Katell Quillévéré

Un poison violent de Katell Quillévéré

Citation :

Cet été-là, tout change pour Anna. A son retour de l’internat, elle découvre que son père a quitté la maison. Sa mère, effondrée par cet abandon, trouve refuge auprès du jeune prêtre du village. Anna se raccroche à son grand-père, tendre et fantaisiste. Elle prépare aussi sa confirmation, dernière étape dans sa vie de croyante. Mais la naissance de son désir pour Pierre, un garçon libre et solaire, la fait vaciller. Une part secrète d’elle même cherche à se donner corps et âme, à Dieu ou à quelque chose d’autre…

La Bretagne que décrit Katell Quillévéré dans son premier film, Un poison violent, est sans nul doute celle de son enfance. Tout y sonne juste, sans excès de zèle, notamment cette religiosité un rien poisseuse des principaux personnages, dissimulant de sourdes impulsions, ce désir des sens interdit. Le film possède un tempo lent et obsédant, suivant les pas d'une jeune fille de 14 ans (belle interprétation de Clara Augarde) en plein questionnement dans ses engagements, et désarroi quant à ses pulsions. Très beau portrait, tracé à coups de pinceaux délicats et parfois brusques, dans un environnement familial étouffant (Lio, la mère, excellente) où la figure du grand-père libidineux (Galabru, parfait) est comme une bouffée d'air frais. D'un thème si souvent traité au cinéma, la traversée de l'adolescence et l'éveil des sens, Katell Quillévéré, 30 ans seulement, tire une oeuvre personnelle et charnelle. Prix Jean Vigo 2010 oh combien mérité.

traversay a écrit:

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Très beau portrait, tracé à coups de pinceaux délicats et parfois brusques, dans un environnement familial étouffant (Lio, la mère, excellente) où la figure du grand-père libidineux (Galabru, parfait) est comme une bouffée d'air frais. D'un thème si souvent traité au cinéma, la traversée de l'adolescence et l'éveil des sens, Katell Quillévéré, 30 ans seulement,tire une oeuvre personnelle et charnelle

Pour moi également, un joli petit film tout en délicatesse dans lequel je me suis laissée porter principalement grâce à l'interprétation parfaite des acteurs (dont une Lio à contre emploi) et un je ne sais quoi de plus (ou de moins?) qui en a illuminé ma vision. Sans doute cette ingénuité, une fraîcheur inattendue par les temps qui courent, et en tout cas une justesse de ton qui font du bien à l'âme.

Comme le souligne Traversay, rien n'est appuyé, le rythme lent ne m'a pas génée et au contraire a laissé la place à l'émotion. Tout le monde doute dans ce film, y compris le prêtre, et on a droit à de belles scènes toute en retenue, où les silences et les regards jouent à plein.
La figure la plus truculente est sans conteste celle du grand père joué par Galabru, tout à fait dans son régistre et très attendrissant dans son rapport avec Anna, même si parfois on frôle le pervers.

En résumé un film qui m'a souvent touchée et qui, s'il a les imperfections des premières oeuvres, n'en révèle pas moins beaucoup d'authenticité, en tout cas une aura particulière.
Merci à Traversay pour m'avoir incitée à le voir!

aériale, j'en suis fort heureux. Il est toujours difficile de "conseiller" un film, je ne fais que commencer à connaître les goûts et les couleurs de certains parfumés. Et on peut toujours se tromper.

aériale a écrit:

traversay a écrit:

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Très beau portrait, tracé à coups de pinceaux délicats et parfois brusques, dans un environnement familial étouffant (Lio, la mère, excellente) où la figure du grand-père libidineux (Galabru, parfait) est comme une bouffée d'air frais. D'un thème si souvent traité au cinéma, la traversée de l'adolescence et l'éveil des sens, Katell Quillévéré, 30 ans seulement,tire une oeuvre personnelle et charnelle

En résumé un film qui m'a souvent touchée et qui, s'il a les imperfections des premières oeuvres, n'en révèle pas moins beaucoup d'authenticité, en tout cas une aura particulière.
Merci à Traversay pour m'avoir incitée à le voir!

Très joli film qui voit la victoire du grand père libidineux sur l'évêque diabolique, de l'éveil et du plaisir des sens sur la sécheresse et l'austérité du rituel et du dogme religieux. Le tout montré subtilement sans enfoncer le clou d'un côté comme de l'autre. Chaque personnage prend vie et contribue de l'émotion progressive que dégage ce film sous tendu par une force inattendue. Les scènes d'église sont très belles avec notamment cette communion majestueuse et mortuaire où la caméra scrute les visages inquiets d'adolescents à qui on annonce les périls de la chair et la nécessité de la sublimation. Tout pourrait s'écrouler dans la caricature mais elle réussit cet exploit de tout maintenir en équilibre avec grâce. Les acteurs sont tous très bien dirigés. Elle filme merveilleusement les moments de doute et de trouble (le regard hésitant et plein de désir du gamin sur son amoureuse, la douleur et l'amertume de Lio, le désarroi du prêtre qui tente quelques échappées du carcan qui l'étouffe...). Le tout sur des transpositions folk de musiques traditionnelles. Je le verrais bien en césar du meilleur film français de l'année.

P.S. rétrospectif... Je m'autorise un bémol en me rappelant que sur un même sujet approchant Bruno Dumont a réalisé Hadewijch qui est à mon avis autrement plus puissant et plus riche cinématographiquement. Mais Poison Violent est probablement plus modeste et touchera davantage de monde.


Re-P.S.: Les lunettes du prêtre ne vont pas du tout!

Citation :

Les lunettes du prêtre ne vont pas du tout!

Ah bon pourquoi? Le pauvre.. déjà qu'avec Lio, il n'est pas à la fête, ce pauvre homme, laisse-lui ses lunettes!!
Oui, un film assez fin , plein de détails souvent drôles ou touchants .

Marie a écrit:

Citation :

Les lunettes du prêtre ne vont pas du tout!

Ah bon pourquoi? Le pauvre.. déjà qu'avec Lio, il n'est pas à la fête, ce pauvre homme, laisse-lui ses lunettes!!
Oui, un film assez fin , plein de détails souvent drôles ou touchants .

Ce ne sont pas des lunettes mais des hublots!! Enlaidir Stephano Cassetti faut le faire! Quand tu penses que c'est Roberto Succo!

Tu as l'air tiède sur le film... Cest pas mal quand même non?

Merci au projectionniste qui nous a fait la moitié du film complètement flou
me faisant sortir de la salle pour demander, mais personne en vue (pas essayé d'ouvrir la caisse mais j'aurais du).
On était 5 dans la salle... ça valait sans doute pas la peine de rêgler.



J'ai fait un fixette là dessus, si bien que je ne sais pas ce qui est du au film et/ou au cinema qui n'assure pas ...

Le début est pas mal ...
Je suis verte, pour une fois qu'ils passaient un film qui n'était pas une grosse production...

Suzanne
Katell Quillévéré




Suzanne est un film attachant, pas un grand film, mais un qui vous trotte dans la tête un moment après qu’on l’a vu.

Il raconte l’histoire de Suzanne et de ses proches. Dans cette famille, la mère est morte très tôt et Suzanne (Sara Forestier) été élevée par son père (François Damiens) et protégée par sa sœur (Adèle Haenel). Quand le film débute elle a environ 18 ans et elle est déjà la mère d’un petit garçon de 3-4 ans. Suzanne, est l’enfant terrible ;  elle est de celles qui suivent leurs envies avec force et ingénuité sans se soucier du lendemain, ni du chagrin de leurs proches. Mais ensuite, lorsque les choses tournent mal, Suzanne en supporte les conséquences, seule, sans se plaindre.

Ce  film suit les protagonistes sur une dizaine d’années, nous les retrouvons parfois après plusieurs mois ou plusieurs années sans que nous sachions ce qui s’est passé entre-temps, on ne peut que le deviner, et c’est ce qui fait son charme. Les trois acteurs principaux sont parfaits. Comme d’habitude, François Damiens colle à la peau de son personnage, ce type est un véritable caméléon. Quand à Sara Forestier, son regard candide et droit, presque liquide, ne vous quittera plus même après les dernières images.

Suzanne



Je suis plus enthousiaste que toi Domreader. Je ne me souvenais pas d'avoir dit tant de bien de "Un poison violent" mais je ne le regrette pas et je le reverrai.

L'histoire de Suzanne est toute simple (d'un point de vue scénaristique), faite d'ellipses et d'étapes de vie discrètes et subtiles. Mais ce qui en fait la force c'est la vérité que la réalisatrice insuffle à chaque séquence. Tout sonne juste jusqu'aux enfants et même aux postiches de François Damiens! J'étais aimanté à l'écran et admiratif de toutes ces expressions qu'elle parvenait à saisir. Ce n'est pas du Terrence Malick mais elle sait capter l'instant avec la même grâce.  Sara Forestier est en train de devenir notre meilleure jeune actrice et si elle ne remporte pas le césar je casse ma télé (ou presque).

Mélodrame sans effets faciles et dont elle arrive à détourner tous les pièges. Le copain malfrat est désarmant de sincérité, la co-détenue à l'air revêche restera hors champ sans lui faire de mal, les retrouvailles sont sans effusion, la douleur brutale et sans complaisance et la lumière peut surgir dans un final aussi sobre qu'émouvant.

Elle ira loin cette réalisatrice. Coup de coeur de ce début d'année!

Marko a écrit:

SuzanneJe suis plus enthousiaste que toi Domreader. Je ne me souvenais pas d'avoir dit tant de bien de "Un poison violent" mais je ne le regrette pas et je le reverrai

En fait, j'étais déjà enthousiaste, mais je ne l'ai peut-être pas assez fait sentir ! Il est assez rare que je m'exprime sur un film, alors celui-là m'a assez marqué pour que je poste.

-Suzanne-

Merci à vous deux, Domreader et Marko, j'aurais pu passer à côté et quel dommage! Katell Quillévéné nous montre le difficile parcours de Suzanne sans effusions est sans pathos, juste au travers de scènes troublantes de vérité et superbement rendues. Un peu comme dans son précédent film (Un poison violent) que j'avais d'ailleurs oublié d'avoir vu. Même sensibilité à fleur de peau, même justesse d'interprétation et une fraîcheur de ton qui en font tout son charme.

Dans ce film encore, la jeune réalisatrice mise sur les visages, sur les ruptures temporelles, laissant la place aux ellipses, et au spectateur son propre ressenti. Elle se contente de saisir l'instant avec une grâce particulière, aidée par l'intelligence de jeu de ses acteurs principaux, tous bouleversants d'authenticité, y compris les plus jeunes.

Un cinéma qui fait du bien, simple et très émouvant (j'étais au bord des larmes la plupart du temps) et qui renforce l'idée que François Damiens et Sara Forestier sont deux excellents acteurs dont on n'a pas fini de parler. Un petit bonheur, en résumé!

(Et quelle chouette bande son, hâte de la retrouver quelque part)

(OUbliez pas Adèle, j'ai hâte de voir ce qu'elle donne à nouveau)

C'est vrai, je ne l'ai pas citée mais elle fait preuve d' une aisance et d'un charisme incroyables. Il me semblait l'avoir déjà vu jouer mais au vu de sa filmo, je ne crois pas...


Adèle Haenel

Une sacrée présence en tout cas. J'ai dû juste la remarquer à un passage télé sur Canal et elle m'avait frappée.

Rien que pour le jeu de ces trois acteurs, ce film est un petit bijou. Cela faisait un petit moment que je n'avais été aussi touchée (et je ne suis pas spécialement pleureuse)

L'appolonide ?
La naissance des Pieuvres ?

Non, rien vu de tout ça. Mais je vais relire vos posts, ça vaut peut-être le coup...