Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Assia Djebar [Algérie]

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LaurenceV
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MessageSujet: Re: Assia Djebar [Algérie]   Assia Djebar [Algérie] - Page 2 EmptySam 28 Juin 2008 - 19:15

Je viens de commencer La femme Sans Sépulture, j'aime cette forme de récit les témoignages...
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LaurenceV
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MessageSujet: Re: Assia Djebar [Algérie]   Assia Djebar [Algérie] - Page 2 EmptyDim 4 Jan 2009 - 23:24

Ombre sultane d’Assia Djebar est un très beau livre à l’écriture intimiste et subtile. J’ai eu du mal à entrer dans l’histoire de femmes racontée par Isma. J’étais distante et hermétique mais petit à petit je me suis imprégné de l’atsmophère, du style et de l’histoire. C’est très beau, très doux et pourtant ce qui nous est présenté est dur. L’écriture est superbe.

Dans ce roman, Assia Djebar parle des femmes en Algérie, de leurs blessures, de leurs luttes, de leurs rêves de liberté et d’émancipation. Elle le fait en opposant deux épouses. La première, Isma, celle qui raconte, est l’épouse de l’amour. C’est une femme libre qui a eu une éducation occidentale, qui a vécu en Europe. C’est elle qui a décidé de quitter l’Homme et qui lui a trouvé une nouvelle épouse. La deuxième, Hajila, est issue d’un milieu social plus pauvre et conservateur. Elle doit respecter les coutumes et les obligations de la femme algérienne mariée. Elle doit accepter l’Homme, le servir, lui servir et s’occuper des enfants. Elle doit sortir couverte, voilée. Isma parle de son combat pour se protéger et vivre. Elle a besoin de pouvoir respirer librement, elle a besoin de vivre en dehors de la maison. Le ton est très humain et doux.

La première épouse, Isma, raconte les moments qu’elle a vécus avec l’Homme, leurs moments d’amour, mais aussi son enfance au sein du harem de son grand-père maternel qui avait épousé plusieurs femmes. Elle décrit l’ambiance dans les appartements des femmes. Elle parle aussi du mariage de l’une d’elles. La joie du mariage qui finalement emprisonne à vie. Mais ce mariage fut un désastre. Elle évoque aussi les bains ou encore le poids du regard des autres sur chaque femme.

Après Les nuits de Strasbourg que j’avais beaucoup aimé, Ombre sultane me charme et m’incite à plus découvrir Assia Djebar.
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MessageSujet: Re: Assia Djebar [Algérie]   Assia Djebar [Algérie] - Page 2 EmptyDim 4 Jan 2009 - 23:36

LaurenceV a écrit:
Ombre sultane d’Assia Djebar est un très beau livre à l’écriture intimiste et subtile. J’ai eu du mal à entrer dans l’histoire de femmes racontée par Isma. J’étais distante et hermétique mais petit à petit je me suis imprégné de l’atsmophère, du style et de l’histoire. C’est très beau, très doux et pourtant ce qui nous est présenté est dur. L’écriture est superbe.

[...] Après Les nuits de Strasbourg que j’avais beaucoup aimé, Ombre sultane me charme et m’incite à plus découvrir Assia Djebar.

Je reste encore très marquée par la lecture de La femme sans sépulture...
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Madame B.
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MessageSujet: Re: Assia Djebar [Algérie]   Assia Djebar [Algérie] - Page 2 EmptyVen 4 Juin 2010 - 14:08

J'ai lu Nulle part dans la maison de mon père.
Il s'agit d'une autobiographie (des souvenirs de l'Algérie des années 50 quand l'auteure était adolescente) très poétique, avec une très belle langue ciselée, des variations sur un même souvenir. Très beau. J'ai envie de poursuivre avec elle.
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MessageSujet: Re: Assia Djebar [Algérie]   Assia Djebar [Algérie] - Page 2 EmptyVen 4 Juin 2010 - 16:50

Madame B. a écrit:
J'ai lu Nulle part dans la maison de mon père.
Il s'agit d'une autobiographie (des souvenirs de l'Algérie des années 50 quand l'auteure était adolescente) très poétique, avec une très belle langue ciselée, des variations sur un même souvenir. Très beau. J'ai envie de poursuivre avec elle.


C'est bien...tu me rappelles que moi aussi... Assia Djebar [Algérie] - Page 2 32962
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Aaliz
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MessageSujet: Re: Assia Djebar [Algérie]   Assia Djebar [Algérie] - Page 2 EmptyJeu 15 Aoû 2013 - 20:33

Nulle part dans la maison de mon père

Difficile de trouver son identité lorsqu’on est écartelé entre deux cultures. On connaît dans notre société actuelle les difficultés identitaires des jeunes issus de l’immigration considérés comme étrangers sur leur propre sol natal, et considérés comme français dans le pays d’origine de leurs parents. Comment trouver sa place dans un tel cas de figure ? Alors que pourtant la double culture devrait être une force et une richesse, elle devient finalement un handicap et un motif de rejet.

Dans ce roman d’Assia Djebar, son dernier jusqu’à maintenant, l’auteur nous retrace ses souvenirs. Il ne s’agit pas à proprement parler d’une autobiographie mais plutôt d’une somme de moments qui ont marqué son enfance et son adolescence. Roman très intimiste donc dans lequel j’ai cru voir le pendant algérien du problème identitaire de cette génération dont j’ai parlé en introduction.
Nous sommes sous l’Algérie coloniale, peu avant la guerre. Fatima ( véritable prénom de l’auteur) est fille d’instituteur. A ce titre, elle est en rapport étroit avec la population européenne. Elle fréquente l’école des maîtres français, joue avec les enfants des colons. A la maison, on parle essentiellement la langue française. Malgré ça, l’empreinte de la tradition s’exprime à travers sa famille, les femmes voilées qu’elle croise dans la rue et au hammam, sa mère qui porte le haik ce grand voile blanc dont se couvraient les algériennes de l’époque. Mais c’est surtout le caractère rigoriste de son père qui la marquera le plus et un événement en particulier. Alors qu’elle essayait, en compagnie d’un petit garçon européen, d’apprendre à faire du vélo, son père la surprend et la fait rentrer sur le champ. Il lui reproche alors sévèrement d’avoir montré ses cuisses. Fatima n’avait que 6 ans …

A partir de cet instant, l’insouciance d’une petite fille fait place à la crainte et à l’incompréhension. Pourtant le père de Fatima n’est pas si strict et traditionnel que ça. Elle peut sortir sans le voile, elle peut porter des jupes. Elle peut se rendre à son internat sans chaperon. En revanche, pas question de se vêtir d’une robe laissant les épaules et le dos dénudés. Fatima ne comprend pas pourquoi ces françaises peuvent ainsi se promener en toute liberté, sans surveillance et en tenue légère et que les algériennes soient, elles, emprisonnées dans leurs voiles et dans leurs maisons. Pourquoi les algériens respectent ces mêmes françaises mais insultent l’algérienne qui ose se tenir comme elles ?
Fatima ne supporte pas cette injustice. Petit à petit, elle transgresse, fréquente des garçons en cachette, la crainte dans le cœur (« Si mon père le sait, je me tue »), une crainte telle qu’elle va jusqu’à commettre un acte désespéré.

Cette contradiction entre deux cultures, entre deux statuts de la femme, va marquer durablement Assia Djebar et imprégnera toute son œuvre.

J’ai beaucoup apprécié cette lecture.
- Par cette image qu’elle donne de la vie quotidienne sous l’Algérie coloniale du point de vue d’une petite fille puis d’une ado, bref à un âge où on se construit, où ce qui nous entoure forge notre personnalité.
- Par le style très travaillé de l’auteur. Un style plein de mouvement et de rythme, tout en variations tantôt lent tantôt puissant. Un style qui joue aussi avec les sonorités. J’ai vraiment été charmée par la plume d’Assia Djebar.

Roman catharsis, roman thérapie, Nulle part dans la maison de mon père est le témoignage d’une enfance passée dans la contradiction et l’affrontement entre deux tendances qui s’opposent et se déchirent. Ce roman est aussi l’expression d’un mal être, d’un étouffement dont les responsables sont des hommes, le père d’abord, figure omniprésente, puis le futur mari. On sent leur ombre planer tout au long de la lecture à l’image de cette société patriarcale qui laisse si peu de place à la femme. Un roman qui éclaire l’œuvre de l’auteur et sa prise de position dans le combat des femmes pour l’égalité. C’était d’ailleurs ce fait qui m’avait tenue à l’écart des romans d’Assia Djebar mais cette lecture m’aura fait comprendre l’origine de ses idées.



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MessageSujet: Re: Assia Djebar [Algérie]   Assia Djebar [Algérie] - Page 2 EmptySam 7 Fév 2015 - 12:45

Après A Brink, Assia Djebar est décédée http://www.elwatan.com/culture/assia-djebar-decedee-perte-d-une-intellectuelle-majeure-07-02-2015-286935_113.php
Je n'avais lu qu'un receuil de nouvelles : femmes d'Alger en appartement
Elle était la première femme d'origine algérienne à l'Académie française
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Bédoulène
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MessageSujet: Re: Assia Djebar [Algérie]   Assia Djebar [Algérie] - Page 2 EmptySam 7 Fév 2015 - 16:24

j'ai vu l'info aussi bonjour
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MessageSujet: Re: Assia Djebar [Algérie]   Assia Djebar [Algérie] - Page 2 Empty

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