Ecriture, blog, journaux, extimes : nombrilisme ?

Ecriture-blog-journaux extimes" : quelle part de nombrilisme?
Rebondissant sur la dernière intervention de crivain depuis le fil consacré : "But de l'écriture" ici >
https://parfumdelivres.niceboard.com/Parlons-de-c6/Pratiques-culturelles-f28/But-de-l-ecriture-t623-15.htm
je crée ce nouveau fil parce que, en marge, j'ai très envie d'approfondir le sujet.

Citation :

(crivain):
"Dès lors que l'on n'écrit pas exclusivement pour soi...
Ecrire un blog, poster un texte dans un forum, faire lire un texte à un ami...
on croit (naïvement?) que nos petites élucubrations sont susceptibles d'intéresser le(s) lecteur(s). Il y a, surtout quand on parle de soi (et d'une manière ou d'une autre on parle presque toujours de soi), un certain exhibitionnisme."

J'ai fait des coupures >pardon! Mais c'est intentionnellement, afin de réduire son intervention aux questions que je voudrais mettre en avant sur ce fil.
La réaction de crivain semble sans concession : nous écrivons soit, nous peignons, nous photographions, nous nous adonnons avec grand plaisir à quelque création et, si nous ne sommes publiés ou n'avons pas l'occasion d'ouvrir une galerie pour exposer nos "oeuvres" à un quelque public
- et de quel public rêvons-nous tout un chacun?-
nous prenons soin de ranger toutes nos petites choses sur un site, un blog, afin de partager ou de donner à voir.
Un besoin qui vient de loin, qui touche celui, légitime, de la communication, du partage, de l'échange, mais aussi et surtout, du regard de l'autre.
Qu'attend-on du regard de l'autre?(l'autre, parfois, qu'on ne connait pas). Qu'attendons-nous du regard de celui qu'on ne connait pas? Quel regard attendons-nous et pourquoi?
Quel est ce besoin de reconnaissance qui nous vient de loin à travers notre exibition? Car oui, je pense que, d'une certaine manière, nous exhibons quelque chose à travers cette nouvelle pratique culturelle.

Être vu par l'autre, regardé , c'est avoir le sentiment d'exister. Peut-on se passer de ce dernier ?
Il y a sans doute d'autres façons d'exister : tourbillonner au milieu d'amis , de connaissances, collectionner les conquêtes amoureuses ,sacrifier tout à une réussite professionnelle, pratiquer le don gratuit,que sais-je.
Celui ou celle qui écrit a avant tout des choses à sortir de lui-même, à dire pourrait-on risquer. Mais le dire implique presque toujours l'écoute ou la réception à moins de verser dans la logorrhée du simple d'esprit.
La reconnaissance paraît donc nécessaire à l'écrivant, qu'elle soit positive ou négative. Par elle on existe, on a trouvé un peu de ce sens qu'il faut bien chercher ou donner à sa vie : l'écriture peut peut-être être une voie de vie, conçue ainsi.

Chaque personne est différente, et à chacune de découvrir pourquoi elle a besoin de tenir un blog, de poster dans un forum etc...

Pour ma part, ce sujet me donne envie de m'y pencher...

Me concernant, je ne sais pas encore quelle est la réponse, mais j'ai toujours (enfin depuis que je sais écrire ) tenu un journal intime (c'est typiquement féminin paraît-il) ou écrit des poésies... mais c'est resté à ma seule lecture, ce n'était pas de l'exhibitionnisme... et puis les blogs, ça n'était pas encore d'actualité loin de là!!! ça ne fait qu'un an que je connais tout ça

Je crois qu'aujourd'hui on cherche à être un maillon de la chaîne: il existe tant de blogs et de forums que l'on sait pertinemment qu'on ne va pas intéresser grand-monde...On le fait pour se défouler, extérioriser des choses, tenter de voir si quelqu'un nous comprend...

:pirat: C'est un peu le principe de la bouteille à la mer: ça a quelque chose de palpitant de penser que quelqu'un peut ramasser notre petit bout de nous-même et y répondre....

Ce besoin de reconnaissance de l'autre me laisse perplexe. Je n'ai jamais eu un amour fou pour les journaux intimes, les correspondances privées et autres étalages du moi qui n'ont d'ailleurs souvent été publiées qu'après la mort de leurs auteurs, du moins... jusquà la fin du siècle dernier. Depuis on a assisté à une inflation galopante de ces écrits, plus encore de ces émissions télévisées où chacun vient se raconter et, bien plus encore, de ces blogs qui ont permis de se mettre en vitrine à tous ceux qui ne pouvaient pas le faire à la télé.

Attention, je ne condamne pas le blog, il en est d'excellents. De même qu'il est des écrits très personnels remarquables, dans la mesure justement où, par le talent de leur auteur, ils dépassent le personnel et tentent d'atteindre l'universel. Mais pour une pépite, combien de gangue!

Il va de soi que l'on n'existe que par le regard de l'autre. Mais que vaut le regard qu'on ne croise pas? Que vaut le regard virtuel de celui qui feuillette les pages du web? Que vaut d'ailleurs, le regard du lecteur sur une oeuvre sous quelque forme qu'elle se présente? (j'entends pour l'auteur évidemment, pas le regard en soi).

Je ne crois pas qu'on écrive par souci de reconnaissance et celui qui se lance dans l'écriture avec ce seul souci ou ce souci primordial aurait, je crois, intérêt à se consacrer au macramé. Il y a, je l'ai dit, une inévitable vanité à écrire. Je crains qu'il n'y ait aussi de plus en plus d'exhibitionnisme. Je vous avoue qu'en tant qu'auteur je rêve bien entendu de vendre un maximum de livres (quel auteur n'en rêve pas) mais je rêve aussi de pouvoir le faire sans que personne ne me connaisse personnellement. Cela se faisait autrefois quand les médias et surtout la télé n'existaient pas, ou du moins, n'avaient pas la puissance qu'ils ont de nos jours. las! Mais où sont les neiges d'antan!

Tu l'as dit, il y a aussi la visée à l'universel, celle de dépeindre à son échelle une part de la condition humaine.
Quant à l'exhibitionnisme, je ne sais pas, pour ma part je publie sous pseudo.Je te rejoins plutôt dans le rêve d'être reconnu par des écrits et non en tant qu'individu lambda.

Je suis d'une curiosité infinie sur les choses humaines, et comme ,forcément ,nous sommes pour la plupart un peu confinés dans ce qui nous environne immédiatement (et en tant que simple lectrice car je ne voyais absolument pas ce que je pourrais avoir personnellement à dire) j'ai été fascinée au départ par toutes ces écritures qui déboulaient de partout.
Mais ce qui me semble beaucoup plus intéressant (toujours en tant que spectatrice, si j'avais le moindre talent d'écriture,ce serait sans doute différent) c'est la possibilité d'échanges. Dans justement des forums de discussion ( le phénomène de blog correspond peut être plus à l'individualisme contemporain, il ne laisse que très peu de place à la parole de l'autre).
Et dans ces forums, le comportement humain. L'écoute( enfin, la lecture :) ). Le respect, le questionnement, la mémoire de choses dites ,la constance etc. J'ai longtemps fréquenté un forum d'actualités et de politique, et j'y ai appris énormément de choses. Pas en politique ,ce n'était pas ce que je recherchais, mais en rapports entre humains, c'est une mine!
Comme tous les groupes, d'ailleurs.

Citation :

Il va de soi que l'on n'existe que par le regard de l'autre. Mais que vaut le regard qu'on ne croise pas? Que vaut le regard virtuel de celui qui feuillette les pages du web? Que vaut d'ailleurs, le regard du lecteur sur une oeuvre sous quelque forme qu'elle se présente? (j'entends pour l'auteur évidemment, pas le regard en soi).

Mais ,cela, c'est justement à l'auteur de le dire! Que vaut-il donc pour toi, pour vous,auteurs, qu'attendez vous de la part du lecteur? Une compréhension? Une complicité? Sur quoi? Sur les sujets qui vous sont chers, et donc forcément sur ce que vous êtes? Ou l'auteur lance t'il simplement son texte en se disant "le lise qui veut, je l'ai écrit car j'en avais le besoin, qu'importe le lecteur, pourvu qu'il y en ait beaucoup"?

Citation :

Mais ,cela, c'est justement à l'auteur de le dire! Que vaut-il donc pour toi, pour vous,auteurs, qu'attendez vous de la part du lecteur? Une compréhension? Une complicité? Sur quoi? Sur les sujets qui vous sont chers, et donc forcément sur ce que vous êtes? Ou l'auteur lance t'il simplement son texte en se disant "le lise qui veut, je l'ai écrit car j'en avais le besoin, qu'importe le lecteur, pourvu qu'il y en ait beaucoup"?

Je ne sais ce qu'il en est d'autres écrivains. En ce qui me concerne, comme tout "créateur" (c'est un bien grand mot pour une si petite chose en ce qui me concerne) je souhaite bien sûr être reconnu. mais non pas en tant que personne, en tant qu'écrivain. Si mes livres ont du succès, c'est que leurs lecteurs s'y sont reconnus, y ont retrouvé un écho de leurs angoisses, de leurs peurs ou de leurs bonheurs. Le regard des autres qui me fait exister n'est pas dès lors celui qu'ils portent sur moi mais sur mes écrits et j'ai le sentiment de n'être pas tout à fait inutile.

Je me souviens de Borges qui rêvait que, longtemps après sa mort, les gens raconteraient ses histoires comme ils racontent les contes, des histoires pour eux anonymes. C'était pour lui la plus belle consécration dont pouvait rêver un écrivain. Je partage pleinement ce rêve (le talent en moins, hélas).

Peu m'importe que ma concierge ne sache pas que je suis écrivain. Mais quel bonheur si elle prend plaisir à lire mes bouquins!

Si des écrits plaisent , c'est en effet " que leurs lecteurs s'y sont reconnus, y ont retrouvé un écho de leurs angoisses, de leurs peurs ou de leurs bonheurs".
Il faut que l'écrit leur parle. Est-ce possible quand ils sont à mille lieues du sujet exposé ? ou alors l'admiration peut être purement intellectuelle pour l'habileté d'un exposé, d'une démarche. Mais si cela n'entre pas en résonance avec des émotions, un ressenti l'effet sera-t-il aussi fort ?
Un des buts de l'écriture ne serait-il pas de sortir de soi, tout en y restant, pour peindre l'humain? Et si un écho est éveillé chez un lecteur c'est que l'écrivant y est parvenu. Il l'aime cet écho car il le ramène à lui. Sort-on jamais de soi ?
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