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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
Littérature, forum littéraire : passion, imaginaire, partage et liberté. Ce forum livre l’émotion littéraire. Parlez d’écrivains, du plaisir livres, de littérature : romans, poèmes…ou d’arts…
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: Giovanni Arpino [Italie] Dim 20 Nov 2011 - 9:22
par contre le film de Dino Risi qui prend une bonne dose de libertés et se passe à Venise et donne de bons morceaux de Catherine Deneuve et Vittorio Gassman est assez motivant. j'essaierai d'y revenir sur un fil plus adéquat.
tom léo Sage de la littérature
Messages : 2698 Inscription le : 06/08/2008 Age : 61 Localisation : Bourgogne
Sujet: Le Pas de l'adieu Dim 10 Juin 2012 - 14:55
Le Pas de l'adieu
Original: Passo d'addio (Italienisch, 1986)
CONTENU : Turin, autour des années 80 : Comme tous les dimanches, le professeur de mathématiques Giovanni Bertola reçoit la visite de son ancien élève, Carlo Meroni. Les deux hommes se lancent dans une partie d’échecs et discutent de science, de philosophie, du sens de la vie…
En réalité, le professeur n’attend qu’une chose : que son jeune ami Carlo l’aide à hâter la venue de « Madame Requiem ». Le vieil homme a tout préparé : testament et seringue. Mais Meroni ne cesse de se dérober. Jusqu’au jour où l’arrivée d’une jeune femme, Ginetta, stupéfiante d’aisance, va bousculer leur jeu…
À travers la confrontation d’un professeur, de son ancien élève et d’une jeune femme effrontée, Giovanni Arpino dresse un tableau impitoyable du monde et de la nature humaine. Un roman crépusculaire servi par une prose nerveuse, tendue, ciselée. (Source : amazon)
REMARQUES : Le livre m'a laissé un peu confus, perplexe : il a beaucoup pour plaire. Une certaine facilité d'écriture, un sujet intéressant, un début autour de la place de la science (et son rôle pour ces scientifiques éminents), quelques personnages « bizarres »... On pourrait ramener le sujet pricipale sur la question de l'Euthanasie, mais – première remarque – il n'y a pour ainsi dire jamais de discussion là autour en ce qui concerne sa justification. Cela semble d'aller en soi sauf que, oui, sauf qu'il faudrait, dans le refus du concerné lui-même de s'administrer lui-même la mort, une aide determiné. Que l'heureux élu n'en semble pas capable est moins du a des remords et questions intérieurs qu'à une hésitation certaine, bref, juste un manque de couillon.
Oh, la forte Ginetta va remedier ! Il est vrai qu'il y aura une scène splendide (le sublime et le grotesque se cotoient) où elle est seule capable de donner la consolation voulue. Ce qui n'empêchera pas qu'il n'y a pas trop de doutes à avoir pour donner le coup de grâce.
Même les personnages des soeurs-jumelles en attente (justement : en attente passive et rapace) se révèlent être mues par une forte dépréciation de leur locataire dès qu'il ne peut plus se mouvoir : du « Professore » il deviendra un simple Monsieur. Et on attend l'action, l'intervention de Meroni, le lâche, et pas seulement ça : mais aussi un incapable à aimer. Et, coté jumelles, on attend une reception sûre (car on a déjà bien regardé le testament caché) de l'héritage.
Bref, pas reluisant comme description du genre humain et de la dignité de mourir. Bien sûr je suis influencé par mon extrême scepticisme face aux facilités avec laquelle notre societé range l'acte du suicide (assisté) dans les grands valeurs en mode. Mais cela n'explique pas toutes les imperfections dans le traitement d'une question si grave...
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Giovanni Arpino [Italie] Ven 5 Avr 2013 - 22:57
Parfum de Femme. (Il buio e il miele, 1969). Traduit de l'italien par Nathalie Bauer. 10/18. 190 pages.
Le narrateur est un jeune soldat. Au début, il sonne à une porte. Une vieille femme ouvre.
Citation :
"« Je suis sa tante, se décida-t-elle à dire en baissant le ton. Il prétend que je ne suis qu'une cousine, mais je suis plutôt une tante, et davantage encore, car qui a soigné sa pauvre maman jusqu'au dernier instant ? Moi. Heureusement, elle est partie avant de souffrir les pires peines. Tout a été si difficile, personne ne peut se l'imaginer. Jusqu'au jour de l'accident, je le connaissais peu. Toujours en vadrouille à travers le monde, pensionnats, académies militaires, casernes. Ensuite, j'ai dû m'occuper de lui. À l'évidence, c'est le destin qui le voulait dans le Ciel. Et cela fait maintenant neuf ans, voyez-vous. [...] Aujourd'hui, ce n'est rien, mais au début : oh, je ne veux même pas m'en souvenir. Un jeune homme comme lui... perdre la vue et une main. [..] Pendant les manoeuvres, en jouant avec une bombe. Je dis bien en jouant, car à quoi riment ces manoeuvres aujourd'hui ? [...] - Mon commandant m'a expliqué », dis-je." (page 9).
Le narrateur remplace un autre militaire au pied levé, et va accompagner l'aveugle estropié, capitaine de son état, à Gênes, Rome et Naples.
Le capitaine est désagréable. C'est bien sûr une façon de repousser toute pitié.
Citation :
"« Je t'appellerai Ciccio. Ça te plaît ? Je vous ai toujours appelés comme ça. Ça ne te plaît pas ? Tu as l'impression que c'est un nom de chien ?" (page 12). "« Tu marches ? Tu sais marcher ? J'ai eu un certain Ciccio, l'année dernière, qui en était totalement incapable. Une nullité. Au bout d'une heure, il soufflait déjà. Et moi, j'ai un grand besoin de marcher. J'épuiserais un cheval. Vous autres, vous croyez savoir bouger, mais une fois mis à l'épreuve, vous faites vraiment peine à voir, dit-il en riant encore dans un nuage de fumée. - Je marche, oui. À la caserne... - Pas de crétinerie de caserne ! coupa-t-il, la main levée." (page 13).
Le narrateur est un jeune homme bien élevé. Du coup, le capitaine :
Citation :
"Tu réfléchis, ergo, tu emmerdes. Il vaudrait mieux que tu aies une case en moins, dit-il avec un ricanement sec. J'aurais préféré l'analphabète de service, ou même le type bizarre." (page 47).
Plus loin :
Citation :
"« Pauvre crétin. J'ai mille pensées d'avance sur toi. Fais donc attention." (page 50)
Le capitaine est un peu obsédé, un peu misogyne/machiste ("Elle devait être très laide pour avoir autant de patience.", page 90).
À un moment, le capitaine explicite un peu sa façon de voir le monde : "Le petit poisson nage vite, trop de petits poissons réunis attirent les filets.
Citation :
"- Et pourtant, je les envie, les autres. Unis, ils se tiennent compagnie, c'est du moins ce qui me semble. - Semble. Justement. Ce n'est que l'apparence. » Il se frotta vigoureusement le nez de haut en bas. « Les mulets vivent bien entre eux. Pas le cheval pur-sang. Oui, ce monde est de plus en plus destiné aux mulets. Les gens crient tous les mêmes choses." (page 180).
Le narrateur finit par dire à quelqu'un, en parlant du capitaine :
Citation :
"- Ce qui m'étonne, c'est que tout le monde le laisse faire. Nous le laissons libre de tout. Jamais la moindre protestation." (page 117).
Objectivement, ce devrait être un bon livre. Mais il manque un élément très important, essentiel : tout le monde est fasciné par le capitaine estropié et aveugle... mais pas le lecteur (pas moi, donc, en l'occurrence). Il manque quelque chose à ce capitaine, pour qu'on s'intéresse vraiment à lui. Il est désagréable, d'accord, mais sous ces apparences, il a un petit coeur qui bat, tout ça... On voit son désespoir, mais on ne le ressent pas vraiment.
Le film de Dino Risi (Profumo di donna, 1974) lui est finalement supérieur, grâce à Dino Risi, bien sûr, mais aussi (et surtout ?) grâce à Vittorio Gassman, qui arrive à incarner et à donner au capitaine une profondeur qui n'est - à mon avis - pas perceptible dans le livre.
Oublions le film avec Al Pacino (Le temps d'un week-end, Scent of a Woman, 1992, film de Martin Brest), pour lequel il a remporté un oscar - le seul de sa carrière... et pour ce film médiocre... c'est triste. Mais ce n'est pas la première fois qu'un grand acteur reçoit ainsi un oscar de rattrapage.