Jean Grémillon

Né le 3 octobre 1901 à Bayeux, Jean Grémillon est de la race des cinéastes "maudits", dans le sens où nombre de ses projets ne purent voir le jour et que, par conséquent, sa filmographie n'est pas aussi riche qu'elle aurait dû être. Qui plus est, nombre de ses films furent remontés sans son accord et il n'eut que trop rarement l'occasion de connaître des succès publics.
Issu d'un milieu modeste, il découvre le cinéma comme pianiste de salle en accompagnant des films muets. Il tourne son premier long-métrage dès la fin du muet, Maldone, mais la version écourtée qui est commercialisée rencontre un écho médiocre.
Il lui faut attendre la fin des années 30 pour obtenir la consécration artistique et populaire avec Gueule d'amour et L'Étrange Monsieur Victor. Durant l'Occupation, il réalise Lumière d'été et Le ciel est à vous. Après la Libération, il se lance dans plusieurs projets de films historiques qui ne se concrétiseront jamais. Il ne tournera plus ensuite que 3 longs-métrages, reçus dans l'indifférence, avant sa mort, prématurée, le 25 novembre 1959 à Paris.

Filmographie :

* 1926 : Tour au large
* 1927 : Maldone
* 1929 : Gardiens de phare
* 1930 : La Petite Lise
* 1931 : Daïnah la métisse
* 1932 : Pour un sou d'amour
* 1934 : Dolorosa
* 1935 : Valse royale
* 1937 : ¡Centinela, alerta!
* 1936 : Les Pattes de mouches
* 1937 : Gueule d'amour
* 1938 : L'Étrange Monsieur Victor
* 1939 : Remorques
* 1942 : Lumière d'été
* 1943 : Le ciel est à vous
* 1944 : Le 6 juin à l'aube
* 1948 : Pattes blanches
* 1951 : L'Étrange Madame X
* 1954 : L'Amour d'une femme

Mes préférés, dans l'ordre : les trois premiers nettement devant les autres.

Valse royale (1935)
Après un passage par l'Espagne, Grémillon tourne un film français ..., en Allemagne (il existe une germaine version, comme c'était fréquent à l'époque dans les co-productions). L'intrigue est celle d'une opérette, on y fredonne d'ailleurs pas mal, à la cour de Bavière. Un imbroglio sentimental tout à fait charmant que répare une certaine Elisabeth (si, si, la future Sissi). Certes, c'est fort désuet et bien loin de la production "sérieuse" du cinéaste dans les années à venir. Mais la chose est virevoltante, à l'image de ce que Lubitsch faisait au début des années 30, et parfois légèrement impertinent. Henri Garat, grand séducteur du moment, quasi l'égal d'un Gabin, cabotine avec grâce devant une Renée Saint-Cyr au charme coquin. Une amusante commande pour cet immense réalisateur qui s'acquitte de sa tâche avec doigté.

Un grand et beau dossier sur Jean Grémillon dans Les Cahiers du Cinéma. Enfin ! "les cinéastes de la passion sont Mizoguchi, Sirk et Grémillon."
J'approuve. Et on peut ajouter aussi Borzage et Minnelli. Entre autres.

Je suis surprise que tu n'aies placé "Pattes blanches" qu'en septième position, surtout après "Gueule d'amour" qui est plutôt daté.

Constance a écrit:

Je suis surprise que tu n'aies placé "Pattes blanches" qu'en septième position, surtout après "Gueule d'amour" qui est plutôt daté.

Tu as sans doute raison. Mais moi aussi, je suis daté. Oups.