Le livre, symbole d’émotions ou simple papier ?

Est-ce le souvenir d’émotions qui nous attache au support ? Que pensez vous de la qualité des livres de poche…quoi qu’ils soient loin d’être sur le même plan suivant les éditeurs…

Grain qui a mûri a écrit:

Est-ce le souvenir d’émotions qui nous attache au support ? Que pensez vous de la qualité des livres de poche…quoi qu’ils soient loin d’être sur le même plan suivant les éditeurs…

Complètement oui , pour moi les émotions sont quasi - indissociables du support . C'est une des raisons pour lesquelles j'aime bien "posséder " les livres aimés.

De même qu'une musique est un vecteur d'émotions très fort , où l'on peut se replonger à loisir et ressentir un moment précis , une parcelle de bonheur ou de tristesse vécus , les livres le sont tout autant , l'émotion traversant les pages touchées , caressées , relues et nous renvoyant directement à nos perceptions de l'instant ...

L'achat du livre est fortement prédominé par l'émotion physique reliée. Bien sûr j'achète si je connais l'auteur, je l'apprécie, je lis quelque lignes par-cà par-là. C'est le côté purement lecture.

Mais quelle joie de prendre le livre en main, le toucher, faire glisser la paume sur une couverture cartonnée légèrement rugeuse (celles de Quai Voltaire par exemple), sur une autre toute de douceur sensuelle ou carrément glacée qui accompagnera une joue d'un instant furtif. Ensuite ouvrir le livre, pincer quelques pages puis les faire défiler du pouce. (Verifier par la même occasion que la marge gauche et droite, en-tête et pieds de pages ne soient pas plus importants que le texte, parce qu'il ne faut pas non plus se moquer de...). Et puis suprême récompense, le porter à son nez. Ah l'odeur du papier ! Celle sophistiquée des pages glacées ou que l'on perçoit déjà poussiéreuse des éditions aux pages jaunies, l'encre du papier journal...

Mais non le livre n'est pas un bouquin (Rémi Bertrand).

J'achète aussi beaucoup de poches. Question économique.
Bien sûr la qualité n'est pas forcémment au rendez-vous. Encre qui s'étire, quelquefois tranche décollée à l'usage. Il faut éviter de classer certaines éditions près d'une lumière extérieure car ils s'effacent. Mais je pars du principe qu'acheter moins cher la même chose comporte des aléas qu'il faut accepter.

J'achète aussi beaucoup en poche (Folio...). Et je trouve que le livre n'en est pas moins attirant. Et après toutes ces années de lecture, je suis fier de ma bibliothèque. Il y a de tout. Et à chacun de mes livres s'associe une émotion. J'aime les posséder. C'est bien simple, s'il y a un incendie et que j'ai un peu de temps devant moi, ce sont mes livres que je sauve. Ils sont devenus mon identité.

[quote]J'achète aussi beaucoup en poche (Folio...). Et je trouve que le livre n'en est pas moins attirant. Et après toutes ces années de lecture, je suis fier de ma bibliothèque. Il y a de tout. Et à chacun de mes livres s'associe une émotion. J'aime les posséder. C'est bien simple, s'il y a un incendie et que j'ai un peu de temps devant moi, ce sont mes livres que je sauve. Ils sont devenus mon identité


Je partage complètement ce point de vue. mes livres font partie de ma vie et j'adore les feuilleter, les sentir (surtout mes éditions anciennes). Ah, l'odeur magique de l'encre et quelle émotion quand chez ma mère je me suis mis à ouvrir les cartons de mes livres d'enfant et d'adolescentes, chaque titre me rappelait un souvenir, une émotion, la musique des mots.
Mes livres qu'ils soient en format poche ou pas, acheté neufs ou d'occasion, ce sera mon héritage culturel et sentimental pour mon ou mes enfants. J'espère leur légué le plaisir des belles histoires et le bonheur procuré par le son de la page que l'on tourne. Je dis toujours que quand j'étais enfant et un peu rejeté par les autres, ce sont les livres qui m'ont sauvé et leur capacité à me faire vibrer.

Je ne peux résister au plaisir de poster (voire re- , pour ceux qui le connaissent déjà ) cet extrait de Magnus , de Sylvie Germain :

<< Il y a des livres écrits de telle sorte que parfois ils font sur certains lecteurs un effet semblable à celui de ces gros coquillages que l'on presse contre son oreille ,et soudain on entend la rumeur du sang mugir en sourdine dans la conque . Le bruit de l'océan ,le bruit du vent , le bruit de notre propre coeur . Un bruissement de limbes . Adam a lu ce livre qui à d'autres ne raconte qu'une histoire étrange , confuse , dont ils ne franchissent pas le seuil ,et le livre se sera posé contre son oreille ; un livre en creux ,en douve ,en abîme , où une nuée d'échos se sera mise à chuchoter .>>

J'aime beaucoup cet extrait de Magnus moi aussi...

Simple papier, un livre?...
Oh que non!...
Et pourtant le papier du livre a pour moi une importance. Je préfère lire un roman dans une édition brochée (pas forcément les plus coûteuses mais les plus en accord avec mon "envie de toucher") qu'en poche...J'aime bien le papier chez Actes Sud par exemple alors que le papier des PLéiade ne me crée aucune émotion sensuelle.
Mais les Poche Folio me plaisent assez, de même que le papier des Editions Babel (pas trop onéreux les livres chez Babel).

Après, il y a les émotions et les souvenirs qui s'attachent à la lecture d'un livre. Ils me restent souvent plus en mémoire que l'histoire elle-même qui perd de ses contours avec le temps.
Je lis trop...et j'oublie trop...C'est mon regret de bibliophage...

Je viens donner mon avis
Un livre, certainement pas que du papier en effet...
Mon émotion passe par la lecture de ses mots, bien sûr, le bruit des pages qu'on tourne, leur qualité, leur parfum, mais aussi par l'état d'esprit dans lequel j'étais lorsque je l'ai acheté, pourquoi je l'ai choisit, à quoi sa couverture m'a-t-elle attiré, pourquoi....
Et puis, je me souviens du jour, de ce qui me passait par la tête à ce moment là... à la vue de mes différentes humeurs... c'est très varié.

Donc, oui, en bref, le support pour moi compte. Une façon aussi d'enfermer, de matérialiser mes émotions qui ont précédées ma lecture...

Ceci dit, le support en tant qu'objet m'importe peu en revanche. qu'il soit poche ou précieux, c'est ce qui m'a incité à le prendre qui m'importe.

Contrairement à vous le support m'importe peu....à part la taille des lettres !
Comme je sais que je vais rendre le livre emprunté, je ne m'y attache pas physiquement, d'autant que je relis exceptionnellement un livre, même s'il fait partie de ma bibliothèque, sauf la poésie...


C'est donc essentiellement un véhicule d'émotion, un peu comme un film ou un concert.... ce qui ne veut pas dire que je sois insensible à l'objet et celui-ci influence mon choix sans être primordial

ça dépend, quand c'est juste pour moi ça a moins d'importance (même si j'aime bien les poches anglosaxons avec le papier un peu sombre et épais) mais pour offrir l'objet à plus d'importance... il y a aussi des livres que j'ai envie de prêter à certaines personnes et d'offrir à d'autres... nuance bizarrement importante

En règle générale, j'aime posséder les livres que je désire lire. Pour le simple plaisir de les tordre dans tous les sens (non, non, je vous jure que je n'ai jamais arraché les ailes des moustiques quand j'étais enfant... ), de respirer leur parfum, de les emporter partour avec moi (quand il s'agit d'une édition de poche), de reprendre un passage dont le souvenir me fait défaut... En cela, les éditions de poche sont beaucoup plus pratiques pour moi. Pourtant, toutes ne se valent pas du point de la qualité de la facture: je préfère de loin la qualité des Folio ou des Ramsay Poche au papier grisouilleux des Pocket...

Et pourtant, bien que le livre se situe pour moi à mi-chemin entre un vecteur d'émotions et un support tout ce qu'il y a de plus matériel, je dois régulièrement en sacrifier quelques uns qui feront le bonheur d'une connaissance, d'un parent ou d'un ami afin de soulager les rayons de ma biliothèque... Crise du logement, quand tu nous tiens...