Un lascar à Madagascar

Décembre 2008.

15 jours à Madagascar : un voyage entre Asie et Afrique fait de rencontres intenses et de paysages somptueux qui ne sauraient occulter les immenses problèmes de ce pays magique (misère, tourisme sexuel...). Voilà ce dont se souvient (entre autres) votre lascar, de retour de Madagascar.

Je me souviens...

- De Victor, chauffeur, guide et homme de confiance
- D'une séance de massage relaxante (et chaste !)
- De rizières à perte de vue...
- Des zébus, solides, massifs, endurants, zen
- De la foule au bord des routes (femmes de retour du marché, écoliers, paysans...)
- Des 18 ans de Sousa à l'Artisan Hotel
- Du rhum gingembre (ah) et de la bière THB (eh)
- Du riz, ingrédient obligatoire de tous les repas, et du manioc
- D'Ifasina, village inaccessible par la route, perdu dans les collines
- D'un chef de village de plus de 90 ans
- Du bungalow de Ranomafana et de la pluie, lancinante
- De l'hôtel restaurant Délices à Manakara
- Du néo-colonialisme rampant du discours de certains français
- De vieux messieurs tenant la main de bien trop jeunes filles (honte)
- D'une balade en pirogue le long du canal des Pangalanes
- De la fécondation manuelle des gousses de vanille
- Des requins dépecés dans un petit village, juste après leur capture
- De 14 heures passés dans un train antédiluvien
- De m'être empiffré de lychees
- Des lémuriens du parc Anja
- Des canyons et de la piscine naturelle du massif de l'Isalo
- De la piste de sable entre Tuléar et Ifaty
- D'avoir joué à Robinson à Ifaty
- D'une eau de mer à 32°
- Des embouteillages de Tana
- Des jolies serveuses de La Ribaudière
- D'un steak de zébu au foie gras
- D'avoir été très malade dans l'avion du retour.

Première impression surprenante, lorsqu'on emprunte la célèbre RN7, qui relie la capitale au sud, les paysages de rizières rappellent immanquablement l'Asie. Sensation confirmée par la suite : Madagascar, peuplé d'abord d'arrivants des régions de l'Indonésie et de la Malaisie tient autant de l'Asie que de l'Afrique. Disons que c'est une (grande) île de l'Océan Indien et n'en parlons plus. Avec une culture et une histoire d'une grande richesse et qui lui sont propres. Tomber amoureux de Mada au premier regard, en tous cas, c'est possible. Rizières sans retour, comme aurait dit Marilyn au grand Robert !





Ah, le zébu, animal emblématique de Mada. Endurant, il a su s'acclimater parfaitement (contrairement au chameau ou à l'âne, par exemple) et il est le compagnon idéal des agriculteurs. Il faut voir, dans les rizières, des dizaines de zébus piétiner le sol, spectacle hallucinant ! Ils remplacent le tracteur et la charrue quasi absents de la grande île.

Tout ce vert c'est absolument magnifique. Merci Traversay de traverser l'espace de tes souvenirs pour faire jaillir ces joyaux.

Merci surtout de tous les commentaires. J'aime autant, sinon davantage, l'après-voyage que le pendant (je sais, c'est un peu alambiqué).

En route pour l'aventure. La célèbre RN7, qui relie Tana au sud, jusqu'à Tuléar, constitue l'itinéraire idéal pour découvrir quelques uns des principaux paysages de la grande île.



A 15 km d'Antsirabe, le lac Tritriva a une profondeur de 160 m. Une légende raconte que ce lieu est la sépulture d'un couple d'amoureux qui se seraient volontairement noyés, afin de rester liés pour toujours, car leurs parents interdisaient leur union ! On peut observer, sortant de la roche, deux arbres entrelacés, signe de leur sacrifice.



L'Artisan Hotel à Antsirabe avec ses bungalows très couleur locale. Dommage, la saison des pluies était en avance et les averses tombaient sans discontinuer du milieu de l'après-midi au petit matin.



Pousse-pousse au chômage pour cause de pluie. Ce mode de locomotion est très présent dans les villes côtières, un peu moins à l'intérieur, Antsirabe constituant une des exceptions.

On dit que les malgaches forment les meilleurs mécaniciens du monde. Toujours est-il que les vieux modèles français, 4L et 2CV en tête, sont omniprésents dans le parc automobile local aux côtés des 4X4 japonais flambant neufs.



Aller dans les villages de l'ethnie Zafimaniry se mérite. D'Ambositra, prévoir 1/4 heure de route puis une heure de très mauvaise piste. Me voici à Antoetra mais le périple ne fait que commencer. Pour rejoindre Ifasina à 7 km, une seule possibilité : la marche à travers la forêt, le long d'un sentier très fréquenté (c'est jour de marché à Antoetra) tout en montées et descentes. Si par malheur il pleut, vous en êtes quitte pour de joyeuses glissades le long de la pente. Mais quel bonheur, au loin, d'apercevoir enfin le village perdu.

Tout visiteur doit se présenter au chef du village, 85 ans, et recevoir sa bénédiction. Un don est bien évidemment encouragé. On peut se demander, si les touristes affluent, quelle authenticité gardera ce village dans l'avenir.



Après l'effort, le réconfort avec une petite bière consommée directement à l'intérieur de cette petite épicerie où l'on trouve presque tout. L'occasion de voir les clients défiler et, à l'occasion, de les servir. Et pour madame, ce sera ? Un peu de sel, un savon et une bouteille de "Bonbon anglais" (limonade locale)...Cela nous fera donc 700 ariary, merci. Bon retour dans votre village à 15 km d'ici et bonne route, en marchant vite, vous y serez largement avant la nuit.

Sousoa (prononcer chouchou) est heureuse, elle a eu 18 ans hier et a reçu sa première carte d'identité. Fille des patrons de l'Artisan hôtel, elle a interrompu ses études d'hôtellerie-restauration pour venir les aider. Son ambition ? Avoir un jour son propre établissement. En attendant, Sousoa, qui est une crème (et il faut beaucoup d'indulgence pour rire aux lourdes plaisanteries des touristes français) et a le sourire éternellement fiché au coin des lèvres, paie sa tournée. Pour moi ? Rhum gingembre, évidemment !



En route vers l'aventure et à la rencontre de mes premiers lémuriens. Le parc de Ranomafana est réputé pour sa faune et, en particulier, ses 12 espèces de lémuriens. Hélas, le jour de ma visite, il pleuvait des cordes et j'ai tout juste entraperçu deux ou trois bestioles haut perchées. En tous cas, le rôle des pisteurs qui traquent les lémuriens pour les "offrir" sur un plateau aux touristes m'a rappelé mes aventures en Afrique du sud. Sauf que, là bas, les pisteurs recherchaient lions, rhinos ou buffles...Pas tout à fait le même gibier mais la même émotion dès que l'on débusque un animal au détour d'un chemin. les lémuriens me doivent une revanche. On en reparlera.



Enfin, voici l'Océan indien. Manakara, sur la côte est, est une petite ville assoupie, où les français se donnent rendez-vous volontiers aux Délices, un hôtel-restaurant du centre qui a aussi son annexe en bord de mer. Les français en question, ce sont des retraités, tombés amoureux de Mada, et qui y passent 3 ou 4 mois chaque année. Leur attitude et leur façon de traiter les malgaches peuvent être jugées bon enfant ou bien carrément néo colonialistes. Mais ce n'est (presque) rien, par rapport au tourisme sexuel qui sévit à Manakara comme dans la plupart des villes côtières. Sordide, oui, et même insupportable quand des jeunes filles de moins de 18 ans sont concernées. Un fléau qui, avec l'arrivée de davantage de touristes, risque de s'étendre encore.

Merci pour les photos et tes impressions de voyage.

Le poumon vert a été bien amputé depuis une 20ène d'années d'après les reportages vus et les souvenirs de ma fille qui y est allée en 1987.

Concernant le pousse-pousse, elle ne voulait pas y monter car elle était réticente à se faire "supporter" par le conducteur mais des touristes lui avaient expliqué que ce travail était important pour eux.

Des souvenirs que tu garderas longtemps je te le souhaite.

Un bovidé paissant tranquillement près de la plage de Manakara. Vachement bucolique, non ?



La justice sous les cocotiers.



Ce sont des femmes de pêcheurs. La machine à laver, c'est le canal de Pangalanes. Un rassemblement traditionnel, l'occasion de partager les derniers potins des villages. Franchement, à quoi bon avoir une radio ou une télé quand la communication est aussi facile (c'était la tirade anti modernité d'un pauvre blanc déboussolé par les excès de la société de consommation).

La remontée du canal de Pangalanes, parallèle à l'Ocean indien et vestige de la présence coloniale française. L'emprunter, c'est l'opportunité de voir des scènes de la vie de tous les jours à l'écart du "grand" tourisme.



A quoi rêvent ces petites filles à contre jour ? D'une vie meilleure ? La question a t-elle un sens pour elles ?



Seul devant l'Océan indien. Baignade interdite pour cause de méchants courants et de requins un peu "marteaux". N'empêche, l'endroit est idyllique, loin du tumulte du monde.



La pêche a été bonne. Les requins se sont laissés prendre au piège. Le dépeçage en règle va commencer sans attendre car dans le requin tout est bon (adage non homologué).

Le parcours en train Manakara-Fianarantsoa est inoubliable. Sans doute est-il préférable de le réaliser dans l'autre sens (descente vers la mer), il n'empêche. Seul souci : le temps du trajet. 8 heures dans le meilleur des cas, 14 heures pour ce qui me concerne avec une fin de voyage apocalyptique, dans le noir complet, au milieu des volailles.



Pas la peine de faire des provisions avant de partir. A tous les arrêts, on vous propose fruits, soupes, viandes etc.



Coucou. Trois petites malgaches s'amusent avec ces drôles de touristes qui n'ont de cesse de les photographier.



On ne va pas à Madagascar pour son architecture. La vieille ville de Fianarantsoa et son église catholique valent cependant le détour.



Retour sur la RN 7. Paysage typique des hauts plateaux.

Du vin à Madagascar ? Eh oui, mais ne nous emballons pas, seul le gris et à la rigueur le blanc sont "passables". Dans tous les cas, on préférera le rhum arrangé. Hips.



Le papier Antemoro, réalisé entièrement à la main et séché à l’air libre, est un art traditionnel de Mada.



Gentil caméléon, je t'ai vu mais je ne le dirai à personne.



Trente-cinq espèces et une cinquantaine de sous-espèces et de variétés de lémuriens sont connues aujourd'hui, mais quand les hommes sont arrivés à Madagascar, il y a plus de 2.000 ans, il y avait certainement une quinzaine d' espèces et variétés de lémuriens en plus sur l'île. Ces formes actuellement éteintes, et objet de discussions, sont à mettre en relation avec la survie des espèces et les lémuriens actuels pourraient subir un sort semblable si aucun effort majeur sur la conservation n'est pas mis en œuvre. Madagascar est sans aucun doute la plus haute priorité mondiale en matière de conservation des primates, avec sa très haute diversité et son endémisme sans égal. Madagascar se trouve en troisième position parmi les pays à forte diversité de primates avec 35 espèces et 50 variétés qui sont toutes endémiques. Seules deux espèces vivent tout près dans les îles Comores, mais elles ont certainement été introduites à partir de Madagascar.



Une maison typique, à toit de chaume. Le sud, le vrai, n'est plus très loin.

Une bonne bière au bord de la piscine. Demain, une journée difficile s'annonce, à crapahuter dans le massif de l'Isalo.



J'aime ces paysages. On me rétorquera qu'on en trouve de semblables ailleurs. Et alors, c'est faire fi de l'émotion du moment, seule vérité qui compte. L'Isalo, ce n'est pas l'Arizona mais Dieu que c'est beau.

Encore un regard pour l'Isalo. J'y ai souffert mais sa beauté en valait la peine.



Pour une photo de coucher de soleil à la fenêtre de l'Isalo, les touristes pourraient en venir aux mains. Fuyons cette (petite) foule. Moi, touriste ? Plutôt mourir, modeste voyageur, seulement.



La RN7, ruban asphalté qui mène jusqu'au sud de l'île, est une bénédiction pour le voyageur. On y aperçoit les principaux aspects de Mada même s'il faut parfois emprunter des pistes aléatoires et inconfortables pour découvrir un pays plus secret. Plus très loin de Tuléar, terminus de la RN7, deux villes champignons se sont développées autour des mines de saphir. Pas question d'y trainer le soir : les règlements de compte et fusillades y sont monnaie courante.



C'est vraiment le sud. Terres arides, grande pauvreté. Les chars à zébus font partie du paysage.



Après Tuléar, une heure de piste sablonneuse permet d'arriver à Ifaty. Un petit paradis terrestre. Seul client dans mon hôtel, avec l'océan qui vient lécher mon bungalow, je me prends pour Robinson.



Sous le soleil exactement. Un cavalier apparait comme sorti d'un songe.