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| Lu Chuan | |
| | Auteur | Message |
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traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Lu Chuan Ven 23 Juil 2010 - 23:11 | |
| Lu Chuan est né le 8 février 1971 à Kuitun (Xinjiang) en Chine. Il a servi deux années dans l'armée avant de rejoindre l'Université de cinéma de Pékin dont il sort diplômé en réalisation. En 2002, il réalise son premier film, The Missing Gun (Xún Qiāng). En 2004, il tourne Kekexili, la patrouille sauvage (sorti en France en janvier 2006). Considéré comme une personnalité majeure du nouveau cinéma chinois, son film Nanjing, Nanjing (City of life and death) sorti en 2009 en Chine remporte un succès critique et commercial, tout en provoquant la polémique. Ce film dont le sujet est le massacre de Nankin gagne la Coquille d'or au Festival de Saint-Sébastien en 2009. Il est sorti le 21 juillet 2010 sur les écrans français. City of life and death - Citation :
- Aux portes de Nankin, capitale de la Chine, l’armée impériale japonaise lance l’offensive. À l’intérieur, les soldats chinois sont totalement désorganisés. Certains veulent se rendre, d’autres s’y opposent par la force, alors que l’essentiel des troupes et une partie de la population civile ont déjà été évacués. Les remparts sont détruits par des tirs de chars. Les soldats japonais entrent dans la ville fantôme avec ordre de ne pas faire de prisonniers. Le « Massacre de Nankin » est en marche.
Comme toute grande fresque épique, City of Life and Death alterne moments forts (scènes de combat, exécutions sommaires) et scènes intimistes, pendant lesquelles émergent trois personnages : un officier japonais, un bon samaritain nazi (!), une jeune chinoise. Ville assiégée, vaincue, humiliée, "nettoyée", Nankin, alors capitale de la Chine, fut en 1937 le théâtre d'actes de barbarie sans nom, de massacres massifs et de viols collectifs. Le film ne tait rien de ces faits avérés, mais n'en rajoute pas dans l'horreur. Accusé par les uns de propagande, vilipendé par les autres pour avoir montré des soldats japonais horrifiés par leurs propres exactions, City of Life and Death ne pouvait que provoquer la polémique. Tant mieux, c'est aussi la qualité des grandes oeuvres avec un point de vue (plusieurs en l'occurrence) que de ne pas faire l'unanimité. Avec son noir et blanc sublime, ses combats dignes d'un Samuel Fuller, son décor désolé de ruines fumantes, le film est un des plus forts qu'on ait pu voir cette année. | |
| | | Queenie ...
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| Sujet: Re: Lu Chuan Lun 2 Aoû 2010 - 17:46 | |
| City of life and deathCe qui m'a marqué dans ce film : les faits montrés avec brutalité, "franchise", rien n'est fait pour provoquer du pathos à outrance. On suit, certes, comme le dit Traversay, quelques personnages, mais on en reste loin. On essaye pas de provoquer de l'empathie par des effusions de larmes, de grands discours, de plans à rallonge. Ça découpe dans le vif par des images très fortes (et y'en a des super belles, le travail sur la photo est époustouflant). Les 2h et quelques passent toutes seules, tellement on est scotchés par l'horreur qui nous fait face, et combien il est facile de faire le parallèle avec la violence qui a court encore un peu partout. Un film à voir.
Dernière édition par Queenie le Mer 4 Aoû 2010 - 17:10, édité 1 fois | |
| | | traversay Flâneur mélancolique
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| Sujet: Re: Lu Chuan Lun 2 Aoû 2010 - 19:19 | |
| - Queenie a écrit:
- traversay a écrit:
City of life and death Ça découpe dans le vif par des images très fortes (et y'en a des super belles, le travail sur la photo est époustouflant). Les 2h et quelques passent toutes seules, tellement on est scotchés par l'horreur qui nous fait face, et combien il est facile de faire le parallèle avec la violence qui a court encore un peu partout.
Un film à voir. Heureux que tu aies aimé. J'ai été tellement soufflé par les images que je vais voir ce soir en DVD Kekexili, le précédent film du cinéaste, qui est sorti dans les salles françaises en 2006 (ça m'avait échappé). Et j'en profite pour ajouter une image saisissante de City of life and death. | |
| | | traversay Flâneur mélancolique
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| | | | traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: Lu Chuan Lun 2 Aoû 2010 - 22:25 | |
| Kekexili (2004) - Citation :
- Pour empêcher le massacre des dernières antilopes du Tibet, une patrouille de volontaires part à la recherche d'un gang de braconniers sur les plateaux du Kekexili. Une poursuite impitoyable s'engage entre les deux groupes dans des conditions extrêmes, à 5000 mètres d'altitude.
Quel film, mes aïeux ! Qui tient autant du documentaire (une histoire vraie qui a eu lieu en 1996) que du western et du film d'aventures. A couper le souffle, et pas seulement parce que tout se passe à 5000 mètres d'altitude. Les images sont d'une beauté sidérantes (ce pourrait être le pêché mignon de Lu Chuan, l'excès d'esthétisme) et la conduite du récit impeccable. Brutal comme ces terres inhospitalières entre montagnes, lacs glacés et désert. Il y a bien des façons de mourir dans le film : sous les balles des braconniers, de froid, d'un oedème pulmonaire ou, pire encore, englouti dans les sables mouvants (la scène la plus terrible). Bref, c'est grandiose mais, comme dans City of life and death, il y a une sorte de recul dans la mise en scène, le refus de l'apitoiement et un réalisme ébouriffant. Espérons que Lu Chuan, qui ne plait que modérément aux autorités chinoises ne soit pas réduit, à l'avenir, à tourner d'impersonnels films hollywoodiens. | |
| | | Queenie ...
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| | | | traversay Flâneur mélancolique
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| Sujet: Re: Lu Chuan Mer 4 Aoû 2010 - 17:27 | |
| Extraits d'une interview de l'écrivain et réalisateur de documentaire Michaël Prazan sur Parismatch.com : - Citation :
- ParisMatch.com. Quelle est la place du massacre de Nankin dans l’histoire des deux pays ?
Michael Prazan. Il y a une longue période durant laquelle l’événement n’a pas été abordé, ni par la Chine, ni par le Japon. Il y a d’abord eu des raisons intérieures. Mao ne souhaitait pas l’évoquer, c’était la défaite de Tchang Kaï-chek et en plus le massacre de Nankin était plutôt pour lui un événement honteux et il ne fallait absolument pas en parler. Au Japon, le massacre est très peu traité et médiatisé, y compris lors du Tribunal de Tokyo, les Japonais n’en ont très peu parlé. Dans les années 80, la mémoire de Nankin a rejailli, aussi bien en Chine qu’au Japon. Cela tient à plusieurs raisons. Pour la Chine, des livres et des travaux ont ressuscité l’évènement et ont créé un symbole des massacres commis en Chine par l’armée impériale japonaise. Il y a eu d’autres massacres mais celui-là est devenu le plus frappant. La parole des survivants a pu s’exprimer et l’événement a pu être enseigné dans les écoles chinoises. Il y a eu une fabrication mémorielle de Nankin qui est monté en puissance, en Chine, jusqu’à aujourd’hui. Au Japon, c’est la génération 68 qui avait protesté lors des grands mouvements étudiants de la fin des années 60, qui a ressuscité l’affaire Nankin. Il y a aussi une instrumentalisation de l’événement à des fins politiques. Il y a une offensive révisionniste au Japon dans les années 80 qui niait le massacre de Nankin, qui le relativisait. Un lobby s’est créé pour fabriquer des manuels scolaires – au Japon, le système scolaire est libéral et n’importe quelle association peut diffuser son ouvrage scolaire dans les écoles qui le demandent. C’est l’affaire des manuels scolaires au Japon qui a permis aussi – par interaction – d’élever le souvenir du massacre de Nankin en cause nationale en Chine.
Le film a adopté le parti-pris d’un soldat japonais et a suscité une polémique en Chine. Comment l’interpréter ? Il y a très clairement une haine viscérale des Japonais en Chine, mais aussi une forme d’admiration, de modèle d’un point de vue économique et commercial. Il y a donc des sentiments très ambigus même si ce qui domine est une haine antijaponaise très marquée, qui a encore été exacerbée par les visites répétées de Junichiro Koizumi (Premier ministre japonais de 2001 à 2006) au sanctuaire de Yasukuni à Tokyo, qui vénère les esprits des soldats japonais morts au combat depuis l’origine du Japon à nos jours. Et il se trouve que les responsables du massacre de Nankin sont vénérés dans ce lieu. Le sanctuaire est le symbole du nationalisme japonais et ces visites-là ont toujours été suivies en Chine d’émeutes et d’attaques violentes contre les représentations japonais, notamment les ambassades. Il y a toujours cette mémoire à vif entre les deux pays qui ressurgit et qui est instrumentalisée de part et d’autres. Cela ne m’a pas étonné que le film prenne l’exemple d’un soldat japonais. Nankin a eu un effet pervers pour le gouvernement chinois. En éduquant toute une jeunesse – et Lu Chuan (le réalisateur du film, Ndlr) en fait partie – au massacre de Nankin, ils ont fait prendre conscience à toute cette génération les droits de l’homme. Et donc c’est une génération qui par Nankin, a compris l’importance du respect de ceux-ci. Il y a donc un regard beaucoup moins idéologique et beaucoup plus tolérant. Il y a un message très courageux, un message de paix qui est véhiculé par le film, à travers ce soldat japonais.
En tant qu’historien, comment avez-vous jugé la reconstitution du massacre ? C’est frappant de réalisme. Il y a un souci historique extrêmement scrupuleux. Toutes les scènes que l’on voit dans le film ont existé, parfois avec un sens du détail assez incroyable. C’est une vraie reconstitution historique. Le côté romanesque et fictionnel est très clairement au second plan et tous les faits sont authentiques. Ils ont été rapportés par la missionnaire Minnie Vautrin, le représentant allemand John Rabe, ou encore le révèrent John Magee.
Au Japon, comment est perçue l’existence même du film ? Je n’ai eu aucun écho d’une quelconque réaction nippone. Il y a eu de nombreux films chinois sur les massacres de Nankin et celui-là étant le meilleur. Il y en eu un de qualité auparavant, «Don’t Cry Nankin» qui date d’une dizaine d’années, a été diffusé au Japon par le producteur et réalisateur indépendant Koji Wakamatsu (immense cinéaste auquel le Festival Paris Cinéma a rendu hommage, Ndlr). C’est une figure extrêmement politisée, qui a été l’un des financiers de l’Armée rouge japonaise dans les années 70. C’est lui qui de sa propre initiative a diffusé le film dans très peu de salles, deux-trois je crois. A ce moment, il y a eu des émeutes orchestrées par les yakusas et l’extrême-droite. Celle-ci est très minoritaire au Japon mais très active. Ils avaient tenté d’interdire la projection du film. Le Japon change aussi et je pense que le personnage du soldat japonais permettrait d’informer une jeune génération qui ne connait strictement rien à ces événements. Il y a une chape d’oubli au Japon et cela permettrait de toucher un public japonais. Mais ceci est juste une intuition. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Lu Chuan Mer 4 Aoû 2010 - 21:08 | |
| J'étais intrigué par l'affiche mais je l'avais mis de côté... Vous me donnez l'eau à la bouche et je me dépêche d'aller le voir avant qu'il quitte l'écran! | |
| | | Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Re: Lu Chuan Jeu 13 Jan 2011 - 20:22 | |
| Vu donc en DVD City of life and death Film magnifique dans un noir et blanc somptueux, rien à rajouter à vos avis. Animal, vois le! Le réalisateur- très sympathique- explique avec passion dans l'entretien du bonus ( cela rejoint l'article ci-dessous) à quel point sa propre vision a changé au fil du temps qu'il lui a fallu pour faire ce film , durant lequel il a lu nombre de documents, témoignages, correspondances etc japonaises lui démontrant quelque chose d'évident finalement, c'est que l'atrocité des guerres est universelle. Il déplore toutefois le peu de connaissance encore actuellement qu'a le monde de ces évènements historiques . Pour ma part ,j'avoue que je n'en avais jamais entendu parler avant de lire il n'y a pas si longtemps le roman de Mo Hayder intitulé Tokyo.. | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Lu Chuan Sam 22 Jan 2011 - 20:28 | |
| Vu. Avec un avis tout frais qui a besoin de décanter, surtout parce qu'il y a beaucoup de choses dans le film et que malgré un côté relativement uniforme (et un peu répétitif) il est composite.
J'ai eu un peur au début de me retrouver devant de "la bande de frères" passée en soupe chinoise et noir et blanc. Heureusement l'image vaut sur la longueur et surtout des détails mieux que ça. Par contre pour la violence, les faits sont incontestablement atroces mais l'esthétisme perpétuel fait que ça glisse malgré tout un peu facilement. Un effet renforcé par le parti-pris des points de vues multiples peut-être et par un héroïsme sous-jacent des victimes (très marqué au début du film oppose un peu soldats japonais effrayés et un peu idiots à farouches résistants chinois, enfants inclus) qui ne se relativise qu'à la toute fin du film (pour moi). Il y a un lissage très présent. Heureusement il y a des visions plus surréalistes ou intimistes elles aussi très esthétiques et à mon sens plus réussies (en mettant de côté une poignée d'effets plus gratuits).
Le décor de ruines est très impressionnant et très étrangement occidental (dans son omniprésence). C'est un gros film mais intéressant (même si on connait dans ses grandes lignes l'histoire), efficace mais un peu trop grosse machine avec ses ficelles et les doutes qui sont au bout. Il y a un courant qui m'a maintenu en retrait sur la presque totalité. Il m'a fallu la fin pour approcher un peu, trouver un peu d'intensité.
Quelques sacrées images, parfois trop !
J'essaierai de voir Kekexili. | |
| | | Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Re: Lu Chuan Jeu 21 Avr 2011 - 3:01 | |
| Vu en DVD. - Citation :
- Quel film, mes aïeux !
Et bien, oui, mille fois oui! Je partais , confiante en traversay bien sûr, mais me sentant moyennement concernée, quand même par le sort de l'antilope tibétaine. Que l'on voit d'ailleurs très peu ( ou pas du tout, autre que dépecée?) . Ce sont des hommes, que l'on voit, une petite poignée d'hommes dont peu vont survivre pour que l'antilope, elle, puisse le faire. D'accord avec tout ce que dit Traversay, avec en plus une réflexion sur ce que l'homme est quelquefois capable de faire pour une cause , quelque qu'elle soit. La traque finale, jusqu'au boutiste , est extraordinaire dans ce qu'elle a d'insensé et de désespéré, et pourtant.. Et pourtant, cette région a été classée zone protégée, et l'espèce animale revit. | |
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| Sujet: Re: Lu Chuan | |
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| | | | Lu Chuan | |
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