| Parfum de livres… parfum d’ailleurs Littérature, forum littéraire : passion, imaginaire, partage et liberté. Ce forum livre l’émotion littéraire. Parlez d’écrivains, du plaisir livres, de littérature : romans, poèmes…ou d’arts… |
|
| Charles Juliet | |
| | Auteur | Message |
---|
coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Charles Juliet Ven 20 Avr 2007 - 21:28 | |
| L'opulence de la nuitPeut-être faut-il avoir lu Lambeaux et en savoir ainsi un peu sur le parcours de Charles Juliet pour vraiment apprécier la poésie de cet auteur, intimement liée à son autobiographie, à son chemin. Elle est d'une si grande simplicité qu'on pourrait ne pas la remarquer...pourtant de grands poètes s'y sont intéressés... Voici le dernier poème de L'opulence de la nuit...il reprend tout... "Un jour ma barque s'est détachée s'est éloignée du port et sans que je m'en sois rendu compte poussé par le vent j'ai dérivé longuement dérivé A me découvrir seul loin de mes semblables j'étais dévoré d'angoisse Mon unique désir était de revenir parmi eux là où était ma place D'autant que mon embarcation prenait l'eau ou bien était-ce moi qui déjà me fissurais me délabrais Je n'avais plus la force de ramer de diriger ma barque N'allais-je pas sombrer Je ne me sentais pas de taille à affronter les tempêtes que j'aurais à essuyer Je me rebellais...voulais retrouver la quiétude de ma vie d'avant mais il ne m'était pas possible de maîtriser ma dérive et j'ai dû abandonner A plusieurs reprises ma frêle embarcation a chaviré Tout ce qu'elle contenait livres savoir possessions diverses tout est passé par le fond Je ne pouvais intervenir ne pouvais que me laisser emporter par cette navigation aveugle Je suis parfois resté encalminé mais le plus souvent j'ai été pris dans d'âpres bourrasques Un jour mon esquif s'est disloqué et force m'a été de lâcher prise de consentir à disparaître Alors des courants m'ont poussé porté puis déposé sur une plage Une lumièred'aurore inondait l'oasis où j'allais maintenant vivre | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Charles Juliet Ven 18 Mai 2007 - 17:36 | |
| Jean Pierre Siméon a publié, aux Editions Jean Michel Place Poésie, "La conquête dans l'obscur", une analyse de la poésie de Charles Juliet.
Il dit avoir employé la méthode lacunaire, qui procède par approches successives, qui ne cherche surtout pas à combler mais s'en tient à ce qui pourrait être les traits essentiels, comme faisait, paraît-il Giacometti dessinant, traçant, par réitérations et retouches, les lignes de gravité d'un visage. Cela peut-être: après un affût qu'on voudrait intense et intègre, dessiner le visage de l'oeuvre." (Jean Pierre Siméon)
Jean Pierre Siméon, poète, romancier et auteur de théâtre est le Président de l'Association du Printemps des Poètes.
"Je ne connaîs pas d'oeuvre plus univoque que celle de Charles Juliet. Elle n'a qu'un objet: l'élucidation de soi, la mise à nu et à jour d'une vérité intérieure, lointaine, enfouie, perdue. Elle n'a qu'un moyen: éliminer le moi, ses leurres dérisoires, sa vanité et son anecdote, par l'écriture aiguisée comme un scalpel, justement incisive. Elle n'a qu'une visée: trouver la source, la paix des origines-qui est lumière, "tiédeur des eaux", réconciliation." (Jean Pierre Siméon) | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Charles Juliet Mer 20 Juin 2007 - 16:04 | |
| La mère dans les poèmes de Charles Juliet. "Au commencement est la perte, violente, irréparable. Pour tous: cet arrachement à l'eden de la vie intra-utérine. Tiédeur des eaux, oui, rondeur, chaux murmure de la voix qu'on aime. Mais on sait que pour Juliet cette douleur primordiale est doublée d'une seconde, plus irrévocable encore: à trois mois, il est dépossédé de sa mère, dépressive, internée dans un hôpital psychiatrique où elle mourra bientôt.[...] De cette coupure, cette béance, il portera désormais la souffrance.[...] Un "sac de larmes". Le voilà sevré de la fusion extrême, du lait des origines, en "terre froide". Et pour toujours hanté d'une soif inextinguible.[...]Rares sont les poèmes qui ne font pas entendre l'écho de cette famine au désert." (Jean Pierre Siméon. Charles Juliet, la conquête dans l'obscur) La tiédeur des eaux les coups sourds d'un coeur qui bat le murmure discontinu et étouffé d'une voix qui rompt le silence se mêle aux bruits comme lointains d'une machinerie travaillant à maintenir les conditions nécessaires de la vie perfection jouissance extase sensorielle tout besoin satisfait avant même d'avoir été éprouvé puis un jour compression souffrances et parfois souffrances aggravées par les métalliques mâchoires des tenailles c'est la fracture l'expulsion aux quiètes moiteurs nocturnes succèdent en coups de fouet le froid non-humide la pesanteur le déchaînement des voix des bruits de la lumière chassé du dedans nu nu à jamais nu le voici désormais voué au dehors à l'exil et le temps déjà en marche poursuit sa lente et sournoise corrosion creuse déjà le chemin qui conduit inexorablement à la fosse ainsi sommes-nous façonnés par l'initiale perfection par cet état de prodigieux bien-être qui pendant quelques mois a imprégné le non-encore-né en chacune de ses fibres ainsi est-il probable que subsiste en notre part la plus enfouie l'obscur souvenir de cet état (un souvenir parfaitement insaisissable qui ne renvoie à aucun vécu particulier à aucune circonstance précise à rien qui puisse être remémoré mais qui n'en continue pas moins d'entretenir en nous la brûlure d'un manque la lancinante sensation que noussommes jetés dans un monde et une vie qui ne nous conviennent pas que nous sommesdéfinitivement maintenus au dehors à jamais coupés de ce dedans vers lequel nous ne pouvons pas ne pas tenter de revenir) combler ce manque retrouver la jouissance première d'où cette inlassable et avide et aveugle recherche du plaisir de tout ce qui va permettre de réinsérer l'être dans la joie accord apaisement abandon de tout ce qui va lui donner l'illusion qu'il se trouve à nouveau porté baigné bercé réchauffé et nourri par les riches eaux de l'origine rongeante nostalgie impérieux fantasme du retour et chacun se prend à implorer guide-moi, ô mère, sous ta sombre voûte utérine Charles Juliet | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Charles Juliet Mer 20 Juin 2007 - 16:11 | |
| les errances de l'enfant muet les forêts pétrifiées par l'hiver et les jours naissent d'une aube déchirée quand vient le soir les villages dorment dans la nuit des murailles depuis longtemps la honte a brisé le cri et au long des heures hébétées les terres brûlent de part et d'autre du chemin un jour ne plus être l'enfant maudit ne plus avoir à traquer la mère sang et deuil exil et misère ses joues saignent coupées par ses larmes de pierre Charles Juliet | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Charles Juliet Mar 5 Fév 2008 - 14:37 | |
| Charles Juliet...tout ce qu'il nous reste à découvrir...
Des entretiens avec Charles Juliet et des articles consacrés à ses ouvrages sont parus dans les journaux nationaux : Le Monde, Le Figaro, Le Nouvel Observateur, L'Express, Le Point, L'Evénement du Jeudi, La Croix.., ainsi que dans des revues et des magazines.
Des extraits de ses ouvrages figurent dans des manuels scolaires.
Charles Juliet a réalisé plusieurs séries d'émissions à France-Culture. Deux pièces radiophoniques ont été diffusées sur les antennes de cette station.
Un lourd destin, pièce de théâtre, a été créée par Roger Planchon en janvier 2002, au T.N.P. de Villeurbanne. Flerence Marguier a interprété en janvier 2002 Dans la lumière des saisons au Théâtre des Marronniers à Lyon.
Film documentaire de Rodolphe Barry consacré à Charles Juliet : Libre le chemin, durée 52', production Abacaris Films (15, Passage de la Main d'or, 75011 Paris).
quelques parutions :
Une joie secrète L'opulence de la nuit D'une rive à l'autre L'incessant (CD) Les Autoportraits de Jean-Michel Marchetti Au pays du long nuage blanc Pouvoirs du poème L'incessant Une joie secrète
Bibliographie
Chez P.O.L
· L'Autre Faim (2003)
· L'Incessant (2002)
· Un lourd destin (2000)
· Ténèbres en terre froide Journal 1. (1957-1964) (2000)
· Ecarte la nuit (1999)
· Rencontres avec Samuel Beckett (1999)
· Attente en automne (1999)
· Fouilles (1998)
· Rencontres avec Bram van Velde (1998)
· A voix basse (1997)
· Lueur après labour, Journal 3 (1968-1981) (1997)
· Traversée de nuit, Journal 2 (1965-1968) (1997)
· Giacometti (1995)
· Lambeaux (1995)
· Carnets de Saorge (1994)
· Accueils, Journal 4 (1982-1988) (1994)
· Ce pays du silence (1992)
· L'Inattendu (1992)
· Dans la lumière des saisons (1991)
· Affûts (1990)
· L'Année de l'éveil (1989)
· Bram Van Velde, collection « Carnets de voyages » ,Editions Maeght
· Bram Van Velde, monographie (avec Jacques Putman)
Editions L'Echoppe
· Accords, 1987
· Entretien avec Pierre Soulages, 1987
· Jean Reverzy, 1992
· Entretien avec Raoul Ubac, 1994
· Chez François Dilasser, 1999
Editions Arfuyen
· Bribes pour un double, 1992, 2001
· L'Autre Chemin, poèmes, 1998
Editions La Passe du Vent
· Trouver la source, suivi de Echanges, 1992, 2000
Editions Flohic
· Un grand vivant: Cézanne, 1997
· Charles Juliet en son parcours, 2001
Editions Jacques Brémond
· Failles, 1995
Editions Arléa
· Mes Chemins, entretien, 1995
Editions Bayard
· Ce long périple, 2001
Ouvrages à tirage limité :
· Au long de la spirale, lithographies de Bram Van Velde, Maeght, 1975 Charles Juliet Vidéolectures
· Pages de pierre, gravures de Marc Pessin, Ed. le Verbe et l'Empreinte, 1977
· La Plus Fragile, collages de Raquel, Orange Export Ltd, 1977
· Croissances, lithographies de Michel Carrade, Thierry Bouchard, 1978
· Pages de journal, frontispice de Maxime Descombin, Le Dé Bleu, 1978
· Vers la rencontre, frontispice de Maurice Rey, Les Cahiers des Brisants, 1980
· Trop ardente, lithographie de Bram Van Velde, 1981
· Reviens à ta solitude, cinq poèmes, Editions Unes, 1983
· Convergence, aquarelles de Michel Duport, Terriers, 1984
· La Lente Montée, traces de Ghislaine Amon, Editions Unes, 1984
· Lettre suit, interventions de Anick Vinay, Atelier des Grames, 1985
· Ecarte la nuit, illustrations de Maurice Rey, Maison du livre de Pérouges, 1986
· La Soif, gravures de Jean-Claude Le Floch, Brandes, 1987
· Tes yeux blessés, huit pointes sèches de Michel Steiner, La Sétérée, 1987
· Pour Michel Leiris, pochoir original de Michel Carrade, Fourbis, 1988
· La vie affleure, oeuvres originales de B. Dorny, Editions Dorny, 1989
· Tant de chemins, oeuvres de B. Dorny, Editions Biren, 1989
· L'Incessant, Editions Fourbis, 1989
· Le Don de présence, gouaches originales de Moris Gontard, La Chouette Diurne, 1992
· Tu avives, lithographie de Jean-Yves Saunier, Editions Nicole Dortindeguey, 1993
· Telluriennes, 12 gravures originales de Fabrice Rebeyrolle, Editions Isabelle Jonquière, Forcalquier, 1993
· Cette flamme claire, dessins de Jean-Michel Marchetti, Editions AEncrages & Co, 1994
· Note de journal, interventions de B. Dorny, Editions Dorny, 1994
· Ce chemin, gravures de Denise Emery, Editions Raymond Meyer, Genève, 1994
· Ce foyer secret, frontispice de Anick Vinay, Atelier des Grames, 1995
· En amont, gravures de Christiane Vielle, 1995
· Cette flamme claire, 33 exemplaires avec une encre originale de Jean-Michel Marchetti
· Creuser, 15 exemplaires avec interventions de B. Dorny, Editions Dorny, 1998
· La Mue, 15 exemplaires avec interventions de B. Dorny, Editions Dorny, 1998
· Ferveur, 120 exemplaires avec 4 lithographies originales de Oh Su-Fan, Editions Maeght, 1998
· La Traversée, Atelier des Grames, 1999
· Une joie secrète, avec 30 lavis de Bang Hai Ja, Editions Voix d'encre, 2002
· Invite le vent, Frontispice de Pierre Buraglio, Editions Galerie des Sept Collines, 2002
Revues ayant consacré un dossier ou un numéro à Charles Juliet :
Entailles, n°17, Printemps 1984 Faire part, n°8-9, Automne 1986 Aube magazine, 4e trimestre 1989 Le croquant, n°6, Hiver 1989-90 Jungle, n°13, Le poète débâillonné, mai 1990 L'Ecole des lettres, n°9, avril 1992 Revue de la poésie internationale (Bruxelles) Friches, n°60, Automne 1997 L'Oeil de boeuf, n°13, novembre 1997 Le Croquant, n°26 - Automne 1999 Autre Sud - juin 2001
Ouvrages consacrés à Charles Juliet :
· Rodolphe Barry, Rencontres avec Charles Juliet, La Passe du vent
· Christian Lux, Lettres à Charles Juliet, Calligrammes | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Charles Juliet Mar 5 Fév 2008 - 14:38 | |
| Retour de l'automne
retour de l’automne et de la solitude
les longues et moroses journées de pluie
l’ennui alourdit le silence fige les heures te livre aux vieux démons
trop de mauvais souvenirs encombrent ta mémoire te reconduisent aux jours anciens te maintiennent prisonnier de ce qui n’est plus
nausée du ressassement de l’ennui de la torpeur des heures grises
sache une bonne fois leur dire non
et reviens à la vie sors va marcher sur les collines
et laisse le vent te traverser la tête laisse le vent emporter tes feuilles mortes
(Poème publié dans l'anthologie Une salve d'avenir. L'espoir, anthologie poétique, parue chez Gallimard en Mars 2004)
Ton regard. Ta voix
Ton regard. Ta voix
tu parais
ton regard s’empare du mien m’enveloppe de silence de tendresse
ta voix garde l’empreinte de ce qui t’a meurtrie et pourquoi naguère n’ai-je pas été là pour empêcher que survienne l’épreuve qui t’a laissé cette fêlure
tu parais
mes cinq sens se mettent à l’affût se tendent avidement vers ta bouche tes seins tes flancs vers tes mains prometteuses
c’est toi qui donnes sens et saveur à ma vie et pourtant tu es ma blessure c’est toi qui me fais grandir
Charles Juliet | |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Charles Juliet | |
| |
| | | | Charles Juliet | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|