Grigori Chukhrai

Grigori Chukhrai (parfois orthographié Tchoukhraï) est né le 13 mai 1921 à Melitopol (URSS). Il est mort le 28 octobre 2001 à Moscou.



Né en Ukraine, il est élevé près de Moscou. Etudiant à l'institut d'état moscovite du cinéma, il participe à la guerre contre l'Allemagne. Il débute sa carrière de metteur en scène en 1955 et connaît son premier succès, l'année suivante, avec Le quarante et unième, prix spécial au festival de Cannes. En 1958, il signe son film le plus célèbre, La ballade du soldat, récompensé aux quatre coins de la planète. Deux ans plus tard, Ciel pur remporte également plusieurs prix dans les festivals. Pilier de la nouvelle vague soviétique, au temps de Khroutchev, il tourne Il était une fois un vieux et une vieille en 1964. Ses cinq derniers films, durant les deux décennies suivantes, passent inaperçus, à part La vie est belle (1979). Son fils Pavel, est également devenu réalisateur (Le voleur, 1997).

Seuls trois de ses films sont disponibles en DVD avec sous-titres anglais ou français, notamment chez l'excellent éditeur Ruscico : La ballade du soldat, Le quarante et unième et Ciel pur.

La ballade du soldat (Ballada o soldate, 1958)
Durant la seconde guerre mondiale, le permissionnaire Alioucha rencontrent Choura. Ils s'aiment, il repart sur le front. Il meurt.
Un des plus beaux films de guerre que je connaisse. Et qu'importe si certains le trouvent académique. Supérieur, à mon sens, à Quand passent les cigognes, au sujet voisin. Les premières scènes, où Alioucha est poursuivi par quatre tanks allemands, est d'une incroyable virtuosité technique. Sa rencontre avec Choura, dans un wagon chargé de foin, est elle aussi extraordinaire, vive et tendre. Leur flirt, au milieu des décombres des villes russes, est d'une légèreté et d'une innocence rares, avant que la guerre ne reprenne ses droits. Le film devient alors mélodrame lyrique. Mais on retient surtout cette idylle hors du temps de deux jeunes gens, filmé avec une fraîcheur et une limpidité inouïe. Et les images sont d'une beauté indescriptible ...

Il va être difficile à trouver... Indisponible sur amazon ou priceminister.

Le quarante et unième (Sorok pervyy, 1956)
Au cours de la guerre civile russe, un messager de l'armée blanche est capturé par les bolcheviks. Il se retrouve sur une île déserte, au milieu de la mer d'Aral, avec une jeune fille, tireur d'élite, pour gardien.
Bon, c'est une oeuvre un peu grandiloquente, je vous l'accorde. Mais somptueusement filmée dans des décors naturels et d'un romantisme et d'une poésie exacerbés.

Ciel pur (Chistoe nebo, 1960)
Un pilote d'essai est capturé par les allemands. Revenu défiguré de la guerre, il est considéré comme un traître et exclu du parti. Sa femme le sauvera de la déchéance.
Teinté d'amertume, le film marque une évolution dans le cinéma de Chukhrai, qui se sent plus libre de critiquer le régime soviétique. Oui, c'est encore un mélodrame. Oui, il y est encore question de la guerre. Oui, ses qualités plastiques sont stupéfiantes. J'aime beaucoup ce film, un peu toutefois que Le quarante et unième et, surtout, La ballade du soldat.

Marko a écrit:

Il va être difficile à trouver... Indisponible sur amazon ou priceminister.

On le trouve assez facilement chez les soldeurs de DVD, il me semble.
Attention, Marko, il faut avoir l'âme follement romantique pour apprécier !

traversay a écrit:

Attention, Marko, il faut avoir l'âme follement romantique pour apprécier !

ça je sais faire si ça n'est pas trop sirupeux ou fait avec de gros sabots... J'adore un certain lyrisme et les mélodrames... mais les bons!

J'aime beaucoup La ballade du soldat, et son lyrisme fragile et frémissant. En se concentrant sur l'intimité d'une relation, sur une succession d'instants présents comme figés dans le temps, Chukhrai parvient à éviter le piège de l'exaltation patriotique. Sans maladresses démonstratives, la mise en scène transcende un quotidien, entre tendresse et idéalisme. La guerre restant en arrière plan jusqu'au bout, le jeune soldat cherche à se construire en tant qu'homme, appréhende souffrance, le manque et la séparation, bien que tout ce vécu soit éphémère.
Je conseille vivement...

Avadoro a écrit:

J'aime beaucoup La ballade du soldat, et son lyrisme fragile et frémissant. En se concentrant sur l'intimité d'une relation, sur une succession d'instants présents comme figés dans le temps, Chukhrai parvient à éviter le piège de l'exaltation patriotique. La guerre restant en arrière plan jusqu'au bout, le jeune soldat cherche à se construire en tant qu'homme, appréhende souffrance, le manque et la séparation, bien que tout ce vécu soit éphémère.
Je conseille vivement...

Très content que tu aimes ce film que je chéris.