Preeta Samarasan [Malaisie]

Descendante de familles indiennes émigrées en Malaisie à la fin du XIXe siècle, Preeta Samarasan a fait ses études aux Etats-Unis et vit aujourd'hui avec son mari, sa fille et ... son chien, dans un petit village de la Haute-Vienne.
Et c'est le soir toute la journée est son premier roman. Parution chez Actes Sud début février 2011.



La presse anglo-saxonne à propos de son premier roman :

Citation :

"[A] psychologically acute and boldly plotted tale of descendants of immigrants from India living in material comfort and emotional impoverishment in ethnically complex Malaysia[...] Shocking secrets exert a malevolent force, and all are slowly revealed as Samarasan repeatedly loops back in time. Extraordinarily incisive, Samarasan provocatively links the sorrows of one distraught family to Malaysia's bloody conflicts in a surpassingly wise and beautiful debut novel about the tragic consequences of the inability to love."
— Booklist (starred review)
"[A] delicious first novel[...] Samarasan's fabric is gorgeous. Her ambitious spiraling plot, her richly embroidered prose, her sense of place, and her psychological acuity are stunning."
— Allegra Goodman, New York Times Sunday Book Review
"Evening is the Whole Day is fantastically good. [...] It really deserves the rather hackneyed title of 'a stunning debut.' [...] Samarasan has a powerful and compelling narrative style all her own that captures, with incredible and harrowing emotional precision, the cruelties that once-loving family members can pile on one another. [...] The Malaysian setting is conveyed with cinematic vividness through food and streetscapes, and sheds a fascinating light on the complex relationship between Malaysia's diasporic Indian community and its ongoing struggle to define its national identity."
— Mslexia Magazine (UK), Neelam Srivastava

Un 1er roman, non encore paru en France, que tu prends la peine de nous présenter Traversay, je note dans un coin, ça doit être bien...

Il sort le 2 février. Pas encore lu, mais on en dit beaucoup de bien. Comme d'ailleurs du nouveau roman de Tash Aw (ce n'est pas un jeu de mots), lui aussi de Malaisie, et dont j'avais apprécié Le tristement célèbre Johnny Lim.

Il devrait être en rayon mais je ne l'ai pas trouvé. Tant pis ! J'ai pris autre chose.

Et c'est le soir toute la journée

Citation :

Par une triste journée de septembre 1980, une jeune servante tamoule, Chellam - accusée par une fillette de six ans, Aasha, d'avoir joué un rôle dans la mort mystérieuse de sa grand-mère -, s'apprête à quitter, pour n'y plus revenir, la "Grande Maison" de Kingfisher Lane qui abrite les Rajasekharan, une famille de notables indiens de la ville d'Ipoh, en Malaisie.

Le récit d'Et c'est le soir toute la journée débute en 1980. Et c'est la fin de l'histoire. La déchéance d'une bonne à tout faire, la mort d'une vieille dame, le départ vers l'Amérique d'une jeune fille. Trois personnages féminins, auxquels il faut ajouter ceux d'une mère de famille au bord de la crise de nerfs et d'une fillette de 6 ans névrosée, qui sont au coeur du roman de Preeta Samurasan, les hommes n'y jouant qu'un rôle subalterne. Habilement, la romancière va revenir en arrière, tisser la toile du temps à l'envers, et expliquer pourquoi on en est arrivé là. L'histoire est avant tout celle d'une famille indienne en Malaisie, plutôt aisée, mais souffrant du complexe des minorités de ce pays, à l'instar de la communauté chinoise, qui semble plus que dubitative (comme l'auteure, sans aucun doute) quant à l'harmonie multiraciale dont se vantent les autorités de ce pays musulman et, en principe, démocratique et sans discrimination d'aucune sorte. Ceci, c'est l'arrière plan, car plus on remonte dans le temps au fil du roman, plus le noeud de vipères que constitue la cellule familiale devient patent, nourri de rancoeurs et de jalousie recuites. La belle-mère hait sa bru qui le lui rend bien, la fille cadette essaie de ressembler à l'aînée, sans y parvenir, se rapproche de la servante tamoule, avant de la trahir. Quant au père, sans doute lassé par cet atmosphère vicié, il s'est construit un autre foyer, avec une femme chinoise. Samarasan raconte les petits et grands événements de cette maison indienne, avec un luxe de détails et de descriptions inouïs, une cruauté insensée, et un style luxuriant qui demande une attention de tous les instants. Ce roman, entre Proust, Balzac et Mauriac, toutes proportions gardées, est très exigeant et parfois aride, et d'une lenteur languissante. Il n'en reste pas moins un véritable tour de force, écrit dans une langue superbe, riche en portraits psychologiques, d'une effarante précision. Il y a un grand souffle à l'intérieur, le même qui est nécessaire pour en venir à bout.