| Parfum de livres… parfum d’ailleurs Littérature, forum littéraire : passion, imaginaire, partage et liberté. Ce forum livre l’émotion littéraire. Parlez d’écrivains, du plaisir livres, de littérature : romans, poèmes…ou d’arts… |
|
| Tristan Egolf | |
|
+14Exini Igor shanidar kenavo Le Bibliomane domreader Marko chrisdusud Orientale odrey Aeriale darkanny krys Queenie 18 participants | |
Auteur | Message |
---|
Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: Tristan Egolf Mar 25 Mai 2010 - 10:33 | |
| J'ai bien précisé que c'était juste le côté misanthrope et vengeur qui me faisait penser à Ignatius... pour le reste : style et histoire n'ont rien à voir.
(Mais je t'interdis de traiter Ignatius d'andouille, non mais oh!) | |
| | | Le Bibliomane Zen littéraire
Messages : 3403 Inscription le : 21/02/2007 Age : 58 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: Tristan Egolf Dim 10 Oct 2010 - 20:45 | |
| "Kornwolf"
Jamais Owen Brynmor n'aurait pensé revenir vivre dans sa ville natale de Stepford, dans ce coin rural de Pennsylvanie que l'on nomme par dérision le Pennsyltucky (contraction péjorative de Pennsylvanie et Kentucky afin de souligner le caractère « plouc » de cette région située entre Philadelphie et Pittsburgh) et de s'y installer définitivement. C'est pourtant ce qui arrive car Owen, qui exerce la profession de reporter, s'est fait virer de la rédaction du journal qui l'employait en Louisiane. Et le voici maintenant affecté à la rubrique faits divers du journal local, le Stepford Daily Plea. Peu lui importe ce job ingrat qui consiste à rédiger des articles sur les actes de vandalisme de la jeunesse locale, les accidents de la route et les granges parties en fumée, car Owen s'est donné une bonne raison pour revenir à Stepford : la boxe. Passionné par ce sport, Owen rêve d'écrire sur le noble art et le Pennsyltucky est justement doté d'une riche tradition pugilistique.
Cependant, ce n'est pas l'art de la boxe qui va occuper Owen dès son arrivée à Stepford. Le directeur du Plea le charge d'enquêter sur une inquiétante série de faits-divers inexpliqués (incendies volontaires, attaques de bétail, effractions, etc...) commis dans un secteur bien connu pour sa quiétude et baptisé la Cuvette amish. Ici vit en effet une forte communauté d'amish et de Mennonites qui tentent tant bien que mal de se préserver de l'influence pernicieuse du monde moderne. Owen, qui n'espère pas grand-chose de cette enquête va pourtant être à l'origine d'un scoop retentissant en publiant une photo qui lui a été fournie par un chasseur des environs. Sur celle-ci, prise en forêt, figure une créature digne d'un film d'horreur, mi-humaine, mi-animale. Les imaginations s'emballent, l'article d'Owen est cité dans toute la région, puis dans l'ensemble des États-Unis et jusqu'en Europe. On commence à évoquer des créatures telles que le bigfoot ou Sasquatch, bien connus en Amérique du nord. Mais pour la communauté locale amish, il ne peut s'agir que d'une seule chose : le Démon de Blue Ball est de retour. Cette créature enragée avait défrayé la chronique au milieu des années 70 en commettant de nombreuses agressions avant de disparaître du jour au lendemain sans laisser de traces. Ce monstre ne serait pas de type anthropoïde comme le bigfoot mais révélerait plutôt une physionomie et un comportement qui l'apparenterait aux mythiques loups-garou.
Cette fois-ci ce n'est pas le John Kaltenbrunner du « Seigneur des porcheries » qui met à feu et à sang une petite ville de l'Amérique profonde mais une créature mystérieuse et redoutable. Comme pour son premier roman, Tristan Egolf se livre à un jeu de massacre à grande échelle qui dénonce de manière truculente une société américaine bête et méchante, raciste et inculte, au point que l'on en vient à se dire que le monstre n'est pas tant celui que l'on croyait et que les victimes du Démon de Blue Ball sont bien plus redoutables et haïssables que le loup-garou qui hante leurs nuits. Nul n'est épargné, pas même les paisibles amish dont Tristan Egolf nous dresse le portrait peu reluisant d'une communauté où sévissent violence, alcoolisme et corruption.
Comme dans « Le seigneur des porcheries », Tristan Egolf excelle à nous décrire avec une truculence rabelaisienne des scènes apocalyptiques comme ce sabbat organisé par la jeunesse locale (une scène d'anthologie) et dont la description faite par l'auteur rappelle les peintures de Jérôme Bosch. On y verra aussi, entre autres, des carambolages monstrueux, la mise à sac par le Démon de Blue Ball du centre commercial local (appelé le SuperMerdier) ainsi que du chenil tenu par des amish peu recommandables.
On verra aussi dans cet ouvrage un pastiche de la littérature fantastique : la Nouvelle-Angleterre, chère à des auteurs comme Stephen King et Lovecraft n'est pas très éloignée de la Pennsylvanie. Pastiche de la littérature fantastique donc, mais aussi des films d'horreur des années d'après-guerre. Comment en effet ne pas repenser à ces films lors des scènes où une meute de citoyens armés de torches et de fusils pourchasse la créature dans la campagne, scènes typiques des films de vampires et de loups-garou de l'époque.
« Kornwolf » reprend donc nombre d'éléments qui ont fait l'incroyable renommée du « Seigneur des porcheries » sans toutefois atteindre à la perfection de son aîné. Ce roman, certes jubilatoire, n'atteint en effet pas la puissance narrative du premier roman d'Egolf. Publié après le suicide de l'auteur en 2005, cet ouvrage donne l'impression d'être l'ébauche de ce qui aurait pu être un second chef-d-œuvre signé Egolf. « Kornwolf » reste toutefois un grand roman baroque et jubilatoire digne de figurer au panthéon de la littérature contemporaine nord-américaine. | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Tristan Egolf Mar 12 Oct 2010 - 15:39 | |
| lecture en commun sur Le seigneur des porcheries ici | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Tristan Egolf Mar 12 Oct 2010 - 15:41 | |
| Merci Kena de veiller avec autant de soin à la bonne marche du forum |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Tristan Egolf Lun 18 Oct 2010 - 11:25 | |
| Le seigneur des porcheries, sous titré Le temps venu de tuer le veau gras et d'armer les justes remplacez 'le veau gras' par un cochon et 'les justes' par des éboueurs et vous aurez une idée plus adéquate de cet incroyable roman. Il est impossible de le résumer, il suffit de dire qu'il s'agit d'une épopée surhumaine, d'une satire totale de la société, d'un drame tragi-comique et nous serons encore en-dessous d'une description globale. Ecrit d'une main de maître, à un rythme effrayant, colonisant l'esprit comme un parasite, annihilant la réflexion comme une tornade, l'écriture d'Egolf est monumentale, succulente et imprévisible. A coup d'images jamais imaginées, de phrases coup de poing, de visions jamais décrites, Egolf nous entraine dans une apocalypse effrénée et une frénétique aventure. Le titre se veut biblique et il est bien question de la réécriture ou de la poursuite d'un Nouveau Testament, mais il s'agit d'un récit inversé, d'une antithèse ravageuse de la parole divine car si Dieu est amour, John Kaltenbrunner est toute haine. Si par la grâce du Verbe, Dieu créa le monde, par son silence immuable Kaltenbrunner le détruit. John est le rebut rebelle d'une société pourrie, il est l'enfant de la misère sociale et intellectuelle d'un pays enlisé dans sa bêtise, sa bâtardise, ses empêchements, John est un dégénéré parmi les dégénérés, un voyou, un envoûté, un type qui a emmagasiné tellement de rage, tellement de rancune qu'il va faire exploser le monde qui l'environne. Mais on devine qu'après la Crise viendra la Catastrophe, après la rébellion viendra le châtiment. Et celui qui raconte, tel un évangéliste retraçant la vie de son Sauveur, n'épargne rien au lecteur, de la naissance présumée (et réinventée par les détracteurs de ce nouveau Messie) dans les toilettes d'un train, à la mort prophétique d'Isabelle (une brebis), en passant par le sacrifice de milliers de volailles sur l'autel de la consommation de masse, rien n'est laissé au hasard. John est un maudit, un trafiquant de malheur, le malchanceux le plus étrange de la littérature américaine. Il est le monstre tapi dans l'ombre, celui que chaque homme même le meilleur recèle au fond de lui, prêt à surgir pour mordre, profaner, déséquilibrer le monde et puis disparaitre, car il n'y a pas de rédemption possible pour une telle énigme. John est un fou furieux et ce livre une tuerie. Un livre qui vous reste dans les mains, qui vous marque la chair, retentit dans vos songes, pénètre vos pensées, agit sur vos fantasmes (ah foutre le feu au monde pour voir combien de temps il met à fondre...) et qui se lit avec délice. Un grand, très grand roman moderne. | |
| | | odrey Sage de la littérature
Messages : 1958 Inscription le : 27/01/2009 Age : 46
| Sujet: Re: Tristan Egolf Lun 18 Oct 2010 - 20:47 | |
| Shanidar, ton commentaire est extra. Comme je suis une feignasse et une empotée, je vais me contenter de dire que je suis entièrement d'accord avec toi. Ce livre est exceptionnel. Je me félicite d'avoir eu l'idée de le prendre à la bibliothèque, tien. | |
| | | Igor Zen littéraire
Messages : 3524 Inscription le : 24/07/2010 Age : 71
| Sujet: Re: Tristan Egolf Mar 19 Oct 2010 - 8:40 | |
| - Le Bibliomane a écrit:
- "Kornwolf"
Publié après le suicide de l'auteur en 2005, cet ouvrage donne l'impression d'être l'ébauche de ce qui aurait pu être un second chef-d-œuvre signé Egolf. « Kornwolf » reste toutefois un grand roman baroque et jubilatoire digne de figurer au panthéon de la littérature contemporaine nord-américaine. C'est exactement le sentiment que j'ai eu après sa lecture. Des passages extraordinaires, extrêmement précis dans la narration mais aussi des "blancs" ou "manques" dans le récit. Triste destin que celui de l'auteur et on se demande quel état dépressif l'a conduit à cette extrémité. | |
| | | krys Sage de la littérature
Messages : 2093 Inscription le : 06/09/2009 Age : 65 Localisation : sud ouest
| Sujet: Re: Tristan Egolf Mer 11 Avr 2012 - 15:43 | |
| Le seigneur des porcheries
Voilà un auteur à la verve étonnante et magnifique. A travers l'histoire de John, d'abord enfant incompris et rejeté en raison de sa ,différence, puis précipité dans des événements toujours plus destructeurs, Egolf nous livre une peinture renversante d'une petite ville américaine où rien ne manque : hypocrisie, avarice, violence, alcoolisme, racisme. La vengeance de John provoquera un véritable cataclysme. J'ai dévoré ce livre au style flamboyant ! | |
| | | Exini Zen littéraire
Messages : 3065 Inscription le : 08/10/2011 Age : 51 Localisation : Toulouse
| Sujet: Re: Tristan Egolf Lun 14 Jan 2013 - 12:21 | |
| Le seigneur des porcheries
Lu depuis un petit moment, mais je me suis dit qu'il fallait se relancer dans les commentaires, donc excusez mes oublis et failles. De toutes façons, la description de Shanidar est parfaite.
Pour moi, ce livre se divise en deux parties : L'enfance de John Kaltenbrunner à Baker, puis son retour dans la ville. Baker, commune où racisme, alcoolisme, violence et bigoterie vivent en bonne entente, voit arriver en son sein la mère Kaltenbrunner et son fils, John. John ne s'intègre pas dans les rites de cette ville. Enfant pragmatique, intelligent, buté, il ne veut pas entrer dans cette norme, ne va pas à l'école et préfère étudier parfaitement les règles de l'agriculture. Tout dégénère lorsqu'un ouragan dévaste la propriété et que sa mère tombe malade. John ne peut plus lutter contre l'institution scolaire et les bigottes qui, sous couvert de charité, dépossèdent les Kaltenbrunner de tous leurs biens et John, dans un accès de révolte et de colère se fait arrêter. Retour à Baker pour John Kaltenbrunner après trois ans de travaux d'intérêt général. Personne ne le reconnait, et il va tout faire pour se venger méthodiquement de cette ville...
La violence est partout dans le livre, et encore plus psychologique que physique. L'auteur y dresse un portrait acide d'une société hypocrite et sans âme, c'est le "leitmotiv" du livre. Mais Kaltenbrunner n'est pas pour autant décrit comme un héros, loin de là. Il vomit Baker, sa violence ne cause aucune mort (sauf...) mais sert de catalyseur pour que l'hypocrisie (je me rappelle encore de ce "combat du net") et la monstruosité de cette ville se dévoilent au grand jour.
Livre haletant, passionnant, avec un humour décapant et d'une violence psychologique inouïe (mais ça fait quelques mois, peut-être un an que je ne l'ai pas lu. Quelqu'un est d'accord avec moi ?). A lire.
Dernière édition par Exini le Lun 14 Jan 2013 - 20:03, édité 1 fois | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Tristan Egolf Lun 14 Jan 2013 - 19:28 | |
| je suis complètement d'accord Exini et deux ans après, le livre d'Egolf palpite encore dans mon esprit comme le corps d'une grenouille disséquée... d'ailleurs la petite indication d'Igor me donne envie de dégotter Kornwolf... | |
| | | krys Sage de la littérature
Messages : 2093 Inscription le : 06/09/2009 Age : 65 Localisation : sud ouest
| Sujet: Re: Tristan Egolf Lun 14 Jan 2013 - 20:19 | |
| Moi aussi, il est sur ma wishlist ! | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Tristan Egolf Lun 14 Jan 2013 - 22:43 | |
| Je l'avais lu, mais de travers et en diagonale (mauvaise période). Mais j'ai envie de recommencer l'expérience ! | |
| | | odrey Sage de la littérature
Messages : 1958 Inscription le : 27/01/2009 Age : 46
| Sujet: Re: Tristan Egolf Mar 15 Jan 2013 - 20:16 | |
| - colimasson a écrit:
- Je l'avais lu, mais de travers et en diagonale (mauvaise période).
Mais j'ai envie de recommencer l'expérience ! Tu as lu lequel? Le seigneur des porcheries ou Kornwolf? Exini, je suis entièrement de ton avis. Ce roman est génial. Il faut que je lise Korwolf. | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: Tristan Egolf Mar 15 Jan 2013 - 20:45 | |
| - odrey a écrit:
- colimasson a écrit:
- Je l'avais lu, mais de travers et en diagonale (mauvaise période).
Mais j'ai envie de recommencer l'expérience ! Tu as lu lequel? Le seigneur des porcheries ou Kornwolf?
Exini, je suis entièrement de ton avis. Ce roman est génial. Il faut que je lise Korwolf. Pareil ! | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Tristan Egolf Mar 15 Jan 2013 - 21:44 | |
| Et vous attendez quoi pour le lire les filles ? Il se trouve dans ma PAL depuis une quinzaine et ce sera probablement ma prochaine lecture ! |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Tristan Egolf | |
| |
| | | | Tristan Egolf | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|