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| Ernest J. Gaines | |
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Auteur | Message |
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GrandGousierGuerin Sage de la littérature
Messages : 2669 Inscription le : 02/03/2013
| Sujet: Re: Ernest J. Gaines Jeu 4 Juil 2013 - 10:34 | |
| Tout un univers qui me tente ... A suivre donc avec passage dans la LAL | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Ernest J. Gaines Jeu 4 Juil 2013 - 10:35 | |
| - GrandGousierGuerin a écrit:
- Tout un univers qui me tente ... A suivre donc avec passage dans la LAL
Tu ne seras pas déçu. |
| | | Harelde Zen littéraire
Messages : 6465 Inscription le : 28/04/2010 Age : 49 Localisation : Yvelines
| Sujet: Re: Ernest J. Gaines Jeu 11 Juil 2013 - 10:08 | |
| Colère en Louisiane
Une plantation de canne à sucre, à une cinquantaine de kilomètre de Baton Rouge en Louisiane, au crépuscule des années 70. Ambiance « grand sud » avec un zeste de Faulkner et un autre de Steinbeck. Et un petit quelque-chose de Réginald Rose et de ses douze hommes en colère.
En plein midi, un coup de feu a retenti. Un homme gît dans les hautes herbes, mort, le flanc déchiré par une volée de plombs. Beau Boutan : un blanc, un cajun de la famille qui exploite les terres de la plantation Marshall. Mathu, un octogénaire à la peau d’ébène tient un fusil au creux de ses bras. Le moins qu’on puisse dire, c’est que toutes les apparences sont contre lui. Et même Candy Marshall (la trentaine), copropriétaire du domaine depuis le décès de ses parents est persuadée de sa culpabilité. Car Mathu est un homme fort, indépendant qui ne s’est jamais laissé marcher sur les pieds par les blancs. Le seul homme à des lieues à la ronde à avoir les couilles d’épauler son arme et de faire feu sur un cajun.
Mathu, que Candy considère comme son père ; car c’est lui et mademoiselle Merle (blanche) qui l’ont élevé à la mort du couple Marshall, tué dans un accident de la route. Or, si le vieil homme est reconnu coupable et arrêté, il sera immanquablement condamné et exécuté. S’il n’est pas capturé avant et lynché par la famille endeuillée en mal de vengeance. Dans le coin, on n’aime pas beaucoup les noirs tueurs de blanc. Ici, le Ku Klux Klan est encore très actif.
Aussi, désireuse de le sauver à tout prix, la jeune femme envoie un jeune garçon faire le tour des quartiers pour demander aux hommes de venir rapidement devant chez Mathu. Et de venir muni d’un fusil de calibre douze avec, à l’intérieur, une cartouche de 5 venant d’être tirée. Tous vieux et fatigués (les jeunes sont partis sous d’autres cieux plus cléments), ils répondent à son appel et se regroupent sur le lieu du crime. Car ils ont été lâches toute leur vie. Car ils ont toujours courbé l’échine. Car ils ont tous vu un de des leurs être brutalisé, sans réagir, sans jamais venir à son aide. Car ils ont tous rêvé de riposter sans jamais trouver le courage de passer à l’acte. Car Mathu et Candy sont respectés.
Lorsque le shérif Mapes arrive sur les lieux, ce sont quinze ou dix-huit personnes qui s’accusent du crime – Candy en tête. Quinze ou dix-huit personnes à avoir un puissant mobile et dans les bras une arme identique à celle utilisée par le tueur. Situation ubuesque que Mapes doit démêler avant que les blancs ne viennent réclamer le coupable.
A quelques scènes près, ce court roman est un huis-clos d’une rare profondeur. Un face à face entre des hommes issus de l’esclavage et les blancs qui à leurs yeux représentent le pouvoir, l’autorité, les mauvais traitements et les jugements expéditifs. Des hommes qui, au soir de leur vie, n’ont plus rien à perdre et qui, pour la première fois, osent parler et mettre des mots sur leurs souffrances quotidiennes. Mais ce n’est pourtant pas un grand déballage car chaque orateur expose ses griefs avec beaucoup de dignité et dans un silence quasi religieux.
Ernest J. Gaines (écrivain noir né en Louisiane et nommé pour le Nobel de littérature en 2004) a su éviter tout manichéisme. Il n’est pas là pour régler un compte personnel avec la population blanche, mais plutôt pour dresser le tableau des tensions qui perdurent encore entre les différentes communautés dans cette région des Etats-Unis. Le livre est magnifiquement écrit et respecte l’accent local. Les personnages sont dépeints avec justesse dans leur faiblesse et dans leur force, sans artifice et sans excès. Une grande découverte.
Superbe ! | |
| | | Heyoka Zen littéraire
Messages : 5026 Inscription le : 16/02/2013 Age : 36 Localisation : Suède
| Sujet: Re: Ernest J. Gaines Jeu 11 Juil 2013 - 10:44 | |
| J'ai déjà un Gaines dans ma LAL grâce à Queenie (Dites-leur que je suis un homme) et après avoir lu ce dernier, je pense que Colère en Louisiane prendra sa place dans ma LAL. | |
| | | Harelde Zen littéraire
Messages : 6465 Inscription le : 28/04/2010 Age : 49 Localisation : Yvelines
| Sujet: Re: Ernest J. Gaines Jeu 11 Juil 2013 - 10:51 | |
| - Heyoka a écrit:
- J'ai déjà un Gaines dans ma LAL grâce à Queenie (Dites-leur que je suis un homme) et après avoir lu ce dernier, je pense que Colère en Louisiane prendra sa place dans ma LAL.
Après Colère en Louisiane, je me suis renseigné sur les autres livres de cet écrivain. Et j'ai mis Dites-leur que je suis un homme dans ma LAL. J'ai envie d'y revenir ! | |
| | | pia Zen littéraire
Messages : 6473 Inscription le : 04/08/2013 Age : 56 Localisation : Entre Paris et Utrecht
| Sujet: Re: Ernest J. Gaines Dim 27 Avr 2014 - 17:54 | |
| Par la petite porteEn Louisiane, Malia et Felix sont de vieux esclaves qui ont passé toute leur vie à travailler sur la plantation des Laurent. Monsieur Franck, le frêre de walter est le seul qui reste. Walter était un esclavagiste pure style cruel et persuadé de son bon droit. Aucune femme ne devait lui résister quand il la voulait et c’est pour ça que Copper est né, fils de la sœur de Malia et de Walter Laurent. Un jour elle disparait, elle et son fils, et Copper devenu adulte revint à la plantation et demande son dû. Il est un fils Laurent et il a des droits sur la propriété. Son oncle le fait appeler pour parler avec lui mais il doit passer par la petite porte à l’arrière, la porte des esclaves. Il s’y refuse. De là commence une bataille entre les idées ancrées de monsieur Franck qui sait que les choses vont changer mais qui n’est pas celui qui les changera et Copper qui tient jusqu’au bout à ne pas passer par la petite porte. Malia et Felix se réjouissent intérieurement peut-être de ce vent de changement mais sont incapables de l’accompagner tant ils ne connaissent pas autre chose, que ce qu’on leur a inculqué ; la soumission, humiliation et le dégout de ce qu’ils sont. Cela a fini par se greffer au plus profond de leur fibres. C’est un bouquin que j’ai beaucoup aimé. Le sujet me parle, me révolte. En peu de mot, puisque le bouquin ne fait que 90 pages, Gaines sait faire surgir toute l’injustice et toute l’horreur de l’esclavagisme que les afro-américains ont du subir. | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Ernest J. Gaines Dim 27 Avr 2014 - 18:21 | |
| Tu as lu Colère en Louisiane, pia? | |
| | | pia Zen littéraire
Messages : 6473 Inscription le : 04/08/2013 Age : 56 Localisation : Entre Paris et Utrecht
| Sujet: Re: Ernest J. Gaines Dim 27 Avr 2014 - 18:24 | |
| Non pas encore. Je l'avais commandé et je ne l'ai pas reçu donc je me suis rabattue sur Par la petite porte. Mais j'ai l'intention de le lire. Ernest J. Gaines est une belle découverte pour moi! | |
| | | tom léo Sage de la littérature
Messages : 2698 Inscription le : 06/08/2008 Age : 61 Localisation : Bourgogne
| Sujet: Re: Ernest J. Gaines Dim 1 Nov 2015 - 9:05 | |
| Après des livres impressionants de lui, on ne peut que continuer d'explorer l'univers d'Ernest J.Gaines. Alors je suis tombé sur
L'autobiographie de Miss Jane Pittman
Original : The Autobiography of Miss Jane Pittman (Anglais/E.-U., 1971)
CONTENU : Le roman (sic!) raconte l'histoire de Jane Pittman qui a au début des années 1960 env 105 ans ! Donc elle avait encore connu comme petit enfant, il y a une centaine d'années, le temps de la guerre civile américaine. De là elle raconte son histoire jusqu'à « maintenant ». Elle traversera des étappes essentiels de l'histoire américain, sera témin ou/et aussi actrice.
REMARQUES : Ce récit dans la première personne est une mise d'ensemble de ce que Miss Jane Pittman raconte, lors de soirées et rencontres à un jeune professeur d'histoire en recherche de témoignages vivants de l'histoire des anciens esclaves. C'est lui qui introduit ce roman comme s'il a enregistré et arrangé ce qui avait été dit. Ce procédé donne rapidemment l'impression d'une authenticité au roman. Mais celui-ci, selon Ernest Gaines, restera une fiction, même si l'auteur a énormement consulté des récits historiques. Aussi, comme enfant, Gaines a du frequenté sur les plantations de la Louisiane des gens du calibre de Miss Jane Pittman.
Le livre se présente en quatre parties avec toujours beaucoup de chapitres sous-titrés. Donc des unités de lectures assez lisibles et petites., procèdant - après l'introduction – dans une chronologie. Peu d'artifice de mots, de style, mais plutôt un langage vivant de « narration ». L'auteur a essayé de reconstitué une forme entre oralité et récit arrangé.
La petite Ticey a déjà une dizaine d'années lors du départ de leur plantation en Louisiane (où elle travaille comme esclave) des troupes des confédérés, et l'arrivée immédiate des Nordistes. Quand la libération des esclaves est proclamée, elle aurait pu resté sur la plantation, mais elle choist avec d'autres de quitter vers le Nord,en recherche du fameux Lieutenant Brown qui avait eu des paroles si mémorables pour elle. Rapidemment leur groupe se trouve attaqué par des Sudistes en colère, et elle prendra soin d'un petit garçon. Celui-ci deviendra comme son fils « adoptif ». Mais elle n'ira pas loin…, et quittera jamais cette Louisiane. Si l'esclavage semble terminé, les conditions de travail, le refus d'école pour eux etc n'améliorent pas leur vie. Ils resteront exploités, d'une façon ou d'une autre. Le livre retrace cette longue histoire et ira jusque dans les années de la lutte des droits civiques du Xxème siècle.
Le connaisseur (américain?) reconnaîtra de temps en temps des allusions à des événements historiques, des personnages. Elle, qui avait changé son nom vers « Jane » pour laissé derrière elle l'identité d'esclave, connaîtra plusieurs hommes (maris), mais aussi des pertes successifs. La vie sera dure.
Vu qu'on parle alors d'un époque englobant presque cent ans, on peut être dubiitatif, mais vu de près on constatera, étonné, que tout un chacun de nous, par sa vie, par ses relations avec des grands-parents par exemple, fait le pont entre des siècles… Perspectif magique de s'imaginer que des grands-parents (à moi) sont nés au XIXème siècele, et que la génération de nos enfants va éventuellement entrer dans le XXIIème… Ainsi le temps se raccourcit, des événéments historiques ont un écho qui perdure.
Peut-être la qualité de ce livre n'atteint pas, selon mon avis, celle des autres lus de lui, mais néanmoins le lectuer qui aime les sujets de Gaines, sera comblé ici aussi !
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| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Ernest J. Gaines Dim 1 Nov 2015 - 9:09 | |
| je vais essayer de me souvenir du nom de l'auteur... | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Ernest J. Gaines Dim 1 Nov 2015 - 9:20 | |
| - animal a écrit:
- je vais essayer de me souvenir du nom de l'auteur...
Colère en Louisiane? | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Ernest J. Gaines Dim 1 Nov 2015 - 9:23 | |
| ou un autre, selon qui se présentera. | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Ernest J. Gaines Lun 2 Nov 2015 - 9:56 | |
| Une longue journée de novembre suivi de Le ciel est gris Deux nouvelles qui regardent le monde avec les yeux de l’enfance. Des enfants que les adultes, pris dans leurs tourments, traînent par la main, et qui observent. Ils sont profondément aimés, ces enfants, cet amour s’exprime par des leçons à savoir, des dents à soigner, un manteau reboutonné, un fouet accroché au mur. Ce sont deux textes qui ont un rôle essentiellement descriptif, de l'univers intime de noirs qui vivent encore dans les quartiers, s'assoient au fond du bus , se laissent avec fatalité malmener par les blancs, et n'ont que leur tendresse fragile intimité et leur dignité à leur opposer, douleur et douceur entremêlées. | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Ernest J. Gaines Ven 22 Jan 2016 - 13:39 | |
| Le nom du fils Le révérend Philipp Martin, la soixantaine empâtée, bon père, bon époux, belle maison, est unanimement respecté par ses paroissiens et par tous les habitants de Saint Adrienne, les Blancs comme les Noirs, pour avoir construit, organisé, donné un poids réel au Mouvement des Droits Civiques local. Mais quand arrive son fils abandonné d'une première union, étrange, inquiétant, son ancienne vie de débauche lui revient en pleine figure, une paternité honteuse le bouleverse, le doute s'installe et tout s'effondre : la famille, la foi, les amis, l'engagement… - Citation :
- J'étais rien qu'une de ces brutes épaisses, capable de tricher, de voler, de tuer, mais pas de tenir debout, d'être responsable, de vous protéger, toi ou ta mère. Ils nous avaient mis ça dans la tête depuis le temps de l'esclavage.
Le roman commence de façon très prenante dans cette petite ville, la nuit, sous la pluie, par un homme inconnu qui débarque ici sans vouloir communiquer, un désir de vengeance chevillé au corps. On se croirait dans un western, mais non, ce n'est pas d'action que l'on va parler, mais bien de culpabilité, de rédemption et de pardon, dans cette vertigineuse descente aux enfers d'un homme rattrapé par son passé. Le récit se centre ensuite sur le pasteur, pris dans un marécage de remords et d'incompréhension, et on pense aux pièces de théâtre à thèse de Sartre ou de Camus : un homme bon, charismatique, traqué par sa conscience. Pièces de théâtre car il y a énormément de dialogues, et que le texte suit avec une précision obsédante les gestes, les déplacements, les contacts physiques entre les personnages, comme une espèce de didascalie géante romancée . Gaines colle à la peau de son héros, tourne en rond, se noie avec lui (et nous avec) dans ses sables mouvants, et il faut accepter de prendre son temps, de revenir en arrière, de voir les protagonistes se répéter, dans leurs paroles comme dans leurs non-dits. C'est une ambiance très troublante, étouffante par moment, un reflet terrifiant du tumulte qui s'empare de Philipp. - Citation :
- Je suis en guerre avec moi-même, Adeline . En guerre avec mon âme. Depuis quelques jours je n'arrête pas de me poser des questions, et je ne rencontre que des doutes, sur tout.
On parle donc ici de liberté, de libre arbitre, de filiation et de paternité. Il faut aussi relever la place des femmes, ces personnages apparemment effacés, vouées au service de leurs hommes, maris ou enfants, (on est dans le Sud des années 70), mais qui au final sont la source de tout, en particulier de l'élan vital et du pardon : elles sont la source et le refuge. Car ce roman si sombre est un roman de foi, un roman qui croit en l'homme et sa capacité à se sauver lui-même . | |
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| | | | Ernest J. Gaines | |
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