Sigismond Agilité postale
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| Sujet: Re: Didier Decoin Dim 13 Oct 2013 - 7:58 | |
| Didier Decoin, Docile Roman mettant en scène l'amour d'abord enfantin d'un écolier dans les années trente dans une ville moyenne du Nord de la France pour une libraire en livres anciens de géographie. "D'abord" enfantin, mais le demeurant de moins en moins, Blaise Questier, l'enfant, en passe par la puberté et l'éveil de la sexualité, tout en gardant intacte une pureté certaine de sentiments envers Docile, la libraire. Celle-ci a hérité d'un père qui l'a toujours repoussée -et elle en a toujours souffert - un stock de livres de géographie et de narrations de voyages d'antan, et a entrepris d'ouvrir une librairie afin de l'écouler. Elle a choisi cette ville au hasard de la disponibilité d'un commerce, et y est inconnue. - ne pas lire si vous comptez lire ce livre non défloré:
Au fil des pages, on comprend qu'elle fait aussi commerce de ses charmes, et qu'elle glana son surnom devenu nom de Docile dans un cirque, où elle était cible vivante pour un lanceur de poignards. Les hasards de la guerre viennent hâter les destins de tous les personnages. Docile quitte la ville pour la sécurité qu'offre son client, Lucien (client du commerce "de la réserve", pas de la boutique) le plus pervers, le plus violent, et elle en périra à la suite d'un jeu absurde et terrifiant dans le quel l'entraîne l'insatiable imagination de Lucien. Docile, morte en cible vivante...
Quant à Blaise, un peu désemparé après le départ précipité - il est juif- de l'adulte sur lequel il comptait, es qualité de Président de la Société de Géographie, pour les Etats-Unis, afin de trouver une terre vierge, innommée, à la surface de la terre qu'il pourrait baptiser du nom de Docile, il parvient à ses fins, obtenir un vrai baiser d'amour de Docile et, à la fin de l'ouvrage, partir pour localiser une terre vierge de toute dénomination qui pourrait appeler Docile...
Les personnages secondaires (Catherine Perez, Jacques Cohen-Colombe), et même à peine esquissés (Léonard, la mère de Blaise, Werner Derzer) sont aimablement troussés, et on admet une crédibilité documentaire au propos (qui semble assez solide sur ce plan-là). C'est une lecture fluide, coulée, un peu trop même à mon goût. Mais ne fallait-il pas écrire de la sorte, en 1994, pour être édité par une maison d'envergure, quand on est Goncourt ? Vaste sujet ! En tous cas et peu importe, tarabiscoter un peu les situations, aller aux possibles paroxysmes de l'histoire était une possibilité que Decoin, tel que je le comprends, a repoussé. Anecdote: par un hasard extraordinaire, comme j'entreprenais la lecture de ce roman, j'étais aussi plongé dans la (très recommandable) biographie d'Henry Russell par Monique Dollin du Fresnel intitulée Henry Russell (1834-1909). Une vie pour les Pyrénées. Et le tout premier ouvrage de géographie et de voyage que cite Decoin dans Docile (et ceux-ci abondent, c'est un des charmes de l'ouvrage) je l'ai retrouvé, à une heure d'intervalle, chez Dollin du Fresnel. Il s'agit de Voyage à travers la Tartarie et le Tibet, par les révérends pères jésuites Huc et Gabet. Un signe ? Je ne sais. Curieux tout de même . ...Je vais me mettre en quête... | |
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