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Messages : 5065 Inscription le : 14/02/2007 Localisation : FSB
Sujet: Aida Begic Ven 21 Aoû 2009 - 17:43
♥♥ Aida Begic, réalisatrice Premières neiges 1er film (bosniaque. 2008)
BA
Revue Première : "Bosnie, 1997. Six femmes, un grand-père, quatre petites filles et un garçon vivent à Slavno, village isolé et dévasté par la guerre. Leurs familles et amis ont été tués et leurs corps n'ont jamais été retrouvés. Les premières neiges vont les couper du monde. Ils tentent d'échapper à la misère en vendant des confitures, des fruits et des légumes. Deux hommes d'affaires débarquent en leur demandant d'abandonner leurs maisons moyennant une somme d'argent."
Aida Begic :
Citation :
"Quand la guerre a éclaté, j'avais 16 ans. J'ai vécu dans Sarajevo assiégé. J'en garde le souvenir d'un sentiment de claustration très oppressant (…) Le film se déroule en 1999, « l'année du retour » : tous les Bosniasques chassés de chez eux devaient revenir dans leurs maisons. Malheureusement, ce projet a échoué, notamment parce que les Serbes ont trouvé d'autres armes que les fusils pour pousser dehors ceux qui sont revenus ou n'étaient jamais partis : l'argent. Doit-on accepter cet argent pour assurer sa survie ou le refuser pour sauver son âme ? Tel est le dilemme auquel certains de mes compatriotes ont été confrontés (...)
Thomas Sotinel (Le Monde, 10/2008) -spoiler :
Spoiler:
(...) la jeune réalisatrice bosniaque Aida Begic dessine un portrait de groupe, celui d'une poignée de femmes qui ont survécu à la guerre en Bosnie. Son histoire veut englober parfois toute la tragédie de son pays, mais, le plus souvent se contente avec bonheur de suivre le cours souterrain de la vie sous les ruines. Dans le village de Slavno, à l'est de la Bosnie, tous les hommes, sauf le vieil imam, tous les garçons, à l'exception d'un seul, ont été emmenés et tués par les forces serbes. Dans les maisons ravagées, dont les toits sont couverts de bâches bleues du HCR, quelques femmes sont restées. Parmi elle, Alma est la seule à croire qu'il est possible de rester au village sans dépérir. Avec une opiniâtreté aussi admirable qu'absurde, elle s'échine à confectionner des confitures, des conserves, alors que le marché le plus proche est à des kilomètres et qu'il ne reste pas une automobile à Slavno. Autour d'elles, les autres femmes rêvent de partir, en ville ou à l'étranger, à moins qu'elles n'attendent la mort. Les premières séquences de Premières neiges décrivent avec une délicatesse empreinte de gravité la vie quotidienne dans un tout petit monde qui est fait autant des vestiges physiques que des souvenirs de ce qui a été. Le vieil imam dit la prière dans une mosquée sans murs ni toit et conjure encore et encore la peur panique qui envahit régulièrement le dernier enfant mâle du village. La vieille Safijia, belle-mère d'Alma, fait payer à sa bru la mort de son fils. Le soir, les femmes se réunissent et évoquent à travers des jeux, des allusions obliques, tous ces hommes qui les ont laissées seules. L'irruption de deux hommes d'affaires serbes vient transformer en récit cette description minutieuse et poétique. Ils sont venus proposer aux femmes de Slavno d'acheter leur village. La mutation de Premières neiges en parabole est habile, d'autant qu'elle peut se prévaloir du poids d'une histoire récente, qu'il est déjà temps de rappeler tant on préfèrerait l'oublier. Mais elle charge un peu trop le film, lui confère, au-delà de sa gravité naturelle, une espèce de raideur dramatique. Heureusement, le bonheur d'expression d'Aida Begic, qui lui autorise quelques écarts fantastiques (le personnage du petit garçon semble sorti d'un livre de Gabriel Garcia Marquez), finit par l'emporter, et le film conserve sa profonde humanité.
Dernière édition par Babelle le Ven 21 Aoû 2009 - 19:07, édité 1 fois
traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
Sujet: Re: Aida Begic Ven 21 Aoû 2009 - 17:53
C'est un beau film, Babelle. Contre la douleur, inexprimable, la cinéaste Aida Begic a choisi la pudeur. Dans ce village dépourvu de maris ou de fils, tous "disparus", à l'est de la Bosnie, elle filme les visages de femmes en souffrance, qui vivent un quotidien répétitif et sans avenir, torturées de n'avoir pu faire leur travail de deuil tant que les corps des morts sont introuvables. Le rythme lent de Premières neiges n'est pas un handicap, il est compensé par le sens de l'image et du cadrage d'une réalisatrice débutante et prometteuse. A intervalles régulier, le cinéma bosniaque se penche sur son passé récent, un traumatisme transcendé par l'humour (No man's land), l'émotion (Sarajevo mon amour) ou la tendresse.
Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
Sujet: Re: Aida Begic Sam 14 Nov 2009 - 5:06
Nous sommes plusieurs à avoir vu et aimé ce film ( voir page 31 DVD et? ), Orientale. Merci d'avoir fait un fil, on pourrait rapatrier??
Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
Sujet: Re: Aida Begic Sam 14 Nov 2009 - 6:04
Marie a écrit:
Et puis, grâce à Babelle et Traversay, Premières neiges d'Aida Begic
Ce village qui, au lendemain de la guerre civile, n'est plus peuplé que de femmes et de petites filles. Plus l'imam et un petit garçon, tellement malheureux que ses cheveux poussent à une vitesse folle. Film fait de regards ,de silences, une actrice principale, Zana Marjanovic, magnifique. Et des images sublimes. A noter sur le DVD le très bon premier court métrage de cette réalisatrice , First Death Experience, qui ,toujours au sortir de cette guerre, raconte l'histoire d'un garçon qui n'a plus d'identité car il a été déclaré mort, et enterré..
traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
Sujet: Re: Aida Begic Sam 16 Mar 2013 - 22:30
L'avant-première de Djeca (avec débat) m'a permis de revoir avec plaisir ce deuxième film d'Aida Begic, qui sort mercredi prochain, après sa présentation à La Rochelle en juillet dernier. Un beau portrait de femme à Sarajevo, enfant de la guerre, et petit soldat dans son quotidien. Un film d'urgence entre les frères Dardenne et Scorsese, cinéastes dont Aida Begic revendique l'influence. J'en redis un mot mercredi. Allez le voir siouplait !
traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
Sujet: Re: Aida Begic Mer 20 Mar 2013 - 15:22
Djeca
Citation :
Rahima, 23 ans, et son frère Nedim, 14 ans, sont des orphelins de la guerre de Bosnie. Ils vivent à Sarajevo, dans cette société transitoire qui a perdu toute compassion pour les enfants de ceux qui sont morts pendant le siège de la ville. Après une adolescence délinquante, Rahima a trouvé un réconfort dans l’Islam, elle espère que Nedim suivra ses pas. Tout se complique le jour où à l’école, celui-ci se bat avec le fils d’un puissant ministre du pays. Cet incident déclenche une série d’événements qui conduiront Rahima à découvrir la double vie de son jeune frère...
Après Premières neiges, paysage rural, Aida Begic ne déçoit pas avec Djeca (prononcez diétsa), univers urbain. Portrait âpre d'une jeune femme, orpheline de guerre, ex-junkie, qui porte le foulard. Elle se bat au quotidien pour que son frère cadet s'en sorte et contre une société corrompue. Alors, elle marche, elle avance, vite, et elle prend des coups. Mais elle continue, comme un petit soldat. Aida Begic filme à l'épaule, donne parfois le tournis, colle à l'urgence de situations de plus en plus ardues pour elle. Influencée par les frères Dardenne, la réalisatrice bosniaque a sa propre personnalité, très forte, forgée par les longues années de guerre qu'elle a vécues adolescente. Djeca, outre ses qualités d'image et de narration, impressionne par l'utilisation de la bande-son. Chaque bruit devient réminiscence du passé : un aspirateur (une sirène), des camions sur un pont (une canonnade), des pétards (des rafales de Kalachnikov). Ce beau film nerveux marque profondément par une tension qui ne se relâche jamais.
PS : Aida Begic a annoncé que son prochain film serait une comédie. Surprenant ? Non. Ses premiers courts-métrages étaient pétris d'humour.Comme Emir Kusturica, Jasmila Zbanic ou Danis Tanovic, la réalisatrice est issue de la Sarajevo Academy of Performing Arts.
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Sujet: Re: Aida Begic
Aida Begic
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