Ringo Lam

Citation :

Ringo Lam naît à Hong Kong en 1955. Il débute dans le cinéma à 18 ans, sur la chaîne de télévision TVB des frères Shaw en tant que scénariste et assistant réalisateur. Malgré quelques films en tant qu'acteur à son actif, il a vite conscience de son maigre talent dans ce domaine et ne poursuivera pas dans cette voix. Cette expérience lui permet néanmoins de devenir ami avec Chow Yun-Fat, qu'il dirigera ensuite à plusieurs reprises, et surtout avec les réalisateurs Johnnie To et Tsui Hark.

En 1974, Ringo Lam entame des études de réalisation à Toronto, qu'il ne finira pas. Il retourne à Hong Kong en 1981 et tente de percer dans la réalisation. Le réalisateur Karl Maka est le premier à croire en lui : il lui confie la fin du tournage d'Esprit d'amour et de Rien ne sert de mourir. Deux comédies déjantées, un style auquel Ringo Lam reviendra souvent par la suite.

Mais c'est en 1986 que Ringo Lam atteint enfin ses objectifs et trouve son style : il tourne tout d'abord Prison on fire, avec Chow Yun-Fat et Tony Leung Chiu Wai. Puis la même années, City on fire toujours avec Chow Yun-Fat, qui lui vaudra le prix de meilleur réalisateur aux Hong Kong Film Award. Un succès qui ne sera jamais démenti par la suite, faisant de Ringo Lam un des rois du nouveau cinéma de Hong Kong. Le style de Ringo Lam est sans concession : spécialiste du polar ultra noir et réaliste, il est également connu pour ne jamais faire de happy end. Son style aura beaucoup d'influence sur le cinéma américain : le Reservoir Dogs de Quentin Tarantino est très (trop ?) inspiré de City on fire.

A son apogée au milieu des années 90, le cinéma de Hong Kong s'exporte : Ringo Lam tente alors de conquérir les Etats-Unis, mais n'obtient pas le succès escompté. Il réalise plusieurs polars, et collabore à plusieurs reprises avec Jean-Claude Van Damme, notamment sur Risque maximum en 1996. Emballé, ce dernier n'hésite pas à qualifier Ringo Lam de Martin Scorsese ! Ringo Lam n'est pas satisfait de ses films " américains ", souvent remontés contre sa volonté par les studios.

Retour gagnant à Hong Kong en 1997 avec Full Alert, souvent considéré comme son meilleur film, puis Ching Wan Lau. Le réalisateur reste un spécialiste dans son genre, et confirme comme une valeur sûre du cinéma de Hong Kong, sans toutefois obtenir la gloire d'un John Woo ou d'un Johnnie To. Il continue néanmoins à tourner assez rapidement, et retrouve même Jean-Claude Van Damme le temps de signer le mythique Replicant. Il ose ensuite une comédie avec le très original Finding Mr. Perfect. Ringo Lam reste malgré tout un spécialiste du polar : il signe ainsi le très sombre L'Empreinte de la mort de son ami Jean-Claude Van Damme.

En 2008, il participe à un projet vieux de plus de trente ans : Triangle, un polar co-réalisé avec ses amis Johnnie To et Tsui Hark.

source : allocine.fr

filmographie :

1983 : Esprit d'amour
1984 : The Other Side of Gentleman
1985 : Cupid One
1986 : Rien ne sert de mourir (Zuijia paidang zhi qianli jiu chaipo)
1987 : City on Fire (Longhu Fengyun)
1987 : Prison on Fire (Jianyu Fengyun)
1988 : School on Fire
1989 : Wild Search (Ban wo chuang tian ya)
1990 : Guerres de l'ombre (Undeclared War)
1991 : Touch and Go
1991 : Prison on Fire 2 (Tao fan)
1992 : The Twin Dragons
1993 : Full Contact (Xia Dao Gao Fei)
1994 : Le Temple Du Lotus Rouge (Burning Paradise in Hell)
1995 : Great Adventurers
1996 : Risque maximum (Maximum Risk)
1997 : Full Alert
1998 : The Suspect
1999 : The Victim
2001 : Replicant
2003 : In Hell (The savage, En Enfer)
2007 : Triangle



Pas trop trop mal foutue cette petite bio, des ajouts animaliens cepandant... ça période 80's est bien dans un goût de là bas assez représenté : polar réaliste. Son style de film est : tension qui monte avant que ça explose, que les personnages craquent sous la pression d'une violence physique et morale... ça monte et on voit ces personnages se rapprocher du gouffre en sauvant plus ou moins les apparences. Le spectateur est laissé invariablement avec un besoin vital de quelques heures pour se remettre et retourner effrayé à une vie normale.

Les 90's sont plus funky avec deux films HK : l'absoulment énorme, cartoonesque et génial Full Contact (tarantino peut pleurer) et le fou et noir Temple du Lotus Rouge (kung fu). Touche à tout aussi, y compris à l'incontournable film de fantômes avec The Victim (extra !) et son fond de commerce : le polar avec The Suspect et Full Allert (effectivement excellent lui/eux aussi).

C'est donc l'air un de ces réalisateurs polymorphes, produit de cette ancienne colonnie et laissant apparaitre un savoir faire appréciable qui n'oublie pas d'avoir du sens dans sa grande efficacité.

Passage aux usa avec Jean-Claude qui aura eu des vrais morceaux dedans, films pour la video beaucoup et donc massacrés par les distributeurs. restent des moments qui en deviennent un peu dérangeant, en penchant du côté de la violence "gratuite" et injustifiée si ce n'est par le stress par exemple dans Replicant.

Un de mes réalisateurs favoris, très fort, très observateur, très sombre, viscéral (et parfois divertissant). Nettement plus intéressant (et doué sans doute) que John Woo. Finalement rentré à la maison s'associé avec ses comparses Tsui Hark et Johnny To... j'attendrais toujours la suite.

City on Fire

Citation :

À la suite d'un assassinat en plein quartier populaire de Hong Kong, l'inspecteur Lau charge un de ses meilleurs flics d'infiltrer un gang de dangereux malfaiteurs. Ko Chow devient ainsi une "taupe", suspecté par les braqueurs et poursuivi par la police qui ignore tout de sa véritable identité. Après un hold-up particulièrement sanglant, Chow se lie d'amitié avec son chef de bande, l'implacable mais loyal Lee Fu...

bandes annonces :
- trailer us moisi
- bande annonce originale (pas de sous titres c'est dommage)

Une histoire très classique de flic infiltré (undercover quoi) qui se fait plaquer par sa copine à cause de son boulot (si je me souviens bien) et ne sait plus où sont ses meilleures amis, poursuivi par un jeune officier aux dents longues et aux méthodes plus que discutables, difficile de se raccrocher à son supéreur quand on se découvre un vrai ami chez les mauvais... qui conserve une part de "mauvais" non négligeable. l'enjeu est plus dans la survie que dans l'appat du gain. ça monte et ça déborde en bain de sang injuste.

On a (ils sont doués pour ça là-bas) une forte impression de la ville, de son ambiance et de petites choses... le casting marche du tonnerre Chow Yun Fat en tête et une armée de second rôles bien rôdés et charismatiques : Danny Lee (super flic occasionnel en gangster dans ce film) et Roy Cheung (le méchant le plus effrayant de tous les temps, presque, peut être) en flic sans pitié et malsain.

Tarantino en a donc bavé et l'a remaké avec Reservoir Dogs, certains plans sont identiques, les histoires très proches mais les films sont différents. La légèreté est loin chez Ringo Lam, un peu moins d'esbrouffe aussi maybe. c'est plus dur. d'une histoire banale il a fait un film marquant et a commencé à planter ses dents dans nos têtes et imposer une humanité à vif piégée au fond d'un bien triste cul de sac.

Premier film de la "série des on fire". A voir pour les adeptes du polar, sec de préférence et les curieux d'un cinéma qui n'a pas tout misé sur une forme trop souvent stéréotypée et acceptée (d'esthétique et de trucs qui volent par exemple). Le réalisateur partage une vision qui gratte comme quand on se ramassait gamins sur le bitume.

C'est du Cinéma : c'est pensé, bien qu'il reste des morceaux évidents de "genre" et de bricolage, c'est un bon réalisateur qui filme de bons acteurs... des choses passent, terribles mais avec un naturel désarmant (d'où pièges de la vision et le temps pour se remettre, etc.).

(dommage ça fait longtemps que je ne l'ai pas revu).

je vous averti, en plus de deux trois fils qui méritent beaucoup mieux, ici aussi je vais beaucoup prendre mon temps... il faut revoir pour être honête.

en attendant, un lien pour une rapide interview triple à l'occasion de la sortie de Triangle : Johnny To, Tsui Hark et Ringo Lam : ici

c'est court mais c'est intéressant et souligne deux points qui font que : la ville et la manière

extraits :

Johnnie To a écrit:

Hong Kong regorge d’histoires policières ou autres qui sont évidemment un excellent matériel de base pour l’écriture de scénarios. Je connais très bien les divers endroits et quartiers de Hong Kong, leurs spécificités urbanistes, géographiques, sociales… et j’aime m’inspirer de cela pour écrire mes scénarii. L’autre avantage est que nous disposons d’une très grande liberté pour tourner et qu’enfin le budget d’un film ici reste raisonnable.

Ringo Lam a écrit:

Absolument. Pour retourner à l’âge d’or, cela demande une énorme énergie. Cela n’est pas impossible mais exige toute une restructuration de l’industrie cinématographique. Et d’abord que nos talents filment des films locaux. Beaucoup d’entre eux veulent désormais toucher le marché chinois, mais du coup leur créativité en souffre car la culture le langage, les références… ne sont pas les mêmes. Il faut revenir à ce que nous savons vraiment faire.

je déterre le fil pour eXPie (et je signale comme ça que Ringo Lam n'est pas dans la liste des cinéastes chroniqués)

un extrait : clic

qui un peu comme les bandes annonces va faire ressortir la violence et l'action. une action qui fera légèrement moyens du bord avec une poignée d'effets obligés (pour les voitures notamment) mais qui laisse entrevoir une violence pas fun du tout. et sentir, peut-être une part de la tension qui habite le film.

la tension, la pression c'est le lien entre les films "on fire" de ringo lam, avec des victimes et des types qui se retrouvent acculés et franchissent éventuellement comme malgré eux des limites. et tout ça incrusté dans un monde vivant, très vivant. et cette touche particulière des films de là-bas, ces scènes de rue...

Undeclared War (1990)

Presque flics et gangsters. En fait flics et terroristes, ou plutôt Special Branch et CIA contre terroristes, avec un passage par la Pologne et la Chine continentale. Qu'est-ce que ça change ? ... le film est en anglais, on voit l'ombre de la rétrocession et le curseur est mis sur un niveau soutenu d'action.

Le genre action qui fait peur, c'est copieusement violent, et à côté d'une petite tendance spectacle inhérente au genre elle est franchement brutal. En même temps Ringo Lam ne fait pas dans la démonstration d'optimisme. Et c'est de ce côté là et dans les mises en situations qui effleurent le quotidien, en montrant les coins de rues, les escaliers, les gens qui ont l'air normalement là à faire leur boulot ou rien et qui se retrouvent victime, que ça se passe.

Exit aussi les grands discours de liberté, d'un côté comme de l'autre, c'est très business-like et effroyablement sans pitié.

Un peu cheap avec ses dehors de buddy movie avec méchant en carton le film reste donc efficace (merci aussi les seconds rôles) et assez chargé pour faire froid dans le dos pendant 1h45.

Si ça a l'air d'un "film à la con" ça présente aussi les qualités du genre, ce n'est pas un réalisateur que je qualifierais de transparent, et ce film comme d'autre donne un plus, plus sensible, à son cahier des charges.

Je crois quand même que je l'avais déjà vu. Mais je suis content de cette révision, un attachement à un parcours de spectateur, c'est possible, mais aussi attachement à des qualités primaires de cinéma ?

Trailer (en allemand), à côté James Bond c'est Winnie L'Ourson : clic

on a une bande-annonce maintenant (ça a l'air stressant !) :

Full Alert (1997)

Assez américain dans le principe cet affrontement entre le flic usé et obstiné et cet ingénieur civil passé du mauvais côté de la loi. Etant arrêté avec sa compagne très tôt dans le film le suspens se tourne vers le coffre d'un grand champ de course et l'approfondissement de ce face à face en version chacun de son côté.

Le film déménage pas mal (incluse une assez longue poursuite dans les rues de Hong-Kong) au milieu de l'impression de naturel qu'on retrouve souvent dans ce cinéma et le suspens prend plutôt bien. Néanmoins et avec le même petit air parfois documentaire ou réaliste dans l'image ce qui tranche ce sont les motivations de nos bonshommes : la famille de l'un, la compagne de l'autre. La violence rendue à un problématique état de moyen ou à un symptôme de dérapage. Il y a des films qui se posent moins de question, celui-là se concrétise en polar intense de bonne facture et avec ce petit plus pas rigolo pour deux sous mais heureusement humain.

Wild City (2015)

On est rassuré de retrouver Ringo Lam aux commandes pour un long métrage, et un polar en plus. Un peu fauché quand même avec ses quelques effets digitaux pas forcément exceptionnels ou la voiture accidentée quatre fois en arrière plan, heureusement ce n'est pas le fond de l'affaire. Une affaire assez simple avec un policier démissionnaire reconverti patron de bar, son demi-frère plus ou moins rangée et une belle inconnue du contient qui tombe comme un cheveu sur la soupe avec à ses trousses un gang lui aussi du continent. Le film esquive globalement bien la tentation de bluette ou de buddy movie pour privilégier une tension urbaine qui froisse un peu de tôle mais brûle peu de cartouches. Si d'autres stéréotypes sont respectés comme les gangs de jeunes aux cheveux de toutes les couleurs c'est encore sous l'angle du sentiment du dérèglement qu'on voit venir le sujet avec beaucoup de frustration et de colère intériorisée.

On aurait pu penser qu'il allait nous rejouer la carte de l'explosion de violence libératrice mais en fait non. Le final plus apaisé que prévu et un rien convenu laisse planer l'ambiance de clinquant pourri qui sous-tend la trame. Il y a de l'argent et des victimes de part et d'autres, et des innocents qui en plus n'ont rien à voir avec l'histoire. Et la ville, la mer, et le continent tout proche.

Pas trop tape à l’œil le film mais une belle preuve que le cinéaste est toujours là et une autre occasion de ce dire que le genre local n'est pas fini ! Tant mieux.

Faudra quand même que j'en tente un!

Pour le spectacle on peut aussi tenter Le temple du lotus rouge ou Full contact.