Guru Dutt

Citation :

Guru Dutt est un réalisateur, producteur et acteur indien, né le 9 juillet 1925 à Bangalore, et mort le 10 octobre 1964 à Bombay. Il est considéré comme l'un des plus grands cinéastes indiens des années 50, malgré sa courte carrière (9 films en 10 ans). Son œuvre se caractérise par son lyrisme, et ses innovations techniques.
C'est Aar Paar, en 1954, qui va le consacrer parmi les réalisateurs qui comptent. Il s'agit à nouveau d'un film policier, tourné en extérieurs à Bombay, qui révèle également son sens de l'humour. Ces premières expériences lui ont également permis de s'entourer de collaborateurs de talent à qui il restera fidèle, tels que l'acteur Johnny Walker ou le compositeur S. D. Burman. Suivront ensuite les films qui restent aujourd'hui considérés comme ses chefs-d'œuvre : Mr. & Mrs. 55 en 1955, une brillante comédie de séduction, Pyaasa (L'Assoiffé) en 1957, d'une facture très lyrique, l'histoire d'un poète maudit qui malgré l'aide d'une prostituée au grand cœur ne rencontre la consécration qu'après sa mort. Au même moment sa vie privée devient chaotique puisqu'il entretient une liaison extra-conjugale avec l'actrice principale de Pyaasa, Waheeda Rahman.
En 1959, il tourne Kaagaz Ke Phool (Fleurs de Papier), premier film indien en cinémascope. C'est un film ambitieux et mélancolique, qui évoque la fin de l'âge d'or du cinéma indien, un film-miroir sur la chute d'un réalisateur à succès qui perd tout, en tombant amoureux de son actrice principale. Le film sera un échec commercial qui l'affectera profondément, et marquera la fin de sa carrière en tant que réalisateur. Dans les années qui suivent, il continue à travailler comme acteur et producteur au sein de la société qu'il a créée, Guru Dutt films, mais il ne signera plus de film, persuadé que son nom porte malheur au box office. Le 10 octobre 1964, il est retrouvé mort dans son lit, à 39 ans, d'un mélange d'alcool et de tranquilisants. Il n'a jamais été éclairci s'il s'agissait d'un suicide ou d'une simple overdose.

Filmographie (en tant que réalisateur)

* 1951 : Baazi, avec Dev Anand, Geeta Bali et Kalpana Kartik
* 1952 : Jaal, avec Dev Anand, Geeta Bali et Johnny Walker
* 1953 : Baaz, avec Guru Dutt, Geeta Bali et Johnny Walker
* 1954 : Aar Paar, avec Guru Dutt, Shyama, Jagdish Sethi et Johnny Walker
* 1955 : Mr. & Mrs. 55, avec Madhubala, Guru Dutt, Lalita Pawar et Johnny Walker
* 1956 : Sailaab, avec Ram Singh, Geeta Bali et Smriti Biswas
* 1957 : Pyaasa (L'Assoiffé), avec Guru Dutt, Mala Sinha et Waheeda Rahman
* 1959 : Kaagaz Ke Phool (Fleurs de Papier), avec Waheeda Rahman, Guru Dutt et Johnny Walker

Qui dit cinéma indien, dit Satyajit Ray ! Le reste n'est que Bollywooderie, n'est-ce pas ? Sauf que cette cinématographie est très mal connue en occident et qu'il faut se plonger dans les ouvrages spécialisés pour découvrir que certains réalisateurs ont une très belle cote auprès des amateurs éclairés. C'est le cas de Ritwik Ghatak, dont, pour l'heure, je n'ai vu que "Le citoyen" et surtout de Guru Dutt. Son destin météorique - (vraisemblablement) suicidé à 39 ans, il a tout de l'astre noir du cinéma indien - confère à son oeuvre un goût de cendres qui de toute manière y figure de façon évidente. Je passe sur ses premiers films, d'aimables pochades qui respectent le cahier des charges bollywoodiennes en termes de chants et de danses, pour en venir à "Fleurs de papier" (la déchéance d'un cinéaste, soit une oeuvre prémonitoire) et surtout à "Assoiffé" qui là, touche carrément au sublime. D'autant que Dutt joue avec une adresse admirable avec les conventions du cinéma de Bollywood pour composer une symphonie déchirante, mise en scène avec un talent incroyable. Un mélodrame que je classe sans hésiter parmi mes 100 films préférés de tous les temps.

Plusieurs biographies sont parues (pas traduites en français).

traversay a écrit:

Un mélodrame que je classe sans hésiter parmi mes 100 films préférés de tous les temps.

A voir alors!
Merci pr ce fil Traversay. Je ne connais pas du tout le cinéma Indien, en dehors oui... de Bollywood.

traversay a écrit:

Qui dit cinéma indien, dit Satyajit Ray ! Le reste n'est que Bollywooderie, n'est-ce pas ? Sauf que cette cinématographie est très mal connue en occident et qu'il faut se plonger dans les ouvrages spécialisés pour découvrir que certains réalisateurs ont une très belle cote auprès des amateurs éclairés. C'est le cas de Ritwik Ghatak, dont, pour l'heure, je n'ai vu que "Le citoyen" et surtout de Guru Dutt. Son destin météorique - (vraisemblablement) suicidé à 39 ans, il a tout de l'astre noir du cinéma indien - confère à son oeuvre un goût de cendres qui de toute manière y figure de façon évidente. Je passe sur ses premiers films, d'aimables pochades qui respectent le cahier des charges bollywoodiennes en termes de chants et de danses, pour en venir à "Fleurs de papier" (la déchéance d'un cinéaste, soit une oeuvre prémonitoire) et surtout à "Assoiffé" qui là, touche carrément au sublime. D'autant que Dutt joue avec une adresse admirable avec les conventions du cinéma de Bollywood pour composer une symphonie déchirante, mise en scène avec un talent incroyable. Un mélodrame que je classe sans hésiter parmi mes 100 films préférés de tous les temps.

J'ai vu Fleurs de papier et Assoiffé il y a maintenant quelques années (K7 empruntées dans les bibliothèques de la Mairie de Paris), mais ce qui m'avait frappé à l'époque, c'est le fait qu'un film puisse être très sombre, donc pas Bollywoodien en apparence, et en même temps avoir des chansons (pas fréquentes dans l'oeuvre de Satiajit Ray, pour parler de cinéma "sérieux" indien).

C'est sûr qu'il n'est pas assez connu en France, Guru Dutt...

Ritwik Ghatak, là, je ne connais pas du tout.

Oui, il y a des trésors cachés dans les médiathèques ou vidéothèques qui ont gardé leurs VHS (souvent des films qui n'ont toujours pas d'édition DVD). Je connais d'ailleurs certains qui ont gravé des K7 pour en faire des DVD (je ne citerai pas de noms).

Quel drôle de nom ! Guru Dutt Bon ben un nom qui m'était totalement inconnu. J'irai jeter un oeil à "L'Assoiffé" si les DVD sont accessibles...... Il l'est en vostr anglais... Alors c'est parti!

Marko a écrit:

Quel drôle de nom ! Guru Dutt Bon ben un nom qui m'était totalement inconnu. J'irai jeter un oeil à "L'Assoiffé" si les DVD sont accessibles...... Il l'est en vostr anglais... Alors c'est parti!

Tu ne le regretteras pas, je pense, c'est vraiment un film spécial.

eXPie a écrit:

Marko a écrit:

Quel drôle de nom ! Guru Dutt Bon ben un nom qui m'était totalement inconnu. J'irai jeter un oeil à "L'Assoiffé" si les DVD sont accessibles...... Il l'est en vostr anglais... Alors c'est parti!

Tu ne le regretteras pas, je pense, c'est vraiment un film spécial.

Ah ah, "spécial"... quel genre ? B ? X ? Z ?

bix229 a écrit:

eXPie a écrit:

Marko a écrit:

Quel drôle de nom ! Guru Dutt Bon ben un nom qui m'était totalement inconnu. J'irai jeter un oeil à "L'Assoiffé" si les DVD sont accessibles...... Il l'est en vostr anglais... Alors c'est parti!

Tu ne le regretteras pas, je pense, c'est vraiment un film spécial.

Ah ah, "spécial"... quel genre ? B ? X ? Z ?

Enfin, original, quoi.

Baazi (1951)
Premier film de Guru Dutt, en tant que réalisateur, tourné à 26 ans. Un scénario tortueux, aussi bien film noir que romance amoureuse. Du Bollywood social avec des numéros musicaux de bonne facture et des personnages complexes, loin d'être manichéens. Certaines scènes laissent à penser que Dutt a dû voir le Dr Mabuse de Lang, avec un méchant qui fout les jetons et joue double jeu. On est loin, bien sûr des futurs chefs d'oeuvre du maître indien, mais le divertissement est bien au rendez-vous, dans sa pureté et sa candeur même. En plus, c'est sacrément bien filmé.

Je viens de découvrir le cinéma de Guru Dutt grâce au coffret DVD récemment sorti par l'éditeur Carlotta. L'Assoiffé est en effet un film magnifique, dont les passages chantés représentent autant d'instants de grâce. A travers ses ghazals, poèmes d'amour mystique d'origine perse, le personnage interprété par Dutt incarne la conscience et la solitude de l'artiste, dont la complainte se heurte à l'incompréhension. La mise en scène fascine par sa fluidité et son extrême sensibilité....les parallèles avec la vie du cinéaste sont nombreux et la tristesse du rôle est celle qu'il porte en lui.




Le second film du coffret, Le maître, la maîtresse et l'esclave (1962) est tout aussi marquant. Il n'est pas signé Guru Dutt puisque son ami et scénariste Abrar Alvi est crédité à la réalisation : il est difficile d'y voir clair et les rôles de chacun ont été longtemps discutés. Comme l'évoque la biographie de Dutt citée par traversay, il ne souhaitait plus réaliser et était fragilisé par son tempérament dépressif. Le style porte cependant son empreinte et il s'empare à nouveau d'un rôle principal. Sur le plan de la mise en scène, de la photographie et des compositions musicales, le film bouleverse comme L'assoiffé même si le thème est tout autre. Le spectateur contemple le déclin d'une élite du Bengale au tournant du XXème siècle, en miroir au destin d'une femme (la "maîtresse" du titre) délaissée, sombrant dans l'alcoolisme et l'auto-destruction. Là-encore, le lien entre l'univers du cinéma et la réalité d'un quotidien est poignant car l'actrice Meena Kumari était elle-même dépendante (jusqu'à décéder d'une cirrhose à 39 ans en 1972).



Dans les deux films, le discours musical suit un crescendo émotionnel. C'est la révélation d'une extrême lucidité, basculant entre le désespoir et les fragiles promesses d'un avenir.
D'ores et déjà un choc visuel majeur de 2013. Evidemment, c'est incomparable avec le cinéma de Satyajit Ray mais Guru Dutt me semble presque aussi important dans l'histoire du cinéma indien.

Avadoro a écrit:

D'ores et déjà un choc visuel majeur de 2013. Evidemment, c'est incomparable avec le cinéma de Satyajit Ray mais Guru Dutt me semble presque aussi important dans l'histoire du cinéma indien.

Oui, mais il n'a hélas réalisé que très peu de films... (tu me diras que le nombre et l'importance sont deux choses différentes).
C'est dommage qu'il ne soit pas plus connu, c'est sûr. J'étais tombé sur lui par hasard ou presque (film indien pas connu en bibliothèque, hop, par ici).

Je voulais demander ce coffret au Père Noël, mais ayant des yeux fragiles, j'ai renoncé.
En effet, les extraits sur le site des éditions Carlotta montrent une bande peu restaurée, avec énormément de taches lumineuses. Peux-tu me dire s'il te plaît si les films sont ainsi dans leur totalité, ou s'il s'agit de passages isolés (auquel cas je pourrais peut-être m'en sortir ). Merci !

eXPie a écrit:

Oui, mais il n'a hélas réalisé que très peu de films... (tu me diras que le nombre et l'importance sont deux choses différentes).

C'est vrai mais il faut tout de même souligner qu'il meurt avant 40 ans. A cet âge, Satyajit Ray n'a pas réalisé davantage de films.
Et la créativité de Dutt est de toute façon liée à sa sensibilité exacerbée, violente et tumultueuse.

Pour Armor-Argoat, l'image est relativement abîmée (points blancs et tâches) mais la restauration n'est pas moins bonne que pour d'autres films indiens de cette époque. Cela ne m'a pas gêné et les contrastes restent tout de même satisfaisants.