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Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Sam Peckinpah Dim 20 Fév 2011 - 21:11
Sam Peckinpah
Citation :
Né dans une famille de juristes, il s'engage dans les Marines en 1943 et revient quatre ans plus tard à l'université de Fresno, puis de Los Angeles. Il devient l'assistant de Don Siegel et fait ses premières armes à la télévision et au cinéma. Peckinpah réalise ses premiers films en 1961 : 'New Mexico' et 'Coups de feu dans la Sierra'. Après l'échec de son premier film à gros budget, 'Major Dundee' (1965), le jeune réalisateur prend ses distances avec les studios. Cette 'pause' sera bénéfique puisque 'La Horde sauvage' sort en 1969. Ce western marqué par la violence est considéré comme son chef-d' œuvre. Il se relance dans les années 1970 et scandalise l'opinion avec 'Chiens de paille', film où il ose un viol plein cadre. Suivra 'Guet-apens', 'Pat Garrett et Billy le Kid' (1973), 'Apportez-moi la tête d'Alfredo Garcia' et surtout 'Croix de fer'. Ses deux derniers films 'Le Convoi' et 'Osterman week-end' (1982) ne rencontreront pas d'échos. Abusant de certaines drogues, il est emporté par une crise cardiaque. Père spirituel de John Woo, Martin Scorsese, John Carpenter et Michael Mann, Sam Peckinpah restera comme un précurseur, célèbre pour son usage du ralenti, ses gunfights sanglants et sa vision, très noire, de l'humanité.
Un "monument" qui n'avait pas encore de fil. Et une poignée de monuments dans sa filmographie à tendance sauvage. Il n'a pas que le sens du ralenti, il a aussi celui du moment et du timing (il n'y a qu') voir un générique comme celui de The getaway...). Tout ça ne suffirait pas forcément à rendre justice à l'atmosphère qui est noir mais concrète, ancrée dans la vie. Et puis il n'y a pas que la violence...
Ouverture du fil pour cause de nouvelle, deuxième, vision de Junior Bonner.
Un rodéoman, Junior Bonner (Steve Mc Queen), parcourt les États-Unis de concours en concours, en gagnant tant bien que mal sa vie. Le prochain concours, le rodéo de Preston, lui permet de retrouver son père (Robert Preston) et sa mère (Ida Lupino) qui vivent désormais séparés ainsi que son frère (Joe Don Baker), promoteur immobilier arriviste qui s'est enrichi et a bradé le ranch parental ainsi que tout le domaine, dans son propre intérêt. Junior va tout faire pour gagner le concours qu'il a perdu l'année précédente, malgré un tirage au sort, qui lui attribue un taureau particulièrement redoutable. Grâce à la prime gagnée au rodéo, il offre à son père, rêveur idéaliste, un billet d'avion pour l'Australie, sa destination de rêve.
source : www.wikipedia.org
et puisque je partage, j'ajoute l'avis du type qui a rédigé l'article :
Citation :
Junior Bonner est la métaphore de son réalisateur Sam Peckinpah, dont toute la filmographie n'est que la dénonciation d'un monde moderne inhospitalier, un XXe siècle hypocrite et axé sur le profit et non sur l'honneur. D'une mélancolie caractéristique des films du grand Sam, le film est comme un adieu au monde de l'humanisme pour le traitement de masse.
Il est sûr que devant la filmographie imposante du réalisateur (environ 6 chefs d'œuvres et 2 films cultes), ce film (qui n'a eu aucun succès commercial ni aux États-Unis ni en Europe) pourrait paraître mineur, mais il n'en est rien.
C'est quand même un film de Peckinpah dans lequel personne ne meurt ! on a bien une bagarre de saloon... n'empêche que c'est avant tout un portrait d'amérique à l'ancienne, avec sa simplicité et ses morceaux d'histoire, une espèce de solidarité bonne enfant qui glisse comme la caméra sur la foule et la longue parade qui précède le rodeo de Prescott, Arizona, ville natale de JR Bonner et Ace Bonner, le père, à la peau dure lui aussi. Deux hommes, héros américains, petits certes, mais les incarnations d'un mythe et d'un mode de vie qui se retrouvent toujours plus sûrement en décalage. Un décalage dont ils sont conscients et qu'ils regardent. Peut-être parce qu'il n'a plus la force le père rêve de partir faire quelque chose de nouveau en Australie. Le fils persévère encore. La femme et mère les regarde (superbe portrait aussi que celui de cette femme). Les hommes à côté, résignés mais déterminés. Le timing, le souci du détail et de la vie... avec sa beauté simple et la rage qu'elle peut donner, une peur acceptée aussi.
Très grand sens de la sonorisation aussi. Un beau petit film avec un casting excellent (Mc Queen est à bloc là dedans à la fois nonchalant et fermé). L'évidence des qualités premières du réalisateur peut-être, avant la violence qui a fait en grande partie son image.
De belles images de bestioles puissante, une paire de cadillac (avec ou sans bière au volant), des diners arrosés au Wild Turkey, les petits cigares de maman... des ralentis mais pas démesurés comme les camions du Convoi.
Coup de cœur certain pour le film.
(le groooos regret c'est que ma version est recadrée... )
traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
Sujet: Re: Sam Peckinpah Dim 20 Fév 2011 - 22:36
Oh, qu'il le mérite son fil, le grand Sam. Là, contrairement à de Toth, j'ai tout vu. Et pas revu depuis longtemps, hélas. 14 films au compteur, c'est assez peu, finalement. Je place tout en haut Chiens de paille, Junior Bonner, Guet apens et Le convoi. Et pas très loin, Major Dundee, Croix de fer, Un nommé Cable Hogue, La horde sauvage, Coups de feu dans la sierra, New Mexico et Osterman week-end. En revanche, je n'avais pas beaucoup aimé Pat Garett et Billy le kid, Apportez-moi la tête d'Alfredo Garcia et Tueur d'élite.
Tout cela date un peu. Et forcément sujet à évoluer lors d'une revoyure.
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: Sam Peckinpah Jeu 24 Fév 2011 - 22:33
j'ai vu aussi Chiens de paille, Guet-apens, Le Convoi, Croix de fer, Pat Garett et Billy le kid, Osterman week-end, Apportez-moi la tête d'Alfredo Garcia et Tueur d'élite.
les plus vus (au moins deux fois) sont : Guet-apens, Le Convoi et Croix de fer.
Croix de fer est un film écrasant et corrosif pour le moral, en même temps c'est magnétique. Les personnages , l'intensité et la torsion de l'instant avec le ralenti. Esthétique ou cinématographique je ne sais pas où est la limite entre les deux par contre il y a toujours un rejet provoqué par la violence (et une tension avec son aspect). elle franchit toujours le pas ou dure assez pour se concrétiser.
Guet-apens est excellent et son intro une merveille. Le Convoi est à la fois grave et plus joueur (avec un côté comique pour le policier qui reste une bonne crapule). Les ralentis de camion dans un sable très blanc représente une espèce de sauvagerie visuelle relativement délectable.
Une petite illustration de ce qu'il peut avoir de maitrisé et transgressif, ambigu... un peu malsain : ouverture de la horde sauvage
ce qui est amusant c'est que chez Walter Hill on retrouve des échos très précis de beaucoup de scènes clés comme cette intro dans le Gang des frères james ou le braquage de The Getaway dans Extreme Prejudice... qui est un immense hommage, on y retrouve beaucoup la Horde sauvage mais aussi Le Convoi.
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: Sam Peckinpah Dim 27 Fév 2011 - 22:46
Apportez moi la tête d'Alfredo Garcia
El Jefe (Emilio Fernandez), parrain d’une bourgade mexicaine, apprend que sa fille attend un enfant du dénommé Alfredo Garcia. Furieux, il promet 1 million de dollars à celui qui lui apportera la tête de Garcia. Une nuée d’hommes part alors en quête de ce trésor morbide sur les routes mexicaines. Deux d’entre eux se rendent dans un bordel de la région de Mexico et interrogent Benny (Warren Oates), tenancier de l’établissement et joueur de piano. Benny connaît Alfredo et promet de ramener sa tête en échange d’une petite somme d’argent. Il prend la route en compagnie d’Elita (Isela Vega), ex-compagne d’Alfredo Garcia…
Un bout de temps que je comptais le revoir, Junior Bonner m'a aidé à y revenir enfin.
Ce qui frappe d'abord c'est la sobriété de la chose. L'intro est puissante, déjà brutale, et rythmée discrètement, un peu sauvage comme la collection baroque de voitures plus ou moins luxueuses et disparate qui s'échappe au galop de l'hacienda pour courir après ce Alfredo Garcia...
L'argent motive la violence, les femmes payent les pots cassés. L'amour des femmes entraine aussi la violence et motive en plus un certain besoin d'argent. C'est un peu la rengaine du film qui suit Bennie, joué par l'excellent Warren Oates planqué derrière ses grosses lunettes de soleil. Avec Elita ça bat un peu de l'aile (elle a succombé elle aussi à Alfredo) mais ils s'aiment au fond (ça revient pas mal dans les films de Peckinpah). Ils traversent un Mexique déglingué et inquiétant à bord de leur Chevrolet Impala non moins déglinguée à la recherche de la tête d'Alfredo. Forcément les choses tournent mal, alors qu'elles commençaient à tourner bien.
Et c'est là que c'est fort dans tout ce qui ne va pas, il y a cet espèce d'amour auquel ils s'accrochent. avant qu'il ne s'accroche tout seul... la violence est plus sale que jamais, injuste. Avant de n'être plus que pour elle même quand le reste a disparu. Un dédain de l'argent pointe le bout de son nez. Et jamais il n'aura dit qu'il risquait sa peau.
FIlm atrocement noir et brutal mais pas gratuit. Un film qui ne s'oublie pas (des détails m'avaient échappé mais l'impression et certaines scènes ne m'avaient pas quittées). Très pieds dans le plat si on veut Pas si ambigu pas si contradictoire, pas franchement complaisant. et agrémenté de quelques tableaux qui peuvent surprendre.
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: Sam Peckinpah Lun 25 Avr 2011 - 15:52
La Horde sauvage
Ce qui ressemble d'abord à des soldats vient braquer une banque, le braquage qui est aussi un piège des autorités/chemin de fer tourne au carnage... les rescapés avec à leur tête Pike Bishop (W. Holden) prennent la direction du Mexique pour tenter un autre coup. Ils sont poursuivis par un ancien de la bande Deke Thornton (R. Ryan)...
Pas mal de morceaux standards de western au programme, si ce n'est que celui-ci est particulièrement violent, avec une science certaine pour la rendre esthétique qui ne la laisse pas moins dérangeante. Avec ou sans son cortège de victimes innocentes et la présence effrayante de beaucoup d'enfants dans ce film.
Paradoxalement les héros vieillissants et fatigués du film vivent de/par cette violence alors qu'ils en sont aussi dégoûtés... voir le Robert Ryan d'après tuerie du début ou l'ombre du doute qui passe sur les visages de ces hommes endurcis devant les tableaux surréalistes de violence et de débauche offerts par le général Mapache, avec là encore des gamins innocents et fascinés.
Poussant le film encore un peu plus près du précipice il y a le fait qu'il se déroule comme trop tard, ce doit être juste avant le début de la première guerre mondiale. Les batailles sont déjà perdues et la liberté s'espère avec les paysans restés dans les montagnes. Pour se remonter le moral on peut aussi relever que les actions du film sont une série de ratages pour tout le monde jusqu'à cette fin sanglante et monstrueuse autant que vaine si ce n'est qu'elle se présente aussi comme un sacrifice libérateur.
Au delà des fusillades sauvages, et avant celles-ci en fin de compte, ce sont les visages qui marquent le film. Visages d'enfants, de villageois, visages usés et toutes ces apparences pourchassées par le réalisateur, le rapport à l'envie, à l'argent qui construit une matière particulière du rejet, du dégoût et du moteur de la violence.
énorme film au casting parfait.
Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
Sujet: Re: Sam Peckinpah Mer 18 Mai 2011 - 22:43
Le remake de Chiens de paille.
J'avais adoré ce film, il faudra que je le revois, histoire de bien me dissuader d'aller voir le remake, qui sera (forcément!) moins bon. Et de laisser un vrai avis pertinent sur ce superbe et terrible film de Peckinpah !
Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
Sujet: Re: Sam Peckinpah Jeu 19 Mai 2011 - 23:17
Chiens de paille.
Je l'ai revu. Toujours aussi oppressant. Tout ce gris, ce ciel de plomb, ces vieilles maisons, ce vieux village où on a l'impression que les murs ont des yeux qui fixent en permanence l'étranger. Ces visages d'hommes, si marqués, avec leurs regards et leurs sourires en coin qui donnent la chair de poule.
Dès les premières minutes, on le sait : ça va être la catastrophe.
Parce qu'un gars du village colle de trop près la citadine (originaire du bled, qui revient y vivre avec son informaticien de mari), qu'il a la peau qui sue la lubricité, l'animalité.
Impressionnant comme Peckinpah fait ressortir la bestialité et la sauvagerie, alors que la scène de viol reste presque abstraite, douloureuse de l'intérieur, par flash back ou par coups du réel rapides, fulgurants, dévastateurs. La violence est filmé avec comme de la brutalité, c'est sec, c'est fait, c'est dur, c'est là. En chacun. Le plus sombre. Et finalement... malgré tout, on arrive presque à comprendre le comportement de chacun. Et c'est effrayant, aussi.
Ce qui est intéressant, c'est que l'apothéose de la violence part d'un désir de l'informaticien d'être juste, impartial, de demander justice (il protège chez lui un homme "dérangé" que les habitants du village veulent questionner... et punir), et que le spectateur sait qu'il a un peu tort quelque part, qu'il ne comprend pas tout, et ne voit pas bien les choses (pas foutu de voir que sa femme a un "problème" elle aussi...).
Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
Sujet: convoi Mer 25 Mai 2011 - 10:20
Le convoi.
La petite histoire : Duck, routier, est sur la route, tranquille. Il se fait plus ou moins brancher par une meuf en décapotable. Ils font joujou (roulant côte à côte) et manque de se prendre un flic qui arrive en face. Première altercation qui sent le flic véreux, mais Duck s'en sort. Puis sur la route, il se retrouve à la queue leu leu avec deux autres routier. Ils papotent, se charrient, font une pseudo course, et se font coincés par Pépé la loi. Qui les entube un max pour s'en mettre plein les poches. Tension, colère, rancœur, mépris. Ils se séparent... mais se retrouveront plus tard... et la violence va grimper, et une petite altercation va se terminer en une course-poursuite convoi ralliant des dizaines de routiers, et une poignée de flics.
Un film étrange. Je pensais qu'il serait plein de tension terrible (genre Duel de Spielberg), et en fait... c'est ponctué de chansons au banjo un peu légères, espiègles, agrémentés de quelques scènes de bagarres plutôt marrantes (façon Terence Hill & Bud Spencer), et de petites répliques ou scènes qui tournent en ridicule (proche de la caricature) les flics (surtout) et les routiers (un peu).
Après, vers la fin ça se corse un peu. Ça devient franchement plus tendu, et un chouia violent. Le rapport à la loi, à l'injustice, aux magouilles et à la rébellion est traité sans détour, et on a un peu l'impression de s'en prendre plein la gueule sans prévenir. Reste que le flic est toujours très ridicule (on dirait limite le coyote de BeepBeep), alors l'atmosphère du film reste étrange malgré tout.
animal a écrit:
[...]Le Convoi est à la fois grave et plus joueur (avec un côté comique pour le policier qui reste une bonne crapule). Les ralentis de camion dans un sable très blanc représente une espèce de sauvagerie visuelle relativement délectable.[...]
J'ai eu un peu de mal avec l'abondance de ralentis, certains qui rendaient les scènes franchement ridicules, d'autres un peu chiantes, mais quelques-unes restent parfaites, et apportent une beauté massive, majestueuse, et fragile en même temps (comme cette longue scène des camions et des voitures dans le sable très blanc et très poussiéreux).
Reste que c'est un bon film, il ne faut juste pas s'attendre à quelque chose de très sérieux finalement. C'est presque de l'ordre du "meugnon" dans l'Happy End final, le côté communautaire Bisounours (ils ont même un car de Hippies qui les suit, avec un prêtre parce que la Bible ne dit pas "Tu n'appuieras pas sur le champignon").
(Alors que la "première" fin avait un petit côté Thelma & Louise qui n'était pas pour me déplaire)
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: Sam Peckinpah Mer 21 Nov 2012 - 22:38
The Killer Elite / Tueur d'élite 1975
avec James Caan, Robert Duvall et Burt Young
Celui-là est assez dispensable dans la filmographie de Peckinpah (et dans celle des autres ?). Le scénario est un flamby typé guerre froide et 70's entre entreprise privée, CIA, asiatiques chinois ? en forme d'opposants politiques (Mako inside) et en famille attaqués par des ninjas boulonné sur une base rustique de violence et vengeance. Il y a trahison et blessures sévères dans le duo d'opérateurs décontractés et très professionnels formé par Caan et Duvall (les deux sont en forme d'ailleurs). S'en suit une remontée obstiné du handicap par le premier suivie de retrouvailles règlement de compte au presque bout de cette intrigue qui garde une vision désabusée de tous pourris.
On peut donc dire qu'on regarde un film très alimentaire et affreusement bancal qui s'offre tout de même un casting de luxe (Caan avec ses petites pattes poilues joue toujours très bien la teigne faussement relax et Duvall le type inquiétant et énigmatique) et une bizarrerie avec le déplacement du film sur le handicap, une marginalité implacablement féroce de frein rongé, et ce qui pourrait exister de relax. La violence entre guignolesque et brut de fonderie a pour particularité d'avoir l'air irrémédiablement préméditée et d'entretenir l'ambiguïté sur ses motivations.
Une poignée de décors ou d'endroits surprenants et quelques plans paysages étonnamment smooth.
trailer
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: Sam Peckinpah Dim 1 Mar 2015 - 9:20
mince rien depuis tout ce temps déjà ?!
Ride the High Country / Coups de feu dans la Sierra (1962)
avec : Joel McCrea, Randolph Scott, Mariette Hartley, ...
Sorte de western "de vieux" dans un Ouest déjà changé, au moins partiellement. Course avec un dromadaire, premières automobiles,... Steve Judd (McCrea) poussiéreux dans ces fringues pas très fraîches débarque dans une petite ville assez tranquille. On apprend vite qu'il doit convoyer de l'or entre un un camp de mineur dans la montagne et cette petite ville. Pour ce boulot risqué (six mineurs tués lors de précédentes tentatives) il décide de faire appel à une vieil connaissance reconvertie dans la fête foraine : Gil Westrum (Randolph Scott).
Celui-ci, accompagné d'un jeune un peu couillon et grande gueule, accepte non sans envisager la bonne affaire. En route, ils croisent un fermier très croyant et sa fille, jolie et tenue sous clef, puis le très charmant camps de mineurs.
Tourné dans un parc naturel, bien que noircit par les bizarreries du dromadaire, de l'automobile ou du restaurant chinois, le début du film se donne de faux airs de potache pittoresque, jusque dans le flirt pas non plus très clair entre le jeune de service et la fille du fermier. Quand celle-ci rejoint ces cow-boys pour aller se marier avec un mineur ça commence à être beaucoup moins drôle.
D'un côté il y avait déjà les tentatives de Westrum pour amener son vieux pote Judd à partager en trois le futur butin, et à côté les leçons infligées au jeune entreprenant et nerveux, mais de l'autre, à l'arrivée dans ce petit coin boueux de froide montagne qui sert de camp aux mineurs (un bordel et quelques tentes)... et quand on rencontre les frères Hammond (inclus Warren Oates), le pittoresque commence à faire froid dans le dos. Alors avec en plus la scène du mariage dans le bordel... on en est à au moins trois tentatives de viol depuis le début du film.
En bon western, et western "de vieux" (avant Impitoyable), le bien et le mal ou le juste surnageant dans un monde volontiers abominable tiennent le cœur de l'histoire. Le avant-après de l'Ouest finissant est plutôt supplanté par le paysage opposé à ce qui fait office de civilisation ou de regroupements d'humains sédentarisés. Le rangé dans le droit chemin opposé au toujours filou trouve un pivot qui gagne en épaisseur dans la personne du jeune qui se découvre des sentiments plus solides...
Et surtout, de façon plus marquée que dans d'autres films de Peckinpah bien que ce soit très très présent, c'est la femme qui devient un personnage central. Ou les femmes (quasi-condamnées et privées de la moindre liberté). Le western gagne beaucoup en complexité et Elsa Knudsen (Mariette Hartley) qui se ferme de plus en plus ça en dit assez long. Les scènes crues, crades et dingues sont impressionnantes mais l'effet recherché sur la durée du monde de merde ne l'est pas moins.
Un final haut en couleur tout de même et une très mince lueur d'espoir dans les valeurs retrouvées et, il faut y croire, transmises.
Le film n'en a pas toujours l'air mais c'est un machin sévèrement tordu qui n'a pas grand chose à envier à d'autres films tordus de ce réalisateur qui sait faire peur.
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: Sam Peckinpah Lun 28 Mar 2016 - 11:08
Major Dundee
Dans sa version de 2h15 on est certainement loin des 4h prévues initialement mais on profite néanmoins d'une oeuvre singulière. Qui plus est les excès de violence au ralenti sont absents du film et la trame du film quoique charcutée elle aussi a peut-être moins de mal à apparaître, plus précisément ses creux et ses détours.
Le point de départ est assez simple. Au Nouveau-Mexique pendant la guerre de Sécession, le major Dundee (Charlon Heston) par aux trousses d'une bandes d'indiens qui a massacré un détachement de cavalerie et emmené des enfants. La main d'oeuvre qualifiée étant rare pour ce genre d'opérations il recrute des prisonniers confédérés dont un ex-ami à lui le Capitaine Tyreen (Richard Harris) et quelques habituels second rôles (Warren Oates par exemple) ainsi que le Lieutenant Graham (Jim Hutton) issu de l'artillerie et Samuel Potts éclaireur manchot (James Coburn) ou le jeune clairon rescapé du premier massacre sans oublié quelques soldats noirs.
Pour faire avancer cette troupe disparate il va de soi que le Major Dundee doit s'affirmer, ce qui lui est assez naturel quoique...
Ses motivations sont difficiles à cerner et la présence de son ami devenu ennemi qui fait aussi figure de chef bien que restant en retrait complique les choses et on ne sait trop ce qui travaille sa conscience. Ajoutons à ça que la poursuite passant rapidement du côté mexicain de la frontière l'ambiance change. Une fête dans un village, une femme...
Le souffle western avec à la fois les indiens et plus inattendus des lanciers français est bien présent, faisant même preuve d'un beau classicisme par contre la déchéance morale, la vanité, l'absence de raison du "héros" sont d'une autre époque. Tout n'est pas noir, tout n'est pas que violence, tout n'est pas non plus moche dans la débauche chez Peckinpah. Le tableau est complexe et prenant.
Un film bricolé au parcours difficile et avec un tournage festif qui reste une oeuvre forte et dense avec de nombreux personnages secondaires significatifs.
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Sujet: Re: Sam Peckinpah
Sam Peckinpah
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