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| Boualem Sansal [Algérie] | |
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Auteur | Message |
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Harelde Zen littéraire
Messages : 6465 Inscription le : 28/04/2010 Age : 49 Localisation : Yvelines
| Sujet: Re: Boualem Sansal [Algérie] Mar 3 Mar 2015 - 10:53 | |
| Harraga
Lamia est algérienne. Elle vit dans un quartier assez peu reluisant de la capitale. Bien que médecin (spécialisée en pédiatrie), elle est une femme vivant dans une société musulmane en cours de radicalisation. Cette existence, déjà pas simple, est encore aggravée par la personnalité forte de cette maîtresse femme. Car Lamia vit seule à 36 ans. Elle n’a pas pris d’époux, n’a pas confié sa destinée à un barbu qui lui aurait immédiatement imposé le niqab. De plus, elle ne porte pas le voile et fait peu de cas de la religion. Quelle qu’elle soit.
Lamia n’est donc pas sur le devant de la scène. Elle préfère l’ombre de sa vieille maison et sa profonde solitude depuis la mort de ses parents et la fuite de son jeune frère qui n’a su résister aux chants des sirènes de l’émigration clandestine. Un an déjà que Sofiane est parti. Sofiane moisit-il dans un camp de migrants (appelés « harraga », du nom de tous ceux qui brûlent la route) aux portes de Ceuta ? A-t-il atteint l’Espagne ? Est-il seulement encore en vie ?
Lamia l’ignore et en souffre terriblement. Quand arrivent subitement les premières nouvelles de son frère : par l’intermédiaire d’une adolescente délurée venue sonner à sa porte, Lamia apprend que Sofiane est passé par Oran. Chérifa, quant à elle, va révolutionner la vie rangée de la vieille fille. Elle s’installe, emplit la grande maison de son parfum, de son bruit, de ses fringues rangées là où elles sont tombées.
Le premier réflexe de Lamia est de refouler l’importune, de sauvegarder coûte que coûte sa tranquillité. Pourtant, Lamia finit par se laisser séduire. Séduire par sa jeunesse, par sa fougue. Par cette vie que la jeune fille porte en elle (elle est enceinte de six mois). Mais Chérifa est fantasque. Elle sort, disparaît plusieurs jours sans prévenir, revient à son aise jouant sans douter avec les nerfs de Lamia.
A travers ses rapports avec la jeune fille, et grâce à la vie de sa maison multiséculaires, Lamia décrit la société algérienne. Car c’est bien une critique de l’Algérie dans laquelle s’est lancé Boualem Sansal. Son refus de l’autoritarisme, de l’ostracisme, son refus de l’islamisme, de la culture d’un seul livre. C’est aussi son refus de l’oppression des femmes. Son refus de la corruption qui gangrène tous les niveaux de l’état. Son refus des trafics et des combines en tout genre. Son refus de voir son pays s’enfoncer, ses monuments et institutions se délabrer. Son refus de la diaspora vidant le pays de sa jeunesse à laquelle plus aucun avenir n’est promis. Son refus des passeurs qui exploitent la misère humaine. Son refus des autorités qui s’en lavent les mains et laissent faire. Harraga est un pamphlet, un livre coup de poing, une critique virulente du pouvoir en place. Boualem Sansal ne fait pas dans la dentelle. Ses propos n’ont rien d’ambigus, notamment contre l’islam qu’il nomme la « peste verte » métastasant partout dans le monde. « L’islam fabrique-t-il des croyants, des lavettes ou seulement des terroristes ? La réponse n’est pas simple, les trois peuvent être d’excellents comédiens » remarque-t-il en page 41 de l’édition Gallimard. Ses livres sont d’ailleurs interdits dans son pays.
L’écriture est toujours magnifique. Mais sans doute plus lyrique que dans « Le village de l’allemand » ou dans « Rue Darwin », livres plus tardifs. Dans « Harraga », sa prose est encore foisonnante, riche – sans doute un peu trop – et au final, un peu lourde. Un livre qui s’éparpille peut-être à l’excès tant l’auteur a de choses à dire. Les digressions sont nombreuses et peut-être pas toutes opportunes. Harraga est toutefois un livre à lire. C’est le livre d’un écrivain de grand talent. Le livre de quelqu’un qui sait de quoi il parle.
Une lecture très intéressante et instructive. | |
| | | pia Zen littéraire
Messages : 6473 Inscription le : 04/08/2013 Age : 56 Localisation : Entre Paris et Utrecht
| Sujet: Re: Boualem Sansal [Algérie] Jeu 5 Mar 2015 - 18:59 | |
| - Harelde a écrit:
- Harraga
Harraga est un pamphlet, un livre coup de poing, une critique virulente du pouvoir en place. Boualem Sansal ne fait pas dans la dentelle. Ses propos n’ont rien d’ambigus, notamment contre l’islam qu’il nomme la « peste verte » métastasant partout dans le monde. « L’islam fabrique-t-il des croyants, des lavettes ou seulement des terroristes ? La réponse n’est pas simple, les trois peuvent être d’excellents comédiens » remarque-t-il en page 41 de l’édition Gallimard. Ses livres sont d’ailleurs interdits dans son pays.
Pioufff! Il va fortement contre! En effet il ne doit pas être beaucoup aimé. Je note cet auteur que je ne connais pas. | |
| | | tina Sage de la littérature
Messages : 2058 Inscription le : 12/11/2011 Localisation : Au milieu du volcan
| Sujet: Re: Boualem Sansal [Algérie] Jeu 5 Mar 2015 - 20:22 | |
| Cet écrivain est impressionnant et fin. Je n'ai lu que Le village de l’allemand.
Une révélation. | |
| | | Harelde Zen littéraire
Messages : 6465 Inscription le : 28/04/2010 Age : 49 Localisation : Yvelines
| Sujet: Re: Boualem Sansal [Algérie] Mer 9 Sep 2015 - 10:39 | |
| 2084 : la fin du monde
Il était un fois, en Abistan. Un immense empire qui recouvrait – dit-on – toute la surface du globe. Un immense empire sur lequel veillent le grand Yölah et Abi, son délégué. Un immense empire verrouillé à tous les niveaux de la société, dans lequel la pensée personnelle est proscrite. Chercher à savoir et vouloir comprendre sont déjà des crimes patentés qui conduisent tout droit l’hérétique à la torture et à l’exécution capitale.
Chacun est un électron au milieu d’un tout. Un tout qui est tout et où chacun n’est rien. Les contrôles sont omniprésents. La délation vivement encouragée. Les initiatives cruellement réprimées. Une odieuse société orwélienne dans laquelle les habitants sont confinés à leur quartier et leur fonction dans l’ignorance la plus totale du reste du monde. Pour chacun, l’Abistan est éternel : il a toujours existé et existera toujours. Une amnésie du passé savamment entretenue par le pouvoir désireux de tuer dans l’œuf tout sentiment de nostalgie et volonté de changement.
Au milieu du vaste troupeau de moutons blancs, Ati se pose beaucoup de question. Il a commencé à douter. Et lorsque le doute s’insinue en nous, plus rien ne peut le stopper. Sa foi vacille. Il aimerait savoir pourquoi il existe des contrebandiers. Car la contrebande n’est possible que s’il existe une frontière. L’Abistan ne couvrirait donc pas l’ensemble du globe. Où se trouve cette frontière ? Et surtout, qu’y a-t-il de l’autre côté ? Qu’y avait-il avant ?
Mais Ati est intelligent. Il sait mener sa quête de la vérité de façon discrète et, peu à peu, à pénétrer l’organisation clanique du pouvoir…
Dans la lignée de 1984 auquel Boualem Sansal fait ouvertement référence, l’auteur s’attaque aux dérives de l’extrémisme religieux. Avec un courage certain quand on sait que l’auteur est algérien, vit en Algérie et que la plupart de ses livres sont déjà interdits dans son pays. Même si son nom n’est jamais cité, c’est évidemment le modèle de l’Islam qui est décrié. Cet Islam que Boualem Sansal qualifiait de « peste verte » dans un précédent roman (Harraga, publié en 2007) : les neuf prières journalières, la soumission des femmes enveloppées dans leur burniqab, les lapidations en place publique, les martyrs donnant leur vie pour le grand Yölah et Abi son délégué, le livre sain (Gkabul) organisés en versets, les mockbas (mosquées), les mockbis (mollah) et autres midras (madrassas)…
Un roman que j’ai jugé intéressant sur le fond mais souvent ennuyeux sur la forme. Car le romancier laisse souvent la place au conférencier décrivant d’un ton docte l’organisation de la société dans de longues tirades qui nuisent beaucoup au rythme du livre. Ati, le personnage central, n’est pas le narrateur. Son histoire nous est compté – de loin – par une voix off. Le roman est donc très narratif, très descriptif et se borne souvent à la présentation de différents tableaux qui, mis bout à bout, éclaire d’une lumière crue une dictature religieuse dans laquelle s’affrontent plusieurs clans, ou courants de pensées pour la possession du pouvoir et de la domination. | |
| | | Augustine Espoir postal
Messages : 15 Inscription le : 17/10/2014 Localisation : Europe
| Sujet: Re: Boualem Sansal [Algérie] Dim 3 Avr 2016 - 13:39 | |
| oui, vraiment très ennuyeux. Dommage! je n'ai pas pu dépasser 20 pages. Ça ne m'empêche pas de penser ....qu'il a raison!!! | |
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| Sujet: Re: Boualem Sansal [Algérie] | |
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| | | | Boualem Sansal [Algérie] | |
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