Mary et Max [Adam Elliot]

eXPie a écrit:

Le film aurait été moins humain avec des acteurs

Je n'imagine pas ce film avec des acteurs humains, non pas parce que cela le rendrait moins humain, mais parce qu'il serait vraiment trop violent, sinistre et noir. La pâte à modeler ne change rien au côté noir, mais elle introduit une espèce de légèreté je trouve...

eXPie a écrit:

Je crois que c'est dans le Masque et la Plume que quelqu'un disait que le film était plus fort avec de la pâte à modeler qu'il ne l'aurait été avec des "vrais" acteurs, parce qu'avec des acteurs en chair et en os, on voit l'acteur.
Alors que là, on peut plus se projeter soi-même.
Quelque chose comme ça.
Le film aurait été moins humain avec des acteurs (ça fait quand même vachement phrase sentencieuse).

On verrait peut-être davantage certains stéréotypes que l'animation gomme par l'univers graphique qu'elle apporte. Notamment avec les personnages secondaires qui me plaisent bien mais qui sont plus convenus (ok avec Queenie même si j'ai écrit un truc un peu à l'opposé. Je nuance donc! ). L'agoraphobe forcément très agoraphobe mais héroïque (j'adore!), le copain gay de Mary et son copain très "Brokeback Mountain", la tante alcoolique peinturlurée très peinturlurée... Mais ça fonctionne et je reste très fan du clochard au pied de l'immeuble.

Vraiment bien ce film.

Spoiler:

D'accord avec Li , cette pâte à modeler , en accentuant encore la distorsion tant mentale que physique des personnages , rend quelquefois risibles sans jamais être grotesques ces créatures .
En fait on balance sans cesse entre drôlerie et émotion , l'humour est toujours teinté de tristesse et vice versa , c'est un des grans atouts de ce film que je me refuse à voir comme un emblème de tristesse et de désespoir.

darkanny a écrit:

c'est un des grans atouts de ce film que je me refuse à voir comme un emblème de tristesse et de désespoir.

D'autant que la vie de ces personnages n'est pas que noirceur. Et dans son autisme Max aura vécu des beaux moments avec son amie "virtuelle" dont il n'aurait peut-être pas supporté la présence réelle.

tout juste

darkanny a écrit:

[...]
En fait on balance sans cesse entre drôlerie et émotion , l'humour est toujours teinté de tristesse et vice versa , c'est un des grans atouts de ce film que je me refuse à voir comme un emblème de tristesse et de désespoir.

Chais pas si c'est pour ce que j'ai écrit sur le film, mais je fais tout comme.

Je ne décrirais pas Mary et Max comme un emblème de tristesse et de désespoir, juste qu'il n'apporte pas d'espoir, d'illusion. En gros, je trouve qu'il véhicule plus l'idée de vivre le moment présent, d'essayer d'affronter chaque jour les obstacles plutôt que de les éviter, mais sans vraiment croire que ça peut rendre la vie plus belle, juste qu'elle a aussi de bons moments.
Mary et Max, on en sort pas en se disant : leur vie était toute nase, mais ils sont su tellement bien la rendre super belle.
Je trouve qu'on se dit plus : leur vie était et est toute nase, mais ils arrivent à y voir les petites choses qui la rendent "intéressante". A vivre.


Pour le côté pâte à modeler, je vous rejoins : ça permet un ton plus léger, plus enfantin, ça permet de foncer tête dans la caricature pour faire sourire.

Et en plus... difficile de trouver des acteurs gamins crédibles, et des acteurs qui savent jouer le "handicap" mental sans tomber dans le too much.
Et puis, de toute façon, j'aime les trucs en pâte à modeler.

J'en ressors, et j'ai, comme vous tous, été toute chamboulée par ce long-métrage !
je rejoins vos avis, mais j'ai ressenti au contraire de l'espoir dans ce film...
La vie quotidienne, "naze", se trouve teintée de moments de bonheur par cette correspondance, cette amitié.
Finalement, cette histoire, c'est un peu notre histoire à tous...
On rencontre des gens qui nous aide à nous construire, qui partent, parfois reviennent.
C'est aussi la relation que nous avons avec nous même, se battre contre des peurs (l'agoraphobe), affronter des problèmes, des crises dans notre existence. Et réussir... Ou non.
Finalement, ce qu'on nous montre, c'est la vie. Vue par deux cas particuliers certes, mais la vie tout de même...
peut-être que je suis à côté de la plaque ^^ mais c'est de cette façon que j'ai ressenti au premier abord ce film.

La pâte à modeler est vraiment un plus dans la réalisation, tout à fait d'accord avec tout ce que vous avez dit avant !

Bon.. c'est une petite merveille comme le dit Darkanny .
Quel que soit votre âge, achetez-le, offrez-le, volez-le si besoin , mais voyez-le!!!

je rejoins les avis chouettes. et la pâte à modeler c'est une vraie bonne invention contrairement aux images de synthèses. avec des vrais bouts de décors extras. et Mary est toute mimi. j'avais oublié vos avis et je ne m'attendais pas à cette échelle du temps avec de nombreuses années et Mary qui devient une femme et tout et tout.

c'est une espèce d'histoire gravement émouvante et à la marge. que ce soit Max ou le voisin d'en face de Mary ou Mary dans son enfance et ce qu'elle en conserve, son parcours... on échappe au rentrer dans le moule des personnages ou de l'histoire qui ne se termine pas vraiment en happy end invulnérable. Ils ont tout ce qu'ils se trainent ces gens et sans que ce soit embelli ou "rendu charmant" pour dédramatiser (ou pire, ça arrive avec la guimauve), c'est juste dans les images un peu tordus et toutes les petites bestioles déglinguées qui grouillent tout partout. c'est aussi le poids de la marge qu'ils se trainent... sans les empêcher d'avoir leur humanité très vraie.

et le film prend le risque casse gueule de prendre comme fil quelque chose qui n'est pas dans l'individu, ni dans la famille, ni dans la love story, ni même dans une amitié.

faut ptet éviter d'être trop déprimé quand même avant de le voir ?

Du marron pour l’Australie, du noir pour New-York. C’est au milieu de ces nuances très sombres qu’évolue l’amitié épistolaire de Mary et de Max –d’abord figurines de pâte à modeler avant de devenir personnages à part entière.


Dans le style faussement enfantin qui mêle voix de Calimero, accumulation de détails et de manies fantasques ainsi qu’univers de l’entertainment proposé sous son aspect le plus onirique, Mary and Max rappelle immédiatement les films d’animation de Tim Burton. Mais il y a quelque chose de différent… Si Tim Burton convoque le fantastique et la poésie des situations –tout comme Adam Elliot-, les personnages restent souvent des âmes solitaires tournées vers elles-mêmes et elles ne réussissent que très rarement à se nourrir de leur environnement immédiat. Le processus à l’œuvre dans Mary and Max semble opposé : au milieu de situations ternes et déprimantes, les personnages parviennent à survivre –tant bien que mal- grâce à leur aptitude à transcender la réalité en une matière vouée à la rêverie. Tout n’est pas idéal pour autant : si Mary, lorsqu’elle est enfant, parvient à survivre au milieu de l’environnement pathogène dans lequel elle évolue, c’est parce qu’elle se détourne de la réalité par le biais des personnages de son dessins animé préféré –les Noblets-, de son poulet domestique, de ses boîtes de lait concentré sucré et surtout de sa correspondance avec Max. En revanche, sa mère a choisi des remèdes moins salvateurs et s’enivre à outrance au sherry, tandis que son père s’enferme dans une passion macabre pour les oiseaux empaillés.



Le cas de Max est particulier. Atteint par le syndrome d’Asperger, il vit surtout seul avec lui-même et ne semble pas du tout réceptif aux tentatives de communication que lui adressent ses semblables. La communication écrite semble un meilleur moyen pour lui d’accéder à ses émotions. C’est pourquoi la correspondance qu’il établit avec Mary transforme sa manière d’appréhender la vie. Dans l’absolu, cet échange de lettres n’apporte rien d’extraordinaire : des envois de chocolat, de photos, de récits, de questions, la découverte du lait concentré sucré… mais le talent d’Adam Elliot est d’exacerber ces preuves d’amitié et de les transformer en éléments moteurs de l’existence.


Au-delà de l’histoire d’une banale amitié tissée par correspondance, la philosophie de vie singulière d’Adam Elliot s’affirme au fil des minutes… Las du pessimisme facile dans lequel il aurait été presque évident de sombrer, les personnages illustrent au contraire une certaine forme de résilience dont tout à chacun fait preuve au quotidien. Il en résulte un sentiment de justesse de ton et de propos surprenant pour un film d’animation.


Je n’ai pas eu le sentiment de convoler entre rires et larmes mais je suis cependant restée admirative devant l’histoire de Mary and Max qui, bien que cruelle, ne peut empêcher de susciter le respect pour la vie et ses passions humaines.

Marko a écrit:

J'ai lu qu'Adam Elliot s'était inspiré du travail de Diane Arbus, notamment dans le cadrage, la mise en espace et par le regard lucide et généreux porté sur ces êtres différents ainsi que sur l'univers dans lequel ils évoluent. `

Pas bête la référence... et du coup, ça me semble évident !

Citation :

Et un film qui ne dit pas qu'il faut se mettre au régime et renoncer à manger du chocolat ça fait du bien!

J'étais quand même éblouie par ce pouvoir de la fiction qui permet aux chocolats de voyager par la poste sans arriver émiettés ou fondus... !

eXPie a écrit:

Je crois que c'est dans le Masque et la Plume que quelqu'un disait que le film était plus fort avec de la pâte à modeler qu'il ne l'aurait été avec des "vrais" acteurs, parce qu'avec des acteurs en chair et en os, on voit l'acteur.

Et parce que certains passages du film auraient été irréalisables avec des acteurs ! Comment aurait-on pu les faire vieillir sur vingt ans de manière crédible ? Comment aurait été représentée le "relooking" que subit Mary lors de l'apogée de son accomplissement personnel ?

animal a écrit:

faut ptet éviter d'être trop déprimé quand même avant de le voir ?

Oui, quand même.