Joyce Carol Oates

coline a écrit:

La fille du fossoyeur (exellent!) vient de sortir en Points.

Au sortir de chez Milena Agus, retour chez Joyce Carol Oates avec La Fille du fossoyeur.

Plongée directe dans l'espace vital de Rebecca Tignor. Les deux 1ères pages transcrites plus haut par Coline contiennent déjà l'annonce d'une construction à venir, en épinglant les émotions (négatives) liées aux réminiscences du passé, et tout cela sur la chaîne de travail bien présente. Encore une fois je suis surprise de la proximité qu'on éprouve si vite avec le personnage. Avec le milieu (société, origines familiales) qu'il a traversé.

shanidar a écrit:

Le triomphe du singe-araignée publié en 1976, traduit en français par Claro (2010).

Je n'avais pas remarqué que ce roman était traduit par Claro, le génial traducteur de certains Pynchon, Vollmann, Selby... D'habitude Oates est (formidablement) traduite par Claude Seban depuis pas mal d'années. Une raison de plus pour le lire. Le thème rappelle un peu celui de Zombi où elle plongeait déjà dans la tête d'un tueur en série psychotique. Elle est vraiment très douée pour nous faire vivre à l'intérieur de n'importe quel personnage.

colimasson a écrit:

shanidar a écrit:

Le triomphe du singe-araignée publié en 1976, traduit en français par Claro (2010).

C'est parti, je note dans ma LAL

pareil

Citation :

Voilà exactement le livre de Oates que j'attendais, percutant, ébouriffant, incisif, rapide, plein de sang et de furie, d'une rage puissante, d'une écriture qui se met en danger. Bravo !

Wa, Shanidar a encore frappé!
Je l'avais reluqué (j'aime cette maison d'édition, en plus) mais aucun com jusqu'ici.
Merci pour le tien, je vais donc succomber sans remords...

C'est effectivement très tentant

Sur les conseils de shanidar, j'ai emprunté Le triomphe du singe-araignée à la bibliothèque. Premier livre de J.C. Oates que je lis...

Celui-ci me laisse une impression étrange. Le texte est court mais très dense, il faudrait certainement que je revienne dessus plusieurs fois pour le comprendre à fond. J'aime beaucoup le mélange des styles, surtout au début, mêlant récit à la 1e personne, point de vue du Tribunal, interviews, poèmes...
D'ailleurs, j'ai eu un vrai coup de foudre pour les poèmes...

Citation :

Le Train

un train électrique de la taille d’un vrai train
attendait dans le noir dans un champ
la température des deux côtés de la vitre était de 0°
mais les passagers poussaient quand même des cris
pour sortir
ils martelaient les carreaux
alors je suis sorti avec une hache de pompier
pour briser les vitres et les libérer
mais la hache m’a échappé des mains et s’est envolée dans la nuit
et quand elle m’est revenue elle était pleine de sang
et il y avait des cheveux dessus

cela m’a appris la patience
et à attendre dans le noir

Citation :

Le Cocon

je dormais dans le cocon
étiré au point d’occuper la taille exacte du cocon
un mètre soixante et onze
je dormais là parfaitement heureux
quand l’alarme sonna
mes frères adoptifs sont accourus dans la chambre
mon père adoptif m’a empoigné par les chevilles
je lui ai crié de ne pas me tirer ainsi en arrière
mais il a ri et dit : « C’est l’heure de se lever ! »
ils ont tous ri et m’ont traîné à reculons
hors du cocon

et quand vous êtes ainsi tiré en arrière
l’intérieur du cocon se change en rasoirs
même vos yeux s’enfoncent dans votre crâne
et quand votre tête est dégagée
votre cerveau suffoque
mais vous vous habillez quand même
et vous allez quand même à l’école
en espérant que personne ne remarquera

Citation :

Le blues de la chaîne alimentaire

quand vous êtes à l’intérieur du paquet
vous ne pouvez pas lire la mention dessus
ni la Date de Péremption magique
après laquelle vous deviendrez
non hygiénique

J'ai lu que cette écrivain avait écrit une quantité impressionnante d'oeuvres. Existe-t-il des recueils de ses poèmes ? J'aimerais bien en découvrir d'autres dans ce genre...

Absolument d'accord avec ton commmentaire Colimasson, Le triomphe du singe-araignée est un vrai labyrinthe formel mais très bien construit, à la fois ludique et perturbant. Et le fait que l'on ne sache pas toujours où, quand, comment, qui parle, apporte une véracité supplémentaire au propre dérèglement du personnage.

C'est vrai. L'esprit du personnage est à l'image du bouquin... tordu, il part dans tous les sens, on a du mal à le suivre... Un peu mythomane aussi puisque, si j'ai bien compris, les sentences du Tribunal sont en fait ce que Bobbie imagine que le Tribunal pourrait dire si la séance avait bel et bien lieu...
Une lecture n'est vraiment pas suffisante pour tout comprendre...

Shanidar, tu as déjà lu d'autres livres de Oates ?

colimasson a écrit:

C'est vrai. L'esprit du personnage est à l'image du bouquin... tordu, il part dans tous les sens, on a du mal à le suivre... Un peu mythomane aussi puisque, si j'ai bien compris, les sentences du Tribunal sont en fait ce que Bobbie imagine que le Tribunal pourrait dire si la séance avait bel et bien lieu...
Une lecture n'est vraiment pas suffisante pour tout comprendre...

Shanidar, tu as déjà lu d'autres livres de Oates ?

yep ! Blonde et Confessions d'un gang de filles mais ni l'un ni l'autre ne m'ont convaincue... je pense poursuivre cependant avec En eau(x) trouble(s) (pardon je n'arrive pas à me souvenir de l'orthographe exacte du titre... brr... le froid sans doute), car les commentaires correspondent à ce que j'ai envie de lire de JCO...

Tu veux parler de Reflets en eau trouble ?

Ca a l'air d'être orienté politique comme bouquin non ?

colimasson a écrit:

Tu veux parler de Reflets en eau trouble ?

Ca a l'air d'être orienté politique comme bouquin non ?

Non, Colimasson, pas du tout politique même si l'un des personnages est un politicien très en vue et que cela compte dans l'histoire, je te rassure, ce n'est pas politisé du tout.
Ce livre est une petite merveille (mais j'ai dû le dire déjà )

colimasson a écrit:

Tu veux parler de Reflets en eau trouble ?

Ca a l'air d'être orienté politique comme bouquin non ?

ah bon, je croyais que c'était plutôt du côté mauvaise graine et 'serial killer' ?

shanidar a écrit:

ah bon, je croyais que c'était plutôt du côté mauvaise graine et 'serial killer' ?

ah non, surtout pas.. basé sur une histoire vraie elle en a fait, je me joins à Epi, une petite merveille

Reflets en eau trop trouble, j' en ai parlé le 7 novembre...

Pour une fois que j' en dis plutot du bien de JCO !

Tout le monde a l'air unanime sur Reflets en eau trouble... C'est le bouquin qui réunit les adeptes et les non-adeptes de J.C. Oates on dirait ?

Voici le résumé qui m'a fait dire qu'il avait l'air plutôt politisé :

Citation :

Reflets en eau trouble se veut une parabole sans concession de la décadence du personnel politique américain de la fin des Trente Glorieuses. La prolifique Joyce Carol Oates s’inspire en l’occurrence d’un fait divers tragique de l’été 1969 ayant impliqué le sénateur Edward Kennedy, le frère cadet de JFK. Rentrant particulièrement aviné d’une soirée privée sur l’île de Chappaquiddick, le jeune loup politique perdit le contrôle de sa voiture, laquelle finit sa course dans un cours d’eau. Si le congressiste parvint à s’extirper du véhicule et à gagner la rive sain et sauf, son amante du jour périt noyée. Ce dramatique accident défraya la chronique judiciaire durant des mois dans la mesure où l’enquête établit qu’Edward Kennedy abandonna lâchement sa jeune passagère à une mort certaine. Plus grave: il mit des heures avant d’appeler la police, non sans avoir auparavant contacté son avocat… Le verdict du procès suscita également une tempête d’indignation dans le pays: l’ambitieux sénateur ne fut finalement condamné qu’à deux mois de prison avec sursis, pour délit de fuite. Edward Kennedy traîna toutefois cette affaire comme un boulet durant le reste de sa carrière politique et vit définitivement partir en fumée ses rêves de Maison Blanche…

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