Lecture en commun - Balzac : Le lys dans la vallée

Arabella a écrit:

Qu'un jeune homme se voue à cette situation est surprenant. Autant que la position d'Henriette est compréhensible, et avoir auprès d'elle quelqu'un à qui elle peut se confier est plutôt positif pour elle, elle est dans une situation sans issu, mais Félix se complaît dans quelque chose qu'il ne peut en aucun gérer de façon satisfaisante.

Il est maso, sans doute ? Il prend son plaisir à souffrir (je ne parle pas du lecteur, bien sûr - désolé, pas pu m'en empêcher )
Chaque larme de souffrance est en fait, pour lui, larme de joie.

Ils semblent y prendre plaisir, tous les deux à pleurer. Cela dit, c'est vrai qu'il y a des gens qui aiment ça, et je crois que Félix fait partie de ces personnes. Il aurait pu se mettre à détester sa mère et toute sa famille, et leur faire des crasses en douce, mais à mon avis il préférait pleurer dans sa chambre.
Henriette cela dit on comprend, entre un mari fou et malade et des enfants qui peuvent trépasser à tout moment, il y a de quoi.

Arabella a écrit:

Ils semblent y prendre plaisir, tous les deux à pleurer. Cela dit, c'est vrai qu'il y a des gens qui aiment ça, et je crois que Félix fait partie de ces personnes. Il aurait pu se mettre à détester sa mère et toute sa famille, et leur faire des crasses en douce, mais à mon avis il préférait pleurer dans sa chambre.
Henriette cela dit on comprend, entre un mari fou et malade et des enfants qui peuvent trépasser à tout moment, il y a de quoi.

C'est un roman sur des cas psychiatriques, en fait ?
Le fou (il en tient une sacrée couche, le mari), la dévouée maladive (n'en fait-elle pas un peu trop, dans son dévouement, à l'égard de son mari ?), le pleureur compulsif... Et puis, la mère du narrateur n'est vraiment pas nette non plus.

Félix est quand même un jeune homme très épris, ce qui peut conduire à un comportement excessif... et puis il a un énorme besoin d'être aimé, c'est la première personne qui s'intéresse à lui et comprend sa douleur Henriette lui dit d'ailleurs "nous avons eu la même enfance",ce qui crée un lien supplémentaire.
Si Félix ne se met pas à détester sa famille, c'est qu'il attend - désespérément - un geste de tendresse, d'affection, il y croit malgré toutes les rebuffades.

Tu as une façon un peu extrême d'analyser les personnages eXPie. Des gens qui ne vont pas très bien, il y a en toujours eu et il y a beacoup maitenant. Cela dit Balzac montre aussi dans son livre, comment certains fonctionnements sociaux de son époque font que des gens ne vont pas bien. Par exemple les rapports entre les parents et enfants dans l'aristocratie, marqués par une dépendance totale des enfants, à tous les niveaux, les possbilités de se décharger de leur éducation sur des nourrices, bonnes, ou institutions spécialisées faisaient très certainement que les liens pouvaient être très distants et ne permettaient pas aux enfants de se construire de façon satisfaisante.
Et la toute puissance du père de famille, quelles que soit ses capacités ou incapacités, même s'il est fou, il a en fin de compte tout pouvoir sur la famille. Et l'inexistance du divorce.
Forcement, dans le type de situations que cela provoque, difficile de fonctionner bien.
Et Henriette est un peu pour Félix une sorte de mère idéale, qu'il aurait voulu avoir. Ce n'est pas un cas unique.

krys a écrit:

Félix est quand même un jeune homme très épris, ce qui peut conduire à un comportement excessif... et puis il a un énorme besoin d'être aimé, c'est la première personne qui s'intéresse à lui et comprend sa douleur Henriette lui dit d'ailleurs "nous avons eu la même enfance",ce qui crée un lien supplémentaire.
Si Félix ne se met pas à détester sa famille, c'est qu'il attend - désespérément - un geste de tendresse, d'affection, il y croit malgré toutes les rebuffades.

On peut se dire que sa relation avec son Lys adoré remonte à son enfance : n'ayant pas eu de vraie mère, il s'en est trouvé une autre. Sans donner dans le freudisme, bien sûr (mais tous les problèmes viennent de la mère : trop d'amour ou pas assez d'amour, c'est bien connu).
Dans le cas qui nous intéresse, l'amour de Félix serait donc non pas un "vrai" amour, mais une recherche de la Mère.

C'est super profond, comme livre, finalement.

Evidemment qu'Henriette éveille quelque chose du rapport à sa mère à Félix, quelque chose qu'il est loin d'avoir réglé. Mais encore une fois, pourquoi cela te dérange à ce point ? C'est en effet relativement banal, mais pour autant ce n'est pas moins juste. Compte tenu du type de relations qu'il a eu avec sa mère, il aurait été plus que surprenant que Félix ne transfère pas quelque chose dans ses relations amoureuses.

Arabella a écrit:

Et Henriette est un peu pour Félix une sorte de mère idéale, qu'il aurait voulu avoir. Ce n'est pas un cas unique.

C'est une interprétation du Lys (le transfert maternel) que l'on retrouve souvent dans les analyses de ce roman, enfin je crois. Le film dont je parlais fait assez ressortir cet aspect, avec une Henriette plus femme mûre que dans le roman. J'aimerais bien le revoir d'ailleurs.
Je suis plutôt d'accord avec Arabella. Bien sûr tous ces transports peuvent sembler un chouya excessifs (surtout à nos yeux blasés de lecteurs modernes) mais je ne trouve pas ces personnages si improbables dans leurs excès. Les pleurnicheries et l'auto-apitoiement de Félix sont un mécanisme de défense qui ne sonne pas si faux.

Arabella a écrit:

Evidemment qu'Henriette éveille quelque chose du rapport à sa mère à Félix, quelque chose qu'il est loin d'avoir réglé. Mais encore une fois, pourquoi cela te dérange à ce point ? C'est en effet relativement banal, mais pour autant ce n'est pas moins juste. Compte tenu du type de relations qu'il a eu avec sa mère, il aurait été plus que surprenant que Félix ne transfère pas quelque chose dans ses relations amoureuses.

Cela ne me dérange pas. La relation homme jeune-femme plus âgée (qui lui explique la vie) est même quelque chose qui de très courant dans l'oeuvre de Balzac (pour autant que je puisse en parler comme ça, sans en avoir lu beaucoup), et puis dans sa vie à lui aussi.

Oui, en effet les rapports jeune homme -femme plus âgée revient régulièrement dans l'oeuvre de Balzac. Cela dit femme plus âgé est très relatif, une femme de 30 ans est une matrone dans la société de l'époque de Balzac. Dans les mariages de ses livres, le mari est en général beaucoup plus âgé que sa femme. Comme le comte du Lys. Et cela paraît parfaitement normal à tout le monde.

Arabella a écrit:

Oui, en effet les rapports jeune homme -femme plus âgée revient régulièrement dans l'oeuvre de Balzac. Cela dit femme plus âgé est très relatif, une femme de 30 ans est une matrone dans la société de l'époque de Balzac. Dans les mariages de ses livres, le mari est en général beaucoup plus âgé que sa femme. Comme le comte du Lys. Et cela paraît parfaitement normal à tout le monde.

Ah, heureusement, les choses changent maintenant ! Les actrices hollywoodiennes, par exemple (Demi Moore, entre autres) ont leur toy boy...

Je n'ai lu que 85 pages, mais je crois qu'il faut se replacer à cette époque pour comprendre les tourments de Félix. Les amours platoniques sont bien le fait des jeunes hommes et malgré ses 20 ans il n'a pas eu d'approche sentimentale avant Henriette.

Sublimer l'amour par la souffrance celà aussi me semble courant dans le romantisme, Félix est stoïque, non ?

Peut-être aussi Balzac met-il en scène la vie et les idées de l'aristocratie en cette période de l'histoire. Nous voyons que la mère de la comtesse, la Duchesse de Lenoncourt et le comte de Mortsauf récupère de leurs biens perdus.

la Comtesse :

"Vous avez sucé dans vos lycées le lait de la révolution, et vos idées politiques euvent s'en ressentir, mais en avançant dans la vie, vous apprendrez combien les principes de liberté mal définis sont impuissants à créer le bonheur des peuples."

je vais continuer ce soir.

Mais votre livre est-il partagé en plusieurs parties ? dans le tome que j'ai en main (tome IX de la Comédie Humaine) non.

Comme bédou, je continue ma lecture de la première partie ce soir!
Je constate qu'eXPie s'en donne à coeur joie

Bédoulène a écrit:

Mais votre livre est-il partagé en plusieurs parties ? dans le tome que j'ai en main (tome IX de la Comédie Humaine) non.

Dans mon exemplaire ce n'est pas non plus divisé en parties.

Bédoulène a écrit:

Mais votre livre est-il partagé en plusieurs parties ? dans le tome que j'ai en main (tome IX de la Comédie Humaine) non.

Un petit peu partagé, mais pas beaucoup (édition folio) :
A Madame la comtesse Natalie de Manerville (2pages)
I. Les deux enfants (80 pages)
II. Les Premières amours (120 pages)
III Les deux femmes (105 pages)
A monsieur le comte de Vandenesse (6 pages)

Je suppose que c'est la même chose dans la Pléiade ?