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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Sujet: Josef Bor Mer 17 Déc 2008 - 14:44
Josef Bor(1906-1979), juriste tchèque, fut interné à Terezin en juin 1942, à la suite de l'attentat contre le nazi Reinhard Heydrich. Il avait 36 ans En octobre 1944, il fut transféré au camp d'Auschwitz, où sa mère, sa femme et ses deux enfants furent gazés. A la liquidation du camp, il fut envoyé à Buchenwald. Libéré en avril 1945, Josef Bor s'installa à Prague et publia La Poupée abandonnée en 1961, puis Le Requiem de Terezin en 1963
coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
Sujet: Re: Josef Bor Mer 17 Déc 2008 - 14:46
Rappel historique :
- Le 15 novembre 1935, devant la Chambre de la Culture du IIIième Reich, Joseph Goebbels annonce : « Dans la vie culturelle de notre peuple, plus aucun Juif n’exerce une activité. […] La participation à la culture allemande est interdite aux Juifs ». Cependant, le Reich leur accorde, en général, de « cultiver leur propre patrimoine culturel.»
Dans la nouvelle Allemagne, comme ensuite dans l’Europe occupée, les nazis s’appuient sur les dirigeants des communautés juives : ce sont les Juifs eux-mêmes qui doivent prendre en charge tous les aspects de l’existence qui leur est imposée.
L’Union Culturelle Juive est interdite en 1941, alors que commence la déportation de la population juive d’Allemagne vers les camps de l’Est. En 1942, la plupart des animateurs, acteurs et spectateurs de l’Union Culturelle Juive se retrouvent au camp de Terezin, à 60km au Nord de Prague.
coline Parfum livresque
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Sujet: Re: Josef Bor Mer 17 Déc 2008 - 14:49
Terezin : Antichambre d’Auschwitz
10 juin 1940 : la Gestapo prit le contrôle de Theresienstadt. Ses 7000 habitants expulsés, le lieu fut vite transformé en camp de transit pour Juifs: Terezin.
Le camp de transit de Terezin, en Bohême, est pour la majorité des prisonniers l'avant-dernière station avant déportation à Auschwitz. Mais c'est aussi un camp au régime étrangement libéral servant aux nazis à cacher au monde l'horreur des camps d'extermination. Sous l’égide de Adolf Eichmann et du docteur Hans Globke ( bras droit de Heinrich Himmler ), toutes les activités du camp étaient administrées par des notables juifs et contrôlées par les S.S. Terezin fit bientôt office de vitrine pour la propagande nazie, présentée au monde extérieur comme une colonie juive modèle.* En juin 1944, pour taire les rumeurs sur les camps d’extermination, les nazis autorisèrent Maurice Rossel, l’envoyé de la Croix-Rouge, à visiter Terezin qui pour l’occasion fit l’objet d’une vaste mise en scène, orchestration qui mystifia le Français. Furent rassemblés à Terezin les plus grands artistes et intellectuels juifs d’Allemagne, d’Autriche, de Tchécoslovaquie, de Hollande, du Danemark, de Pologne, de Hongrie… C’est là aussi que le poète et résistant Robert Desnos trouva la mort. Les prisonniers, tels des figurants dans une farce atroce, y jouissent d'un simulacre de liberté, ils peuvent s'adonner aux arts et à la musique. Comme il y a parmi eux beaucoup d'excellents artistes, ils créent de véritables chefs-d'oeuvre. Et c'est dans ces circonstances, avec les moyens d'un camp de concentration, que le chef d'orchestre Rafael Schächter décide de monter à Terezin le Requiem de Verdi, une oeuvre immense et très difficile à exécuter.
Les conditions de détention à Terezin étaient terribles (surpopulation ,famine…) Des environ 144 000 Juifs déportés, à peine 19 000 survécurent…
NB: *Les Nazis obligèrent l’acteur et réalisateur juif allemand Kurt Gerron ( qui notamment joua aux côtés de Marlène Dietrich dans L’Ange bleu ) à tourner un film de propagande sur le camp alors qu’il y était interné. Pensant avoir ainsi la vie sauve, le réalisateur fit partie du dernier convoi pour Auschwitz, où il fut gazé dès son arrivée le 15 novembre 1944. Le lendemain, Himmler ordonnait l’arrêt des chambres à gaz.
coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
Sujet: Re: Josef Bor Mer 17 Déc 2008 - 14:52
Raphaël Schächter
"Je raconterai comment le ciel a pu se perdre en enfer et comment l'enfer est monté au ciel", s'écria Schächter, le chef d'orchestre.
Présentation de l'éditeur : Raphaël Schächter, pianiste et chef d’orchestre tchécoslovaque, est interné à Terezin en novembre 1941 à 36 ans. Il fut transféré à Auschwitz le 16 octobre 1944 avec l’ensemble des artistes du Requiem… Entre ces deux dates, il réussit, en dix-huit mois d’efforts désespérés, à répéter et à faire jouer le Requiem de Verdi à Terezin. Quatre solistes, cent cinquante choristes, et deux pianos pour tout orchestre.
L’éditrice du Requiem de Terezin, Valérie Millet :
" Schächter, comme de nombreux autres musiciens, s'est retrouvé là. Beaucoup de gens de théâtre se sont retrouvés aussi à Terezin. Il y a eu, de sa part, cette décision de monter le Requiem de Verdi, donc une oeuvre catholique qu'il voulait faire interpréter par les prisonniers juifs pour une seule et unique représentation devant Eichmann, quand même. Le livre raconte cette décision de Schächter et ensuite toutes les répétitions avec toutes les difficultés que l'on imagine, d'abord concernant les chanteurs, le choeur, les instruments. Certains étaient dans le camp, il a fallu qu'il en fasse entrer d'autres plus ou moins avec l'accord de l'administration nazie. Tout cela est très intéressant parce que très ambigu. Les rapports entre ce chef d'orchestre et la hiérarchie nazie passent par la musique pour aboutir à ce concert unique, et ce livre est témoin, à mon sens, bouleversant à ce titre-là. "
Adolf Eichmann et d'autres dignitaires nazis assistèrent au Requiem de Verdi interprété par des déportés juifs... et rien ne changea au sort des musiciens. Ils furent tous déportés à Auschwitz…
Dernière édition par coline le Mer 17 Déc 2008 - 14:58, édité 1 fois
Nathria Sage de la littérature
Messages : 2867 Inscription le : 18/06/2008 Age : 57
Sujet: Re: Josef Bor Mer 17 Déc 2008 - 14:57
Voici un titre à ajouter sur ma L.A.L . Merci pour cette présentation, Coline!
coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
Sujet: Re: Josef Bor Mer 17 Déc 2008 - 15:02
Nathria a écrit:
Voici un titre à ajouter sur ma L.A.L . Merci pour cette présentation, Coline!
Je le recommande fortement...
Le Requiem de Verdi
La Messa da requiem (ou Requiem de Verdi) est une messe de Requiem pour quatre solistes (soprano, mezzo-soprano, ténor et basse), (double) chœur et orchestre de Giuseppe Verdi composée en 1874. Verdi composa la Messa da Requiem comme si elle devait être sa dernière œuvre, en mémoire de son défunt compatriote Alessandro Manzoni mort en 1873. Verdi fut si ébranlé par la mort de Manzoni qu'il ne put se joindre au cortège funèbre. Manzoni, comme Verdi, s'était engagé pour l'unité italienne au sein du Risorgimento, pour les idéaux de justice et d'humanité.
Verdi offrit à la ville de Milan la composition d'une Messe qu'il devait créer un an après le décès de Manzoni. La ville accepta l'offre avec empressement. C'est pourquoi la Messe fut à l'origine appelée « Requiem de Manzoni ».
La création eut lieu le jour du premier anniversaire de la mort de Manzoni le 22 mai 1874 en l'église San Marco de Milan sous la direction du compositeur lui-même. Le Requiem fut accueilli avec un grand enthousiasme et trois autres exécutions furent réalisées au théâtre de la Scala, où la foule se pressa.
« Un opéra en robe d'ecclésiastique » ironisa un chef allemand lors de la première. Le Requiem ressemble par de nombreux traits à un opéra avec ses contrastes (le sombre Mors Stupebit et le gai Sanctus, le pianissimo de la fin du Libera me et le violent Tuba Mirum…) et sa musique fortement expressive. Les moyens employés par Verdi font en effet penser à une œuvre lyrique : trompettes cachées, quatuors vocaux, arias lyriques, fugues des chœurs (notamment dans le Sanctus), pauses entre les différentes parties…
Dernière édition par coline le Mer 17 Déc 2008 - 15:23, édité 2 fois
coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
Sujet: Re: Josef Bor Mer 17 Déc 2008 - 15:08
Le Requiem de Terezin de Josef Bor est un texte de 1963 publié en France en 1965 et longtemps introuvable jusqu'à ce que les jeunes Éditions du Sonneur le rééditent.
« C'est un texte que j'ai découvert il y a quatre ans et quand j'ai monté cette petite maison d'édition je me suis renseignée pour savoir si le livre était toujours disponible, mais il était épuisé. Sorti à l'origine en 1963, et publié en 1965 par Robert Laffont, on a remonté toute la piste jusqu'aux héritiers de Josef Bor et voilà comment l'aventure est née. C'est un texte auquel je tiens tout particulièrement, évidemment pour son aspect historique, et puis aussi pour le symbole autour du requiem de Verdi, de toutes ces répétitions et du désir du chef d'orchestre de résister par la musique. Le motif qui nous a décidé à rééditer ce texte, c'est cette fois inébranlable de tous ces musiciens en la liberté et la justice et c'est cette capacité qu'ils ont à garder une dignité humaine dans un cadre épouvantable, tout ça au travers de la musique. Je trouve que c'est une parabole fantastique, et c'est pour toutes ces raisons que j'aimerais que ce texte soit lu. » (L’éditrice, Valérie Millet)
Josef Bor raconte cette histoire vraie où des artistes juifs, au camp de transit de Terezin (où l’auteur a été lui-même interné), en attente de leur déportation finale, participent au projet insensé de l’un des prisonniers, le chef d’orchestre Raphaël Schächter : monter le Requiem de Verdi !
"Je raconterai comment le ciel a pu se perdre en enfer et comment l'enfer est monté au ciel", s'écria Schächter.
Le récit de Josef Bor ne présente pas un intérêt littéraire particulier bien qu’il soit écrit de façon tout à fait satisfaisante. Il vaut comme témoignage, non pas sur l’horreur détaillée de la vie au camp de Terezin, mais sur l’expérience artistique et humaine incroyable qui eut lieu en dépit de l’horreur…et des départs continuels de wagons pour Auschwitz…
« Ils partent…Ils sont en train de partir. Personne n’avait crié ces paroles impitoyables, personne ne les avait même murmurées. Pourtant chacun, même sous terre au fond de cette cave d’une des casernes de Terezin, s’en était tout à coup rendu compte ou l’avait pressenti. Elles s’insinuaient dans les esprits, paroles corrompues, empoisonnées et glacées, traversant et paralysant les corps. La main du chef d’orchestre s’immobilisa subitement au-dessus du pupitre, comme pétrifiée dans un geste inachevé. […] Le silence peu à peu s’empara de tout, il venait de l’extérieur, d’en haut, de partout, glaçant les murs, enserrant toute chose,blessant, déchirant les hommes comme un cri strident. […] « Ils partent, les voilà qui partent », reprit une voix au fond de lui-même. […] A travers la fente étroite du soupirail percé dans l’épaisseur du mur, au ras de la voûte, leur parvint le bruit sourd de pas traînants et las. Ils résonnaient et se répercutaient dans la profondeur de la cave silencieuse. Chacun devinait comment on les faisait marcher en troupeau, lentement, à travers les rues désertes du ghetto. »
Et cette colère insensée du chef d’orchestre à ce moment-là…
« Il m'ont trahi, tous m'ont trahi. Pourquoi n'ont-ils pas accepté de laisser leur famille partir sans eux, pourquoi avoir voulu absolument les suivre? » Le commandant du camp lui avait promis de protéger les artistes…pas leurs familles!… Et juste après, sa tristesse immense devant le violoncelle abandonné de Meisl, et ses sanglots de désespoir : « il pleurait sur les quatre enfants de Meisl derrière lesquels venaient sans doute de se refermer les lourdes portes d’un wagon à bestiaux. »
Le chef d’orchestre, et l’auteur aussi, lient sans cesse les versets du Requiem (catholique) à l’histoire qui est en train de se dérouler pour les Juifs…Cette dernière dicte l’interprétation et lui donne son sens…et sa force…
« Requiem aeternam donna eis, Domine, et lux perpetua luceat eis », reprit-il. Ce vers nous rappellera à jamais les pasque nous venons d’entendre. Essayons d’exprimer par ces quelques mots, je vous en prie, tout ce que nous ressentons si profondément aujourd’hui : « Donnez-leur le repos éternel, Seigneur, et faites luire pour eux la lumière éternelle. »
Et malgré toutes les difficultés…immenses…les répétitions se sont déroulées et il y eut une générale pour les prisonniers…
" Une foule importante attendait patiemment dans la cour de l'ancienne école de Terezin, devant les portes closes de la salle de gymnastique. Les artistes allaient arriver incessamment, ils devaient entrer les premiers pour atteindre leurs places sans difficulté. Raphaël Schächter, suivi de toute sa troupe de musiciens et de chanteurs, fut bientôt là. C'était un ami connu de tous et que chacun avait rencontré dans la rue ; on le salua donc avec chaleur et sans façon. Aucune distance ne séparait les artistes de leurs auditeurs, ils étaient tous les prisonniers du même camp. "Raphaël, que nous feras-tu entendre aujourd'hui ?" criait-on ici et là en interpellant le chef d'orchestre, et personne ne l'aurait appelé autrement tant il était populaire dans le ghetto. »
« Chaque note, chaque cadence lui rappelaient quelque chose, chaque voix ravivait un souvenir. Il ne parvenait pas à retrouver le nombre des chanteurs qu’il avait fait répéter tant de fois, note après note, syllabe après syllabe. Tous étaient aujourd’hui réunis devant lui dans cet immense choeur, même ceux qui depuis longtemps n’étaient plus là. »
Et pour terminer, le concert unique eut lieu…en présence du cynique Eichmann !
« La voix cristalline de Marouchka entonna alors le Libera me avec une grande pureté. Libera me, délivrez-moi, délivrez-moi. Les altos, les ténors, les sopranos puis les basses lui répondirent de toutes parts : Libera nos, Libera nos. Nous voulons être libres. L’orchestre, le choeur tout entier reprirent encore ce thème qu’un roulement, un déchirement de cymbales interrompirent[…] scandant les syllabes du Libera nos. Trois coups brefs, un coup long, Libera nos, Li-be-ra-nos. […] La voix passionnée de Marouchka reprit une dernière fois ces paroles que répéta le choeur en un écho saisissant. »
Libera me
Au lendemain de ce concert, les Nazis tinrent parole…Les musiciens du Requiem ne furent pas séparés…Il furent tous déportés à Auschwitz…
Je vous recommande ce récit d’une résistance par la musique qui émeut ...et je ne doute pas qu'elle m'ait émue pour longtemps…
Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
Sujet: Re: Josef Bor Mer 17 Déc 2008 - 16:09
Merci Coline !
j'ai la chair de poule !
Je retiens ce livre témoignage.
à tantôt
Invité Invité
Sujet: Re: Josef Bor Mer 13 Mar 2013 - 11:57
Le Requiem de Terezin :
Synopsis :
Raphaël Schächter, pianiste et chef d’orchestre tchécoslovaque, arrive au camp de Terezin le 30 novembre 1941 et le quitte pour Auschwitz le 16 octobre 1944. Entre ces deux dates, il réussit, en dix-huit mois d'efforts desespérés, à répéter et à faire jouer le Requiem de Verdi.
Avis :
Tirée d'une histoire vraie, à partir d'un vrai compositeur, cet ouvrage qui a été récompensé par le prix des lecteurs 2008 ne m'a attiré au départ ni pour son histoire qui ne me passionnait guère ni pour son auteur que je ne connaissais pas mais par chauvinisme. C'est Tchèque alors je lis, un peu bête mais cela ne m'a jamais trompé. Et ce n'est toujours pas le cas. Pourtant dés le début, j'eus un peu d'appréhension, pour cause l'avertissement avant le commencement du récit sur l'ignorance de l'auteur en terme de connaissances techniques sur la musique. Finalement peu importe, on sent des approximations sur ce sujet mais il n'est pas le principal composant de l'histoire et je dirais même qu'il ajoute quelque chose : l'idée même que l'auteur n'est qu'un spectateur du travail du compositeur, qui entend sans comprendre, qui tente de savoir sans y parvenir et qui au final assiste à tout ce projet fou et désespéré mais tellement fascinant. Cette histoire permet une réelle réflexion existentielle, face à la tyrannie et à l'inéluctabilité d'un avenir tragique. Que faire ? baisser les bras ? Continuer ce que l'on s'ait faire de mieux ? La réponse est évidente la mise en oeuvre beaucoup moins. Cet éloge de ce que peuvent faire de mieux les hommes, l'art en coopération, en osmose, face à ce qu'ils peuvent faire de plus mal est la mise en exergue d'un combat binaire qui tiraille chaque société de façon plus ou moins nuancée mais qui à cette époque est paroxysmique. Dés le début on est emballé par le projet du compositeur on a envie d'y participer, d'aider, de défendre, on souhaite qu'ils y arrivent, on s'investit, on s'implique, on ressent, joie comme tristesse le choc des péripéties et du dénouement. Le style, épuré comme beaucoup d'auteurs de ce pays, trouve toute sa richesse dans la description des lieux mais surtout dans les relations entre les personnages dévoilant toute une complexité qui donne du corps et du réalisme au récit. Bien entendu je le conseille vivement car j'ai passé un très bon moment qui m'a fait aussi beaucoup réfléchir.
kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
Sujet: Re: Josef Bor Dim 27 Sep 2015 - 5:46
La seule photo existante de Raphaël Schächter et de son chœur, prise lors de la visite de la Croix Rouge à Terezin
Le Requiem de Terezin
Après ma lecture d’Une forêt d’arbres creux d’Antoine Choplin, je suis retournée à Terezin pour y passer un autre moment intense.
Cette fois-ci cela ne se faisait pas en images, mais avec de la musique… Ce livre et son contenu ont été déjà bien présenté sur ce fil, pas besoin d’en ajouter… à part la version que j’ai écouté lors de ma lecture…
et un petit extrait
»Dies irae, dies illa, solvet saeclum in favilla. Ce vers revient quatre fois, chaque fois il apporte une nouvelle richesse à l’harmonie de l’œuvre », expliquait Schächter. Le chœur et les instrumentistes l’écoutaient attentivement. « Quatre fois ce motif semble jaillir comme une flamme des profondeurs d’un destin inéluctable, vous devez tous ensemble trouver la façon convenable d’en exprimer chaque nuance. Ce vers ne s’adresse pas seulement aux solistes, aux individus. Le jour que nous chantons est le jour du Jugement dernier qui menace toute l’humanité. Es kommt der Tag, ce qui peut être le jour de l’orgueil, de la vanité ou de l’arrogance, un jour de victoire ou de défaite, mais le jour de la colère, de la colère des justes qui menace ceux qui ravissent, asservissent, pillent et massacrent. Le jour où la Wehrmacht en lambeaux, déchirée, ensanglantée, gémira sous les coups terribles de l’armée Rouge. La terre allemande alors craquera, se déchirera de toutes parts dans la fumée et le feu éventrée par l’explosion de milliers de bombes. Voilà, continuait-il, le Dies irae auquel nous devons penser quand la batterie le martèlera, en criant de toutes nos voix notre appel, notre volonté. Mais éloignons tout esprit de vengeance, tout désir de châtiment, pour ne penser au contraire qu’à la justice humaine ».
Le documentaire Defiant Requiem est sorti en 2012 (d’après mes recherches pour l’instant seulement disponible en anglais)