Tu n'aimeras point [Haim Tabakman]

Tu n'aimeras point



"Avant j'étais mort, maintenant je suis vivant".

Très beau film inattendu, triste et sépulcral, sur le sujet de l'homosexualité entre un homme marié et un jeune homme, déjà banni de sa ville d'origine, dans une communauté juive ultra-orthodoxe de Jérusalem.

Je redoutais le nième mélodrame sur fond d'interdit social et je me suis retrouvé devant du vrai cinéma avec une atmosphère étrange, étouffante, mortifère, une bande son très réussie avec des compositions électroacoustiques (et non l'air de Lakmé qu'on entend dans la bande annonce) qui contribuent à créer un climat d'absurdité et de cauchemar teinté de mélancolie profonde. Les acteurs sont formidables par le jeu de leur regard, le langage des corps, le poids des rituels.

L'intolérance est universelle, bien plus encore que le soucis du bien d'autrui qu'est sensée transmettre leur foi, mais le propos n'est pas seulement dans cette dénonciation éternelle. Le film décrit une communauté fermée sur elle même, cherchant de manière obsessionnelle dans les textes sacrés la voie de ses conduites dont elle ne cesse d'interroger le sens, de la remettre en question sans jamais parvenir vraiment à "ouvrir les yeux" (le titre anglais) devant l'évidence de la vie et de sa complexité.

Le personnage du mari est déchiré entre ses propres convictions religieuses et son désir qu'il savait déjà latent depuis toujours.

Et à la fin, tout le film m'a donné le sentiment de n'avoir été qu'une énorme pierre tombale en train de se refermer.

Marko a écrit:

Tu n'aimeras point



"Avant j'étais mort, maintenant je suis vivant".

Très beau film inattendu, triste et sépulcral, sur le sujet de l'homosexualité entre un homme marié et un jeune homme, déjà banni de sa ville d'origine, dans une communauté juive ultra-orthodoxe de Jérusalem.

Je redoutais le nième mélodrame sur fond d'interdit social et je me suis retrouvé devant du vrai cinéma avec une atmosphère étrange, étouffante, mortifère, une bande son très réussie avec des compositions électroacoustiques (et non l'air de Lakmé qu'on entend dans la bande annonce) qui contribuent à créer un climat d'absurdité et de cauchemar teinté de mélancolie profonde. Les acteurs sont formidables par le jeu de leur regard, le langage des corps, le poids des rituels.

L'intolérance est universelle, bien plus encore que le soucis du bien d'autrui qu'est sensée transmettre leur foi, mais le propos n'est pas seulement dans cette dénonciation éternelle. Le film décrit une communauté fermée sur elle même, cherchant de manière obsessionnelle dans les textes sacrés la voie de ses conduites dont elle ne cesse d'interroger le sens, de la remettre en question sans jamais parvenir vraiment à "ouvrir les yeux" (le titre anglais) devant l'évidence de la vie et de sa complexité.

Le personnage du mari est déchiré entre ses propres convictions religieuses et son désir qu'il savait déjà latent depuis toujours.

Et à la fin, tout le film m'a donné le sentiment de n'avoir été qu'une énorme pierre tombale en train de se refermer.

Tout d'abord bravo pour cette évocation du film car il est infiniment difficile d'en parler. Difficile de l'aimer totalement aussi car il faut aller au-delà d'une austérité apparente. Petites impressions personnelles à verser au dossier :

- C'est un premier film d'un cinéaste de 34 ans. Grande maîtrise.
- J'ai trouvé la mise en scène d'une triste douceur.
- Le personnage de l'épouse est magnifique baigné par une lumière de peintre.
- Il m'est arrivé de penser durant la projection à Lumière silencieuse pour le traitement et la composition de l'image.

Et pour terminer par une galéjade, ce à quoi le film n'incite pas, que penser de l'adage "Pour vivre heureux, vivons casher" ?

traversay a écrit:

- Le personnage de l'épouse est magnifique baigné par une lumière de peintre.
- Il m'est arrivé de penser durant la projection à Lumière silencieuse pour le traitement et la composition de l'image.

C'est très vrai et elle fait tout passer dans ses regards.

Tu dis qu'il est difficile à aimer à cause de son austérité apparente mais il est quand même animé intensément par ce désir qui circule entre les deux hommes et qui donne une lumière au milieu de ce cauchemar kafkaïen (ce plan menaçant des ombres des autres hommes dans la ruelle! ).

J'aime aussi le personnage du vieux rabbin qui est complexe et intéressant.

Marko a écrit:

traversay a écrit:

- Le personnage de l'épouse est magnifique baigné par une lumière de peintre.
- Il m'est arrivé de penser durant la projection à Lumière silencieuse pour le traitement et la composition de l'image.

C'est très vrai et elle fait tout passer dans ses regards.

Tu dis qu'il est difficile à aimer à cause de son austérité apparente mais il est quand même animé intensément par ce désir qui circule entre les deux hommes et qui donne une lumière au milieu de ce cauchemar kafkaïen (ce plan menaçant des ombres des autres hommes dans la ruelle! ).

Ces hommes tout de noir habillés comme porteurs du deuil de l'espoir de s'affranchir des conventions.

TU N’AIMERAS POINT



J'ai vu ce soir avec un peu de retard (Marko en avait parlé , d’autres peut-être…Traversay ?...) ce premier film israélien de Haim Tabakman qui a été présenté au Festival de Cannes 2009 parmi la sélection officielle d' Un Certain Regard.

Un film troublant et touchant sur une impossible histoire d’amour homosexuelle dans la société juive ultraorthodoxe de Jérusalem où l’homosexualité n’est même pas envisagée comme possible, où elle n’existe pas!

La mise en scène du scénario est impeccable. On est très vite happé par cette histoire, comme on le serait d’un thriller.

L’on ressent l’étouffement de ces gens dans le cadre resserré de leurs vies, soumises à des codes, à l’obéissance de règles précises et contraignantes,moralisatrices, niant l’individualité et le corps, et auxquelles ils n’ont vraiment pas intérêt de déroger s’ils ne veulent pas être bannis après avoir été soumis au harcèlement et à la violence.
La surveillance est permanente. Et l’échappée presque impossible…

Dans ce cadre, Aaron, un boucher d’une communauté ultraorthodoxe, marié et père de famille, se découvre une passion irrépressible pour un étudiant venu étudier le Talmud. Ce dernier, Ezri, est dans Jérusalem sans argent, sans toit, sans connaissances…jeune, et beau comme un Dieu…Et Aaron, qui vient de ré-ouvrir la boucherie après la mort de son père a besoin d’un employé…Voilà…Un désir aussi puissant qu’ inattendu ouvre une brèche dans les convictions et la morale d’Aaron…Sa vie (intime, familiale, professionnelle) est menacée.

Alternent scènes de rituel religieux et scènes de désir puis de sensualité… L’ensemble est angoissant et l’on s’attache aux amants comme à la femme de Aaron que la religion oblige à se rendre laide ( perruque hideuse ou foulard sur ses longs et beaux cheveux qu’on la surprend souvent à brosser avec plaisir, comme des caresses qu’elle s’autoriserait).
Un beau film!

D'abord , je voudrais remercier les cinéphiles de m'amener à voir des films aussi beaux et intéressants ( je pense aussi à Ander, vu cette année ). Faire un aussi beau film sur l'éveil amoureux d'un boucher juif orthodoxe , ce n'était pas gagné!
Pas grand chose à rajouter, je voudrais juste insister sur le très beau personnage de femme mis en scène , loin de sombrer dans le cliché facile de l'épouse juive telle qu'on l'imagine dans ce genre de situation et sur les décors et les images du vieux Jérusalem qui nous plongent dans un monde terriblement.. exotique, si l'on peut dire.

Le bonus du Dvd est d'un intérêt inégal. J'en ai retenu surtout la très brillante rabbin Delphine Horvilleur lors d'un débat organisé au Racine Odéon parler des interdits dans la religion juive . Qui ne sont finalement pas si différents de ceux des autres religions ..
Le metteur en scène, Haim Tabakman, ne doute pas une minute que son film sera vu par la communauté en Israël. Pas en salle, ni à la télé, bien sûr, c'est interdit tout cela. Mais sur internet, puisque l'usage de l'ordinateur est autorisé pour le travail des textes!

Content de voir remonter ce fil grâce à Marie et Queenie (merci pour la fusion!). ça me rappelle mon envie de revoir ce film très prochainement.