LE PAPALAGUI
Voici un document ancien et à contre-courant. Il a été écrit au début du XXème siècle par un Allemand, artiste voyageur qui décide de partir aux Samoa, dans le Pacifique. Là, il rencontre le chef d'une tribu, Touiavii, qu'il amènera avec lui en Europe et dont il retranscrira les paroles.
Touiavii revient sur son île et met en garde ses congénères contre la vie que mène le Papalagui; le Papalagui, c'est l'Homme blanc. Parce que de tout ce qu'a vu Touiavii, rien ne lui a plu: les vêtements trop encombrants, les maisons en dur bordant des allées tracées an cordeau, les manières qu'arborent leurs habitants, l'argent qui rend malheureux, la nourriture,le temps qui galope...Tout est matière à critique et avertissement à ses congénères afin que toute envie de s'occidentaliser meurt dans l'oeuf.
Le tout est écrit dans un langage très imagé qui fait sourire:
"Le Papalagui habite comme les fruits de mer dans une coquille dure[...]Sa hutte ressemble à un coffre débout".
"Chaque Papalagui a une profession.Il est difficile de dire de quoi il s'agit. C'est quelque chose qui devrait être fait avec plaisir, mais que la plupart du temps, le Papalagui n'a pas l'envie de faire."
"[...]Le corps du Papalagui est de la tête aux pieds enveloppé de pagnes, de nattes et de peaux, si serrés et si épais qu'aucun oeil humain, aucun rayon de soleil ne les traverse, si serrés que son corps devient pâle, blanc et fatigué comme les fleurs qui poussent au fond de la forêt vierge."
Touiavii n'était pas tendre avec nos ancêtres mais il n'avait pas complètement tort. On peut tout de même déplorer une tolérance vis-à-vis des moeurs occidentaux aussi faible que la nôtre envers les peuples dits primitifs.