Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Josyane Savigneau

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AuteurMessage
Marie
Zen littéraire
Marie


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MessageSujet: Josyane Savigneau   Josyane Savigneau EmptyJeu 6 Aoû 2009 - 1:54


Josyane Savigneau Savign10


Point de côté
Editions Stock

Un fil pour que Lara puisse s'exprimer!
Citation :
La calomnie s'est imposée, il faut tourner la page. La page, c'était moi. On me signifiait ainsi ma destitution de la direction du " Monde des livres ". Souffle coupé, comme asphyxiée... Pour repartir, ne fallait-il pas remonter plus haut, creuser plus profond ? Que n'avais-je pas compris de ce monde où je me croyais légitime ? Et qu'avais-je voulu ignorer de moi-même ? Il fallait refaire ce parcours qui avait débuté une cinquantaine d'années plus tôt, dans une petite ville de province - " du mauvais côté du pont ". Sans ce point de côté qui m'obligeait à m'arrêter, aurais-je entrepris ce voyage ? Pas sûr.

Entrée au Monde en 1977, Josyane Savigneau a dirigé le supplément littéraire du quotidien durant quatorze ans, à partir de 1991. Jusqu'en 2005, donc, puisque en 2005 "on" lui a dit: "La calomnie s'est imposée, il faut tourner la page. Tu ne diriges plus le service des livres"

Quelle calomnie? Et bien, je n'ai pas très bien compris, car elle en reparle très peu. Il me semble, après avoir un peu cherché, qu'"on" lui a reproché de favoriser certains éditeurs, en particulier Gallimard.
Mais cela ne datait pas de 2005, elle était déjà la bête noire de Jean Edern Hallier qui la qualifiait de clitoris querelleur. C'est élégant, il n'y a pas à dire. D'après ce que j'ai compris, cela a duré des années, puisqu'elle cite Madame Régine Desforges qui écrit que Josyane Savigneau s'est échappée de la caisse d'un supermarché de Châtelleraut pour diriger Le monde des lettres


Voilà encore un milieu qui me semble bien sympathique et plein de petits camarades qui s'aiment! Il faut dire que Josyane Savigneau est une femme, non issue du milieu dont il faut être issu pour accéder à un tel honneur, bissexuelle affirmée ( ça ne se dit pas, tssss) et grande gueule par dessus le marché. Ca n'a pas du l'aider tout ça.
Mais peu importe, car ce n'est pas ce qui est intéressant dans ce livre. Elle en parle d'ailleurs très peu, c'est un point de départ, ce point de côté.
Josyane Savigneau, j'ai lu bien sûr quelques unes de ses critiques, mais je la connais beaucoup mieux depuis que j'écoute l'émission de Joseph Macé Scaron Jeux d'épreuves, dans laquelle elle intervient souvent pour défendre les livres qu'elle aime. Je ne partage pas toujours ses goûts littéraires, mais j'aime sa culture, son enthousiasme et sa façon de parler des livres.
Ce qui m'a amené donc à lire ce qui est avant tout le livre de mémoires d'une petite fille née à Châtellerault ( pas dans la zone bourgeoise!), dont les parents tenaient un café, et qui rêvait d'être journaliste. Et qui grâce à la lecture de Simone de Beauvoir a compris qu'elle pouvait s'en donner des moyens. C'est au moment où elle est renvoyée de son poste à responsabilités, qu'elle se demande si finalement on ne la renvoie pas aussi du côté du pont qu'elle n'aurait jamais du avoir l'impudence de quitter.
C'est donc l'occasion de retracer son parcours, car, écrit-elle:


"j'ai fini par découvrir que, si l'on refuse de s'occuper de son passé, un jour celui-ci s'occupe de nous. Sérieusement. Violemment. C'est ce qui m'est arrivé. Comme le dit Beckett " il est impossible d'échapper à hier, car hier nous a déformés ou a été déformé par nous."

Tout à fait d'accord..
Dans ce livre de souvenirs, on croise donc Simone de Beauvoir, mais aussi Marguerite Yourcenar, Philip Roth, Françoise Verny, Eudora Welty, Patricia Highsmith , Juliette Gréco, Edwige Feuillère, Sollers, bien sûr et bien d'autres.
Je l'ai lu avec plaisir, rapidement. Le plus intéressant reste finalement le parcours d'une battante pour laquelle je ne me fais pas trop de souci. Jean Edern Hallier a fini par tomber de vélo, quant à Madame Desforges, je suppose qu'elle doit scruter avec effroi les caissières de son supermarché pour savoir laquelle va encore sortir de sa position pour aller défendre la littérature. Celle qu'elle n'a sans doute jamais du lire.

A toi, Lara!
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MessageSujet: Re: Josyane Savigneau   Josyane Savigneau EmptyVen 7 Aoû 2009 - 13:05

Josyane Savigneau: "Je pense que ma principale erreur, c'est d'avoir des convictions"

Merci Marie d'avoir ouvert ce fil! J'espère que je ne serai pas la seule à m'exprimer. Wink

Tout d'abord ,je ne connaissais pas du tout Savigneau. C'est grâce à Marie et au fil de Beauvoir que j'en suis venue à la lecture de son livre Point de côté.

Ce livre est ce qu'elle appelle une sorte de "point sur son passé".Une manière "d'affronter la défaite." "Comprendre que ce n'est pas une perdition. Surtout quand, comme" elle, "on a eu la sottise de toujours vouloir aller de l'avant, sans se retourner, comme si le faisant, on allait être transformé en statue de sel."

Mais quelle est cette défaite qu'elle compare souvent à "une chute de vélo"?
Cette défaite est sa destitution de la direction du Monde des livres.
"La calomnie s'est imposée, il faut tourner la page"... La page tournée, cette page, c'est elle.
Et là "souffle coupé, comme asphyxiée..."
Elle parle de "K-O social"

On l'a calomnié sur sa vie privée, on lui a intenté un procès, tentative de discréditions, harcèlement moral, parce que "La société déteste qu'on ne soit pas identifiable."
Et cette calomnie la touche profondément: "La calomnie est destiné à tuer, et, heureusement, certains y résistent. Mais elle tue tout de même. On n'en meurt pas nécessairement, mais quelque chose est tué dans le rapport qu'on a avec les autres. Et avec soi. La calomnie s'infiltre, brûle, instille un durable poison. Au milieu des mensonges, des injures et des insanités se glisse toujours un détail biographique, un petit fait vrai qui conduit la victime à suspecter ses amis, ses proches. Qui a bien pu révéler ce minuscule secret? Qui a parlé à qui? Qui a été imprudent, voir malveillant? Et qui a trahi? Il faut tenter de ne pas consentir à cette spirale de la suspicion, à cette pente mortelle. Sinon, toutes les barrières cèdent, la vie privée explose, les calomniateurs ont gagné."

On sent un être blessé, quelqu'un d'entier, à la limite de l'écorché vif, qui réagit avec son affect: "Je suis profondément violente. Je me contrôle. Pas toujours très bien: j'ai à mon actif quelques verres jetés à la tête de personnes qui m'avaient agressée, certes, mas verbalement."

On lui a conseillé de se faire analysé, elle,elle préfère écrire. C'est sa gym à elle après sa "chute de vélo".

Et pourtant allant au devant d'éventuelles critiques, elle se protège du mieux qu'elle peut: "Je n'ai toutefois pas envie de raconter ma vie, de faire des confidences. Encore moins une confession. Ma vie privée appartient aussi aux personnes que j'aime, et je n'ai pas l'intention de révéler leur intimité en même temps que la mienne. La passion de la clandestinité ne m'a pas quittée. J'ai payé assez cher mon goût de secret pour être en droit de le préserver. Je crois toujours que, une foi visibles socialement, les amours se détériorent et se détruisent."

Au départ j'étais un peu sceptique, comment peut-on faire un point sur sa vie sans rentrer dans les détails affectifs? Mais non, elle y arrive très bien , elle nous parle des gens qu'elle aime sans violer leur intimité. En restant discrète sur certains points.

Et pourtant elle n'a pas sa langue dans sa poche pou dénoncer le milieu dans laquelle elle travaillait: "Il est presque fatal que l'on s'attire des désagréments quand on refuse le ventre mou du consensus dans ce milieu littéraire, où se déploient narcissisme, jalousies et rancoeurs. " ou encore "Il était clair pour eux que, si j'étais arrivé là "malgré tout" (rappelons qu'elle n'est pas issue d'un milieu favorisé), la moindre des choses eût été de filer doux, de respecter les subtiles hiérarchies de la cléricature intellectuelle, au lieu de n'en faire qu'à ma tête, ou plutôt selon mes convictions. Comprendre que, dans cette étrange société, suivre "le sens du vent" ne fait as de vous une "girouette mais, au contraire, vous signale comme un être avisé... Une contorsion intellectuelle qui me laisse perplexe." ou "Je suis là parce que j'ai été une enfance frondeuse et obstinée, et je reste une adulte révoltée et obstinée."
Elle cite Zhuangzi: "Qui commence à obéir n'en finit jamais."

Ensuite dans sa sorte d'autobiographie, j'ai été surprise de ressentir certaines chose sà l'identique, même si plusieurs années me séparent de cette femme.
Mais après c'est personnelle et chacun n'y trouvera pas les mêmes choses que moi.

Je souligne tout de même certain passage qui sont susceptibles d'interesser d'autres gens:
"Il fallait absolument être bonne élève, apprendre, pour gagner sa vie et ne jamais dépendre d'un homme. "
"L'orienteur était, avec d'autres hommes, à une table voisine. Je suis allée le voir pour lui rappeler qui j'étais, ce qu'il avait dit, et où je travaillais désormais. Il a fait un seul commentaire:
"Avouez que, statistiquement, vous n'aviez aucune chance!"
Chaque fois que je parle dans des classe de lycée, je raconte c'est anecdote, et qu'on ne décide pas d'un destin avec des statistiques. Je comprends vite que jai devant moi des filles et es garçons q'on a aussi tenté de décourager et qui sont rassurés d'entendre un autre discours.
Depuis un certain temps, je ne vais plus voir de lycéens; Je ne voudrais pas abîmer leurs espoirs avec la fin de l'histoire"


Ce qui m'a vraiment intéressé dans son histoire, c'est les rencontres qu'elle a faîte et les gens qui ont changé sa vie.
Yourcenar avec qui elle a entretenu une longue amitié, (d'ailleurs elle m'a donné envie de la lire), Gréco, Françoise Verny, Edwige Feuillère.. etc autant de gens que je connais mal, mais qu'elle décrit d'une telle façon que l'on sent la profondeur des relations qu'elle est capable d'établir avec des gens.
Il y a d'autres personnes dont elle parle, mais avec lesquelles je n'ai pas du tout accroché. Peut-être parce qu'ils ne me parlaient pas, et que je n'en avais jamais entendu parler.

Mais pour ne rien vous cacher, c'est Beauvoir qui m'a le plus intéressé.
J'ai retrouvé chez cette femme que plus de 30 ans séparent de moi, les mêmes ou presque ressentis que moi même j'ai éprouvé à la lecture de Beauvoir.
Je cite:
"Le choix de ma liberté porte un nom: Simone de Beauvoir. Je crois qu'on était en troisième, j'avais 14 ans."
"J'ai tout de suite entendu, confusément d'abord, que Beauvoir m'invitait à ne pas me ranger, à ne pas consentir à l'itinéraire que ma naissance, mon milieu social, semblaient me destiner, mais au contraire à choisir ma vie, à me choisir et à être entièrement, et seule, responsable de mes choix; Alors jai voulu tout lire d'elle, les romans, les mémoires, les essais, tenter de comprendre ce que cette femme écrivait et qui m'apparaissait capital."
""Douée pour le bonheur"... c'est ce que je devais être. Refuser la plainte , le goût du malheur (...) "Dès que je l'eus touché" ce bonheur, "il devint mon unique affaire." Ces mots m'étaient destinés, et cette femme née 43 ans avant moi, à Paris, dans un milieu totalement étranger au mien, me montrait le chemin."
"Pour choisir, il fallait savoir, se forger les outils d'une réflexion affranchie des stéréotypes. Alors, on pouvait tenter de penser sa liberté et s'y tenir, quel qu'en soit le prix. Je sais aujourd'hui qu'il peut être élevé, ce prix. La pensée, le savoir étaient donc gage de contrôle. Et je voulais contrôler ma vie et non la subir"
"Je lisais sans recul, j'étais d'accord sur tout, je rêvais de ressembler à al femme qui me parlait."
"Toutes ces femmes, intellectuelles, parfois même tenus pour féministes ou autoproclamées telles, me fatiguent avec leur maternalisme frénétique"
"En ce temps-là, à Poitiers, la bibliothécaire, qui ne se posait probablement pas ces questions, n'avait pas l'air d'approuver mes lectures? Elle ne m'a cependant pas empêchée d'emprunter les deux gros volumes du Deuxième Sexe"
"Femme, tu es aliénée, tu l'acceptes, tu prends le pouvoir en jouant les victimes, il serait temps de pense autrement. "
" Longtemps après, quand Beauvoir est morte, en 1986, j'ai entendu et lu celles qui, comme moi, se réclamaient de sa pensée avaient perdu une "mère. Je crois profondément que même les femmes qui ignorent ou rejettent Beauvoir lui doivent quelque chose; En faire pour autant une figure de mère est ridicule. Non parce qu'elle n'a pas été mère, mais parce rien, dans son propos, ne relève d'une maternité symbolique, d'une idée d'enfantement d'une femme nouvelel. Elle ne prêche pas, elle ne conseille pas, elle analyse. "Pourtant, tu devais bien chercher ue mère, à être ainsi fascinée par les femmes plus âgées que toi" se moquent certains, ne reculant pas devant la psychanalyse de bazar. Je ne vais pas m'allonger sur un divan pour le savoir, c'est trop tard, mais je ne le pense pas. Beauvoir? ... Peut-être une grande soeur un peu incestueuse..."


Tout ce qu'elle dit je le ressens moi aussi, et je l'ai vécu d'une certaie manière.

Bon j'arrête je commence à avoir mal au poignet.
(Je ne sais pas vous, mais il m'arrive souvent qu'internet me joue des tours, se déconnectant subitement et me faisant ainsi perdre tout ce que j'ai écris... Et il n'y a plus qu'à recommencer. C'est extrêmement découragent... Mais maintenant je commence à être rodée. J'écris avant sur TextEdit, puis utilise la fonction copié-collé, cela m'évite des crises de nerfs devant l'ordi.)

Une dernière chose: Savigneau a rencontré plusieurs foi Beauvoir dans la rue, elle n'a pas osé lui dire. "Madame, vous avez changé ma vie." Dommage.... J'aurais voulu pouvoir le faire... je ne dis pas que j'aurais eu plus de courage...
Mais elle l'a quand même rencontré une foi, peu avant qu'elle meurt dans le cadre d'une interview, et j'avoue que j'en suis jalouse.

Le reste du livre est aussi intéressant.
Et Savigneau dit quelque chose de très beau: "Il n'y a pas d'endroit où l'on est la personne d'avant, il faut plutôt chercher où l'on peut, le mieux, être la personne d'après."


Les liens intéressants:

L'émission de Joseph Macé Scaron, Jeux d'épreuves dont parlait Marie, et dans laquelle Savigneau intervient: http://sites.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/jeux_epreuves/index.php

En vidéo, Josyane Savigneau après la calomnie:http://bibliobs.nouvelobs.com/20081006/7573/en-video-josyane-savigneau-apres-la-calomnie

Une interview écrite: http://bibliobs.nouvelobs.com/20081009/7655/josyane-savigneau-on-ma-rappelee-a-lordre

Un portrait de l'écrivain chez Lire: http://www.lire.fr/portrait.asp?idC=52822&idR=201&idTC=5&idG=

Et puis le fil de Beauvoir, évidemment:[url] https://parfumdelivres.niceboard.com/nos-11-auteurs-du-mois-f38/simone-de-beauvoir-t1497.htm?highlight=beauvoir[/url]

Ps: Je m'excuse d'avance pour l'orthographe.
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