Lecture en commun - Sofi Oksanen : Purge

Arabella quand je dis que je ne suis surprise qu'à moitié tu me donnes les raisons de le penser rien qu'à tes premières impressions Le fait est que tu as du mal à te laisser porter par les histoires, à ce lâcher prise nécessaire si on veut y rentrer. Ton oeil averti détecte d'emblée les facilités en général, mais là comme le dit Marko ce qui te parait tel s'explique parfaitement dans la seconde partie.

Tout à fait d'accord donc avec l'analyse de Marko. Les personnages qui me paraissaient flous au début prennent de la consistance avec ces retours en arrière. On commence à comprendre Zara, ce qu'elle a enduré, la jalousie qui l'a rongée durant toutes ces années...Bref, je ne vois pas de racolage, la construction se met en place doucement et c'est ce que j'aime dans ce roman. L'auteur nous met en condition d'attente à condition de le vouloir bien sûr! Et cette façon de nous introduire dans leur quotidien nous permet de nous plonger dans cette période de l'histoire baltique qui pour moi reste très imprécise finalement.

J'en suis à la page 180 et je me régale de plus en plus

Je suis en train de lire la seconde partie qui nous raconte la vie des deux soeurs à partir de 1936. Je suis actuellement arrivé en 1948, un peu après le mariage d'Aliide.
Je ne vis pas ma lecture comme toi Arabella. Je trouve le bouquin absolument superbe et en savoure chaque instant, chaque paragraphe. Je suis sans doute un peu naïf comme Zara car tes soucis ne m'ont posé aucun problème. Effectivement Aliide sur ses vieux jours est une femme retranchée derrière une lourde carapace. Elle s'est endurcie au fil des années si bien que rien ne semble l'émouvoir. Elle s'intéresse à elle et à son petit univers qu'elle sent menacé par les pillages à la suite du retrait des soviétiques du pays. Crainte tout à fait fondées à mon sens car nous connaissons tous les risques lorsqu'une force d'occupation quitte la place après des années de sourde tyrannie.
Sur ces entre-faits, Zara débarque. Complètement paumée. On sent toutefois immédiatement qu'elle n'est pas là par hasard. Elle est dans la cours d'Aliide car elle c'est elle qu'elle cherchait. A la fin de la première partie, on connait les liens unissant les deux femmes, mais ne savons pas exactement ce que cherchait Zara en se réfugiant chez elle. Cherche-t-elle son passé, à se venger d'une crasse quelconque, à fuir les réseaux de prostitution... ?
Aliide la fait entrer chez elle. Car, comme elle nous le dit elle-même, elle ne peut faire autrement devant le lamentable état dans laquelle Zara se trouve. Même devenue très dure, Aliide garde une certaine humanité. Rien ne me laissait penser qu'elle allait renvoyer Zara. Le fait qu'elle fasse entrer Zara chez elle ne me choque pas. Le contraire m'aurait même déplu. Mais je suis peut-être un peu candide.

Avec ce livre, je découvre le destin d'un tout petit pays que je ne connaissais que de nom. Bien que sachant le placer sur la carte de l'Europe, j'en ignorais tout ou presque. Les temps heureux de la république, l'occupation allemande qui semble avoir été vécu comme une période relativement facile, les allemands ayant "libéré" le pays de l'occupation soviétique apparemment encore pire, puis le retour en force de ces mêmes communistes.

Je me régale.

J'ai commencé la seconde partie.
La première partie m'a un peu surprise et je me suis souvent demandé où j'allais, et là avec le lien qui se fait avec les personnages je suis curieuse de voir ce qui va se passer. Je me demande ce que veut Zara.
Il me tarde à ma pause midi pour reprendre ma lecture.

lisette a écrit:

Il me tarde à ma pause midi pour reprendre ma lecture.

Idem !

J'ai fini la première partie; un petit coin de voile est levé...........il me tarde de continuer. Je trouve cela bien écrit.
Les conditions de vie , et de "travail" en Allemagne sont durement écrites....mais sans aucun doute cela reflète la réalité, la triste réalité.
Pour le moment, un livre fort

Deuxième Partie

Elle commence aussi avec une demie page écrite par Hans, nous devinons qui il est, et nous voyons par ses yeux le personnage d'Allide avec la pathologie qu'il y perçoit.

Ensuite la vie d'Aliide nous est devoilé, dès avant la guerre, l'histoire de son coup de foudre pour Hans qui aime quand à lui la soeur d'Allide Ingel, qu'il épouse et avec qui il a une fille. Ces destins personnels se déroulent sur fond de grande histoire, la deuxième guerre mondiale, l'occupation soviétique, l'instauration du communisme. Nous suivons le destin tragique d'Ingel, la mariage d'Aliide avec un communiste, la façon dont elle dissimule et s'approprie Hans après la déportation de sa soeur et de sa nièce, à laquelle elle a contribué.

Cette deuxième partie est un peu plus convaincante que la première à mon sens, les personnages prennent du relief, en particulier Aliide. L'obsession qu'elle éprouve pour Hans, la jalousie qu'elle éprouve vis à vis de sa soeur, et cela bien avant les évènements tragiques qui vont survenir, en font un personnage intéressant, à défaut d'être vraiment sympathique. Et lorsqu'elle récupère la maison, et Hans, obligé de se cacher et soumis à la bonne volonté de sa belle soeur, il y a des passages étonnants. Je trouve néanmoins certains détails moyennement crédibles, Martin qui est communiste et un ambitieux succombe sacrement facilement à Aliide, sur laquelle il doit tout savoir, et épouser une femme avec son profil aurait au moins sacrement faire hésiter, parce que ce n'est vraiment pas bon pour sa carrière Ensuite, cacher Hans dans la maison à la barbe de son mari, on se dit que cela ne pourra pas durer longtemps, mais il faut voir dans la suite du roman. Mais disons que cela est peut être secondaire, Sofi Oksanen construit un récit efficace et plutôt prenant, s'il le faut en sacrifiant la vraisemblance sur certains points, finalement pas les plus essentiels.

Ce qui m'a d'avantage posé question, c'est le panorama de l'histoire estonienne que nous voyons de loin, au fur et à mesure du déroulement de la vie d'Aliide. Evidemment, peu de gens connaissent cette histoire. Et ce n'est pas les éléments donnés dans le roman qui peuvent aider à la faire comprendre réellement. Le récit est vraiment au plus près du vécu des personnages, et tout d'abord d'Aliide, et fait donc surtout ressortir les émotions, les souffrances, les ressentis. Et la vision de l'histoire est donc présentée sous cet angle. Ce qui fausse forcement la perspective. Le moment où cela m'a gêné le plus est celui où Aliide évoque la disparition d'une famille juive du village pendant l'occupation allemande, le voisin revenant avec les occupants soviétiques, et devenant un des tortionnaires communistes en place. Cela donne quand même une drôle d'image du destin de la communauté juive d'Estonie pendant la seconde guerre mondiale. Cela illustre à quel point le roman donne une image partielle et pour le moins incomplète des évènements.

J'ai atteint un peu plus de la moitié de la seconde partie.
Tout se construit; On a confirmation de choses que l'on soupçonnais avant
Il y a une gradation dans l'horreur de la répression
Un livre dur, mais captivant
Je me freine pour ne pas aller trop vite, pour le déguster.
J'arrête là pour ce soir,je continuerai demain
Merci d'avoir mis ce livre en LC, sans cela il serait peut-être encore sur mon étagère, alors que j'ai envie de le lire depuis le début

J'ai fini la seconde partie
Superbement bien construite, écrite.Irrésistiblement attirée pas la suite.....
Je fais une pause, et j'attaquerai la troisième partie ce soir

Je l'ai fini, pas un mauvais livre, pas une révélation à mon sens non plus. Efficace et bien fait, mais un peu facile, tirant sur l'émotion plus que provoquant une réflexion. Mais je comprends que l'on puisse apprécier cette lecture.

Arabella a écrit:

Efficace et bien fait, mais un peu facile, tirant sur l'émotion plus que provoquant une réflexion.

C'est étrange comme il semble parfois que nous ne lisons pas le même livre...
Je n'ai à aucun moment senti que Sofi Oksanen nous tirait vers l'émotion...En général, je n'aime pas trop ça...

C'est vrai que nous lisons rarement le même livre

Arabella a écrit:

C'est vrai que nous lisons rarement le même livre

Et c''est fabuleux toute cette diversité dans la littérature et dans nos goûts!

coline a écrit:

Arabella a écrit:

Efficace et bien fait, mais un peu facile, tirant sur l'émotion plus que provoquant une réflexion.

C'est étrange comme il semble parfois que nous ne lisons pas le même livre...
Je n'ai à aucun moment senti que Sofi Oksanen nous tirait vers l'émotion...En général, je n'aime pas trop ça...

J'ai également fini le livre et n'ai pas non plus senti être tiré vers l'émotion.
J'aime aussi cette fin ouverte et les quelques points restés non résolus. Comme par exemple la fin de Hans.

Harelde a écrit:

coline a écrit:

Arabella a écrit:

Efficace et bien fait, mais un peu facile, tirant sur l'émotion plus que provoquant une réflexion.

C'est étrange comme il semble parfois que nous ne lisons pas le même livre...
Je n'ai à aucun moment senti que Sofi Oksanen nous tirait vers l'émotion...En général, je n'aime pas trop ça...

J'ai également fini le livre et n'ai pas non plus senti être tiré vers l'émotion.
J'aime aussi cette fin ouverte et les quelques points restés non résolus. Comme par exemple la fin de Hans.

Idem pour moi. J'ai aimé l'intrigue de bout en bout sans ressentir une surcharge de pathos non plus.
Même si l'univers cru pouvait parfois paraître excessif, je crois malheureusement que des choses semblables ont et peuvent toujours arriver suivant les latitudes. L'horreur humaine est sans limite et j'ai apprécié que l'auteure nous la suggère sans y mettre trop de surcharge non plus, et souvent s'arrêtant à la frontière du lisible.

Par contre au contraire de Harelde j'aurais préféré une fin plus précise et non ces rapports de police. L'effet est réussi mais personnellement j'aurais aimé une autre forme. Dans l'ensemble Purge est un thriller super efficace et mérite, je pense, tous ses éloges!

aeriale a écrit:

Même si l'univers cru pouvait parfois paraître excessif, je crois malheureusement que des choses semblables ont et peuvent toujours arriver suivant les latitudes. L'horreur humaine est sans limite et j'ai apprécié que l'auteure nous la suggère sans y mettre trop de surcharge non plus, et souvent s'arrêtant à la frontière du lisible.

Très cru, oui.
C'est un peu dommage : j'aurais aimé encore plus de retenue.
C'est sordide, ça existe probablement encore (et peut-être même encore pire), mais pour un livre "grand-public", Oksanen est allée trop loin (à mon humble avis).