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| Jafar Panahi | |
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+5Aeriale Chamaco eXPie Marko traversay 9 participants | |
Auteur | Message |
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Chamaco Zen littéraire
Messages : 4366 Inscription le : 10/03/2013 Age : 78 Localisation : là haut, vers Aix...
| Sujet: Re: Jafar Panahi Jeu 30 Avr 2015 - 20:23 | |
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| | | Avadoro Zen littéraire
Messages : 3501 Inscription le : 03/01/2011 Age : 39 Localisation : Cergy
| Sujet: Re: Jafar Panahi Jeu 30 Avr 2015 - 23:11 | |
| Taxi Téhéran
Mon impression est aussi positive. Jafar Panahi va bien au-delà de la démonstration d'un dispositif (qui rappelle en effet Ten de Kiarostami) et contourne les limites matérielles du projet pour offrir un moment intense de cinéma, même s'il faut du temps pour s'habituer au rythme du film, à l'unité de temps et de lieu.
Panahi fait preuve d'humilité en ne se mettant pas en avant, souvent bousculé et parfois impuissant face à un quotidien mouvementé, poignant et douloureux à travers la multiplicité des échanges et des scènes observées. La présence de sa nièce constitue dans la seconde partie un miroir de son regard et et l'interrogation sur la représentation de la réalité symbolise le poids d'une pression sociale et politique, avec une lucidité renforcée par l'intervention de la dame aux fleurs. Le film parvient en tout cas, en absorbant le flux d'une vie urbaine, à libérer une parole qui représente par elle-même un geste artistique. | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Jafar Panahi Ven 1 Mai 2015 - 17:07 | |
| - Arabella a écrit:
- Je m'attendais justement à un ton badin, et je ne l'ai pas trouvé. Parce que quand même, dès le début, les premiers "clients" du taxi, de quoi il discutent ? De la peine de mort, et il ne s'agit pas de théorie. Et j'ai trouvé le type franchement désagréable voire inquiétant. Et c'est un jalon, puisque cela va faire écho avec l'histoire du voisin, qui n'ose pas dénoncer ses agresseurs, justement à cause du risque d'une sanction disproportionnée. Tout le suite est abordée la question de l'état islamique, plus criminel que les délinquants.
Ce qui donne cette impression de recul, de relative légèreté dont je veux parler c'est l'attitude toujours en retrait du cinéaste. Il laisse les clients (ce n'en sont pas toujours d'ailleurs) du taxi s'exprimer, et même s'ils parlent de la peine de mort soit de façon brutale comme le premier personnage carrément rustre (mais très réel, j'imagine que ces Iraniens confrontés à la dureté du quotidien, n'ont pas de langue de bois, comme nous) ou de manière beaucoup plus humaniste, comme le voisin, lui reste spectateur, avec cet éternel sourire un peu désabusé du type qui en a vu. - Arabella a écrit:
- Oui, c'est un peu obligé de seulement suggérer, voir cela devient un réflexe dont on ne se rend plus compte. Mais je dirais qu'il y a dans ce film une façon de ne pas s'apitoyer sur soi, alors qu'il y aurait de quoi, mais de réagir avec dignité et pudeur, qui justement au final provoque une émotion forte.
Tout à fait, je suis bien d'accord et c'est ce qui m'a touchée. Cette authenticité, cette pudeur masquée par l'humour, la fantaisie de certaines scènes, mille fois plus parlante qu'une lourdeur démonstrative. - Avadoro a écrit:
- Taxi Téhéran
Panahi fait preuve d'humilité en ne se mettant pas en avant, souvent bousculé et parfois impuissant face à un quotidien mouvementé, poignant et douloureux à travers la multiplicité des échanges et des scènes observées. La présence de sa nièce constitue dans la seconde partie un miroir de son regard et et l'interrogation sur la représentation de la réalité symbolise le poids d'une pression sociale et politique, avec une lucidité renforcée par l'intervention de la dame aux fleurs. Voilà. Avadoro a parfaitement exprimé mon ressenti. Je suis admirative de cette humilité, de sa lucidité toute en discrétion. Il laisse les autres nous renvoyer cette réalité qu'ils subissent tous, plus ou moins muselés, et ça en est poignant. Respect.
Dernière édition par Aeriale le Ven 1 Mai 2015 - 23:25, édité 1 fois | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Jafar Panahi Ven 1 Mai 2015 - 20:21 | |
| - Aeriale a écrit:
Ce qui donne cette impression de recul, de relative légèreté dont je veux parler c'est l'attitude toujours en retrait du cinéaste. Il laisse les clients (ce n'en sont pas toujours d'ailleurs) du taxi s'exprimer, et même s'ils parlent de la peine de mort soit de façon brutale comme le premier personnage carrément rustre (mais très réel, j'imagine que ces Afghans confrontés à la dureté du quotidien, n'ont pas de langue de bois, comme nous) ou de manière beaucoup plus humaniste, comme le voisin, lui reste spectateur, avec cet éternel sourire un peu désabusé du type qui en a vu.
Le retrait, oui, c'est un choix fort, il ne paraît pas juger ni donner son sentiment à lui. Et même si évidemment, c'est un leurre de cinéma, puisque c'est lui au final qui décide de faire parler tel ou tel et dire telle ou telle chose, et qui fait et choisi le montage. Comme dans un autre film dans lequel le metteur en scène n'apparaît pas à l'écran. Mais cela fait qu'au final il parle aussi de ce qu'est le travail du cinéaste, qui s'exprime à travers ses personnages et ses plans, même quand on ne le voit pas. Le personnage du début (je ne comprends pas trop pourquoi tu le définis comme Afghan ?) est un délinquant, qui vit de la violence (parce que vu le personnage, si ses victimes ne se laissent pas faire...) et que ce soit lui (et c'est finalement le seul qui le fait de façon explicite) qui soutienne les choix violents du régime c'est évidemment un message très fort de Panahi. | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Jafar Panahi Mar 18 Oct 2016 - 19:13 | |
| Sang et or / Jafar Panahi Le film est censé être inspiré par un fait divers. Un livreur tente de braquer une bijouterie, tue le bijoutier, puis se suicide.Nous le suivons quelques temps avant les faits dans son quotidien. Paradoxalement un film très noir et en même temps rempli d'une immense humanité. L'humanité du regard porté sur son personnage principal, le gars que tout le monde aime bien, et qui accumule progressivement les frustrations. Celle d'être un très pauvre dans un monde où d'autres sont de plus en plus riches et de plus en plus méprisants. D'être ex-soldat abîmé par la guerre, un laissé pour compte d'une société à deux vitesse. De vivre dans une société très muselée, dans laquelle la police de moeurs veille en permanence au comportement de ses concitoyens. Le film dresse un constat terrible de la société iranienne, entre traditions étouffante et inégalités sociales. Un film très fort, très dense, qui suggère énormément, esquisse des portraits de personnages en peu de choses avec une grande justesse. Intense et qui laisse une forte trace. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jafar Panahi Mar 18 Oct 2016 - 22:29 | |
| Ca semble bien tentant, en effet. Depuis quelques années, le cinéma iranien (non officiel !) nous propose des films particulièrement forts et éclairants sur la société des mollahs. |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Jafar Panahi Mar 18 Oct 2016 - 23:00 | |
| c'est un film qui sort en ce moment ? | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Jafar Panahi Mer 19 Oct 2016 - 8:48 | |
| Il y a une rétrospective intégrale au Centre Pompidou dans le cadre du festival d'automne.
Plus d'infos | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Jafar Panahi Sam 22 Oct 2016 - 21:57 | |
| Le cercle Nous suivons quelques femmes à Téhéran. On passe de l'une à l'autre. Elles sont toutes plus ou mois en fuite, anciennes ou futures condamnées, même si pour la plupart, nous ne savons pas quel a pu être leur délit ou crime. Mais le seul fait d'être une femme, sans homme, les rend suspectes, suspectés, et devant se justifier. Tout est un parcours de combattant, acheter une place et prendre le car, aller à l'hôtel.... Nous suivons cette ronde de personnages jusqu'à ce que le cercle se referme, de la naissance jusqu'à l'enfermement qui anticipe la mort. Quelques heures de liberté précaire et fiévreuse, qui pour être conservée nécessite une vigilance de tous les instants et un mouvement permanent, dans un environnement hostile. Nous savons finalement peu de choses de chacun de personnage, nous ne faisons que les accompagner quelques temps, en partageant leurs angoisses et leurs brûlante envie de vivre malgré tout. Comme nous ne faisons qu'entrapercevoir la ville et ses habitants, de loin, et très rapidement, car il faut être toujours bouger et se dérober. Une ville quadrillée en permanence par des soldats et par des policiers, à l'affût, en embuscade. Une oeuvre forte et dense, d'une grande maîtrise formelle et narrative. Qui raconte la malédiction d'être une femme. J'ai vu le film dans le cadre de la rétrospective en cours au centre Pompidou, mais la vidéo doit être trouvable pour ceux qui seraient tentés... | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Jafar Panahi Sam 22 Oct 2016 - 22:21 | |
| Ceci n'est pas un film
En attente de l'appel du jugement qui l'a condamné à 6 ans de prison et à 20 d'interdiction de faire des films, Jafar Panahi, avec la complicité de Mojtaba Mirtahmasb, réalise cette oeuvre. Où on le voit vivre une journée chez lui. Téléphoner à son avocate, s'occuper du lézard, manger son petit déjeuner...Et aussi raconter le dernier scénario qu'il a écrit, et qu'il n'a pas l'autorisation de tourner. Evidemment c'est poignant, parce que la situation est dramatique. Même si Panahi reste très pudique sur ses peurs. Ce qu'il transmet surtout c'est un désir, un besoin vital de faire du cinéma, indispensable pour exister. L'en priver, c'est le mutiler de la façon la plus douloureuse. C'est aussi intéressant de le voir commenter certains de ses films, d'entendre ce qu'il en dit. On saisit beaucoup de sa conception de la mise en scène, de sa vision du cinéma. Evidemment, c'est très artisanal, pas de belles images, peu d'effets de mise en scène sont possibles. Peut être juste un peu à la fin, lorsqu'il se met à filmer le beau frère du gardien, qui vient dans les appartements ramasser les poubelles, qu'il le suit dans l'ascenseur. Et là en quelques plans, il donne une véritable leçon, aussi bien sur la façon dont une image donne sens, que sur la façon dont il capte un personnage, une situation, et qu'il l'utiliser pour dire bien plus sur la société, sur quelque chose de plus général, à partir de quelque chose en apparence anecdotique. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jafar Panahi Dim 23 Oct 2016 - 0:31 | |
| J'avais vu le cercle il y a un bon moment déjà, les souvenirs sont trop flous pour en parler plus concrètement. Mais je me souviens que la fuite éperdue de ces femmes, et cette façon de s'accrocher au moindre souffle de vie _ Encore un instant, monsieur le bourreau !_ m'avait profondément marquée. Il faudrait que je le revoie. |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Jafar Panahi Dim 23 Oct 2016 - 22:55 | |
| Le cercle est celui que je trouve le plus dense et marquant, parmi ceux que j'ai vu pour l'instant. Mais les trois derniers qu'il a tourné, dont Taxi Téhéran, c'est avec des moyens presque amateurs. Ce qui est un gâchis incroyable, compte tenu de son talent. | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Jafar Panahi Sam 5 Nov 2016 - 18:41 | |
| Pardé Deuxième film du réalisateur après son interdiction de filmer, Pardé n'est pas sorti en France, malgré l'Ours d'Argent du scénario au festival de Berlin. Un écrivain ou scénariste, se rend dans la maison d'un ami au bord de la mer, dans laquelle il se barricade. Il cache un chien, animal pourchassé à ce moment là en Iran (impur). Un mystérieux couple arrive à entrer dans la maison. Qui sont ils ? Que cherchent-ils ? Puis entre film et fiction, le propriétaire (Panahi lui-même) arrive dans la maison, et ne semble pas voir (enfin pas tout le temps) ces personnages. Entre fiction et réalité une fable ou une métaphore, entre la tentation de l'anéantissement et l'irrésistible besoin de créer, malgré tout. Presque kafkaïen par moment, par d'autres on est dans un réel très tangible. Les limites du cinéastes font que c'est presque entièrement filmé dans la maison, mais quelques magnifiques images en forme d'échappée nous permettent parfois de rejoindre une autre dimension. Une merveille d'intelligence, de sensibilité et d'inventivité. | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Jafar Panahi Sam 5 Nov 2016 - 18:43 | |
| Le miroir Une petite sort de l'école, mais sa mère n'est pas là. Elle va essayer de rentrer seule chez elle, et vivre des aventures et rencontres sur le chemin. Le deuxième film de Jafar Panahi, et le dernier diffusé dans son pays, récompensé par un Léopard d'or à Locarno. Une merveille de naturel en apparence, et en même temps de construction. Le cinéaste commence à gommer la frontière entre la fiction et la réalité (tournage du film) et apparaît lui-même comme un personnage à un moment. Nous entrevoyons la société iranienne, ses règles et codes (il existe des foulards différents suivant l'âge, des entrées séparées pour les hommes et les femmes dans les bus...). La petite actrice est absolument étonnante, et tous les personnages plus vrais que nature. Un vrai bonheur, entre sourire, voire rires, et une plongée dans une culture. Cette rétrospective a été vraiment un grand moment, avec des films dans des registres différents, mais en même temps la découverte d'une oeuvre d'une grande cohérence et richesse. Et d'un immense humanisme. | |
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| Sujet: Re: Jafar Panahi | |
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| | | | Jafar Panahi | |
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