Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Erskine Caldwell

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Bellonzo
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Bellonzo


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MessageSujet: Erskine Caldwell   Erskine Caldwell EmptyVen 20 Fév 2009 - 20:55

Erskine Caldwell 220px-10

Ce monsieur n'avait pas son fil!

Originaire du Sud des États-Unis, Erskine Calwell (1903-1987) a décrit au cours de son œuvre la misère des paysans vivant de la récolte du tabac ou du coton, dans des ouvrages au ton simple et direct, dans un style voisin de ceux de John Steinbeck, Francis Scott Fitzgerald, dont il est un contemporain. Comme beaucoup d'écrivains de son pays, il a eu une vie très aventureuse et a exercé les métiers les plus imprévus tels que : machiniste de théâtre, marin, footballeur professionnel, cultivateur, garçon de café et journaliste. Ses descriptions de la misère crasse, et des comportements à limite de l'humanité, ont choqué les ligues de vertu d'une part, et certains habitants du Sud des États-Unis, qui ont pu ressentir ces portraits comme des trahisons. La violence absurde, l'érotisme, l'humour macabre, le pathétique, toute une panoplie a fait sans doute de Caldwell l'écrivain le plus censuré des États-Unis.

Il a écrit aussi des nouvelles (Jackpot, 1940), et consigné ses observations de correspondant de guerre dans Toute la nuit. Avec sa femme Margaret Bourke-White, photographe célèbre, il a publié en 1937 You have seen their Faces, documentaire sur la misère rurale aux États-Unis pendant la dépression. Il a également compilé les 25 volumes de American Folkways (1945-1955) qui traitent des régions et de leur diversité culturelle.

Source Wikipedia
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Bellonzo
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MessageSujet: Re: Erskine Caldwell   Erskine Caldwell EmptyVen 20 Fév 2009 - 21:06

Sudiste appréciation

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Le film d'Anthony Mann plus connu pour ses grands westerns que j'ai évoqués déjà,est une adaptation d'un des deux romans les plus connus d'Erskine Caldwell,l'autre étant La route au tabac,d'ailleurs adapté par John Ford et ne passant pas pour une réussite.J'ai beaucoup lu Caldwell il y a très longtemps. Les souvenirs nous jouent des tours mais je crois que le purgatoire de cet auteur est injuste. Caldwell ce n'est pas la tragédie à la Faulkner,ni le social à la Steinbeck.Caldwell plante le décor et laisse ses personnages y surnager tant bien que mal entre cocasse et meurtrier,pas si loin,dans ce Sud éternellement poisseux,de Tennessee Williams,plus rural mais avec un sens de la famille comme une horreur que ne désavouerait pas l'auteur du Tramway.

Qu(est-ce qui fait que plus personne ne lit Erskine Caldwell?D'abord des plus grands comme Fitzgerald,Dos Passos ou même Hemingway connaissent ou ont connu un relatif désaveu.Et puis les articles que j'ai pu lire,signés de spécialistes de la littérature américaine,font état du fait que l'oeuvre de Caldwell a assez vite tourné à une certaine répétitivité.Les romans de Caldwell seraient un peu comme du Zola de Georgie en quelque sorte,si ancrés dans la glaise et le coton qu'ilsn'ont peut-être pas l'universalité de ceux de Faulkner.La qualité littéraire s'est peut-être appauvrie rapidement chez Caldwell mais il faut admettre que Le petit arpent du bon Dieu sonne encore fort comme une sale histoire de famille,autour du sexe et de l'argent,avec ses petites et grandes bagarres entre frères.Les Atrides du Deep South...Parmi,les autres titres:Les braves gens du Tennessee,Un p'tit gars de Georgie,La dernière nuit de l'été,Le quartier de Medora..Et si Parfum réhabilitait Erskine Caldwell.

Anthony Mann a installé ses bouseux pas toujours très sobres autour de Robert Ryan,le père,qui a fort à faire avec ses enfants et les trous qu'il creuse afin de trouver le trésor enterré.Dérisoire quête de cette Toison d'Or où il faut ménager Le petit arpent du bon Dieu.Un peu de bigoterie est rarement absent du Sud.
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kenavo
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MessageSujet: Re: Erskine Caldwell   Erskine Caldwell EmptyVen 20 Fév 2009 - 21:22

Bellonzo a écrit:
Ce monsieur n'avait pas son fil!
Merci de l'avoir fait, depuis que tu as parlé sur le fil des jeux de cet auteur je voulais découvrir - surtout que je le connais depuis des années - pas comme auteur - mais comme le mari de cette femme extraordinaire qu'était Margaret Bourke-White

Bellonzo a écrit:
Avec sa femme Margaret Bourke-White, photographe célèbre, il a publié en 1937 You have seen their Faces, documentaire sur la misère rurale aux États-Unis pendant la dépression.
Il y a une photo d'elle sur le fil Une photo en passant IcI

Et il a aussi un assez grand part dans le film Margaret Bourke-White (1989) Farrah Fawcett / Frederic Forrest IcI

Ce fil me donne envie de découvrir enfin l'auteur miammiam
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Bédoulène
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MessageSujet: Re: Erskine Caldwell   Erskine Caldwell EmptySam 21 Fév 2009 - 23:13

merci d'avoir ouvert ce fil.

un livre lu quand j'étais plus jeune Very Happy

le petit arpent du bon Dieu.

je vais certainement lire d'autres livres que j'espère me procurer en poche.

(ma bibliothèque ne possède aucun de ses livres grrrrrrrr)
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kenavo
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MessageSujet: Re: Erskine Caldwell   Erskine Caldwell EmptyMer 4 Mar 2009 - 21:36

Moi j'adore les nouvelles.. et quand je me suis renseignée sur l'œuvre de cet écrivain, j'ai vu qu'il avait pas mal écrit de nouvelles..
Je ne sais pas comment elles se présentent en livres français, en tout cas je viens de recevoir mon exemplaire anglais

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The Stories of Erskine Caldwell

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Marko
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MessageSujet: Re: Erskine Caldwell   Erskine Caldwell EmptyDim 6 Mar 2011 - 20:06

Le petit arpent du Bon Dieu
Erskine Caldwell 97820712

Excellente lecture que ce roman contemporain de ceux de Steinbeck et qui anticipe étrangement l'oeuvre de Tennessee Williams (je suis tout à fait d'accord avec ce qu'en disait Bellonzo à propos de l'adaptation cinématographique). Ce qui est le plus frappant dans cette histoire d'affrontement archaïque entre mâles sur fond de canicule et de misère sociale (on est dans la période de la Grande Dépression entre champs de coton à la campagne et usines de filatures dans une cité industrielle avoisinante), c'est l'érotisme torride et troublant qui s'en dégage. Tout le roman crée une tension ascendante très prenante dont les pôles magnétiques sont une homme et une femme, Will et Griselda, qui attisent tous les désirs et dont l'attirance irrésistible conduit au drame en même temps qu'elle mène les différents protagonistes vers une révélation quasi mystique à travers la jouissance des corps (la scène du chapitre XV est fabuleuse).

Erskine Caldwell 16104_10

La première partie est proche de l'univers de Steinbeck dans une atmosphère un peu théâtrale où apparaissent déjà des rapports de force entre hommes et femmes, le racisme, l'ambivalence du rapport à la foi (le fameux petit arpent de terre dont la production est destinée à l'église mais qu'on déplace soigneusement à chaque fois qu'on souhaite y creuser pour trouver un or hypothétique!). Un monde presque primitif où l'attirance des corps est le seul espoir de bonheur face à la dureté des conditions de vie. Mais contrairement à Steinbeck la solidarité y a peu de place. Chacun cherche sa propre jouissance. Le style est réaliste, argotique, sans négliger de superbes descriptions de la vie rurale et surtout de l'animation de la cité industrielle:

Les cités ouvrières s'étendaient d'un bout à l'autre de la vallée, et les filatures aux murs habillés de lierre et les filles aux chairs fermes et aux yeux de volubilis; et les hommes, dans les rues chaudes, se regardaient les uns les autres, crachant leurs poumons dans l'épaisse poussière jaune de la Caroline. Il savait qu'il ne pourrait jamais se détacher des usines aux lumières bleues, la nuit, des hommes aux lèvres sanglantes dans les rues, de l'animation des cités ouvrières. Rien ne pourrait l'en faire partir. Peut-être s'absenterait-il un certain temps, mais il serait malheureux et n'aurait point de paix qu'il ne fût revenu. Il lui fallait rester là et aider ses amis à trouver quelque moyen de gagner leur vie. Les rues des usines ne pouvaient exister sans lui. Il lui fallait rester là, y marcher, regarder le soleil se coucher, le soir, sur les murs de l'usine et s'y lever le matin. Dans les rues des usines, dans les villes de la vallée, les seins des femmes se dressaient, fermes et droits. Les toiles qu'elles tissaient, sous la lumière bleue, recouvraient leurs corps, mais, sous le vêtement , le mouvement des seins dressés ressemblait au mouvement des mains inquiètes. Dans les villes de la vallée, la beauté mendiait, et la faim des hommes forts ressemblait aux gémissements de femmes battues.

Tennesse Williams a du être sensible à ces relations intensément érotiques où le masochisme de l'un (Pluto, l'aspirant shérif, complètement dévoué et soumis au bon vouloir de Darling Jill qui couche avec tous les hommes qu'elle désire, sauf lui) et la toute puissance de l'autre (Will qui est désiré successivement par chacune des femmes du roman) rencontrent la jalousie de Buck, le mari de la sublime Griselda, et la frustration de Ty Ty, le père forcément un peu hors course... Mais aussi Dave l'albinos ou Rosamund l'épouse subjuguée et (presque) consentante de Will.

La façon dont Erskine Caldwell montre cette ronde des désirs en toute liberté, sans aucun rapport à la morale, est d'autant plus troublante qu'elle culmine dans une démonstration impressionnante de cette nécessité primordiale de l'animalité du lien érotique. Propos qui ont heurté à l'époque la censure américaine avant que ce livre soit défendu par des auteurs célèbres et considéré comme un chef d'oeuvre.

- Je n'ai honte de rien, dit Ty Ty avec chaleur. M'est avis que Griselda est bien la plus jolie fille que j'aie jamais vue. Elle a une de ces paires de nichons, que personne n'en a jamais vu de pareils. Ah nom de nom! Ils sont si jolis que, des fois, ça me donne envie de me mettre à quatre pattes, comme les vieux chiens, vous savez, quand ils sont après une chienne en chaleur. C'est cette envie que ça vous donne, de vous mettre à quatre pattes et de lécher quelque chose.
(...)
- Ty Ty avait raison, dit Will en la regardant. Il savait bien ce qu'il disait. Il m'a parlé de toi bien des fois, mais je n'ai pas été assez dégourdi pour te prendre alors. Mais maintenant, je vais le faire, Griselda. Je suis aussi fort que le Dieu Tout-Puissant Lui-Même, et je vais le faire.
Je vais te regarder comme Dieu entend qu'on te regarde. Dans une minute, je vais mettre en lambeaux ce que tu as sur toi. Je vais déchirer tes vêtements en petits morceaux, si petits que jamais plus tu ne pourras les coudre ensemble. Je les déchirerai jusqu'au dernier bout de fil. Je suis tisserand. J'ai tissé des étoffes toute ma vie. J'ai tissé tous les genres d'étoffes que Dieu a pu créer. Maintenant, je vais déchirer tout cela en morceaux si petits que personne ne pourra savoir ce que c'était. Quand j'aurai fini, ça ne sera plus que de la charpie. En bas, là, à l'usine, j'ai tissé du guingan et de la toile de chemise, de la toile pour culottes, et de la toile pour draps de lit. De la toile de toute espèce. Ici, dans cette maison jaune de la compagnie, je vais déchirer tout cela sur toi. Demain nous recommencerons à filer et à tisser, mais ce soir, je vais déchirer tout ce que tu as sur toi, jusqu'à ce qu'il n'en reste plus que de la bourre comme celle qui vole des machines.


Un roman qui montre en même temps le combat désespéré de ces ouvriers des filatures pour tenter de s'approprier l'usine dont on les a chassés, les laissant dans la misère.

Je sais que je reviendrai à Erskine Caldwell et que j'essaierai de trouver le film d'Anthony Mann. Merci à Bédoulène pour ce choix de la chaine de lecture. Very Happy
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Marko
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MessageSujet: Re: Erskine Caldwell   Erskine Caldwell EmptyDim 6 Mar 2011 - 23:19

La bande annonce du film laisse craindre un sacré affadissement du roman. Je crois que je vais plutôt retourner à ses autres livres:

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MessageSujet: Re: Erskine Caldwell   Erskine Caldwell EmptyLun 7 Mar 2011 - 0:00

C'est fidèle à l'esprit. Pour le reste, c'est un film hollywoodien. Plutôt bon, mais pas le meilleur d'Anthony Mann.
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