Ian McEwan

Délires d'Amour
Enduring Love
Ian McEwan

Joe and Clarissa forment un couple heureux, lui est journaliste scientifique et elle professeur de litérature. C'est un amour tranquille et profond semble-t-il. Joe a prévu un pique nique à la campagne, en amoureux avec Clarissa. Mais ce jour-là tout bascule, ils sont les témoins et Joe est l'un des acteurs involontaires d'un terrible accident au cours duquel un homme meurt. En plus du traumatisme, c'est au cours de cet accident que Joe croise brièvement le chemin de Jed Parry, et à partir de ce moment la vie de Joe devient un enfer. En effet, Jed Parry souffre d'une maladie mentale rare, le syndrome de de Clérambault, une sorte de délire passionnel qui fait que le malade est persuadé d'être en communion profonde (presque cosmique) avec l'objet de sa fixation. Parry commence alors à s'immiscer de façon incessante dans la vie de Joe, sans lui laisser aucun répit, ce qui se répercute sur le couple.

Ceci n'est pas un mauvais roman du tout, parce que McEwan a du talent, mais cela aurait pu être un très bon roman, le sujet en était vraiment interessant.
Je l'ai lu avec intérêt et aussi avec plaisir mais je n'ai jamais été entièrement convaincue, en particulier par le personnage de Clarissa. Elle est tellement indifférente au calvaire que vit son companion, si détachée et incrédule, si déterminée à laisser le problème de côté, que du coup le lecteur en est lui aussi incrédule. D'autre part le récit est affaibli par les disgressions de l'auteur sur les articles de Joe et leur contenu, l'effet d'angoisse montante que devrait produire l'attitude de jed l'illuminé en est complètement compromis. Donc, Délires d'Amour n'est pas un mauvais livre, mais il n'est certainement pas du même niveau qu'Expiation ou même que 'Sur la Plage de Chesil'.

Amsterdam

Une lecture rapide et plaisante, mais dont il ne reste finalement pas grand chose après l'intensité du moment. McEwan esquisse un jeu de massacre avec beaucoup de détachement et de finesse, et tient jusqu'au bout un dispositif narratif séduisant. Si l'exercice de style est réussi dans sa virtuosité et sa précision, l'oeuvre est mineure pour McEwan tant elle apparait comme une parenthèse. La jalousie, la lâcheté, la vengeance, l'hypocrisie...les sentiments d'une élite sociale sont ici l'instrument d'une auto-destruction amère.

Pour ma part j'ai beaucoup de mal à trouver autre chose chez cet auteur que des exercices de style, et Amsterdam fut probablement ma dernière lecture de lui.

Avadoro a écrit:

l'oeuvre est mineure pour McEwan tant elle apparait comme une parenthèse

Ce livre a reçu le Booker Prize, bien que critiqué, c'est ainsi que j'ai eu connaissance.. et j'ai bien aimé, après les lectures Le jardin de ciment et Un bonheur de rencontre, enfin un livre de lui ou je pouvais "m'amuser"

kenavo a écrit:

Avadoro a écrit:

l'oeuvre est mineure pour McEwan tant elle apparait comme une parenthèse

Ce livre a reçu le Booker Prize, bien que critiqué, c'est ainsi que j'ai eu connaissance.. et j'ai bien aimé, après les lectures Le jardin de ciment et Un bonheur de rencontre, enfin un livre de lui ou je pouvais "m'amuser"

Ah oui, on avait dit que c'était un rattrapage, qu'il aurait dû l'avoir pour son précédent, Délire d’amour (Enduring Love). Que le prix n'avait pas été donné au meilleur livre... et que du coup ils ont rattrapé l'année suivante en le donnant au nouveau McEwan... qui n'était pas, alors, le meilleur livre de l'année...

ah oui, Enduring Love est extra, seulement lu des années après à cause de la version film qui m'avait conquise.. il l'aurait en effet mieux mérité pour ce livre-là

J'ai emprunté "Samedi" à la bibliothèque,hier....pour découvrir cet auteur : est-ce un bon choix pour commencer ?

Noémie a écrit:

J'ai emprunté "Samedi" à la bibliothèque,hier....pour découvrir cet auteur : est-ce un bon choix pour commencer ?

Personnellement j’ai beaucoup apprécié la lecture de „Saturday“ mais c’est un roman très controversé d’Ian McEwan. Il raconte en détails tous les aspects de ce samedi dans la vie d’un neurochirurgien londonien. Ces détails peuvent ennuyer un lecteur qui aime l’action et la vie trépignantes.

Il est toujours difficile de ressentir les mêmes détails comme importants. Je pense que la prouesse de McEwan réside dans le fait d’en pourvoir parler ; ce qui est important pour le père ne l’est peut-être pas pour sa femme ou pour le fils. Un lecteur attentif qui suit le rythme du roman se rendra compte du moment où le samedi d’une vie bouscule vers le dimanche c.-à-d. la mort.

J’ai beaucoup discuté ce roman avec des jeunes lecteurs en le comparant à la pile des livres parus en anglais à la suite de 9/11 (Martin Amis, Don DeLillo, Jonathan Safran Foer, Claire Messud, Jay McInerney, Joseph O’Neil, John Updike, etc.). C’est un de mes favoris mais je ne le recommanderais pas comme première lecture d’un livre d’Ian McEwan. Je conseillerais plutôt „Expiation“.

J'avis bien aimé "Samedi" moi aussi

Suis en train de lire 'Solaire' et de m'ennuyer comme pas permis.....si je le finis je ferais une critique assassine (enfin pas trop quand même!)

Solaire
Solar
Ian McEwan



Décidément, me voilà de plus en plus déçue à chaque roman de McEwan. Il est vrai qu’après Expiation, il était difficile de rester au niveau, mais là…on a vraiment l’impression qu’il n’a pas grand-chose à dire et qu’il délaye, qu’il dilue. Pour l’histoire, en voilà l’essentiel. Le professeur Beard, prix nobel de physique, incorrigible séducteur et incroyable salaud, voit petit à petit sa vie se désintégrer, tomber en lambeaux par pans entiers. Il faut dire qu’il y participe activement et sans aucun scrupule. Au début du roman, son cinquième mariage est en train de se dissoudre tandis que son épouse le trompe avec l’entrepreneur en bâtiment qui a rénové sa maison et aussi avec son premier assistant au centre de recherches. C’est à partir de ce moment que rien ne va plus aller.

Ce roman se veut humoristique et sur la couverture on peut lire ‘savagely funny’, je crois que l’adverbe est ‘savagely’ inapproprié, et que ‘modestly funny’ serait plus adéquat (mais ce n’est pas vendeur). Les tribulations du professeur Beard nous font parfois sourire mais beaucoup plus souvent on étouffe un baillement à la lecture détaillée des théories de Beard sur le réchauffement climatique, les différentes manières d’y remédier et ses propres théories. A vrai dire j’ai dû lire un bon tiers du roman en diagonale pour arriver péniblement jusqu’à la fin. On ne m’y reprendra plus de sitôt.

Et samedi, tu l'as essayé?

J'avais aimé la lecture de Samedi : ce livre qui décrit une journée dans la vie d'un homme , tous les enchevêtrements des décisions prises - ou pas - et des événements qui sont liés.....Une découverte qui donnait envie de lire un autre roman de cet écrivain.

De ce fait, j'ai trouvé un autre Ian McEwan par la suite que j'ai ajouté à ma PAL! mais je ne l'ai pas encore lu ....

topocl a écrit:

Et samedi, tu l'as essayé?

Noémie a écrit:

J'avais aimé la lecture de Samedi : ce livre qui décrit une journée dans la vie d'un homme , tous les enchevêtrements des décisions prises - ou pas - et des événements qui sont liés.....Une découverte qui donnait envie de lire un autre roman de cet écrivain.

De ce fait, j'ai trouvé un autre Ian McEwan par la suite que j'ai ajouté à ma PAL! mais je ne l'ai pas encore lu ....

Eh bien non, je n'ai pas encore lu Samedi, mais après The Imitation Game, On Chesil Beach, Atonement, Enduring Love et enfin Solar je n'en retiens qu'un qui est Atonement (Expiation), alors je crois que McEwan c'est fini pour un bon moment. Ce n'est pas un mauvais écrivain, mais bon, il y a vraiment beaucoup à laisser alors je vais me tourner vers autre chose.

tom léo a écrit:

Je viens de lire « Sur la plage de Chesil » et j’étais à nouveau impressionné par le langage précis, oui, d’orfèvre, de McEwan, par exemple concernant les gestes et les ressenties intérieures dans la nuit de nôces ET aussi les descriptions du passé des deux. Il faudrait ajouter à ces deux chronologies, niveaux d’histoire, une fin d’histoire en forme de raccourci sur l’avenir surtout d’Edward, et indirectement de son ex-femme. Avec toute la "libération" qui venait pour lui après, Edward semble avoir raté sa vie...

Certains auraient voulu avoir des explications plus claires sur l’attitude de Florence. En ce qui me concerne cela semble assez claire que ce n’est pas juste une frigidité ou une simple aversion. Cela vient de plus loin…, et pas nécessaire d’expliciter qu’il y avait eu très probablement un problème coté père. Les indices sont là, savamment présentés par McEwan. Ce problème lié au contexte historique est moins la pudeur et l’absence de sexualité que l’absence de partage, le manque de mots. Aussi le « problème » de Florence – s’il est de l’ordre d’un abus – serait en grande partie le même de nos jours… Il ne sert pas à grande chose de lui reprocher son attitude qui est blessure. Elle aurait d’abord besoin d’aide.

Car si maintenant on cherche alors le problème coté Florence, l’auteur termine l’histoire en soulignant la responsabilité d’Edward. De la patience, de l’aide cherchée et trouvée…auraient changé deux vies. Ainsi reste l’impression d’un énorme gâchis, ou, comme disait Coline, d’une tragédie.

Le roman est assez court, et il gagne d’être lu d’un trait.

Très bonne lecture !

Je crois que ce livre a suffisamment été analysé par vous tous , chers Parfumés .... Oui , je pourrais aussi apporter ma "petite pierre" mais ce livre interpelle tant , que je ne saurais en faire une analyse brève avec tous les questionnements qu'il a suscité en moi ....Je crois que nous avons l'exemple type de l'oeuvre qui dérange le lecteur par les interrogations qu'il provoque ramené à son histoire personnelle .....
Je suis de ton avis avis Tom Léo , que celui-ci devrait être lu d'une traite .....Malheureusement je n'ai pas eu cette démarche .....En toute honnêteté , je crois que j'ai fui en optant pour une lecture "dilettante" , agissement suffisamment inhabituel pour moi pour ne pas voir là une sorte de fuite face à un sujet si douloureux quelquefois !

Un livre "à part" , que je ne pourrai jamais oublier avec et !