Jean Paul Dubois

j'avoue que j'ai du mal à laisser le livre ....il est sur la table et j'y reviens toujours pour lire une ou deux lignes en passant.....

Le cas Sneijder

Mon premier Dubois, en tout cas mon premier Dubois fini, ne pouvant résister à l'enthousiasme d'Aériale.

Je dois dire que j'ai eu une interprétation tout à fait différente des lectures que j'ai vues plus haut. Oui, cela démarre par l'impitoyable bouleversement que constitue dans la vie de Paul, son dramatique accident d'ascenseur, dont il survécut miraculeusement, alors que sa fille, (qu’il négligeait honteusement sur l’injonction de sa deuxième épouse), y laissa sa jeune vie. Mais après, je n'y vois pas la lente descente aux enfers de cet homme aux valeurs humanistes écarté par un environnement qui marche «à la performance ». J'ai vu bien au contraire la lente descente aux enfers d’un paranoïaque ébranlé, l’entraînant peu à peu dans un délire délétère, et l'argumentant de façon totalement subjective à sa façon, avec sa logique propre totalement irrationnelle, présentée comme la seule vérité recevable.

Dès lors, on est autorisé à se poser plein de questions passionnantes :
L’épouse est-elle vraiment cette harpie avide de fric et de respectabilité, ou une femme maladroite face à un mari qu’elle ne comprend plus, bien obligée de faire bouillir la marmite là où lui se contente de petites solutions alimentaires fort précaires ?
Trompe-t’elle ignominieusement son époux alors qu'il est à la dérive, ou s'est elle fait simplement raccompagner par un collègue serviable ?
Paul lui-même, cet homme à l'écart (mis à l’écart ? se mettant à l’écart ?), qui croit pouvoir expliquer l'humanité dans un parallèle hasardeux avec les ascenseurs, n’est-il pas plutôt qu’un génial philosophe, un homme à la dérive, enfermé dans des raisonnements fallacieux ?
Les jumeaux qui débarquent après avoir traversé l'Atlantique, sont-ils là pour aider leur mère à prendre la si douloureuse décision d'une hospitalisation sous contrainte d'un homme qui ne se voit pas malade, ou pour récupérer une somme fabuleuse qu'il est prêt à laisser échapper ?

On peut continuer assez longtemps la liste de cette manière, ça marche.…
Et ainsi, tout devient beaucoup plus drôle et plus subtile Et c'est ce qui m'a plu dans ce roman, cette comédie désenchantée et trouble qui nous interroge sur la vérité, le point de vue, les frontières entre le normal et le pathologique.

J’ai aussi aimé la prose de Jean-Paul Dubois, sa vivacité, le côté à la fois falot et lucide du personnage, son humour discret , une aptitude à partir dans des digressions (ou des délires ?) qui éclairent (ou bluffent ?) la dynamique du récit, des raccourcis tout à fait bien vus, un sens certain de la formule.

En somme, un bon moment, même si je n’ai pas été au 7e ciel

Hommes entre eux


Jamais livre n'a mieux porté son titre et n'en a mieux révélé le sens dans les dernières pages.


Pour moi, c'était la découverte d'un auteur - un de plus sur Parfum ! - poussée par l"enthousiasme d'Aériale. Je n'ai pas été déçue : raconter le livre serait le dévoiler et je pense qu'il faut y plonger "tout neuf" en sachant juste que l'on marche aux cotés d'un homme qui se sait condamné et souhaite revoir la femme qu'il aimée et qui est partie loin de lui.
De là, on va rencontrer des humains,qui sont censés conduire cet homme lors de sa quète.


Nous avions évoqué le coté " désenchanté " de JP Dubois, et je crois que c'est ce qui m'a plu. Mais il m'est difficile de le juger vraiment sans en lire un autre, a-t-il toujours cette vue de la gent humaine : pas si engageante que ça ? Alors si c'est le cas , je veux bien retrouver d'autres personnages et rester à les regarder se débrouiller dans leur vie : parce que c'est ce qui m'a frappée lors de cette lecture : à aucun moment, je n'ai pris partie pour l'une ou l'autre des attitudes des personnages, j'ai suivi, assisté à leurs choix, sans jamais ni les aimer ,ni les détester et c'est une autre façon de lire qui m'a plu....on n'envisage pas pour eux telle ou telle alternative parce qu'on sait au début que tout va aller dans le mauvais sens.

Je ne suis pas très claire mais je n'ai pas lu ce livre comme je lis d'habitude et pourtant cela m'a donné envie de continuer avec cet écrivain....

Merci Aériale de cette rencontre même si je suis bien confuse à exprimer mon sentiment, je m'en rends compte.

Ce sera donc mon prochain Dubois.

topocl a écrit:

Et ainsi, tout devient beaucoup plus drôle et plus subtile Et c'est ce qui m'a plu dans ce roman, cette comédie désenchantée et trouble qui nous interroge sur la vérité, le point de vue, les frontières entre le normal et le pathologique.

C'est vrai que la fin est ambigüe, on ne sait plus trop si Paul est enfermé dans un délire paranoïaque ou s'il se retrouve vraiment enfermé dans un piège, j'ai bien aimé cet aspect là aussi. Rien n'est sûr, on navigue un peu à vue, en plein absurde, et cela nous laisse sur une interrogation, ce qui me plait dans tout roman d'ailleurs!

topocl a écrit:

J’ai aussi aimé la prose de Jean-Paul Dubois, sa vivacité, le côté à la fois falot et lucide du personnage, son humour discret , une aptitude à partir dans des digressions (ou des délires ?) qui éclairent (ou bluffent ?) la dynamique du récit, des raccourcis tout à fait bien vus, un sens certain de la formule.

Je note que tu es également sensible à son écriture, ce ton à mi chemin entre désenchantement et malice qui lui est si personnel. Dubois c'est vraiment quelqu'un qui ne se regarde pas écrire, ce genre de type qui prend le tragique de l'existence à contre pied, et qui masque son angoisse sous des allures de potache. L'ironie est la politesse du désespoir dit la maxime, c'est vraiment ce qui me séduit chez lui. Tu n'y es pas insensible non plus et tant mieux!

Noémie a écrit:

Nous avions évoqué le coté " désenchanté " de JP Dubois, et je crois que c'est ce qui m'a plu. Mais il m'est difficile de le juger vraiment sans en lire un autre, a-t-il toujours cette vue de la gent humaine : pas si engageante que ça ? Alors si c'est le cas , je veux bien retrouver d'autres personnages et rester à les regarder se débrouiller dans leur vie : parce que c'est ce qui m'a frappée lors de cette lecture : à aucun moment, je n'ai pris partie pour l'une ou l'autre des attitudes des personnages, j'ai suivi, assisté à leurs choix, sans jamais ni les aimer ,ni les détester et c'est une autre façon de lire qui m'a plu....on n'envisage pas pour eux telle ou telle alternative parce qu'on sait au début que tout va aller dans le mauvais sens.

Noémie tu me fais plaisir. Les gens qui n'aiment pas Dubois lui reprochent souvent cela, son manque de discerrnement, sa faiblesse, voire sa couardise. En bref ils le jugent, sans éprouver la moindre empathie. J'aborde toujours ses récits avec le même recul, dû à l'humour, bizarrement teinté d'empathie, dûe à la tendresse qu'inspirent ses personnages, souvent pris malgré eux dans des situations qui les dépassent et où la morale a fort à faire.

Alors oui, tu vas souvent retrouver ces cas de figure, et si ce recul parfois loufoque ne te dérange pas, eh bien, tu vas aimer tous ses livres ou quasi. Il fait partie de ces gens pour qui la vie parait sans doute trop triste pour être prise au sérieux.C'est le propre des angoissés!

Aériale, tu as un contrat d'attachée de presse avec Dubois? ON a l'impression que tu pourrais en écrire des pages comme ça! Trop fort!

Arrête, j'en suis tout à fait consciente! Et j'ai un peu honte, avec l'impression de répéter forcément les mêmes choses.

Mais vous savez que je suis intarissable sur le sujet. Je l'aime vraiment lui

Aeriale a écrit:

Arrête, j'en suis tout à fait consciente! Et j'ai un peu honte, avec l'impression de répéter forcément les mêmes choses.

Mais vous savez que je suis intarissable sur le sujet. Je l'aime vraiment lui

Quand on aime, on ne compte pas!

Hommes entre eux

C’est ça, des hommes entre eux ? Cette suffisance auto apitoyée vaguement bestiale sous prétexte de désenchantement ?
Et bien, je les laisse à leurs divagations sans humour sous la tempête de neige Ce livre inabouti s’appuie sur des psychologies sommaires, lance des pistes qu’il ne suit pas suffisamment, il ne se passe au demeurant pas grand chose, et si l’écriture plutôt moyenne tente quelques morceaux de bravoure , je n’ai pu me laisser emporter par ces combats d’hommes à mains nues, ces strip-teases glauques, l’amour dans une voiture ou la tempête de neige magnifiée par la fièvre. La chute, plus improbable que surprenante, ne sauve rien.
Je n’ai vraiment rien trouvé pour me retenir dans ce livre.

Aériale, ce sont bien les avis contrastés qui font le charme de Parfums ?

topocl a écrit:

Aériale, ce sont bien les avis contrastés qui font le charme de Parfums ?

Pifiou, ça fait mal
Mais rien à dire, tu l'as bien descendu mon dudu!

Bon, je vais t'en vouloir à vie surmonter la chose et me montrer magnanime. Je te dirais même plus, je comprends que tu aies pu y rester insensible.
C'est un ton un peu différent ici, l'humour y est absent et certains s'en retrouvent complètement étrangers. Mais bon, dommage.

Du coup je ne sais pas trop bien si cet auteur est pour toi

topocl a écrit:

Citation :

Je n’ai vraiment rien trouvé pour me retenir dans ce livre.

Aériale a écrit:

Citation :

Du coup je ne sais pas trop bien si cet auteur est pour toi

J'ai bien l'impression en effet que l'univers de Dubois n'est pas fait pour topocl.

Jean Paul Dubois est à Topocl ce qu'est Olivia Rosenthal à Aériale...........

Qu'importe, je les lis avec plaisir tous les deux !!

Noémie a écrit:

Jean Paul Dubois est à Topocl ce qu'est Olivia Rosenthal à Aériale...........

C'est une façon de voir ça oui

La différence c'est que pour moi Rosenthal c'est tout vu. Alors que pour Dubois, Topocl ne renonce pas forcément! Courageuse hein?

Aeriale a écrit:

La différence c'est que pour moi Rosenthal c'est tout vu. Alors que pour Dubois, Topocl ne renonce pas forcément!

Là, tu ne serais pas une incorrigible optimiste ?

Pas du tout, pour le moment, pour moi, Dubois, c'est:
1 bon (le cas Sneijder),
1 moins bon (Hommes entre eux) (tout le monde remarque ma grande indulgence)
Il me faudra donc un troisième pour choisir mon camp!