Les frères Larrieu

Arnaud et Jean-Marie Larrieu

Citation :

Arnaud Larrieu et son frère Jean-Marie se passionnent très tôt pour le cinéma grâce à un grand-père originaire des Hautes-Pyrénées qui tourne des films de montagne en 16mm. Adolescents, ils filment à leur tour en super-8, avant de tenter, sans succès, le concours de la FEMIS, puis de suivre des études de littérature et de philosophie. A partir du milieu des années 80, les frères Larrieu tournent de nombreux courts métrages qui font le tour des festivals -citons Les Baigneurs (1991) ou Bernard ou les apparitions (1993). Ils mettront deux ans à peaufiner le scénario de leur premier long, Fin d'été (1999), l'histoire des retrouvailles entre un ingénieur et son père ancien soixante-huitard.

En 2000, ils dirigent Mathieu Amalric dans La Brèche de Roland. Récit d'une randonnée en famille qui tourne au règlement de comptes, ce moyen métrage au charme décalé est très remarqué à la Quinzaine des Réalisateurs. Quatre ans plus tard, le comédien est à l'affiche d'Un homme, un vrai aux côtés d'Hélène Fillières, que les cinéastes avaient déjà dirigée dans le court Madonna à Lourdes. Rythmée par les chansons de Katerine, cette comédie dans laquelle les Larrieu décrivent l'évolution d'un couple sur plusieurs années, en multipliant les ruptures de ton, suscite l'enthousiasme de la critique.

"Notre idée a toujours été de filmer des corps dans le paysage ou des corps comme des paysages, déclarent alors (à Libération) les réalisateurs, qui partent ensuite dans les Alpes tourner Peindre ou faire l'amour. Bénéficiant d'un casting haut de gamme (Auteuil, Azéma), ce film hédoniste est présenté en compétition au Festival de Cannes en 2005. Trois ans plus tard, ils reviennent sur leur territoire de prédilection pour un Voyage aux Pyrénées plein d'imprévu et de fantaisie, en compagnie de Sabine Azéma et d'un nouveau venu dans leur univers, Jean-Pierre Darroussin. Le fim est présenté à la Quinzaine des Réalisateurs en 2008.

Il faudra revenir sur les précédents films des frères Larrieu (notamment Peindre ou faire l'amour) mais je commence avec le dernier sorti...

Les derniers jours du monde

Citation :

Alors que s'annonce la fin du monde, Robinson Laborde se remet peu à peu de l'échec d'une aventure sentimentale pour laquelle il s'était décidé à quitter sa femme.
Malgré l'imminence du désastre, et peut-être pour mieux y faire face, il s'élance dans une véritable odyssée amoureuse qui l'entraîne sur les routes de France et d'Espagne.

Vous cherchez le film ovni de l'année? Vous l'avez trouvé! Mon voisin de rangée au cinéma a résumé à sa façon: "Qu'est-ce que c'est que ce gros délire?".

Je vais tenter de dire en quoi ce film m'a beaucoup plu (vraiment!) même s'il est assez périlleux de tenter de le résumer.

Il s'agit donc de l'adaptation de 2 romans de Dominique Noguez que je découvre pour l'occasion :


L'univers est celui d'un certain nombre d'auteurs et de réalisateurs qu'on pourrait appeler "génération divan". A savoir celui d'un langage évoquant la libre association psychanalytique et les jeux de mots ou d'idées lacaniens. Le résultat étant un mélange de surréalisme et de burlesque qui peut tendre vers la poésie. Je dois reconnaitre que c'est un procédé qui m'agace souvent prodigieusement mais il y a quelques perles comme Rien sur Robert de Pascal Bonitzer par exemple. En revanche je déteste les films d'Hélène Fillières qui est ici co-scénariste du film. Je pourrais citer certains films d' Otar Iosseliani , Jeanne Labrune, Raoul Ruiz...

Mais ici, même si cette Odyssée de Robinson Laborde semble obéir à des règles absurdes et burlesques, a priori, et qu'on peut rapidement se sentir extérieur à l'enchainement des situations, il suffit de se laisser emporter par le flux narratif pour y trouver une logique poétique qui correspond aux pulsions et à l'obsession amoureuse du personnage principal. Car l'espèce de road movie auquel on assiste est conditionné par la poursuite obsessionnelle d'une fille androgyne et idéale, rencontrée par hasard sur une plage de Biarritz. Elle se livre puis se dérobe, s'enfuit. Il la retrouve et ainsi de suite...

Sur son chemin des signes de l'apocalypse se précisent. Explosions, épidémies... (images parfois bricolées, parfois impressionnantes). Mais cette approche d'une mort prochaine annoncée libère aussi les inhibitions et autorise toutes les fantaisies sexuelles, les déclarations d'amour les plus insolites...

Alors ce qui me fascine dans ce récit c'est d'abord la beauté des images dans leur étrangeté hyperréaliste, dans un superbe scope aux couleurs lumineuses. Il y a ensuite la découverte successive de lieux et d'atmosphères très contrastés: Biarritz, la féria de Pampelune (scènes de foules hallucinantes), des paysages minéraux du Lot ou d'Espagne...
Il y a le choix des musiques qui me séduit tout particulièrement: à côté de quelques chansons de Léo Ferré on peut entendre des passages du concerto pour la main gauche de Ravel, 2 des interludes marins d'après Peter Grimes de Benjamin Britten, un poème symphonique de Charles Koechlin...

Il y a encore cette liberté de la nudité des corps, de leur désir, des situations insolites. Chapeau à tous ces comédiens (Catherine Frot, Karine Viard, Sergi Lopez, Amalric évidememnt...) qui osent et ce ne doit pas être évident. Sans oublier une hilarante et très brève apparition de Sabine Azéma en blonde gothique irrésistible!

On se retrouve à un moment dans une sorte d'orgie décadente qui évoque Eyes Wide Shut ou on assiste à une course à poil dans les rues de Paris...

Et au milieu de cette fin du monde, la quête d'un amour fou qui permettra d'affronter le chaos avant d'y être emporté dans une extase éblouissante!

Un sacré truc mine de rien et il faut tenter l'aventure.

C'est noté Marko. D'autant qu'Amalric est rarement décevant.
Des Larrieu je n'ai vu que Peindre ou faire l'amour qui surprenait quelque peu, et je vois qu'ils avaient réalisé un voyage dans les Pyrénées avec Azéma et Darroussin...

Babelle a écrit:

C'est noté Marko. D'autant qu'Amalric est rarement décevant.
Des Larrieu je n'ai vu que Peindre ou faire l'amour qui surprenait quelque peu, et je vois qu'ils avaient réalisé un voyage dans les Pyrénées avec Azéma et Darroussin...

Il vaut mieux apprécier Amalric parce qu'il est constamment à l'écran!

J'ai manqué "Un voyage dans les pyrénées", avec Azéma en joyeuse nymphomane, mais même les inconditionnels semblent avoir été déçus. Par contre j'avais beaucoup aimé Peindre ou faire l'amour qui avait déjà un ton très décalé et une approche de la sexualité assez réjouissante!

Ici on est plus que décalé! Mais ça change tellement de ce qu'on voit d'habitude dans le cinéma français que ça fait du bien.

Peindre ou faire l'amour, clic
Le trio Azema, Auteuil, Sergi Lopez y fait beaucoup qui nous permet d'entrer dans une telle aventure...
Amalric a un profil spécial, un jeu assez confidentiel, "tout public" mais rarement décevant et tellement attachant.

Le voyage aux Pyrénées


Alexandre et Aurore sont un "vieux" couple qui ne fait plus l'amour depuis plusieurs années. Elle est prise soudainement d'accès de nymphomanie et il choisit de l'emmener dans les Pyrénées pour calmer ses ardeurs. Le contact avec la nature, la rencontre avec un curieux ours, les effets hallucinatoires d'un champignon et la métamorphose provoquée par la foudre auront des effets salvateurs. Alexandre dans le corps d'Aurore et Aurore dans le corps d'Alexandre retrouveront le désir!

Très mineur à côté des "Derniers jours du monde" sur le plan cinématographique mais tout aussi "libre" au niveau de la narration. Suivant l'humeur on le trouvera très drôle, gentiment loufoque et décalé ou un grand n'importe quoi un peu lassant. Je balance entre les deux. Il y a quand même des scènes surprenantes et souvent amusantes. Sabine Azéma s'en donne à coeur joie dans ce rôle de fofolle libidineuse qui lui va bien!

Une façon originale en tout cas de parler de la perte du désir dans un couple. Pas forcément indispensable mais quand même!

Des fois, on tente, on sait déjà que ça va être pas terrible, mais on essaye, des fois que.


Les derniers jours du reste du monde, Larrieu.

C'est mou.
Même pas drôle.
Même pas bien foutu les 2-3 pauvres effets spéciaux.
L'histoire du mec qui court après un fantasme, c'est CulCul.
L'histoire de la fin du monde fait Plouf.
Tout le monde meurt pour ce brave Robinson (Almaric), et on se demande bien pourquoi.

Citation :

Tout le monde meurt pour ce brave Robinson (Almaric)

Ben, non, tout le monde meurt tout court, non? Mais avant, certains veulent plus vivre que d'autres!
Un film sur le désir,et la soif de vivre, que j'ai trouvé assez jubilatoire, même s'il est un peu long, peut être.Il faut bien sûr aimer Amalric!
C'est vrai, très belle BO, et des images magnifiques de Toulouse!

Marie a écrit:

Citation :

Tout le monde meurt pour ce brave Robinson (Almaric)

Ben, non, tout le monde meurt tout court, non? Mais avant, certains veulent plus vivre que d'autres!

Oups... je me demande s'il ne manquait pas un mot : "Tout le monde meurt d'amour pour ce brave Robinson".

Citation :

Un film sur le désir,et la soif de vivre, que j'ai trouvé assez jubilatoire, même s'il est un peu long, peut être.Il faut bien sûr aimer Amalric!
C'est vrai, très belle BO, et des images magnifiques de Toulouse!

Je suis complètement passée à côté.

L'amour est un crime parfait

Citation :

Professeur de littérature à l’université de Lausanne, Marc a la réputation de collectionner les aventures amoureuses avec ses étudiantes. Quelques jours après la disparition de la plus brillante d’entre elles qui était sa dernière conquête, il rencontre Anna qui cherche à en savoir plus sur sa belle-fille disparue...

A travers cette adaptation d'Incidences de Philippe Djian, les frères Larrieu cherchent à renouveler le genre du thriller sensuel en esquissant dès la première séquence une ambiance trouble et vénéneuse. Ils tombent cependant dans le piège de l'outrance stylistique tant le récit apparait survolé et désincarné : la résolution attendue ne peut alors créer que de l'indifférence avec la sensation d'un vide au service d'un gâchis.
La partition de Mathieu Almaric est impeccable pour incarner un séducteur, un manipulateur dépassé par sa propre personnalité mais la conviction de l'acteur n'est pas suffisante. Sa soeur avec laquelle il entretient une relation fusionnelle et destructrice est jouée maladroitement par Karin Viard uniquement dans l'excès, tandis que Maïwenn et Sara Forestier ne trouvent jamais leur place dans l'édifice. Seul le décor architectural (le Rolex Learning Center de Lausanne) parvient à soutenir l'attention face à l'ennui.

Avadoro a écrit:

Seul le décor architectural (le Rolex Learning Center de Lausanne) parvient à soutenir l'attention face à l'ennui.

Déjà que leurs films précédents me plongeaient dans un sommeil profond... 

Même ressenti qu'Avadoro. J'aime ces réalisateurs mais cette fois je me suis barbé malgré quelques bonnes séquences.

Avadoro a écrit:

A travers cette adaptation d'Incidences de Philippe Djian, les frères Larrieu cherchent à renouveler le genre du thriller sensuel en esquissant dès la première séquence une ambiance trouble et vénéneuse. Ils tombent cependant dans le piège de l'outrance stylistique tant le récit apparait survolé et désincarné : la résolution attendue ne peut alors créer que de l'indifférence avec la sensation d'un vide au service d'un gâchis.

Exactement, tu as fait le point et je ne dirais pas mieux! Je me suis copieusement rasée, seuls les paysages enneigés de la Suisse (et le superbe chalet en bois d' Almaric) m'ont un peu sortie de ma léthargie. Quant à l'université, elle tient à elle seule le devant de la scène avec brio.

Pour le reste c'est zéro pointé. Mais où sont allés se perdre ces bons acteurs? (Almaric mais aussi Karin Viard, Sara Forestier et Maïwenn très bof) C'est d'un plat et d'un vide achevés! Pas de surprises (ou très peu) longueurs, ça frôle le ridicule souvent tant la surcharge de références littéraires, pas toujours subtiles, parait placardée.

Les frères Larrieu ne m'ont pas convaincue, et je ne lirai pas le roman de Djian.

Juste une petite photo du cadre car il le vaut bien, lui!

L'amour est un crime parfait.


Peut-être moins sévère ?

Je ne sais pas.

De jolies images de neige, de montagne, de maison toute en bois, du Rolex Learning Center de Lausanne (je veux y aller !). 
[Ça rappelle, en bien moins réussi, Poupoupidou de Gérald Hustache-Mathieu


Un suspens qui se tient plus ou moins, c'est vrai. Peu de tension, alors qu'il y a des ingrédients pour (Disparition, meurtre ?, histoire d'amour, d'obsession).



Des acteurs que j'ai trouvé en demi-ton, comme effacés, restés en retrait. Leurs personnages on y croit qu'à moitié, comme s'ils étaient esquissés, pas tout à fait terminés.

Pourtant l'imbriquement des relations étranges étaient plutôt intéressantes sur le papier, quand on y pense après coup. La façon dont ils se tournent autour. L’ambiguïté des situations et des sentiments.


Mais ce film reste dans sa torpeur. N'arrive pas à accrocher plus que ça.

J'ai regardé les images défilées, j'ai attendu tranquillement de voir ce qui allait se passer, en m'y désintéressant plus ou moins. Mais sans complètement m'ennuyer non plus.

Pratiquement le même ressenti que Queenie, avec un peu plus d'enthousiasme peut-être.

C'est vrai que je me suis laissée porter par les images et comme je connaissais bien les lieux, j'étais comme aspirée.
Il faut dire que le Léman à lui tout seul et ses paysages montagneux en fond sont assez uniques
Et que dire du Rolex learning center.... à visiter absolument.

A voir les étudiants monter et descendre dans cet escargot imparfait, c'est à la fois reposant et oppressant comme tout ce qui est montré, les trajets sinueux en voiture à la nuit tombante, les promenades en raquette en des lieux étranges et solitaires, l'intérieur tout en bois massif de la maison du prof, tout concourt à donner une impression d'irréalité et de mystère.

Heureusement que la forme est splendide car l'histoire est bancale, avec comme crédit tout de même un dénouement que je n'avais pas vu venir.

Et pareil, j'y ai vu une grande ressemblance avec l'impresison ressentie à la vision de Poupoupidou.
Donc un film pas inoubliable, mais suffisamment bricolé et décoré pour que l'on ne s'ennuie pas.

Queenie a écrit:

J'ai regardé les images défilées, j'ai attendu tranquillement de voir ce qui allait se passer, en m'y désintéressant plus ou moins. Mais sans complètement m'ennuyer non plus.

darkanny a écrit:

C'est vrai que je me suis laissée porter par les images et comme je connaissais bien les lieux, j'étais comme aspirée.
[...]
A voir les étudiants monter et descendre dans cet escargot imparfait, c'est à la fois reposant et oppressant comme tout ce qui est montré, les trajets sinueux en voiture à la nuit tombante, les promenades en raquette en des lieux étranges et solitaires, l'intérieur tout en bois massif de la maison du prof, tout concourt à donner une impression d'irréalité et de mystère.
Heureusement que la forme est splendide car l'histoire est bancale, avec comme crédit tout de même un dénouement que je n'avais pas vu venir.

Je vous rejoins sur ces impressions, j'étais uniquement portée par les images, l'effet de torpeur que peut produire les paysages enneigés, un peu déconnectés du temps. J'étais carrément aseptisée. Ce n'est pas désagréable d'être ainsi bercé, assoupi on peut dire, mais si on attend un dénouement plus pertinent que celui proposé par les Larrieu, on reste quand même sur sa faim.

C'est vrai qu'en me relisant, je suis un peu sévère, mais si la forme séduit le fond reste très mince!