Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Abilio Estévez [Cuba]

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Arabella
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MessageSujet: Abilio Estévez [Cuba]   Abilio Estévez [Cuba] EmptyVen 17 Sep 2010 - 19:33

Abilio Estévez (1958- )




Abilio Estévez [Cuba] Esteve10


Peu d'information sur cet auteur. Il est né à la Havane en 1958. Il est dramaturge, poète, et romancier. Il a collaboré avec plusieurs revues littéraires cubaines. Ce royaume t'appartient est son premier roman, il a été traduit en plusieurs langues, et il a obtenue le prix du Meilleur livre étranger. Il a été suivi par Rue Caraïbes, Palais lointains, et tout récemment Le navigateur endormi.



Ce royaume t'appartient


Un étrange domaine à la Havane. Un jardin luxuriant, et des maisons perdues dans la végétations, dans laquelle sont disséminées aussi d'étranges statues, qui permettent aux habitants des lieux de s'y retrouver. Helena joue le rôle de portière, qui veut n'accède pas au domaine. Les habitants aiment se retrouver et parler entre eux. Rolo, le libraire, Casta Diva, la cantatrice, le professeur Kingston, Marta l'aveugle et sa soeur jumelle Mercedes, Berta l'institutrice, Merengue le vendeur des gâteaux et beaucoup d'autres. Et les enfants Tingo, Sebastian, Vido. Ce sont eux qui découvrent un jeune blessé, que les habitants vont cacher et soigner. Ils ne savant pas que son apparition, ainsi que celle d'un mystérieux marin annonce la fin de leur petit monde, tel qu'ils l'aiment.

C'est plein de personnages, parmi lesquels on s'égare quelque peu, même s'ils sont intrigants. Ils prennent forme peu à peu, mais ils restent des silhouettes, décoratives, un peu comme les statues, plus que des personnes de chair et de sang, dont nous suivrions les destinées. Une sorte de nature morte de ce domaine magique qui fascine l'auteur (et nous comprenons pourquoi à la fin du livre). Par construction, c'est décousu et fragmentaire, ce qui m'a un peu gêné dans ma lecture. J'ai d'avantage accroché à certains passages qu'à d'autres, par moment j'ai trouvé cela un peu long. Une impression mitigée donc.

Citation :
Quelle beauté quand tout disparaît peu à peu, quand l'Ile n'est plus qu'un sillage, un mirage, la pluie m'enchante : grâce à elle on se sent transporté hors du temps et de l'espace, la pluie m'enchante, elle m'arrache à la succession monotone des jours, je ferme la librairie, à cette heure personne ne viendra faire ses achats, encore moins sous cette pluie, la pluie intense redonne aux choses leur vraie valeur, la maison, par exemple, n'est pas tout à fait la même sous la pluie, la pluie la rend accueillante, aimable, elle la transfigure, la pluie me donne envie de lire ou de dormir, ou bien les deux en même temps, oui, comme il serait merveilleux de dormir tandis que la pluie tombe, de lire en dormant ou bien de ne pas lire, car le sommeil serait formé de mots, serait un rêve qui ressemblerait à ceci : la pluie cingle la verrière rouge et les grillages des balcons fleuris de luxuriants volubilis qui enroulent leurs festons fleuris aux feuilles des peupliers que les vents froids font frissonner, et l'on entend pépier du fond de leurs nids nuptiaux de polissons moineaux.
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MessageSujet: Re: Abilio Estévez [Cuba]   Abilio Estévez [Cuba] EmptyVen 17 Sep 2010 - 20:33

Du coup, mon envie de lire Estevez devient mitigée, également. intense reflexion
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MessageSujet: Re: Abilio Estévez [Cuba]   Abilio Estévez [Cuba] EmptyVen 17 Sep 2010 - 22:02

Je croyais que tu avais déjà acheté un de ses livres diablotin
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MessageSujet: Re: Abilio Estévez [Cuba]   Abilio Estévez [Cuba] EmptyVen 17 Sep 2010 - 22:50

Non. Je me méfiais ....
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MessageSujet: Re: Abilio Estévez [Cuba]   Abilio Estévez [Cuba] EmptyJeu 25 Nov 2010 - 21:56

Abilio Estévez [Cuba] Arton18873-4e2e9

Le navigateur endormi

Citation :
Cuba, 1977. Sur la plage d’une île à l’ouest de La Havane, dans le vieux bungalow qu’elle a hérité d’un médecin américain, la famille Godínez s’active à barricader portes et fenêtres pour prévenir l’arrivée de l’ouragan Katherine, annoncé comme dévastateur. Sous le même toit sont réunies trois générations. Il y a d’abord les anciens : le colonel Jardinero et Andrea, mari et femme, Mamina, la vieille domestique, mais aussi l’oncle Mino ou le solitaire Juan Milagro. Et il y a les jeunes : Elisa, Jafet ou Valeria, enfant et petits-enfants d’Andrea.

Un roman qui ressemble au sac et au ressac de la mer des Caraïbes. Et chaque vague, ou plutôt chaque chapitre, charrie des souvenirs du temps passé. Dans Le navigateur endormi, des personnages isolés dans un bungalow attendent. Un ouragan est annoncé, toute la parentèle des Godinez est là, y compris les pièces rapportées. Beaucoup de vieux, plus de 90 ans pour la plus ancienne, et quelques jeunes. Et des fantômes qui rôdent, personnes disparues, souvent de mort violente.

Le livre d'Abilio Estevez se dévoile au fur et à mesure. Il faut beaucoup de patience pour découvrir les liens de parenté entre la vingtaine de personnages qui emplissent le roman de leurs présences et les écouter, tout à tour, raconter dans une sorte de monologue, leur histoire, qui recoupe celle de Cuba, depuis le début de vingtième siècle. Et leur isolement, leur déréliction, est plus que symbolique de l'état de cette île qui, sous la plume d'Estevez, est davantage un enfer qu'un paradis.

Se laisser aller, ne pas chercher à combattre la marée, sinon Le navigateur endormir a tôt fait de vous engloutir. L'écriture est déliée, loin du style baroque que l'on associe volontiers aux romans latino-américains. Elle se fait onirique à l'occasion, mais sans excès, souvent tranchante et réaliste pour décrire les maux endémiques de Cuba, liés en particulier aux gouvernements qui se sont succédé des dictateurs d'opérette manipulés par les américains au régime castriste, guère ménagé.

L'un des bonheurs du livre est son érudition immense. On y évoque les écrivains cubains, le cinéma hollywoodien, le jazz, l'existentialisme, et mille autres références culturelles, sans pédantisme, avec une ouverture sur le vaste monde qui contraste avec la "petitesse" de Cuba.

Fuites en bateau qui ressemblent à des suicides, deuils à répétition, désillusions, la tragédie est le lot de la famille Godinez. Elle attend l'ouragan avec une sorte de fatalisme. A Cuba, quand on n'est pas au milieu d'un cyclone, c'est qu'un autre se prépare et ne va pas tarder. Ainsi va la vie dans cette île "ridicule" aux yeux du monde, constate Abilio Estevez avec les mots d'un pessimiste invétéré et sans doute nostalgique, qui vit aujourd'hui à Barcelone et qui clôt ainsi sa trilogie cubaine après Ce royaume t'appartient et Palais lointains.

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