Le triptyque/Puccini/ Bastille 2010
L’idée de composer une œuvre composée de trois récits distincts serait venue à Puccini dès 1904. Il a envisagé plusieurs canevas, un d’après Gorki, un autre d’après La Divine Comédie de Dante, dont Puccini était un très grand admirateur. Il finit par prendre trois intrigues d’origines différentes. Les premières représentations eurent lieu en 1918, au Metropolitan Opera de New York, la guerre ayant empêché l’œuvre d’être montée à Rome, comme prévu d’abord.
Il Tabarro : S’inspire d’une pièce en un acte signée par Didier Gold, que Puccini a vu dans un théâtre parisien et dont il a très vite acquis les droits. Résumons l’intrigue. Nous sommes sur une péniche sur la Seine. Le patron de la péniche Michele, sa femme Giorgetta, et les mariniers s’activent pour terminer le déchargement. Des scènes pittoresques. Mais le drame couve, les relations entre les deux époux se sont détériorées depuis la mort de leur enfant, et Michele soupçonne l’infidélité de son épouse. En effet, elle vit une passion avec un des marinier Luigi, comme elle originaire de Belleville, et ils rêvent tous les deux de revenir vivre dans la capitale. Ils se donnent rendez-vous pour le soir, une allumette doit être le signal pour monter à bord. Mais Michele veut allumer sa pipe et Luigi vient à ce moment là. Michele le tue, cache son cadavre sous sa houppelande. Giorgetta arrive, elle a froid, Michele ouvre la houppelande faisant apparaître le cadavre.
Donc un cadre de Paris au bord de Seine au vingtième siècle, un contexte un peu apache, un univers populaire réaliste (Puccini avait imaginé d’ailleurs de mettre en musique un roman de Zola), qui rapproche Puccini de sa source vériste.
Suor Angelica : Ce livret comme le suivant sont l’œuvre de Forzano. Il ne comporte que des rôles de femmes et se passe dans un couvent. Une scène de vie dans le couvent. Nous découvrons les religieuses, dont sœur Angelica, qui est d’une origine sociale élevée, et qui voudrait avoir des nouvelles de sa famille, qui ne lui a pas rendu visite depuis les 7 ans qu’elle est au couvent. Mais évidemment, nous sommes dans un opéra, et un magnifique carrosse se présente à la porte ; c’est la tante de sœur Angelica. Mais elle se montre très cruelle avec sa nièce, condamnée au couvent, car elle a pêchée et eu un enfant sans être mariée. La tante vient la faire renoncer à son héritage, en faveur de sa petite sœur qui se marrie. Et lui apprend que son enfant est mort. Sœur Angelica se désespère, et pour rejoindre son enfant se suicide. Mais elle prend conscience, qu’en tant que suicidée, elle sera damnée et donc ne rejoindra pas son fils. Mais la Vierge fait un miracle…..
Cette deuxième partie était la préférée de Puccini. Mais c’est la partie la moins jouée actuellement.
Gianni Schicchi : toujours sur un livret de Forzano, inspiré d’un très court passage de l’Enfer de la Divine Comédie de Dante. Une vraie rareté : une pièce comique de Puccini.
Nous sommes au XIV siècle à Florence. Le riche Buoso Donati vient de mourir. Sa famille s’interroge sur l’héritage. Rinuccio, qui voudrait épouser Lauretta, la fille de Gianni, trouve le testament. Qui donne tout l’héritage aux moines. Le jeune homme persuade ses parents de faire venir Gianni pour trouver une solution. Celui-ci trouve le testament inattaquable. Mais imagine de se travestir dans les habits du mort, pour tromper le notaire et faire rédiger un nouveau testament. A la fin duquel il s’attribue une bonne partie des biens du défunt, pour permettre aux deux amoureux de s’unir enfin.
Ce fut une bonne surprise pour moi. Je ne suis pas fan de Puccini à 100%, et j’ai vraiment apprécié cette production. Le premier volet dans le genre réaliste est réussi, la musique est très efficace, les personnages bien rendus, et la durée limitée de la pièce, fait que le côté dramatique est réduit dans le temps. J’ai eu en revanche beaucoup de mal avec Suor Angelica, son livret qui frise le ridicule, et pour rendre tout ce pathos Puccini a chargé la partition au maximum, c’est sirupeux au possible ( ah ces violons, ah cette harpe….). Tout ce que je déteste chez le compositeur. Le troisième volet me fait en revanche regretter qu’il ne soit pas plus souvent tourné vers la verve comique, parce que son talent trouve vraiment à bien s’employer dans ce registre.
Les représentations de la Bastille ont comme atouts importants, le chef, l’orchestre, et la distribution en premier lieu. Des chanteurs peu connus pour la plupart, qui forment une distribution homogènes et de bonne qualité. La mise en scène raconte l’histoire du livret, et il y a une vraie direction d’acteurs. Le décor est sobre et se fait oublier dans le premier volet, il devient laid et kitch dans le deuxième (mais comment faire autrement ) et dans le troisième les tons rouges rappelle l’enfer dans lequel est censé faire sa pénitence éternelle Gianni. Un très bon moment.
Quelques photos :
Il est possible de voir un extrait sur le site de l'opéra de Paris
ici