Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Alessandro Baricco [Italie]

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MessageSujet: "Chateaux de la Colere" de Baricco   Alessandro Baricco [Italie] - Page 3 EmptyLun 22 Oct 2007 - 11:23



Merci pour la manip / le rangement a sa juste place de mon message, et toutes les excuses d'une nouvelle venue qui ne maitrise pas encore toutes les astuces "classification" de ce forum. Non je ne suis pas une lyceenne en mal d'inspiration pour son devoir scolaire, et je ne me servirai pas des eventuelles reponses de lecteurs eclaires a des fins commerciales non plus !!!! C'est un appel desinteresse a la discussion entre lecteurs/lectrices qui ont apprecie et compris ce roman jusqu'a la fin ! Peut-etre a bientot sinon bonne lecture(s) !!!
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coline
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MessageSujet: Re: Alessandro Baricco [Italie]   Alessandro Baricco [Italie] - Page 3 EmptyLun 22 Oct 2007 - 13:19

boukinonzenkeur a écrit:


Merci pour la manip / le rangement a sa juste place de mon message, et toutes les excuses d'une nouvelle venue qui ne maitrise pas encore toutes les astuces "classification" de ce forum. Non je ne suis pas une lyceenne en mal d'inspiration pour son devoir scolaire, et je ne me servirai pas des eventuelles reponses de lecteurs eclaires a des fins commerciales non plus !!!! C'est un appel desinteresse a la discussion entre lecteurs/lectrices qui ont apprecie et compris ce roman jusqu'a la fin ! Peut-etre a bientot sinon bonne lecture(s) !!!

boukinonzenkeur...Pas grave du tout ton erreur de classement...Nouvelle arrivée sur ce forum tu ne peux pas connaître tous les "rouages"...On corrige et basta... :)

Et je te dis très sincèrement "A bientôt!"... Basketball
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MessageSujet: Re: Alessandro Baricco [Italie]   Alessandro Baricco [Italie] - Page 3 EmptyMer 31 Oct 2007 - 10:00

Je vais commander Océan mer en poche : je viens de remonter vos commentaires et j'accroche encore.
Au sujet de la "rapidité" de certains titres, je parlerais plutôt d'une poétique qui permet d'alléger l'histoire elle-même (Soie); vous savez que je n'aime pas les histoires, aussi ce style fin me plaît beaucoup, qui ne vise qu'à dire l'essentiel...
Un mauvais romancier, à l'inverse, nous ferait 600 p. à partir de ce même scénario, et ce serait peut-être sans intérêt.
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MessageSujet: Re: Alessandro Baricco [Italie]   Alessandro Baricco [Italie] - Page 3 EmptyMer 31 Oct 2007 - 10:32

Babelle a écrit:
Je vais commander Océan mer en poche : je viens de remonter vos commentaires et j'accroche encore.

Je le (re)verrai sur scène au mois de décembre (le chapitre consacré au radeau de la Méduse), monté par notre compagnie.
C'est à Moulins mais s'il y en a qui sont intéressés, faites-moi signe .
Poussez la porte:
ICI
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MessageSujet: Re: Alessandro Baricco [Italie]   Alessandro Baricco [Italie] - Page 3 EmptyLun 3 Déc 2007 - 16:45

"Soie"


Nous somme en 1861, Hervé Joncourt est un jeune homme promis à une blle carrière militaire et qui partira à la recherche d'oeufs de vers à soie pour alimenter l'industrie des soyeux lyonnais: "On était en 1861. Flaubert écrivait Salammbô, l'éclairage électrique n'était encore qu'une hypothèqe et Abraham Lincoln, de l'autre côté de l'Ocan, livrait une guerre dont il ne verrait pas la fin" (p 9). En effet, une épidémie lamine la production française de vers à soie et une seule solution s'impose à tous: pénétrer dans l'espace interdit du Japon, l'autre bout du monde du XIXè siècle finissant "En ce temps-là, le Japon était, effectivement à l'autre bout du monde. C'était une île faite d'îles et qui avait vécu pendant deux cents ans complètement séparé du reste de l'humanité, refusant tout contact avec le continent et interdisant l'accès à tous les étrangers. La côte chinoise était à près de deux cents milles, mais un décret impérial avait veillé à la rendre plus éloignée encore, empêchant sur toute l'île la construction d ebteaux à plus d'un mât" ( p 24). Hervé Joncourt part donc par monts et par vaux à travers l'Europe, la Russie extrême orientale avant de traverser la mer pour accéder, clandestinement, sur les rives japonaises. Un voyage long et périlleux comme tous les voyages à cette époque, une épopée qui se répètera chaque année: " Hervé Joncourt partit avec quatre-vingt mille francs-or, et les noms de trois hommes que Baldabiou lui avait procurés: un Chinois, un Hollandais et un Japonais. Il passa la frontière près de Metz, traversa le Wurtemberg et la Bavière, pénétra en Autriche, ateignit le train Vienne puis Budapest et poursuivit jusqu'à Kiev. Il parcourut à cheval deux mille kilomètres de steppe russe, franchit les monts Oural, entra en Sibérie, voyagea pendant quarante jours avant d'atteindre le lac Baïkal, que les gens appelaient: mer. Il rdescendit le cours du fleuve Amour, longeant la frontière chinoise jusqu'à l'Océan, et quand il fut à l'Océan, resta onze jours dans le port de Sabirk en attendant qu'un navire de contrebandiers hollandais l'amène à Capo Teraya, sur la côte ouest du Japon. A pied, en empruntant les routes secondaires, il traversa les provinces d'Ishikawa, Toyama, Niigata, pénétra dans celle de Fukushima et arriva près de la vile de Shirakawa, qu'il contourna par l'est, puis attendit pendant deux jours un homme vêtu de noir qui lui banda les yeux et qui le conduisit jusqu'à un village dans les collines où il passa la nuit, et le lendemain matin négocia l'acaht des oeufs avec un homme qui ne parlait pas et dont le visage était recouvert d'un voile de soie. Noire." (p 31 et 32)
Ce fut l'épreuve de vérité qui mettra en lumière l'extraordinaire prédisposition d'Hervé Joncourt à se faire accepter par l'Autre. En effet, au jeu du "poker menteur" il joua habilement, suffisamment pour prouver au seigneur japonais, Hara Kei, qu'il était digne de confiance! Une étrange relation amicale va se nouer entre les deux hommes...avec comme point d'orgue la présence d'une jeune fille, muette, superbe aux yeux "qui n'avaient pas une forme orientale" (p 36). Entre cette belle jeune fille inconnue et Hervé Joncourt se tisse une histoire d'amour aussi douce et légère qu'un voile de soie japonaise, silencieuse et désespérée. Une sensualité extraordinaire se dégage des scènes, notamment celle du coup de foudre:
"La jeune fille souleva légèrement la tête.
Pour la première fois, elle détacha son regard d'Hervé Joncourt, et elle le posa sur la tasse.
Lentement, elle la tourna jusqu'à avoir sous ses lèvres l'endroit exact où il avait bu.
En fermant à demi les yeux, elle but une gorgée de thé.
Elle écarta la tasse de ses lèvres.
La replaça doucement là où elle l'avait prise.
Fit disparaître sa main sous son vêtement.
Reposa sa tête sur les genoux d'Hara Kei.
Les yeux ouverts, fixés dans ceux d'Hervé Joncourt.(...)
Hervé Joncourt baissa les yeux. Devant lui, il y avait sa tasse de thé. Il la prit et commença à la faire tourner et à l'examiner, comme s'il cherchait quelque chose, sur le fil coloré de son bord. Quand il eut trouvé ce qu'il cherchait, il y posa ses lèvres, et but jusqu'au fond."
(p 38 et 39)
Hervé Joncourt rentrera chez lui, par le même chemin qu'à l'aller, éternel rituel du voyage: "Six jours plus tard, Hervé Joncourt s'embarqua, à Takaota, sur un navire de contrebandiers hollandais qui le déposa à Sabirk. de là, il remonta la frontière chinoise jusqu'au lac Baïkal, traversa les quatre mille kilomètres de terre sibérienne, franchit les monts Oural, atteignit Kiev et parcourut en train toute l'Europe, d'est en ouest, avant d'arriver, après trois mois de voyage, en France. Le premier dimanche d'avril - à temps pour la grand-messe - il était aux portes de Lavilledieu." (p 41)

Un court roman étrange, qui laisse, une fois la dernière page tournée, le lecteur dans une atmosphère difficile à décrire. L'impression d'être sur sa faim, de vouloir que l'histoire continue et dure un peu plus longtemps, pour finalement s'apercevoir que tout est dit avec subtilité et qu'il n'y a rien à ajouter.
Le rythme de certains passages, ritournelles presque à l'identique, sont les fils d'une navette sur un métier à tisser, des fils qui vont et viennent pour construire, avec délicatesse, une très belle histoire d'amour et de passion. Un petit roman qui garde son lecteur longtemps sous son charme.

Merci le Cercle de m'avoir permis de découvrir ce petit bijou, soyeux et velouté. cat
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MessageSujet: Re: Alessandro Baricco [Italie]   Alessandro Baricco [Italie] - Page 3 EmptyDim 6 Jan 2008 - 20:35

je viens de terminer "Soie" !

Je suis sous le charme. Le rythme de l'histoire me convient parfaitement.
L'auteur appelle la musique de cette histoire "la musique blanche" et nous décrit cette musique (cf 2ème de  couverture)

Tous les personnages sont essentiels dans cette histoire, rien n'est superflu, les silences, les paroles, les regards, les drames.

une anecdote qui m'a amusée : le lac Baïkal appelé tout à tour : mer, le démon, le dernier, le Saint.

les défis de Baldabiou avec lui-même.

La musique blanche de ce livre j'ai adoré !

j'espère que les autres livres me plairont aussi.

à tantôt


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MessageSujet: Re: Alessandro Baricco [Italie]   Alessandro Baricco [Italie] - Page 3 EmptyLun 4 Fév 2008 - 21:15

J'ai terminé "Océan mer".

encore un plaisir énorme à lire Baricco, j'aime son écriture, ses histoires où le réel rencontre l'irréel.

ses mots ont de la poésie, ils se découvrent comme une peinture.

je vais commencé "City"

à tantôt
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MessageSujet: Re: Alessandro Baricco [Italie]   Alessandro Baricco [Italie] - Page 3 EmptyLun 4 Fév 2008 - 23:23

Bédoulène...Tu me donnes envie de lire un autre roman de Barrico...
Soie...Novecento Pianiste et Océan Mer que j'ai lus m'ont tous trois embarquée...mais dans des univers si différents!...
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MessageSujet: Re: Alessandro Baricco [Italie]   Alessandro Baricco [Italie] - Page 3 EmptyLun 4 Fév 2008 - 23:47

coline a écrit:
Bédoulène...Tu me donnes envie de lire un autre roman de Barrico...
Soie...Novecento Pianiste et Océan Mer que j'ai lus m'ont tous trois embarquée...mais dans des univers si différents!...
ah oui.. il y en a encore d'autres de lui qui sont si bon.. bien que très différents les uns des autres.
Son dernier qui vient de sortir "Cette histoire-là" est charmant... ❤
(mais on ne doit pas trop se fier sur mon avis concernant cet auteur – il appartient à mon cœur de trèfles – ceux qui peuvent écrire des annuaires téléphoniques et je les admiraient toujours laugh )
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MessageSujet: Re: Alessandro Baricco [Italie]   Alessandro Baricco [Italie] - Page 3 EmptyLun 4 Fév 2008 - 23:51

kenavo a écrit:
Son dernier qui vient de sortir "Cette histoire-là" est charmant... ❤
(mais on ne doit pas trop se fier sur mon avis concernant cet auteur – il appartient à mon cœur de trèfles – ceux qui peuvent écrire des annuaires téléphoniques et je les admiraient toujours laugh )

Je n'ai pas été très tentée par le sujet...mais si tu dis qu'il est "charmant" je vais peut-être revoir la question......content
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MessageSujet: Re: Alessandro Baricco [Italie]   Alessandro Baricco [Italie] - Page 3 EmptyDim 17 Fév 2008 - 0:22

Je viens de terminer "City" (du rêve, du fantasme, de l'humour, de l'ordinaire et de l'extraordinaire )

J'aime de plus en plus Alessandro (je me permets cette familiarité vu que je passe beaucoup de temps avec lui  sourire )

Je vous mets quelques passages pour vous donner envie de lire ce livre :

C'est l'histoire d'un gamin ( Gould) de 14 ans surdoué (qui vit seul ; sa mère est folle et son père travaille dans l'armée) qui s'invente une vie pour pouvoir vivre plus facilement la sienne. Certains de ses Enseignants ont des méthodes d'enseignement étonnantes.
Il rencontre une jeune fille originale (seule elle aussi) qui devient sa gouvernante, son amie. Ensembles ils partagent leurs rêves, leurs fantasmes pendant quelque temps.

Le tout finissait par mettre en place un personnage à peu près parfait faisant simultanément montre d'une force limpide et d'un détachement distrait : se servant de la première pour authentifier les louanges du recteur Bolder et du second pour les alléger du poids de la vulgaire flatterie.C'était grand. A un certain moment précisément pendant que le recteur Bolder parlait de son activité d'enseignant ("toujours au milieu des étudiants, mais comme un primus inter pares") le chercheur anglais se dépassa : il abandonna soudain son caisson hyperbare, ôta ses lunettes, pencha léèrement la tête, comme vaincu pa un soupçon inattendu de fatigue, porta le pouce et l'index de la main droite jusqu'à ses yeux et, faisant descendre ses paupières, s'autorisa une légère pression en cercle sur les globes oculaires, geste ultra-humain dans lequel toute l'assistance tout entière pu voir, résumés, tous les moments de douleur, de désillusion et de fatigue qu'une vie de réussite n'avait pas effacés et dont le chercheur anglais désirait ici, devant tous, transmettre la mémoire. Ce fut très beau. Puis, comme s'éveillant d'un rêve, il releva soudain la tête, chaussa ses lunettes d'un geste rapide mais précis, et enfin reprit la parfaite immobilité qui avait précédé, revenant fixer le néant devant lui, avec la force de celui qui a connu la douleur mais n'a pas été vaincu par elle.
Ce fut précisément à ce moment à que le professeur Mondrian Kilroy se mit à vomir. Il était assis au troisième rang et il se mit à vomir.


"les idées, une fois exprimées et donc soumises à la pression d'un public, deviennent des objets artificiels privés d'un rapport réel  avec leur origine. Les hommes les affinent avec une telle intelligence  qu'ils les rendent meurtrières. Avec le temps ils découvrent qu'ils peuvent les utiliser comme des armes. ils n'hésitent pas un seul instant. Ils tirent."


"Mais où elle l'a pris Shatzy ce corsage affreux ? demanda Disel.
- corsage stratégique dit Gould. Si tu tousses un coup le bouto de devant s'ouvre et on voit un peu les nichons.
Vraiment ?
Ben il faut savoir tousser d'une certaine manière. Shatzy s'entraine devant la glace."

Alessandro Baricco [Italie] - Page 3 Ideal10

"Quand Shatzy rentra il était dix heures passées. Elle aimait bien faire les courses le soir, elle prétendait que la marchandise était fatiguée et se laissait plus facilemet acheter."


Gould avait un vieux chewing-gum collé au fond de sa poche, dans son manteau. Il alla le chercher, le décolla du tissu puis le mit dans sa bouche. Il était froid et un peu dur, comme un camarade d'école que tu n'as pas vu depuis des années et que tu rencontres un jour dans la rue."



Je n'ai qu'une hâte c'est de lire un autre livre.


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MessageSujet: Re: Alessandro Baricco [Italie]   Alessandro Baricco [Italie] - Page 3 EmptyDim 17 Fév 2008 - 15:30

Bédoulène a écrit:
J'aime de plus en plus Alessandro (je me permets cette familiarité vu que je passe beaucoup de temps avec lui sourire )
Very Happy
Cela me fait plaisir que tu as tant aimé.. je connais beaucoup de lectrices/lecteurs qui aimaient Baricco - jusqu'à la lecture de City!! Tu as franchi le point difficile.. Very Happy et je t'envie la première découverte des autres romans de lui.. Wink
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MessageSujet: Re: Alessandro Baricco [Italie]   Alessandro Baricco [Italie] - Page 3 EmptyDim 17 Fév 2008 - 19:25

Bedoulène...tu veux te faire plaisir encore à lire Alessandro Barrico?..Plonge-toi dans Novecento pianiste...Wink
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MessageSujet: Re: Alessandro Baricco [Italie]   Alessandro Baricco [Italie] - Page 3 EmptyDim 17 Fév 2008 - 20:53

Merci Coline,

j'espère pouvoir l'emprunter.

je me propose de lire tous les livres de Baricco enthousiaste

Merci Kenavo de ton soutien "Tu as franchi le point difficile.."

à tantôt
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MessageSujet: sans sang   Alessandro Baricco [Italie] - Page 3 EmptyDim 17 Fév 2008 - 21:45

Sans sang de Alessandro Barrico
ISBN-10: 2070304914

Présentation de l'éditeur
" Dans la campagne, la vieille ferme de Mato Rujo
demeurait aveugle, sculptée en noir contre la lumière du
crépuscule. Seule tache clans le profil évidé de la plaine. Les quatre hommes arrivèrent dans une vieille Mercedes.
La route était sèche et creusée - pauvre route de campagne. De la ferme, Manuel Roca les vit. Il s'approcha de la fenêtre. D'abord il vit la colonne de poussière s'élever au-dessus de la ligne des maïs. Puis il entendit le bruit du moteur. Plus personne n'avait de voiture, dans le coin. Manuel Roca le savait. Il vit la Mercedes apparaître au loin puis se perdre derrière une rangée de chênes. Ensuite il ne regarda plus. Il revint vers la table et mit la main sur la tête de sa fille. Lève-toi, lui dit-il. Il prit une clé dans sa poche, la posa sur la table et fit un signe de tête à son fils. Tout de suite dit son fils. C'étaient des enfants, deux enfants. "

Mon commentaire :

Avec un goût de brûlé dans la bouche, la petite fille de ce roman, crache les cendres de ses morts.

Son enfance vécue en silence, elle devint femme lorsque son père adoptif la vendit au jeu de cartes comme pièce maîtresse lui évitant la faillite.
Forcée d'être mère, elle garde toujours la nuit, près de son coeur endolori, les genoux repliés haut, pour se protéger du froid de l'oubli.
Tant que rester vivante, l'horreur des souvenirs, la vengeance pigmentent le parcours de son existence de veuve.
Une illustration de l'oeuvre diabolique de la guerre qui suicide à petit feu les survivants des batailles obsolètes.
Alessandro Baricco exprime la désespérance d'un jeune tortionnaire qui ne désire plus rien, que de recevoir à son tour la sentence qu'il mérite.
C'est l'histoire troublante d'une amnésique reconstruisant son passé grâce aux paroles repentantes ou non, des exécuteurs de son père.
Ainsi allégée de son fardeau et débarrassée de ses fantômes, la femme pourra enfin dormir en paix.

Baricco malaxe les sentiments entre aime et haine, car le monde sans haine est à la mode.
J'aime l'onde comme promesse d'évasion de cet océan cruel gonflé des réalités quotidiennes.
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