Tomas Alfredson

Morse

(Adapté d'un livre de John Ajvide Lindqvist, que j'ai foutrement envie de lire!)
Réalisé par Tomas Alfredson
Suède.

Oskar, 12 ans, est très seul, le bouc émissaire de trois gamins qui se défoulent sur lui quand l'envie leur en prend. Un jour une fille de son âge s'installe avec son père dans l'appartement juste à côté. Une nuit, ils se retrouvent tous les deux dehors, sous la neige à discuter. Cette fille est mystérieuse : elle semble insensible au froid (en tee-shirt, à défaut de chemise hawaïenne??, sous la neige), elle dégage une odeur bizarre, et sort des phrases comme : "On ne peut pas être amis" "Et si je n'étais pas vraiment une fille"...
Et ils vont devenir amis. Se comprendre, s'entendre, s'écouter, se parler.


Ce film est vraiment superbe.
D'abord l'ambiance du départ. La Suède, l'hiver, la neige, le froid. Ce n'est jamais tout à fait silencieux, ça craque, le silence craque, se craquèle. Derrière se dissimulent les secrets sombres et sanglants.
C'est d'un romantisme gothique à faire trembler les coeurs refroidis.
Ces deux petits gamins, leur innocence (surtout celle d'Oskar, 'videmment), qui s'accrochent l'un à l'autre.
Leurs souffles, leurs peaux, les crissements des doigts sur le mur, les ventres qui grognent de faim, le sang qui coule dans les bidons, les os qui cassent...

L'histoire avance toute seule, inéluctablement.
C'est tout tendre, comme ce père qui tente de nourrir sa fille et qui finit par se sacrifier pour la sauver.
C'est violent, comme ces gamins qui se torturent les uns les autres (et oui... le fameux débat de la violence à l'école est partout)
C'est romantique avec Oskar et Eli qui se soutiennent face aux autres, qui frôlent leur corps, se tiennent dans leurs bras, se tapotent des messages en morse à travers les murs.
C'est gore avec les scènes bestiales de vampire.
C'est drôle, rarement, et d'un humour très très très noir.


Ce film est une pure réussite. Avec des effets spéciaux dosés pour rendre réaliste et palpable la vampire, non pour la rendre effrayante ou attirante. Juste la rendre vraie.

Très bon film, oui. Comme quoi, une avalanche d'hémoglobine n'est vraiment pas nécessaire dans un bon film de vampires.

Parmi les scènes mémorables, la réaction des chats face à un vampire, c'est simple, mais rudement efficace.
La piscine, c'était rigolo, aussi (en général, d'ailleurs, il y a des caméras de surveillance...)

Une fois de plus, traduire un titre en français, c'est bien, mais pourquoi "Morse", franchement... est-ce ce qu'on retient du film ?
Ou bien est-ce parce qu'un Morse, ça a les crocs ?

Je trouve bien que le titre rappelle ce mode de communication fragile, secret, fait de tapotements et de craquements qui unis les deux enfants.

J'ai entendu parlé de Morse hier soir lors de la redif du dernier Cercle sur Canal (de nombreux films pour les ados) où les critiques même exhaustives en ont eu des choses intéressantes à tirer (vampirisme antérieur au ciné, interprétations psychanalyt. )
C'est quand même d'un autre niveau que le LOL de la pauvre Sophie M. qui avoue avoir joué à pile ou face dans l'isoloir de la dernière élection présidentielle. Et si les ados qui ont passé le casting avec succès pour LOL se tiennent moins rigides qu'il y a quelques années devant la caméra, le film reste navrant.
Envie de voir Morse moi.
Interdit aux - de 12 ans. "Morse", oui, des codes de communication.

Ah! N'en avais pas du tout entendu parler, et ça m'interesse doublement qu'il passe à Lille, en VO.
Une sortie pour ce soir!

Pour la question du titre, Låt den rätte komma in ( Let the Right One In ), est difficilement transposable tel quel en français de façon courte et accrocheuse, plutôt habile ce "Morse" finalement, plusieurs niveaux d'interprétation tout en étant assez mystérieux.

Alfredsson a réalisé une dizaine de projets (dont la moitié pour la tv), peut-être sera-ce l'occasion de le voir percer au delà des frontières suédoises. J'ai sous la main, un mini-film qu'il a fait en 1999 (Torsk på Tallinn), j'en reparlerai!

Burlybunch a écrit:

Alfredsson a réalisé une dizaine de projets (dont la moitié pour la tv), peut-être sera-ce l'occasion de le voir percer au delà des frontières suédoises. J'ai sous la main, un mini-film qu'il a fait en 1999 (Torsk på Tallinn), j'en reparlerai!

Ah oui, parles-en !

Il y avait quand même du monde pour voir le film, ce dimanche matin 9h05 aux Halles... Ce n'était pas une grande salle, certes, mais je ne pensais pas qu'il y aurait ce monde.
Tant mieux !

eXPie a écrit:

Burlybunch a écrit:

Alfredsson a réalisé une dizaine de projets (dont la moitié pour la tv), peut-être sera-ce l'occasion de le voir percer au delà des frontières suédoises. J'ai sous la main, un mini-film qu'il a fait en 1999 (Torsk på Tallinn), j'en reparlerai!

Ah oui, parles-en !

Il y avait quand même du monde pour voir le film, ce dimanche matin 9h05 aux Halles... Ce n'était pas une grande salle, certes, mais je ne pensais pas qu'il y aurait ce monde.
Tant mieux !

Moi y'avait personne au Cinéma des Cinéastes en début de soirée...
Dommage !

Queenie a écrit:

eXPie a écrit:

Burlybunch a écrit:

Alfredsson a réalisé une dizaine de projets (dont la moitié pour la tv), peut-être sera-ce l'occasion de le voir percer au delà des frontières suédoises. J'ai sous la main, un mini-film qu'il a fait en 1999 (Torsk på Tallinn), j'en reparlerai!

Ah oui, parles-en !

Il y avait quand même du monde pour voir le film, ce dimanche matin 9h05 aux Halles... Ce n'était pas une grande salle, certes, mais je ne pensais pas qu'il y aurait ce monde.
Tant mieux !

Moi y'avait personne au Cinéma des Cinéastes en début de soirée...
Dommage !

C'est parce que la nuit tombe plus tard, les vampires n'étaient pas encore de sortie !

eXPie a écrit:

Burlybunch a écrit:

Alfredsson a réalisé une dizaine de projets (dont la moitié pour la tv), peut-être sera-ce l'occasion de le voir percer au delà des frontières suédoises. J'ai sous la main, un mini-film qu'il a fait en 1999 (Torsk på Tallinn), j'en reparlerai!

Ah oui, parles-en !

Il y avait quand même du monde pour voir le film, ce dimanche matin 9h05 aux Halles... Ce n'était pas une grande salle, certes, mais je ne pensais pas qu'il y aurait ce monde.
Tant mieux !

Bon, j'ai tenté Torsk på Tallinn, tant enthousiamé par Morse j'étais, différence nette d'ampleur. Jusqu'à bifurquer sur Persona, pour garder les yeux ouverts.
(quand même été difficile sur le tard).

Pour Morse, une salle de 25 places juste dédiée. Des gens assis par terre, même. Je ne sais pas si l'humour du film est noir, mais basé sur d'autres normes que ce qu'on nous sert d'ordinaire. C'est frais, et contourne nos attentes.

Des gros moyens et des scènes qui ne manquent pas d'estomaquer (donc estomaquantes?), mais pas aux fins d'une peur gratuite, le rire est toujours enclenché mais reste contenu par le "choc". Très fort pour ça, ne se borne pas à un genre et prend un forme très libre, sur un angle original. Parfois presque parodique (non?).

Pourtant je ne pense pas que ça m'interesserait de lire le livre qui en est à la base (de John Ajvide Lindqvist).

Quelques longueurs sur la dernière demi-heure (vite oubliées devant la scène finale), et des questions qui restent sans réponse; mais ce ne sont pas forcément des défauts.
Cette signature, ça me plaît.

Dire que je ne l'ai pas encore vu. Il faut que je me dépêche avant qu'il disparaisse de l'écran...

je voulais rajouter quelque chose à ton avis Burly, te répondre... mais non, j'ai rien à rajouter, t'en dis ce qu'il faut.

Je n'ai pas tellement envie de lire le livre non plus.


Et je trouve étrange que des gens se posent mille questions sur ce film, essayent de trouver les réponses qu'il ne donne pas de toute façon. ça ne me dérange pas non plus, de ne pas tout savoir là.
J'aime bien le mystère qui plane tout le long de cette histoire.

Superbe film dont Queenie a très bien exprimé tout le bien que j'en pense dans son 1er post. Pas grand chose à ajouter. L'atmosphère et la composition des plans sont incroyablement maîtrisées et ce mélange d'horreur brutale et de douceur du premier émoi amoureux lui donne une dimension de romantisme gothique "moderne" qui nous laisse secoué et ému. Un réalisateur prometteur et déjà un classique du cinéma de vampires.

Marko a écrit:

Superbe film dont Queenie a très bien exprimé tout le bien que j'en pense dans son 1er post. Pas grand chose à ajouter. L'atmosphère et la composition des plans sont incroyablement maîtrisées et ce mélange d'horreur brutale et de douceur du premier émoi amoureux lui donne une dimension de romantisme gothique "moderne" qui nous laisse secoué et ému. Un réalisateur prometteur et déjà un classique du cinéma de vampires.

Ah enfin, tu l'as vu !
Contente que tu l'aies autant apprécié que moi, et Chouette d'avoir cette image de "morse" justement.

Queenie a écrit:

Ah enfin, tu l'as vu !
Contente que tu l'aies autant apprécié que moi, et Chouette d'avoir cette image de "morse" justement.

C'est un très beau titre qui apparait comme une évidence. Pour une fois, chapeau aux traducteurs!

Babelle a écrit:

J'ai entendu parlé de Morse hier soir lors de la redif du dernier Cercle sur Canal (de nombreux films pour les ados) où les critiques même exhaustives en ont eu des choses intéressantes à tirer (vampirisme antérieur au ciné, interprétations psychanalyt. )

Il n' y a pas de message ésotérique à décrypter dans ce film. C'est un peu comme dans Carrie de Stephen King, un récit d'adolescence, de "passage" où le sexe est en même temps attirant et effrayant. Carrie comme Oskar sont tyrannisés par des camarades sadiques et le surnaturel est une illustration de leur aspiration à la vengeance et à la toute puissance. Carrie peut tout faire bruler et Oskar a une copine vampire très efficace!

Mais ce qui est beau dans Morse c'est justement que la seule chose qui compte pour ce gamin, au-delà de la morale et de la peur, c'est de trouver un moyen de communiquer avec cet être si différent de lui mais qui l'attire terriblement. Et il le trouve!

Mais je suis d'accord avec Queenie, peu importe l'interprétation que chacun en tire, c'est avant tout un film romantique qui renouvèle le genre par son univers de conte macabre enneigé. L'image du caniche blanc dans cette forêt la nuit sous la neige, fasciné par le sang de la victime suspendue, est une de ces nombreuses images fortes qui restent en mémoire.