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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Messages : 903 Inscription le : 13/09/2009 Age : 71 Localisation : Syldavie
Sujet: Angela Carter Jeu 14 Oct 2010 - 12:29
Angela Carter (By Jeff VanderMeer) (8 mai 1940 – 16 février 1992) Romancière et journaliste anglaise, connue pour ses œuvres de réalisme magique féministe et de science-fiction postmoderne.
Biographie
Spoiler:
Née Angela Olive Stalker à Eastbourne, en 1940, elle fut évacuée pour vivre dans le Yorkshire avec sa grand-mère maternelle. À l'adolescence, elle souffrit d'anorexie. Elle commença à travailler comme journaliste au Croydon Advertiser, suivant les traces de son père, journaliste lui aussi. Elle alla à l'Université de Bristol où elle étudia la littérature anglaise. Ses écrits révèlent l'influence de sa mère, visible dans les références shakespeariennes de son roman Wise Children. Elle a aussi voulu se réapproprier les écrits d'auteurs masculins tels que le marquis de Sade (avec son pamphlet féministe La Femme sadienne), Villiers de l'Isle-Adam (voir La Passion de l'Eve nouvelle) et Charles Baudelaire (voir sa nouvelle "Vénus noire"), entre autres grands noms de la littérature. Mais la tradition matriarcale du conte oral la fascinait aussi, et elle récrivit plusieurs contes de fées pour son recueil La Compagnie des loups, y compris Le Petit Chaperon rouge. Elle se maria deux fois, la première en 1960 avec Paul Carter. Ils divorcèrent après 12 ans de mariage. En 1969, Angela Carter utilisa l'argent qui accompagnait son prix Somerset Maugham pour quitter son mari et voyager au Japon, vivant pendant deux ans à Tokyo, affirmant qu'elle "apprit ce qu'est être une femme et se radicalisa" (Nothing Sacred, 1982). Elle écrivit des articles sur son séjour pour New Society, et un recueil de nouvelles, Fireworks (1974. On peut trouver des traces de ses expériences au Japon dans The Infernal Desires Machines of Doctor Hoffman (1972). Roland Barthes, qui relata son expérience dans L'Empire des signes (1970), s'y trouvait en même temps qu'elle. Elle partit ensuite explorer les États-Unis, l'Asie et l'Europe, aidée par sa maîtrise du français et de l'allemand. Elle passa la plupart des années 1970 et 1980 en tant qu'écrivain résident dans des universités, à Sheffield, Université Brown, l'université d'Adelaide et l'université d'East Anglia. En 1977, Angela Carter prit pour second époux Mark Pearce. En plus d'être un auteur de fiction prolifique, Carter a aussi écrit de nombreux articles pour The Guardian, The Independent et le New Statesman, recueillis dans Shaking a Leg. Elle écrivit aussi pour la radio, y adaptant plusieurs de ses nouvelles et deux pièces radiophoniques originales sur Richard Dadd et Ronald Firbank. Deux de ses récits furent adaptés au cinéma, La Compagnie des loups par Neil Jordan (1984) et The Magic Toyshop (1987). Elle participa étroitement à l'adaptation des deux films, dont les scénarios sont rassemblés dans The Curious Room avec les textes de ses pièces radiophoniques, le livret d'un opéra d'après Orlando de Virginia Woolf, et un scénario inédit intitulé The Christchurch Murders, inspiré du même fait-divers que le film de Peter Jackson, Heavenly Creatures. Malade d'un cancer du poumon, Angela Carter est morte à l'âge de 51 ans en 1992. Margaret Atwood la décrit ainsi dans la notice nécrologique de l' Observer : "Elle était tout sauf sectaire. Rien, pour elle, n'avait de couleur tranchée : elle voulair savoir tout sur tout le monde, chaque endroit et chaque mot. Elle savourait la vie et le langage passionnément, et se délectait de la diversité."
Oeuvres
Romans Shadow Dance, 1966 (La Danse des ombres, Christian Bourgois 1998) republié sous le titre Honeybuzzard The Magic Toyshop, 1967 (Le Magasin de jouets magique, Christian Bourgois 1999) Several Perceptions, 1968 (Le Théâtre des perceptions, Christian Bourgois 10/18) Heroes and Villains, 1969 Love, 1971 (Love, Christian Bourgois 1997) The Infernal Desire Machines of Doctor Hoffman, 1972 republié en 1977 sous le titre The War of Dreams The Passion of New Eve, 1977 (La Passion de l'Ève nouvelle, Seuil 1982) Nights at the Circus, 1984 (Des nuits au cirque, Seuil 1988) (James Tait Black Memorial Prize) Wise Children, 1991 (Bien malin qui connaît son père, Christian Bourgois 1997)
Nouvelles
Spoiler:
Fireworks: Nine Profane Pieces, 1974 (Feux d'artifice, Presses de la Renaissance 1989) The Bloody Chamber and Other Stories, 1979 (La Compagnie des loups, Seuil 1985) réédition en 1997 chez Points Black Venus, 1985 (Vénus noire, Christian Bourgois 2000) republié en 1987 sous le titre Saints and Strangers American Ghosts and Old World Wonders, 1993 Burning Your Boats: The Collected Short Stories, 1995 Œuvres dramatiques [modifier] Come Unto These Golden Sands: Four Radio Plays, 1985 The Curious Room: Plays, Film Scripts and an Opera, 1996 Comprend les scénarios de The Company of Wolves et The Magic Toyshop ; reprend l'intégralité de Come Unto These Golden Sands: Four Radio Plays. Livres pour enfants [modifier] The Donkey Prince, 1970 Miss Z, the Dark Young Lady, 1970 Martin Leman’s Comic and Curious Cats, 1979 The Music People, 1980 Moonshadow, 1982 Sleeping Beauty and Other Favourite Fairy Tales, 1982 Sea-Cat and Dragon King, 2000
Essais
Spoiler:
The Sadeian Woman and the Ideology of Pornography, 1979 (La Femme sadienne, Veyrier 1979) Nothing Sacred: Selected Writings, 1982 Expletives Deleted: Selected Writings, 1992 Shaking a Leg: Collected Journalism and Writing, 1997
Citation :
Morte prématurément (1940-1992) à l'âge de 51 ans, elle laisse une oeuvre romanesque très importante et variée, qui a suscité, depuis la disparition de l'auteur, l'enthousiasme grandissant des lecteurs et des chercheurs - elle est maintenant plus populaire que Virginia Woolf !
Citation :
« Trop libres pour être admises de son vivant, les voix de la romancière anglaise nous parviennent enfin. En échos sauvages et ironiques. Comment penser et se penser, aujourd'hui, quand on est une femme, prisonnière d'archétypes fallacieux. Pour répondre, Angela Carter a exploré tous les chemins, cherché toutes les voix, de styles ...»
Je vois qu'il y a des oeuvre d'A. Carter traduits en francais - La compagnie des loups, La Passion de l'Eve nouvelle, La danse des ombres, Des Nuits au cirque, Vénus noire.
En bulgare, recemment paru, il n'y a que "The Infernal Desire Machines of Doctor Hoffman - une grotesque fantastique pour ceux qui aimet le baroque dans la litetrature. Un jour, dans la Ville, tout le publis du spectacle de "La flute enchante" est transforme en paons. C'est ainsi qu'est declenche la guerre du diabolique docteur Hoffman conte la realite-meme. Le jene Desiderio fait parti d'un tout petit nombre d'individus qui ont garde leur raison, car (encore bizarre) - aux miracles, aux fantomes et aux hallucinations, il fait face par un ennui non feint. Mais lorsqu'on le charge de la mission secrete de trouver et liquider docteur Hoffman, il accepte parce dans son reve, est est tombee amoureux de la fascinente fille du docteur. Voila que Desiderio part a l'aventure, une aventure ou il se heurte a ses envies rejetees, dans un monde vertigineux qu'Angela Carter deploie avec l'envergure de freud, l'elegance de Nabolov, le paroxysme de Sade.
Je ne connaissais pas Angela Carter, mais maintenant je mourrai moins bete apres avoir appris que c'est grande dame de la littérature britannique qui a su porter un regard neuf et extremement novateur sur la littérature et sur ses contes et legendes fondateurs.
Pour encore vous (NOUS) donner envie de lire A. C. qui m'a vraiment emballee:
Le recueil de nouvelles La compagnie des loups qui nous intéresse ici est certainement l'un des ouvrages qui synthétise le plus les obsessions de l'auteure, à savoir l'irrationnel et l'érotisme, et c'est au travers d'une série de réécritures des contes de fées de notre enfance qu'Angela Carter va mettre en scène un renversement des valeurs patriarcales, voire phallocratiques, qui régissent habituellement ces récits dans lesquels la femme se trouve irrémédiablement prisonnière de son rôle préconçu. Ses héroïnes nous sont toutes bien connues : le petit Chaperon Rouge aux prises avec le loup, La Belle et sa rencontre avec la Bête ou encore la jeune épouse trop curieuse de Barbe Bleue. Angela Carter va en effet reprendre ces grandes figures littéraires et renverser totalement les postulats originels des contes merveilleux en y affirmant désormais la prédominance de la sexualité et de la femme et en affermissant ainsi la position de supériorité, ou du moins de pouvoir, de ces héroïnes désormais bien loin de leurs coutumières positions de victimes offensées. Ces récits initiatiques adoptent donc nouvellement le regard de la femme et à l'image du Petit Chaperon Rouge de ces nouvelles, elles sauront cette fois trouver leurs propres armes pour adoucir et conquérir l'homme et l'animal. D'ailleurs, à la lecture des deux nouvelles fantastiques réécrivant ce célèbre conte, ancrées dans un monde peuplé de loups-garous et de sorcières, nous comprenons bien vite toute l'ambiguïté des rapports existants depuis toujours entre la fillette et l'animal et le doute est maintenant clairement semé quant à savoir lequel des deux est le plus séducteur... source http://bd-livres.psychovision.net
Invité Invité
Sujet: Re: Angela Carter Jeu 14 Oct 2010 - 12:44
Merci pour l'ouverture de ce fil Orientale, en espérant qu'il incitera les parfumés à découvrir ce magnifique auteur, dont j'ai dévoré presque toutes les oeuvres d'un trait il y a une quinzaine d'années.
Citation :
Margaret Atwood la décrit ainsi dans la notice nécrologique de l' Observer : "Elle était tout sauf sectaire. Rien, pour elle, n'avait de couleur tranchée : elle voulair savoir tout sur tout le monde, chaque endroit et chaque mot. Elle savourait la vie et le langage passionnément, et se délectait de la diversité."
Je ne savais pas qu'Atwood avait dit cela d'elle, mais elle et Carter partagent plus d'un point commun. Une écriture haute en couleurs, une façon d'explorer les zones sombres de l'esprit, de parler de l'enfance, de la sensualité et de la cruauté... Mais le réalisme magique gothique de Carter, ses contes de fées réinventés, ses fables baroques et féministes, sont tout à fait particuliers et originaux.
Orientale a écrit:
Pour encore vous (NOUS) donner envie de lire A. C. qui m'a vraiment emballee:
A.C, excellent! Espérons qu'elle remplacera avantageusement BC sur le forum.
IzaBzh Agilité postale
Messages : 932 Inscription le : 19/05/2010 Age : 58 Localisation : Bourgogne/Paris
Sujet: Re: Angela Carter Jeu 14 Oct 2010 - 14:12
Cette citation de Margaret Atwood me donne envie de la découvrir, merci Orientale Je viens de la rajouter dans ma Montagne A Lire (ce n'est plus une pile depuis belle lurette).
shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
Sujet: Re: Angela Carter Ven 5 Nov 2010 - 10:34
comment vous dire : cessez immédiatement de lire ce post et courrez chez votre libraire vous procurer ce livre ? Si vous aimez les écritures qui remuent, les aventures saugrenues, les familles déglinguées et la verve british, vous serez comblé.
Drôle, presque méchant, lucide, hilarant, le livre d'Angela Carter est totalement déjanté, irrévérencieux et cette femme est capable de dire "bite, couilles et nichons" en vous donnant l'impression de déclamer du Shakespeare... Ici pas de politiquement correct mais du sexe et du music hall, de la farce et du Shakespeare, Hollywood et les ladies, de la soupe au chou et du champagne, car Angela Carter n'a peur d'aucun grand-écart et son récit balance sans cesse entre une vulgarité sordide et la folle passion du spectacle.
Dora Chance, ancienne danseuse de music-hall, décide de raconter sa vie, celle de sa soeur jumelle Nora, celle de toute sa famille et quelle famille ! Nées d'une relation illégitime, les jumelles voient de loin évoluer la famille légitime, composée d'une effarante communauté de jumeaux (les pères, les soeurs, les cousines, les neveux...), tous voués au théâtre shakespearien mais sombrant lentement dans les affres de la télévision entre spots publicitaires et animations de jeux télés... Dynamitant les codes narratifs, prenant toutes les libertés de langage avec ses personnages, inventant tout un tas de péripéties toutes plus ardentes les unes que les autres, Angela Carter plonge son lecteur dans une folle équipée qui le conduira des bas-fonds londoniens à Hollywood, en passant par des manoirs campagnards et incendiés, des haines farouches, des amours incestueuses, gloire et beauté, les feux de l'amour, certes, mais version anglaise, énorme !
La bibine coule à flots, le gin donne du goût à la cup of tea, la grand-mère végétarienne et naturiste élève les jumelles comme s'il s'agissait de ses propres filles (?), le faux tonton pourrait être le vrai père, l'ancienne belle-mère devenue vieille et grabataire ressemble presque à l'enfant, le prêtre procrée (des jumeaux évidemment), l'inceste se répand, Dora prend la place de Nora pour connaitre les premiers émois de l'amour, encore un peu de champagne ?? ah quelle famille !
Légitime ou illégitime, Carter nous invite à une réflexion incandescente sur la paternité, sur la famille quand elle n'a plus ni queue ni tête, quand les enfants ne sont que le résultat (souvent double) de la rencontre d'un spermatozoïde et d'un ovule, car la famille n'est au fond pas tant celle des gènes que celle qui vous choisit...
Très moderne, cette farce bourrée d'inventions est délectable comme un gros gateau d'anniversaire qui finit écraser contre un arbre, comme une soirée shakespearienne qui finit dans les cendres, comme un séjour à Hollywood s'achevant par trois mariages avortés...
Eblouissant !
Invité Invité
Sujet: Re: Angela Carter Ven 5 Nov 2010 - 11:11
Merci Shanidar pour ce commentaire enthousiaste, contente de voir que tu as été séduite par Angela Carter!
darkanny Zen littéraire
Messages : 7078 Inscription le : 02/09/2009 Localisation : Besançon
Sujet: Re: Angela Carter Ven 5 Nov 2010 - 18:38
Merci Shanidar pour avoir encore suscité des envies , des projets de lecture insensés qu'on ne pourra forcément pas mener à bout , merci merci et encore merci pour tout.
Invité Invité
Sujet: Re: Angela Carter Ven 5 Nov 2010 - 19:35
Tu devrais y jeter un oeil, je pense que ça te plairait.
darkanny Zen littéraire
Messages : 7078 Inscription le : 02/09/2009 Localisation : Besançon
Sujet: Re: Angela Carter Ven 5 Nov 2010 - 19:37
Oh j'en suis persuadée , j'ai vu qu'elle figurait dans les rayons de ma bibliothèque héhé
Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
Sujet: Re: Angela Carter Sam 6 Nov 2010 - 9:39
Oh, mais ça donne terriblement envie tout ça ! Noté !
shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
Sujet: Re: Angela Carter Sam 6 Nov 2010 - 17:35
je ne résiste pas au plaisir de vous livrer un court extrait. Dora décrit sa grand-mère légitime, femme qu'elle n'a jamais connue et qui était comédienne :
" Elle n'avait rien de la jument de brasseur édouardienne; elle était menue avec des yeux énormes. Un vrai feu follet. D'un seul sanglot, elle vous brisait le coeur, mais son fils, notre oncle Perry, affirmait qu'il lui arrivait d'être prise d'un fou rire au beau milieu d'une scène capitale, la scène de la cassette, ou celle du somnambulisme, et la voilà pliée en deux, il fallait que tous les autres se précipitent pour lui faire écran. Tout le temps ses cheveux se dénouaient, ils lui dégringolaient dans le dos, avec les épingles qui sautaient dans tous les sens, les bas qui lui tombaient sur les talons, quand ce n'était pas son jupon qu'elle perdait au beau milieu de la rue, ou sa culotte. Elle était à la fois merveilleuse et impossible." (...) "Lewis Carroll l'a vit et lui envoya un exemplaire dédicacé d'Alice, il l'invita à prendre le thé et réussit à lui faire ôter sa robe tout de suite après les petits gâteaux pour la photographier dans le plus simple appareil mais elle refusa d'imiter ce que montraient des vases grecs, c'est du moins ce qu'elle a toujours prétendu. Or voici l'évidence du contraire. Vous voyez ? Il a intitulé cela Le Lutin. Je l'ai acheté à une vente chez Christie's, ça m'a coûté la peau des fesses. Impossible d'y résister. Il n'y a pas beaucoup de gens qui peuvent se vanter de posséder la photographie de leur grand-mère en train de poser dans le porno enfantin."
colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
Sujet: Re: Angela Carter Dim 7 Nov 2010 - 11:49
Tout cela me tente beaucoup ! Je note ! Merci de m'avoir fait découvrir Angela Carter !
IzaBzh Agilité postale
Messages : 932 Inscription le : 19/05/2010 Age : 58 Localisation : Bourgogne/Paris
Sujet: Re: Angela Carter Ven 7 Jan 2011 - 13:54
Malgré les excellentes critiques, j'ai lu "Bien malin qui connaît son père" avec quelque méfiance, l'univers dans lequel il se déroule n'étant pas vraiment ma tasse de thé. Mais je ne regrette pas ! Ce livre est pétillant d'amour de la vie, d'enthousiasme, et ce qui ne gâte rien est bourré d'humour. Les vieilles soeurs Chance ne sont certes pas des femmes respectables, mais elles ont largement de quoi raconter. Les personnages sont effectivement attachants, de plus en plus en progressant dans le livre, et comptent parmi eux un bon nombre d'excentriques. Seul bémol : je trouvais qu'il manquait un arbre généalogique avec lequel il aurait été plus facile de se repérer dans toute cette famille foisonnante et leurs relations. Mais en arrivant à la fin du bouquin, j'en ai trouvé un et j'ai compris pourquoi il ne figurait pas au début, c'est qu'il y a des révélations...
Et pour la peine, j'ai rajouté "La compagnie des loups" à ma LAL
MezzaVoce Envolée postale
Messages : 290 Inscription le : 13/07/2012 Age : 59 Localisation : Lyon
Sujet: Re: Angela Carter Lun 3 Sep 2012 - 16:40
Pour revenir sur La compagnie des loups...
Ils sont tous là, si familiers... et pourtant étrangement pervertis. Barbe-Bleue, le petit Chaperon rouge, la Belle et la Bête, le loup-garou, Blanche-Neige... chargés de violence et d'un érotisme gothique, parés d'une morale différente et d'une beauté nouvelle. Attention, les loups sont parmi nous, mais aussi en nous, prêts à bondir...
C'est un recueil de nouvelles, ou plutôt de contes, ces contes anciens mille fois entendus ou lus, subtilement réécrits par une plume tour à tour flamboyante, ironique, érotique, cruelle...
Citation :
Ses livres nous bousculent, ébranlent les monuments, démolissant les temples et défiant les gardiens de la morale. (Salman Rushdie)
Citation :
Son livre le plus beau, peut-être, La Compagnie des loups (The Bloody Chamber, 1979) mettait en scène les fantasmes de cruauté dans la relation amoureuse, qu'analysait l'essai. Ces contes de fées revus et corrigés, depuis Barbe-Bleue jusqu'au Petit Chaperon rouge, subvertissaient la morale habituelle de façon subtile et donnaient droit de cité, comme on l'a dit, à une perversité aux formes multiples, au sadisme, à la difformité physique, à toutes les monstruosités. Ainsi Angela Carter utilisait-elle les formes les plus anciennes et les genres les plus divers, unissant dans ses romans des images venues du romantisme noir ou du roman gothique aux schémas de la science-fiction et de l'utopie, pour élaborer le projet d'un autre monde et la conception d'une femme nouvelle. On attribua le comique robuste et l'humour à la fois caustique et cynique de son dernier livre, Wise Children, à ses racines anglaises et, plus précisément, à son appartenance londonienne. Son audace, son imagination, son irrévérence envers toutes les formes de pouvoir établi sont les traits que l'on a souligné après sa mort prématurée, en regrettant cette voix qui non seulement exprima le travail souterrain d'une époque, mais contribua, au dire de beaucoup, à « donner une nouvelle identité à l'Angleterre postimpériale, hypocrite et fossilisée ». (Christine Jordis pour l'Encyclopaedia universalis)
Extrait de la nouvelle éponyme, La compagnie des loups, réécriture du Petit chaperon rouge : « Elle prendra sa tête redoutable et la posera sur son giron et cueillera les poux dans son pelage et peut-être même les portera-t-elle à sa bouche pour les manger, comme il le lui enjoindra, comme elle l'eût fait en une sauvage cérémonie nuptiale. (…) Voyez ! Elle dort à poings fermés dans le lit de grand-mère, entre les pattes du tendre loup. »
Extrait du Cabinet sanglant, réécriture de Barbe-Bleue : « Son cadeau de mariage refermé autour de ma gorge. Un tour ce cou de rubis de cinq centimètres de large, semblable à quelque gorge tranchée extraordinairement précieuse. (...) Je le vis qui m'observait dans les miroirs dorés de l’œil appréciateur du connaisseur examinant un pur-sang, voire de la ménagère au marché, les pièces de viande à l'étal. Je ne lui avais jamais vu, ou du moins n'y avais pas pris garde, ce regard auparavant, dans sa pure avarice charnelle ; et qu'amplifiait encore étrangement le monocle logé dans son orbite gauche. Quand je vis qu'il me regardait avec concupiscence, je baissai les yeux mais, en détournant de lui mon regard, j'aperçus, j'aperçus mon propre reflet dans la glace. Et je me vis, soudain, telle qu'il me voyait, mon pâle visage, cette manière qu'avaient les muscles de mon cou de saillir comme un fin treillis. Je vis combien ce cruel collier me seyait. Et pour la première fois de mon existence innocente et confinée, je perçus en moi-même des possibilités de dépravation qui me coupèrent le souffle. Le lendemain, nous étions mariés. »
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Angela Carter Lun 3 Sep 2012 - 16:53
Le film de Neil Jordan montrait bien ce côté psychanalyse des contes de fées comme métaphore du passage de la puberté. Mais il a un peu vieillli! Il faudra que je lise le roman dont parlait Shanidar sur la page précédente.
oceanelys Main aguerrie
Messages : 449 Inscription le : 21/06/2014 Age : 40 Localisation : Sud
Sujet: Re: Angela Carter Jeu 3 Sep 2015 - 22:38
Tiens, ça me tente une lecture de cette auteur. Déjà, j'adore le style British et ce côté déjanté cité plus hait m'attire. J'ai trouvé 3 titres à la bibliothèque : Le théâtre des perceptions - Love et Bien malin qui connait son père. Qui connait ? Lequel me conseilleriez-vous ?