mise en scène de l'artiste.
J'ai été sciée...
On y voit ses premiers travaux, aux travaux actuels, qui sont largement tournés vers le lien entre vieillesse et féminité.









Avec au passage, une salle entière sur sa reconstitution, en autoportrait, de peintures classiques.









pour les courageux : pas mal de reproductions sur le site du musée :
clic

Ces portraits soulèvent vraiment la question de notre propre mise en scène dans la société...
dès qu'on se rapproche un peu, on voit que les masques adoptés sont grossiers (rouge à lèvre qui déborde, fond de teint qui pèle, poils qui ne sont pas si masqués...) et que tout cela n'est que mascarade.
Se pose aussi la question de la féminité... et surtout du genre quand elle choisi des styles plus androgynes. A quel point notre identité est construite ?
(ironiquement; les clichés les plus chargés en attributs généralement associés au sexe féminin génèrent des personnages bien plus articifiels que les clowns (par qui elle semble obsédée), et semble particulièrement vulnérables, et seuls).

Enfin, au fil des ans, les années commencent à modifier le corps de l'artiste. Les tentatives de dissimilations de ses marques les mettent encore plus en avant, et nous renvoie, une fois encore, à notre propre corps (est ce que je dois arrêter de m'épiler les cheveux blancs ?).

Le genre d'expo qui titille, ou l'on ressent rapidement le besoin de s'éloigner du groupe, pour se retrouver seul face à ces questions.

(le site est vraiment bien, cliquez !
(mais on ne peut pas zoomer assez)

elles sont fascinantes ces mises en scène/mises en danger. Je suis surtout sensible au silence du corps (pas de sourire, fixation de l'image, simulacre) qui est comme une préfiguration de la mort. Aucune exultation ne traverse les photographies, il y a quelqe chose de figé, de mort, d'intemporel, rien de sublimé dans le regard porté sur la femme, la manière qu'elle a d'être, de jouer, de ressembler à ce que l'on attend d'elle. Message fort.

(vous pourriez chercher Jean Rault dans un moteur de recherche. croisé des photos l'autre soir en ligne, un même intérêt ?)

animal a écrit:

(vous pourriez chercher Jean Rault dans un moteur de recherche. croisé des photos l'autre soir en ligne, un même intérêt ?)

je ne comprends pas très bien le rapport que tu vois entre les deux artistes. J'ai l'impression que Cindy Sherman travaille sur un procédé à double détente qui serait du style : je me prends en photo (1ère mise en scène) + les sujets sont déjà des photos ou des films, des images que je remets en scène (2ème mise en scène avec travestissement) = un redoublement du discours autour de la figure féminine, un décalage entre l'image réelle ou fantasmée de la femme et ce qu'en montre Cindy Sherman. Ce que je ne vois pas chez Rault (mais je n'ai peut-être pas vu les photos qui motivaient un rapprochement avec Sherman), Rault utilise des modèles (pas de mise en scène de soi) dans des poses qui n'éveillent pas de 'déjà vu' ou de reprise de films, de pubs ou de tableaux... sans compter le travail sur la nudité qui ne semble pas beaucoup intéresser Sherman. Je ne vois donc pas bien le rapport, d'autant moins que sur le moteur de recherche que j'utilise en tapant Jean Rault, l'autre photographe associée est Nan Goldin qui pour le coup pourrait presque être considérée comme l'opposé du travail photographique de Sherman (tout en étant passionnante elle aussi). Opposé parce que Nan Goldin n'utilise pas de mise en scène, prend des photos de ses proches ou d'elle-même sans aucun apprêt, sorte de journal intime au plus près de la vie telle qu'elle est ; très loin du travail en studio et sophistiqué de Sherman, donc.

un procédé différent oui, mais le rapprochement je l'ai fait sur l'impression, un peu rapide mais que je garde, sur des ressemblances dans mes impressions donc parce que la mise en scène de Cindy Sherman (je ne m'étais pas arrêté sur le fil au moment de la première page) montre quelque chose d'autre.... Maryvonne l'a pas mal dit, si ce n'est pas tout à fait pareil pour moi il y a une ressemblance ou une préoccupation qui se retrouve avec Jean Rault.

Dates : du 14 Septembre 2012 au 10 Octobre 2012
Galerie Gagosian - Paris

Découverte de Cindy Sherman suite à une émission de FR Culture avec Pierre Macherey : ici






Dérangeant mais intéressant concernant l'identité .