Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Camille De Peretti

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LaChose
Elfe
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MessageSujet: Camille De Peretti   Camille De Peretti EmptyMer 21 Mar 2007 - 18:58

Camille De Peretti Camill10Nous sommes cruels

Julien et Camille sont tous deux passionnés de littérature du XVIIIè siècle. Amis, orgueilleux, et élèves brillants, ils n'ont qu'une idée en tête: S'amuser et surtout ne pas grandir.
Leur terrain de jeu: Leur entourage, leur relation. Tout en s'inspirant du livre Les Liaisons dangereuses, Camille et Julien jouent avec l'amour de façon cruel, en trompant leurs relations. Mais très vite, ils se laisseront emporter par le jeu qui dépassera leur propre volonté et les entrainera bien plus loin qu'ils ne le pensaient.

On se retrouve en compagnie de Merteuil et de Valmont mais à notre époque avec téléphones portables, sms et émails!!! Tout n'est qu'amusement, perfidie, tromperie et souffrance. Le rythme est soutenu, l'écriture parfois fracassante et cruelle, le ton est très vite donné.
Effectivement on retrouve le livre de Choderlos de Laclos, et peut être un peu trop d'ailleurs, la fin ne nous étonne pas.
Toutefois c'est un livre qui se lit bien!
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LaChose
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MessageSujet: Re: Camille De Peretti   Camille De Peretti EmptyMer 21 Mar 2007 - 19:18

La biographie de la demoiselle par Evene :

Citation :
Les lecteurs français sont tombés amoureux de ses fossettes et de ses grands yeux bleus : Camille de Peretti est entrée dans le cercle fermé des jeunes auteurs à succès. Petite tête bien faite sortie de Khâgne, elle intègre l'ESSEC pour être engagée comme analyste financière dans une banque d'affaires. Pourtant Camille s'ennuie et décide de partir étudier quelque temps au Japon. Au lieu de bâiller devant les colonnes de chiffres, l'incroyable Camille donne des cours de cuisine française sur une chaîne de télévision locale ! Fraîchement diplômée, elle se pose un temps au cours Florent et crée une société dans le domaine de l'événementiel. Mais mademoiselle de Peretti a plus d'un tour dans son sac lorsqu'elle décide d'écrire son premier roman 'Thornytorinx', où elle parle avec humour d'anorexie et de boulimie inspirées de sa propre expérience. Publié en 2005, l'ouvrage est salué par la critique et connaît un véritable succès en librairie. Après deux longs métrages, elle se remet à l'écriture et publie l'année suivante 'Nous sommes cruels', roman dont l'intrigue entre deux personnages se prenant pour Valmont et Mme de Merteuil menée tambour battant, emporte une fois de plus l'adhésion de la critique.
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coline
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MessageSujet: Re: Camille De Peretti   Camille De Peretti EmptyMer 21 Mar 2007 - 19:24

Et des extraits du roman: Wink

Marie à Julien
A Saint-Cyr

Ta lettre m'a surprise en effet. Je sais que tu es un ami de Camille ainsi que de William et de Bruce, mais je tiens à t'avertir que je ne suis ni Intelligence ni Modestie ni quoi que ce soit que l'on ait pu te raconter. Je pense donc que cette correspondance tournera à la déception. On ne décide pas de faire 'partie de la vie de quelqu'un'. Il faut être deux pour ça (aussi absurde que cela puisse paraître). Peut-être nous verrons-nous à Paris avec nos amis. Nous reparlerons alors de tes 'envies'. Je ne voudrais surtout pas que tu me trouves méprisantes, Camille m'a parlé de toi : tu as toute mon estime. C'est juste que pour le moment, je pense qu'il vaut mieux que nous en restions là.
De New York, ce 1er mars 19**

Lettre 1 Julien à Camille À Paris

Il y a des signes qui ne trompent pas, et moi je sais que nous sommes faits pour nous entendre. L'urgence me pousse à écrire cette lettre. Les épreuves du bac viennent de se terminer et peut-être n'aurai-je plus l'occasion – même si j'ai médiocrement échoué à toutes celles qui se sont présentées à moi ces dernières années – de savoir si oui ou non tu es celle que j'ai rêvée. Six ans à te croiser dans les couloirs de l'école sans jamais avoir osé te parler et maintenant que je dois partir, j'ai l'impression que je suis passé à côté de la plus belle histoire, de la plus belle rencontre de ma vie. Ne te méprends pas, ma démarche n'est pas celle d'un amoureux. Tu es une jolie fille Camille et j'ai eu le temps d'apprendre ton nom. Tu me connais sûrement de réputation. Tout est faux. Je me fiche que tu sois jolie, je ne veux ni t'inviter au cinéma ni avoir le droit officiel de te tenir la main, je veux te connaître et me dire que je ne me suis pas trompé. Nous pourrions commencer par une correspondance fondée sur le respect et la franchise. Je pars demain pour la Corse, tu pourras m'écrire à l'adresse indiquée au dos de cette missive pour le moins péremptoire, mais de grandes choses nous attendent et je te demande de me faire confiance. De Paris, ce 10 juillet 19**

(...)

Lettre 4 Camille à Julien À Sartène

Oui, pourquoi ne pas vous faire confiance ? J'ai toujours rêvé d'un ami qui me comprenne et surtout qui n'ait peur de rien. Des préjugés me direz-vous. Certes, votre réputation de « turbulent » n'est plus à faire, et vous avez arboré des coquards assez de fois pour en fournir la preuve. Plus simplement, avouez qu'il faut un peu d'audace pour m'annoncer que nous sommes faits pour nous entendre, comme ça, sans avoir d'autre connaissance de moi que ma garde-robe.

De vous je sais que vous êtes d'un an mon aîné, vous parlez fort, votre petite amie est un laideron et, par déduction de ce qui a été dit plus haut, vous êtes bagarreur. Que notre correspondance ne tourne pas à l'amour et tout sera pour le mieux. Je suis impatiente de découvrir celui qui se cache derrière un œil atrophié trois fois l'an. Dites-moi quelles sont vos lectures, je vous dirai les miennes. Pour le reste, ma couleur préférée est le rose, je n'aime que la musique classique et les grandes villes, en été je prends de terribles coups de soleil, et je passe mes vacances à Cannes à l'adresse indiquée au dos de cette enveloppe.
De Cannes, ce 19 juillet 19**

(...)

Lettre 6 Julien à Camille À Cannes

Je commencerai par vous présenter mes plus plates excuses, effectivement je n'avais pas à vous tutoyer. Votre lettre m'a fait le plus grand plaisir, ainsi vous acceptez. Oui nous allons nous connaître et mieux que cela nous allons nous aimer. Je serai votre chevalier sans peur, votre paladin et vous serez ma princesse des roses. Mes lectures sont Chrétien de Troyes, Alexandre Dumas et les Mémoires de Sainte-Hélène. Je suis inscrit l'année prochaine en hypokhâgne à Saint-Cyr et je suis champion d'escrime. Je vis hors du temps et la Corse me le rend bien. Je passe de merveilleuses vacances avec celle que vous nommez un laideron – et sachez que je la tiendrai en dehors de notre correspondance ainsi vous pourrez continuer de l'insulter à loisir, elle n'en saura rien. De Sartène, ce 22 juillet 19**

(...)

Lettre 9 Camille à Julien À Sartène

Comme vous y allez. Paladin, amour courtois et Histoire de France ; je propose Laclos. Non seulement il est l'auteur de mon livre préféré, mais surtout ce sera beaucoup plus amusant. Je serai Merteuil et vous serez Valmont, nous nous dirons tout, comme vous le suggériez dans votre première lettre, et nous intriguerons, ce qui vous tirera de l'angoisse des soirées entre garçons au pensionnat de Saint-Cyr, car je me suis renseignée. Oui j'ai bien pensé à vous et je me suis demandé ce que nous pourrions faire de toute cette énergie platonique. J'ai cherché des défis chevaleresques en vain ; des défis amoureux qui incluraient des tiers me semblent plus réalistes. Qu'en dites-vous ? Il faudra bien sûr établir des règles au préalable, mais je ne désespère pas de notre mutuelle inventivité en la matière. Je quitte Cannes demain, écrivez-moi ce que vous pensez de mon petit projet à mon adresse parisienne. Adieu, recommandez-moi aux prières de votre laideron. De Cannes, ce 4 août 19**
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MessageSujet: Re: Camille De Peretti   Camille De Peretti EmptySam 21 Juin 2008 - 21:51

"Nous vieillirons ensemble"

En ce dimanche 1er octobre, c'est une journée comme tant d'autres qui s'annonce à la maison de retraite des Bégonias, quelque part en région parisienne. Il est 9h00 du matin quand nous nous retrouvons à l'accueil, en compagnie d'un couple – Jean-François et Aline – venu se renseigner auprès du directeur de l'établissement des modalités d'inscription en prévision du placement de la mère de Jean-François.
Quelques instants plus tard, nous nous retrouvons dans la salle d'activités où sont réunies trois pensionnaires des Bégonias : Mme Alma, Mme Buissonette et Mme Barbier.


Mme Alma est au centre des préoccupations de ses deux comparses. Cette femme distinguée, âgée de quatre-vingt treize ans, est en effet très courtisée par les deux autres vieilles dames qui souhaitent s'accaparer son amitié. Entre Mme Buissonette et Mme Barbier, une rivalité s'est instaurée, attisée par Mme Buissonette, veuve d'un pasteur protestant, qui considère Mme Barbier, ancienne buraliste, comme une femme vulgaire et de peu d'éducation.


À quelques mètres de là, Alphonse Destroimaisons est déjà au chevet de sa femme Geneviève, surnommée « la Baronne » par les autres pensionnaires. Geneviève Destroimaisons, femme de la haute-bourgeoisie, est la moins âgée des résidents des Bégonias. Atteinte précocément de la maladie d'Alzheimer, elle ne reconnaît plus son mari et prend celui-ci pour l'un de ses multiples amants passés, ce qui fait le désespoir d'Alphonse qui n'avait jamais soupçonné les infidélités de sa femme avant que la maladie de celle-ci ne lui fasse révéler ses liaisons extra-conjugales.


Dans le patio, assise dans son fauteuil roulant,Nini, une vieille dame rebelle et maniaco-dépressive, attend avec impatience la visite de sa nièce Camille en espérant que la jeune femme lui aura apporté des cigarettes.
Robert Leboeuf, quant à lui, est secrètement amoureux de Thérèse Leduc et cherche le moyen le plus approprié de déclarer sa flamme à l'élue de son coeur.
Mr. Picard, alias « le capitaine Dreyfus » prépare avec minutie son évasion des Bégonias afin d'embarquer sur le premier bateau qui le mènera à l'autre bout du monde.


Mais les pensionnaires des Bégonias ne sont pas seuls à avoir des états d'âme. Le personnel, lui aussi, vaque à ses occupations en tentant de gérer tant bien que mal les petits tracas de la vie quotidienne.
Philippe Drouin, le directeur, célibataire et philatéliste, tente d'enrayer une invasion de fourmis dans la chapelle – où repose le corps de Mme Paradis, décédée la veille – avant que la famille de la défunte ne se présente.
Christiane, l'infirmière de jour, tente de faire le point sur sa liaison sans avenir avec Jean-Pierre Picard, le fils du capitaine Dreyfus.
Josy, l'auxiliaire de vie antillaise, use de sa bonne humeur pour consoler les uns et les autres.
Isabelle, la toute jeune infirmière de nuit, a, quant à elle, une grande nouvelle à annoncer à son petit ami Désiré.



C'est ainsi que nous allons suivre, tout au long de cette journée, en de multiples va-et vient et interactions, tous les personnages qui évoluent au rez-de-chaussée des Bégonias. Nous allons les suivre dans les chambres et les couloirs, apprendre à les connaître, nous immiscer dans leurs pensées, leurs espérances, leurs soucis, leurs souvenirs et leurs regrets, au cours de ce dimanche consacré aux visites des familles, à la messe télévisée du matin, au repas dominical et à la lenteur d'un après-midi qui n'en finit pas.


Sans sombrer un seul instant dans le pathos ou la caricature, le roman de Camille de Peretti est un petit chef-d-oeuvre d'humour et de tendresse. Avec talent, elle nous fait pénétrer dans l'intimité de ces multiples personnages attachants, drôles, graves aussi, mais avec une subtilité et une lucidité qui font de ce roman un émouvant et irrésistible moment de lecture.
Sous son aspect de roman fourre-tout où l'on semble déambuler au hasard des pièces et des couloirs, le texte de Camille de Peretti est en fait secrètement et habilement construit. Dans le « cahier des charges » qui se trouve en annexe du roman, on découvre que l'auteure s'est inspirée, pour charpenter son ouvrage, de la méthode utilisée par Georges Pérec pour construire ce fabuleux roman qu'est « La Vie, mode d'emploi », en utilisant des figures telles que la polygraphie du cavalier et le carré latin orthogonal. Nous sommes donc loin d'un texte plus ou moins improvisé et soumis au hasard des caprices de l'auteure mais en face d'un roman remarquablement bien construit et agencé, selon des normes rigoureuses, sans pour cela que cette construction transparaisse lourdement aux yeux du lecteur qui se laisse entraîner avec bonheur et émotion dans un récit passionnant et jubilatoire.


Dernière édition par Le Bibliomane le Mer 15 Oct 2008 - 10:39, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Camille De Peretti   Camille De Peretti EmptyDim 22 Juin 2008 - 8:27

Personne n'aurait lu son 1er roman : Thornytorinx ? parce que j'adore le titre, et le thème pourrait m'interesser...

ben dis donc biblio, en commençant à lire ton résumé de nous vieillirons ensemble, j'ai eu un peu peur.. apparemment ça va, ça tombe pas dans le pathétiquement réaliste, somme de portraits ultra "attachants". Rassurant. Faut que je me lise un roman de cette nénette.
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MessageSujet: Re: Camille De Peretti   Camille De Peretti EmptyJeu 14 Aoû 2008 - 16:31

Nous vieillirons ensemble


"Dimanche 1er Octobre. Une journée comme les autres aux Bégonias, maison de retraite de la banlieue parisienne. Il est 9h15" et nous nous trouvons dans l'entrée et commençons à rencontrer les différents pensionnaires, autant de personnages que de galerie de portraits plus amusants et émouvants les uns que les autres.
C'est d'abord un couple qui a rendez-vous avec le directeur pour une place dans la résidence, pour la mère du mari, elle perd un peu la tête; l'épouse est parvenue à faire entendre ses arguments, une longue bataille dont elle voit enfin le bout...elle n'aura plus à supporter une belle-mère qui n'a jamais pu l'encadrer, elle la secrétaire qui s'est faite épouser par son polytechnicien de fils. La maison de retraite a l'air correcte, ce qui rendra les choses moins difficile pour lui. La vengeance serait-elle un plat qui se mange froid? A la décharge de cette épouse, ce n'est que juste retour des choses.
Puis, un trio féminin: Louise Alma, Marthe Buissonnette et Jocelyne Barbier, deux d'entre elles se détestent cordialement, l'autre regarde le monde d'un air amusé et un peu fatigué au crépuscule de la vie. Louise est une dame qui a de la classe, Marthe paraît sèche, pincée et un peu désagréable (voire méchante) tandis que Jocelyne porte son âge, sa faconde, parfois grossière, et ses rondeurs avec jovialité, trop de rires pour que tout soit réel? Les blessures de l'âme, profondes et sombres, se cachent souvent derrière le sourire ou le rictus, Marthe et Jocelyne, deux souffrances secrètes que les nuits solitaires n'apaisent toujours pas.
Il y a Nini, une vieille dame qui crie, éructe des insanités à longueur de temps, qui fume comme un pompier et réclame du coca light à tout bout de champ alors qu'elle préfèrerait un bon verre de vin! Nini qui attend sa petite Camille chaque dimanche, Camille qui éclaire son horizon, Camille qui commence à se lasser des lubies usantes de sa vieille marraine. La vie de Nini n'a pas toujours été triste, elle a bien vécu d'ailleurs, elle a eu une vie bien remplie, elle a été Madame le Juge autrefois, il y a un siècle, dans une autre vie. Elle n'a pas toujours été acariâtre ni pénible jusqu'à ce que son grain de folie ne devienne ingérable au quotidien. Nini les conspuent tous autant qu'ils sont, ces pauvres vieux, ces directeur et infirmières. Seule Josy trouve grâce à ses yeux, Josy l'auxiliaire de vie qui apporte avec elle l'amour de son prochain, l'amour qu'elle donne aux déshérités et à la vieillesse solitaire. Las, Nini à force de hurler et de sonner pour un oui ou pour un non n'est plus écoutée la nuit....Nini solitaire nocturne à qui tout peut arriver.
Le Capitaine Dreyfus est un vieux monsieur qui n'a jamais pris la mer et toujours rêvé de commander un navire. Est-il vraiment aussi à l'ouest qu'il ne le fait croire? Il fait des réserves de pain, tournicote autour d'un bosquet près du grillage, s'agite et délire....pour mieux tromper l'ennemi sans doute. Et si le capitaine rêvait d'une évasion en bonne et due forme?
Madame Destroismaisons, dite "la baronne", perd lentement mais sûrement la mémoire aussi son époux, éternel amoureux de sa femme, prévenant et dévoué, ne peut plus s'en occuper à la maison...à deux pâtés de maisons des Bégonias. La baronne, toujours coquette grâce aux attentions de son époux, s'égare dans ses souvenirs et ses peurs d'autrefois lorsqu'elle recevaient son amant du moment. Alphonse boit le calice jusqu'à la lie...l'amour a ses raisons que la raison ignore même au soir d'une vie.
La résidence Les bégonias n'est pas que vide et attente du dimanche, jour des visites, ou du départ vers un au-delà parfois attendu. L'amour peut frapper les coeurs en plein hiver de l'existence, faisant renaître de doux sentiments et de tendres étreintes et donnant une seconde vie aux coeurs solitaires. L'amour à l'âge de la vieillesse illumine les yeux de Thérèse et Robert et bercent leurs nuits. La rébellion peut s'exprimer dans la fusion des coeurs et des corps: rien n'est jamais terminé, tout peut commencer malgré les rides et les blanches chevelures, vieillir ensemble pour renaître à la vie. On suit les regards, les mots doux de ces tourtereaux avec tendresse et émotion: le tourbillon des jours réserve d'intenses surprises!
Que serait une résidence pour personnes âgées sans l'infirmière, la garde de nuit et le directeur? Tout ce petit monde est sous la houlette d'un berger passionné de timbre, un tantinet désarçonné par le décès tenu secret d'une résidente et son attirance envers Christiane,l'infirmière. La pauvre a l'art de tomber sur d'impossibles goujats qui lui foulent aux pieds son pauvre coeur éperdu d'amour. D'ailleurs, le dernier en date, n'est autre que le fils du Capitaine Dreyfus. Les odieux personnages ont souvent les paroles de trop qui sauvent les Christiane des pires situations...et si le directeur était l'homme idéal, vous savez celui que l'on croise tous les jours et qui passe inaperçu jusqu'au jour où l'on ouvre enfin les yeux!
"Nous vieillirons ensemble" est une journée dans une maison de retraite avec ses angoisses, ses rires, ses folies, ses rivalités, ses souffrances, ses souvenirs douloureux, ses révoltes et ses bonheurs inattendus. Des tranches de vie tellement humaines, tellement vraies que l'émotion se rencontre au détour de petites phrases, de petits mots. On rit beaucoup, on a la gorge serrée souvent, on pleure parfois: le ridicule côtoie le cynique, le comique et la tendresse, les grandeurs et bassesses de tout un chacun scandent les heures du jour au fil des différents lieux de la résidence....une résidence mode d'emploi qui fait écho à "une vie mode d'emploi" de Pérec (d'ailleurs, l'auteure met à disposition un plan détaillé des Bégonias et y place les scènes).
La vieillesse ne laisse jamais indifférent: elle est le miroir, souvent redouté de notre proche futur, image que l'on aimerait ne pas avoir à regarder et encore moins à lire. Pourtant, la vie continue avec les mêmes mesquineries et petites méchancetés entre amies, parfois on atteint une relative sérénité, parfois on rencontre un être qui illumine le temps qui reste à partager, parfois on passe à côté de choses simples parce qu'on refuse le reflet du miroir. L'humanité est présente partout dans le récit d'une journée ordinaire d'un groupe de petits vieux attendrissants, drôles et agaçants qui vieillissent ensemble du mieux qu'ils peuvent.
Un livre où le regard tendre et dénué de pathos de l'auteur enveloppe précautionneusement chaque personnage et charme jusqu'au bout le lecteur qui en sort le sourire aux lèvres et les yeux humides.
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