Henri Michaux

perdu un morceau ?

animal a écrit:

perdu un morceau ?

Ouais ! C' est une hiistoire compliquée et qui commence à m' agacer !

et maintenant est-ce que c'est mieux (j'ai édité le message) ?

animal a écrit:

et maintenant est-ce que c'est mieux (j'ai édité le message) ?

Oui, merci ! Je ne sais pas pourquoi, mais l' edition se faisait en morceau compact.

Bon, il y a un autre problème à propos de ce poème sublime. Et il faut que je le signale pronto.
En effet, j' ai eu l' occasion de feuilleter l' édition de poche de Vivre dans les plis, et -o stupeur!-
le  poème en question n' y figurait pas. Alors qu' elle figure bel et bien dans mon édition de
Gallimard, dite "la Blanche".
J' ai réfléchi et connaissant Michaux, j' imagine qu' à la fin de sa vie, il a décidé de ne plus rééediter
ce poème d' une beauté extreme mais aussi d' une intimité bouleversante.
C' est pourquoi, j' ai voulu prévenir ceux qui voulaient acheter le livre en poche (Coll. Poésie)
s' en abstiennent.

Voilà voilà

bix229 a écrit:

animal a écrit:

et maintenant est-ce que c'est mieux (j'ai édité le message) ?

Oui, merci ! Je ne sais pas pourquoi, mais l' edition se faisait en morceau compact.

Bon, il y a un autre problème à propos de ce poème sublime. Et il faut que je le signale pronto.
En effet, j' ai eu l' occasion de feuilleter l' édition de poche de Vivre dans les plis, et -o stupeur!-
le  poème en question n' y figurait pas. Alors qu' elle figure bel et bien dans mon édition de
Gallimard, dite "la Blanche".
J' ai réfléchi et connaissant Michaux, j' imagine qu' à la fin de sa vie, il a décidé de ne plus rééediter
ce poème d' une beauté extreme mais aussi d' une intimité bouleversante.
C' est pourquoi, j' ai voulu prévenir ceux qui voulaient acheter le livre en poche (Coll. Poésie)
s' en abstiennent.

Voilà voilà

Voilà une histoire qui nous préoccupe. Comme si le fait de rééditer et expurger quelques uns de ses meilleurs poèmes pouvait se faire sans dommage sur la réception et la postérité d'une oeuvre... dommage que Michaux et ses conseillers aient passé ce poème aux ciseaux éditoriaux...

C'est un répondant-complémentaire gracieux à ta signature.

[center]

Henri Michaux – Qu’il repose en révolte (1949)

Dans le noir, dans le soir sera sa mémoire
dans ce qui souffre, dans ce qui suinte
dans ce qui cherche et ne trouve pas
dans le chaland de débarquement qui crève sur la grève
dans le départ sifflant de la balle traceuse
dans l’île de soufre sera sa mémoire.
Dans celui qui a sa fièvre en soi, à qui n’importent les murs
dans celui qui s’élance et n’a de tête que contre les murs
dans le larron non repentant
dans le faible à jamais récalcitrant
dans le porche éventré sera sa mémoire
Dans la route qui obsède
dans le cœur qui cherche sa plage
dans l’amant que son corps fuit
dans le voyageur que l’espace ronge.
Dans le tunnel
dans le tourment tournant sur lui-même
dans l’impavide qui ose froisser le cimetière.
Dans l’orbite enflammé des astres qui se heurtent en éclatant
dans le vaisseau fantôme, dans la fiancée flétrie
dans la chanson crépusculaire sera sa mémoire.
Dans la présence de la mer
dans la distance du juge
dans la cécité
dans la tasse à poison.
Dans le capitaine des sept mers
dans l’âme de celui qui lave la dague
dans l’orgue en roseau qui pleure pour tout un peuple
dans le jour du crachat sur l’offrande.
Dans le fruit de l’hiver
dans le poumon des batailles qui reprennent
dans le fou de la chaloupe.
Dans les bras tordus des désirs à jamais inassouvis
sera sa mémoire.
***
Henri Michaux (1899-1984) – La Vie dans les plis (1949)

Michaux n' est pas toujours le joyeux fantaisiste qu' on imagine. Peut etre ne l' a  t-il jamais été.
Ce qui est sur, c' est qu' après la mort dramatique de son épouse, il ne le sera jamais plus.

Je vous propose un autre poème qui a particulièrement attiré mon attention. On peut le retrouver dans La nuit remue et dans l'anthologie rétrospective de L'espace du dedans.

Citation :

«Contre !»

Je vous construirai une ville avec des loques, moi !
Je vous construirai sans plan et sans ciment
Un édifice que vous ne détruirez pas,
Et qu’une espèce d’évidence écumante
Soutiendra et gonflera qui viendra vous braire au nez,
Et au nez gelé de tous vos Parthénons, vos arts arabes, et de vos
                                                                                 [Mings

Avec de la fumée, avec de la dilution de brouillard
Et du son de peau de tambour,
Je vous assoirai des forteresses écrasantes et superbes.
Des forteresses faites exclusivement de remous et de secousses, secousses
Contre lesquelles votre multimillénaire et votre géométrie
Tomberont en fadaises et galimatias et poussière de sable sans raison.

Glas ! Glas ! Glas sur vous tous, néant sur les vivants !
Oui, je crois en Dieu ! Certes, il n’en sait rien !
Foi, semelle inusable pour qui n’avance pas.
Oh monde, monde étranglé, ventre froid !
Même pas symbole, mais néant, je contre je contre.
Je contre et te gave de chiens crevés,
En tonnes, vous m’entendez, en tonnes, je vous arracherai ce que vous                  
                                                                  [m’avez refusé en grammes.
Le venin du serpent est son fidèle compagnon,
Fidèle et il l’estime, à sa juste valeur.
Frères, mes frères damnés, suivez-moi avec confiance.
Les dents du loup ne lâchent pas le loup,
C’est la chair du mouton qui lâche.

Dans le noir nous verrons clair mes frères,
Dans le labyrinthe nous trouverons la voie droite.
Carcasse, où est ta place ici, gêneuse, pisseuse, pot cassé ?
Poulie gémissante, comme tu vas sentir les cordages tendus des quatre  
                                                                                    [mondes !
Comme je vais t’écarteler!

Ah on sent bien la colère et l'exaspération du poète dans les répétitions ! Je suis justement en train de relire Plume...