Jens Lien

NORWAY OF LIFE

Film norvégien (ce qui est déjà rare sur nos écrans pour le souligner) de JENS LIEN.
Je ne donnerais pas le nom des acteurs, ça ne dirait rien, mais sachez qu'ils sont tous formidables.

Ce film DEN BRYSOMME MANNEN (l'homme qui gêne, en traduction littéral du norvégien), a eu le grand prix du festival du film fantastique de Gérardmer et le prix de la critique internationale au même festival. Je précise celà, parce-que pour une fois que le prix est attribué à autre chose qu'à une production gore. Ce festival gagne ainsi ses lettres de noblesse à couronner un film aussi original et intelligent !!!

Que dire ?? C'est un film d'une extraordinaire lenteur. Une étendue désertique comme un sol martien, une station service hors d'âge, un autobus qui cahote laborieusement depuis la ligne d'horizon, un unique voyageur qui en descend et reste planté devant une banderole dérisoire qui lui souhaite un énigmatique "welkommen". est-il vivant ? est-il mort ?

Le réalisateur prend un malin plaisir à rendre bizarre voire totalitaire son film sauf que, bizarrerie ultime et pas des moindres, il fait naître de ce cauchemar glacé, qui parait épouser les contours d'une civilisation mais aussi la culture profonde d'un peuple, une envie vitale de rire pour faire de ce film, frappé de sinistrose, un moment d'irrésistible drôlerie.
Comme si par exemple, tenez-vous bien, Kafka et Tex Avery étaient conviés sur le même plateau. Mais c'est bien kafka que l'on convoque en lever de rideau.

Je n'en dirais pas plus, si ce n'est qu'il faut le voir en version originale comme tout bon film étranger(pour ma part je me suis délecté aux sonorités de la langue norvégienne) et que moi je l'ai perçu comme une vaste parabole de nos sociétés actuelles, mais il est aussi bien plus que celà...

http://www.cinemovies.fr/fiche_film.php?IDfilm=14566

un petit lien pour en savoir plus,photos, bande annonce...

j'en avais lu quelques mauvaises critiques de ce film, mais finalement tu arrives à me donner envie de tenter l'expérience. Il n'est pas dans beaucoup de salles malheureusement, j'espère que je pourrais tout de même le voir.

j'ai failli crier au scandale quand tu as critiqué le festival Fantastic'Arts de Gérardmer, mais en fait, j'ai vérifié, et en effet ta critique est justifiée

Citation :

Je précise celà, parce-que pour une fois que le prix est attribué à autre chose qu'à une production gore.

c'est vrai... on peut constater que le fantastique se mêle souvent au gore pour Gérardmer (Créatures célestes - Scream - Cube - Deux soeurs - Trouble (celui-là est tout de même bcp moins gore est plus psychologique...))

mais par contre

Citation :

Ce festival gagne ainsi ses lettres de noblesse à couronner un film aussi original et intelligent

celà signifierait-il qu'un film gore n'est pas un film intélligent ???!!!!! non mais oh !!! je signale en passant que bien souvent les films gores ont un fond qui laisse une bonne place à la réflexion (bon certes, un peu de la réflexion facile et sans prise de risque, mais bon il faut rappeler que ce sont souvent des hommes qui réalisent ces films )

Hum hum !! ma chère Queenie, j'ai du mal m'exprimer. Ce que je voulais dire en écrivant

Citation :

Ce festival gagne ainsi ses lettres de noblesse à couronner un film aussi original et intelligent !!!

Ce n'est pas que les films gore ne sont pas intelligents (j'en connais de très bons), mais il y a aussi à côté de celà tout un tas de productions fantastiques (norway of life en est un bon exemple) qui n'ont même pas droit de citer...

Nous sommes un festival de films fantastiques, donc faut que ça saigne !!!

Je n'ai rien contre ces films là, c'est juste que très souvent, les différents jurys ou la sélection, privilégient ce type de films, plutôt que d'autres... voilà

sinon, oui je ne peux que te conseiller d'aller le voir, nos amis aussi d'ailleurs, si tu arrives encore à le trouver. Très peu de copies, distirbution confidentielle comme d'hab... la presse en a quand même un peu parlé (vu son prix) donc avec un peu de chance, on doit encore pouvoir le visionner dans quelques endroits !!

Norway of life de Jens Lien (film norvégien)



J'ai vu ce film hier, il faut que je vous en parle mais je n'ai pas beaucoup de temps...Je le ferai dès que possible. En attendant, s'il passe près de chez vous, ne le ratez pas!

C'est un genre de film-ovni qui décrit une société où les humains ont voulu que tout soit parfait, confortable, clean (il paraît qu'Oslo tend un peu vers ça...et l'immeuble où j'habite aussi, je vous expliquerai) mais c'est au détriment de l'émotion et de la vie même...Un cauchemar que vit le personnage principal du film alors que tout est fait pour le rendre soit disant heureux...Atroce je vous dis! Un film d'horreur mais dans un décor qui pourrait être le nôtre...

Par moments, on rit mais c'est un film totalement désespéré.
Dans cette scène par exemple, le héros qui, lui, a encore des sentiments, des émotions, s'est jeté sous le métro...
Il en réchappe et rentre à la maison, une maison idéale, un décor de rêve, auprès de sa femme, idéale, belle et souriante...
Quand il rentre dans cet état, elle lui dit seulement:
-Nous sommes invités à faire du kart samedi...
Je crois qu'il lui répond quelque chose comme: "Oui, c'est une bonne idée!"

La bande annonce:
cliquez ici
Et l'occasion aussi d'écouter la musique du film (très belle)

j'étais allé le voir au ciné (à trois minutes de chez moi et en trainant mes pieds poilus !), c'est vrai qu'on a tendance à sourire ou à rire, c'est un poil gore... c'est une ambiance, une frustration grandissante de l'absence de substance... le désespoir au milieu de la réalisation de séduisant scénarios bateaux (voir publicitaires).

Un moment intéressant (et bon)

(quelques dialogues absolument dingues... absence totale d'opposition...)

animal a écrit:

c'est un poil gore...

Oui...Et ceux qui me connaissent sur ce forum vont s'étonner que j'aie pu apprécier un film "un poil gore" comme tu dis...:)
Mais si!...
Les passages gores sont tellement "gros" qu'on en rit...
Et puis je me suis bouché un peu les yeux pour ne pas trop voir le sang...lorsqu'il se coupe volontairement le doigt sous le massicot...lorsqu'il est percuté je ne sais combien de fois par le métro...lorsque dans la rue le héros voit quelqu'un qui s'est empalé sur des grilles en sautant de la fenêtre...
Ne retenez pas que cela de ce film dont l'intérêt est bien ailleurs...

Tout à l'heure,
Norway of Life ("Den brysomme mannen", c'est-à-dire "l'homme génant")

Jens Lien, Norvège 2007

Des parallèles évidents qui inscrivent directement ce film dans la tendance actuelle que prend le cinéma scandinave (à vocation internationale) - je pense à Alfredsson (Morse), Roy Andersson (Chansons du 2° Etage, Nous les Vivants...) ou encore dans un moindre mesure Bent Hammer (Kitchen Stories...) ou Lone Scherfig (Wilbur) pour ceux qui me viennent à l'esprit.
Un cinéma à l'humour acide, parfois même cru, et volontairement tourné sur l'auto-dérision; des situations décalées, voire absurdes, mais qui tentent de poser ouvertement certains problèmes; une esthétique épurée, "lissée" si je peux dire, presque contemplative : plans larges jamais inutilement chargés, couleurs assez froides et mouvements de caméra limités et lents. Aussi un certain parti pris sur la communication entre les personnages, souvent problèmatique, les visages et regards fuyants, les répliques qui s'enchaînent péniblement ou de façon anormale etc. Des ingrédients caractéristiques.

Un scénario de science-fiction classique (et pas développé de manière remarquable): un homme confronté à une société oppressante qu'il tente (logiquement) de fuir, et dont il seul à ressentir l'étrangeté. L'originalité reste dans le traitement, dont je parle au-dessus.
Et dans le fait que cet environnement n'est pas du tout "aggressif", et tente au contraire de combler au mieux ses habitants, de leur rendre la vie la plus facile possible, socialement, professionnellement et matériellement. Bien-sûr, passée la première (agréable) surprise, tout cela sonne vite assez faux. Impossible d'accéder à de vraies relations humaines, de goûter ou sentir de vrais parfums, d'entendre de la musique etc. D'autant plus frustrant que la fausseté est générale et que seul notre héros en est gêné. Et bientôt gênant lorsqu'il commence à vouloir s'y soustraire. En mettant fin à ses jours, ce qui est mystérieusement impossible, puis en s'échappant, ayant découvert une brèche, infime et malheureuse. Bien-sûr, encore, se trouvent "en haut" un cercle de personnages qui contrôlent cette société et tentent de préserver intact en chacun le "bonheur" et de faire qu'il soit nécessaire et suffisant.
Pas vraiment surprenant de ce côté, mais interessant dans l'image des sociétés scandinaves qui est mise en jeu, modèles de stabilité et de gestion, systèmes par lesquels l'Etat assure le confort de ses citoyens, jusqu'à vouloir presque "prohiber" le malheur, l'insatisfaction.... qui n'ont pas de raison d'être. Notamment le cas au Danemark ou le bonheur tend à devenir une valeur nationale.
Mis à part ça, assez déçu, des longueurs et un développement prévisible malgré quelques scènes vraiment bonnes et audacieuses. Mais pas assez sur le long, dommage.



Et puis aussi, ces derniers jours
Dreyer avec Ordet et Jour de Colère.
Je sais que Dreyer a son fil, mais je n'ai pas d'avis pertinent à y donner pour le moment. Juste une évocation ici, très forte impression. Et l'envie d'aller voir plus loin

m'avait bien plu au ciné Norway of Life, le côté "pub" de la vie offerte et les dialogues fous avec la jeune femme qui dit ni oui ni non... et quelques effets crades si je me souviens !

le fil Dreyer est patient Burly

Natulige Brille (Lunettes "naturelles")
Court métrage proposé dans le dvd

J'avais vu Norway of Life à la télé, sans rien savoir de ce film. Je pensais donc qu'il ressortait du réalisme "classique".
Et puis, au bout d'un moment, on se dit qu'il y a un truc qui cloche.

J'ai franchement bien aimé. Il y a un climat étrange vraiment bien fait, de très belles images. J'ai bien aimé le scénario, aussi.

Alors oui, je suis d'accord, ce n'est pas original, mais c'est vraiment bien fait. Ca ne cherche pas à faire du tape-à-l'oeil, il y a un côté théâtral (décor), parfois.
J'ai préféré aux films de Roy Andersson ou au Kitchen Stories de Bent Hamer (là, sur le coup, le début était marrant, ensuite ça s'enlise, trouvé-je).

J'aime bien les films fantastiques-SFisante... ça a pu jouer... J'avais donc été très agréablement surpris, pour ma part (ne sachant pas à quoi m'attendre).

Une éducation norvégienne

Quand une petite famille assez open avec les parents hippies est percutée par le drame et le décès de cette mère si belle et si gentille il ne reste qu'un père barbu et perdu et un gamin perdu aussi qui découvre le punk. Quelques situations cocasses et un peu de punk et on passerait encore à côté de ce très beau film.

Un film qui brasse avec légèreté une quantité pas banale d'imageries (hippie, punk, nature, bourgeoise, familiale) et de réalités (politique, drogue, mort) sans jamais se planté, pourtant depuis le noël fêté avec des bananes aux vacances dans un camp de nudiste il y a sans hésitation des éléments qu'on ne croise pas tous les jours... c'est franchement marrant, situations, répliques, incongruités élémentaires... et à côté de ça ce gamin, qui a mal, qui ne sait pas trop comment s'y prendre mais qui avance sans trop avoir l'air de s'aimer ou d'aimer ce qu'il voit et les images évoquées plus haut son reléguées à leur place, incertaine avec les apparences, beaucoup d'apparences. Dont celles que le père essaye de suivre, à la fois puissant et trop dévoué à son fils.

Et que reste-t-il au bout du compte ? des sourires, un monument de bonté au milieu de ce bazar qui frôle le fantastique, le conte, la chronique sociale, la comédie, la caricature avec une facilité déconcertante et une utilisation sauvage et efficace des images.

C'est triste, parce que ça l'est, mais ça donne le sourire et ça fait du bien sans fausse note, sans se raccrocher à un discours ou a des images.

On pensera certainement à This is England, il y a des ressemblances mais entre les deux mon coeur ne balance pas, ce Sons of Norway est autrement plus smooth, autrement plus fort, moins sérieux sur certains points plus jusqu'au boutiste dans le fond.

Je kiffe.

(et apparemment dans la salle où ça a pas mal rigolé c'était partagé).

animal a écrit:

Une éducation norvégienne

Quand une petite famille assez open avec les parents hippies est percutée par le drame et le décès de cette mère si belle et si gentille il ne reste qu'un père barbu et perdu et un gamin perdu aussi qui découvre le punk. Quelques situations cocasses et un peu de punk et on passerait encore à côté de ce très beau film.

Pardon pour mon enthousiasme moindre.

Avec Une éducation norvégienne (scénario de l'écrivain Nikolaj Frobenius), Jens Lien, dont il est inutile de rappeler la nationalité, se révèle bien moins mordant que dans Norway of Life. Cette comédie/farce qui traite à part égale du deuil (la perte d'une mère quand on est pré-ado) et de la guéguerre entre cultures hippies et punks, à la fin des années 70, a tendance à faire dans l'épate facile et la provocation gentille, à rebrousse-bourgeois. Il y a de l'ironie, de l'auto-dérision (Johnny Rotten, himself, fait une apparition), mais l'ensemble est souvent un peu lourd. Comme dans cette accumulation de saynètes dans une banlieue bien propre sur elle, opposée à de façon caricaturale à une bande de rebelles indomptables. Le côté répétitif dans l'incongru et le pittoresque (dans le camp de nudistes) finit par épuiser. Le vrai bonheur est de réentendre les singles originaux des Sex Pistols qui n'ont rien perdu de leur abrasivité et de leur énergie survoltée et énergisante. "Right! Now ha, ha, I am an antichrist, I am an anarchist, Don't know what I want, But I know how to get it ...

il n'y a pas de mal. et ce n'est pas complètement faux mais pour le moi le fait que pour les principaux protagonistes ça n'a jamais l'air aussi bon que les épisodes les plus anecdotiques compense largement. ça et le fait que ça n'empêche absolument pas des personnages d'avoir l'air à leur place comme ça. ça ne donne pas de lecture trop figée (sauf pour des regards plus accusateurs comme celui porté sur la bande des petits jeunes en teddy et qui ont l'air sacrément cons).