Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Lydia Flem [Belgique]

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Marie
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coline
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MessageSujet: Lydia Flem [Belgique]   Lydia Flem [Belgique] EmptySam 26 Fév 2011 - 15:55

Lydia Flem

Lydia Flem [Belgique] Lydia-10

Née en 1952, Lydia Flem est écrivain et romancière belge de langue française.
Elle est l'auteur d'une dizaine de romans, biographies, autofictions, traduits en quinze langues. Membre de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique.
Longtemps psychanalyste, elle est également photographe.
Elle vit entre Paris et Bruxelles.
Elle connut son premier grand succès public en 1986 pour son livre « La vie quotidienne de Freud et de ses patients ».

Son dernier ouvrage : La Reine Alice, est sorti aux Editions Seuil en février 2011


Son blog :
http://lyflol.blog.lemonde.fr/
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MessageSujet: Re: Lydia Flem [Belgique]   Lydia Flem [Belgique] EmptySam 26 Fév 2011 - 16:04

La Reine Alice

C’est un conte inspiré de Lewis Carroll (Alice au pays des merveilles et De l’autre côté du miroir).
Un conte pour dresser le récit d’une traversée du cancer, comme une traversée du miroir…

« Alice avait été jadis une petite fille ; bien sûr, elle avait cessé de l’être, mais quelque chose de l’enfance ne l’avait pas quittée, une certaine ingénuité, les yeux grands ouverts, un désir têtu de ne pas renoncer à tous les désirs. Depuis qu’elle avait réellement traversé le miroir, depuis qu’elle traversait la maladie, elle croyait pouvoir y puiser du courage, de l’imagination, de l’humour, une manière de jeu, d’invention pour faire de la malchance une part de chance à saisir.
Puiser dans le dénuement, l’impuissance, la souffrance et la peur, une nouvelle liberté. »


Je redoute toujours le traitement de ce sujet, le cancer, à jamais brûlant pour moi, puisque j’ai dû l’affronter plusieurs fois, pendant huit ans, et qu’il restera une des grandes « affaires » de ma vie qui ne peut s’inscrire seulement dans le passé…
C’est une traversée dont on peut ne pas revenir…Et si l’on en revient, on en revient différent…Comme Lydia Flem, je ressens souvent qu’on peut même ne pas la regretter tout à fait…

« Alors je ne me suis pas perdue en vain ? Traverser le miroir, ce n’était pas seulement une catastrophe, c’était aussi une chance…sans plus chercher à se défendre, à se protéger, à se cacher, à vouloir éviter à tout prix éviter ses peurs, oser faire connaissance de soi. »

Ce roman-conte est pour moi un chef-d’œuvre !

« Comment dire ce qui ne pouvait être dit avec des mots, ce qui demeurait sous les mots, entre eux ou à côté ; dire et taire en même temps. »

Les mots, la poésie et l’imaginaire de La Reine Alice donnent accès à la réalité vécue dans la maladie, autrement (bien mieux ?...c’est en tout cas ce que j’aurais tendance à penser !) que la vérité crue d’un simple récit.

L’auteur est passée par là, par la « reine des maladies » …
Elle en fait une oeuvre de création extraordinaire qui sera œuvre littéraire, et œuvre photographique aussi, munie désormais de son « Attrape-Lumière ».

Entre le "Labyrinthe des Agitations Vaines "et "La Forêt du Pas-à-Pas "au terme de sa traversée, Alice croise de nombreux personnages, des meilleurs aux pires, mais tous l’accompagnent : Le Grand Chimiste, Lady Cobalt, les Contrôleurs, , La Licorne, le Docteur H., la Fée Praline, le Blanc Lapin, Cherubino Balbozar, Dinah, le Troll,…
De la bouche des meilleurs, tombe les mots qui réconfortent, éclairent et font avancer inexorablement…
De même des écrits des auteurs et des philosophes qu’elle parcourt avec avidité…
Alice ressent plus fort et comprends :

« Il lui semblait percevoir ses émotions sous la loupe, comme si elle était captive de quelque gigantesque microscope, agrandie sous un zoom impossible à fermer »

« Alice aimait s’envelopper de mots comme d’une couverture qui la mettrait à l’abri de la souffrance. »

Alors le récit est parsemé de ces phrases-recettes de vie, de précieux messages :

« Il appartient à chacun d’apprivoiser la malchance, d’y ajouter une part, ne fût-ce qu’une toute petite part, de chance. »

« Cessons de désirer ce que nous avons désiré autrefois. »

« Je tâche de faire en sorte qu’un jour me tienne lieu de toute ma vie. Je ne veux certes pas dire que je me saisis de lui comme s’il était le dernier, mais je le considère comme s’il pouvait l’être. »

« Personne ne peut rien pour personne. Chacun est seul avec sa solitude. »

« Sous l’amplitude des marées gît l’océan immense, puissant, paisible. Faites-vous confiance. Sous les ressacs de vos humeurs, de vos enthousiasmes, demeure l’essence de vous-Même. »


« Prends garde de ne jamais rien faire contre ton gré : ce qui arrivera avec nécessité pour celui qui rechigne à l’événement ne sera pas tel pour celui qui y consent. »

« Les mauvaises choses se présentent d’elles-mêmes, les bonnes, il faut les susciter. »

« Il faut vouloir ce qu’on a…et ne pas vouloir ce qu’on n’a pas. »

« Si rien ne m’est dû, alors tout sera cadeau. »

« Ne pas être pressé d’arriver quelque part, être là où l’on est, ne rien chercher d’autre. »


« Rien n’est plus fort que l’amitié. Rien n’est plus beau.
[…] L’amitié est la plus rare et la plus précieuse des rencontres…surtout si elle peut, mieux que l’amour, durer toujours...Je voudrais lui trouver un autre nom…L’amour d’amitié, l’amitié d’amour…je ne sais pas… »


« Le présent est le présent. Le présent est un cadeau permanent. Il contient tous les possibles, le présent contient l’imprévisible. Il n’y a pas d’autre liberté. Le présent contient à chaque instant toute la vie. »


Ce roman-conte est un livre d’espoir et d’apaisement…
Il a parlé tout à fait à mon vécu, à mon imaginaire… à mon présent…
Je pense qu’il peut toucher beaucoup de gens, avant, pendant, après la traversée…Ou aux côtés de ceux qui la traversent, l’ont traversée…
On voudrait bien sûr pouvoir arriver plus en douceur au fond de soi …mais il faut trop souvent l’épreuve qui nous arrête dans notre frénésie pour trouver le temps nécessaire d’y descendre…Quelle que soit l'épreuve d'ailleurs...

« Dans le Labyrinthe des Agitations Vaines, Alice fit la connaissance d’Alice. A bout de forces, à bout de souffle, elle a expérimenté la quintessence de soi.
Pour rien au monde…pour personne, je n’abdiquerais cela, murmurait-elle sourdement.
Puis d’une voix limpide, elle affirma :
A mon impuissance, oui, je dis merci .»


« Le temps de la maladie n’était pas un temps perdu, seulement une mise entre parenthèses, loin du monde, proche de soi. »


« Elle se sentait rayonnante, lumineuse. Pour la première fois depuis des mois et des mois, elle osait se formuler ce qu’elle avait évité de s’avouer jusque-là : elle avait failli mourir. Peut-être était-ce d’être revenue de là, de cette proximité avec la mort, que venait sa lumière.
"

Au terme de la traversée, Alice peut reconnaître et nous dire :

« Le monde est beau, non pas malgré ses peines, mais avec elles. Il ne pourrait y avoir de joie s’il n’y avait de douleur, de tendresse s’il n’y avait pas de solitude. C’est ainsi. Et c’est bien ainsi. »






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Marko
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MessageSujet: Re: Lydia Flem [Belgique]   Lydia Flem [Belgique] EmptySam 26 Fév 2011 - 17:57

Je l'ai commandé... J'ai vu que c'est un auteur qui s'intéresse beaucoup à la psychanalyse. ça se sent?
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MessageSujet: Re: Lydia Flem [Belgique]   Lydia Flem [Belgique] EmptySam 26 Fév 2011 - 21:07

Marko a écrit:
Je l'ai commandé... J'ai vu que c'est un auteur qui s'intéresse beaucoup à la psychanalyse. ça se sent?

Elle est psychanalyste!
Personnellement, les notions psychanalytiques me passent au-dessus de la tête, tu sais bien...
Mais cela ne m'a empêché en rien de savourer vraiment ce conte.
Tu nous apporteras ton éclairage... content
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MessageSujet: Re: Lydia Flem [Belgique]   Lydia Flem [Belgique] EmptySam 26 Fév 2011 - 21:50

Noté aussi. Bien sûr..
Merci de ton impression toute personnelle, Coline!
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MessageSujet: Re: Lydia Flem [Belgique]   Lydia Flem [Belgique] EmptySam 26 Fév 2011 - 21:56

J'ai repensé à Lydia Flem il y a peu car elle a aussi écrit en 2004 : "Comment j’ai vidé la maison de mes parents". Un témoignage très confidentiel sur le deuil.
Je cherchais des titres pour illustrer une visite de Noëlle Chatelet à propos de La Dernière leçon dont a été tirée une pièce de théâtre (si vous avez des idées, il me reste 3 jours).
Mais j'ignorais que Lydia Flem était aussi romancière.

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MessageSujet: Re: Lydia Flem [Belgique]   Lydia Flem [Belgique] EmptyDim 27 Fév 2011 - 16:34

Babelle a écrit:

Je cherchais des titres pour illustrer une visite de Noëlle Chatelet à propos de La Dernière leçon dont a été tirée une pièce de théâtre (si vous avez des idées, il me reste 3 jours).

La touche étoile de Benoîte Groult?...
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MessageSujet: Re: Lydia Flem [Belgique]   Lydia Flem [Belgique] EmptyVen 11 Mar 2011 - 16:21

La Reine Alice

« Se battre contre soi même est un combat bien singulier, tellement plus rude à mener que battre le fer contre chez l’adversaire.
Suis-je une ou deux ? La maladie est-elle mon ennemie ou ma part d’ombre, peut-être même mon trésor ? Et si la Reine Rouge avait raison ? J’ai attrapé la Reine des maladies. Et si c’était une chance ?
J’y gagnerais à devenir une reine…
La Reine Alice. »

Lydia Flem, tout comme Alice a fait sa traversée du miroir. Dans un récit touchant, drôle, tendre, caustique, fantastique au sens premier du terme, poétique, féerique, elle va évoquer la maladie sans jamais lui donner son vilain nom.
Pour parler de ce parcours du combattant, Lydia Flem fait appel à Lewis Carroll en donnant vie à des personnages fantasques qui vont accompagner Alice.

Lydia Flem pose un regard décalé, mais juste et réaliste sur ce que vit un ou une malade au quotidien. Il n’y a jamais de voyeurisme, au contraire, on se surprend à sourire dans les situations qui d’ordinaire ne s’y prêtent pas. Tous y sont métaphore, images, jeux de mots

Je ne peux m’empêcher d’y voir un message ; en effet Lydia Flem est psychanalyste….Et si dans ce conte, elle nous signifiait qu’en fin de compte, la maladie avait un sens ?

Ce livre se lit très facilement, les chapitres y sont courts. L’écriture est dynamique, tonique.Des illustrations sont insérées au milieu du texte, accompagnées d’extraits. J’ai trouvé que cela apportait une touche supplémentaire d’originalité à un texte qui n’en manque pas.
J’ai aimé la fraicheur, la pudeur, et le réalisme de ce texte. Il peut être lu par celles et ceux qui traversent le miroir : cela ne peut être pour eux qu’une bouffée d’oxygène. Il devrait être lu par les autres pour l’extraordinaire leçon de vie qu’il constitue.
Ce fut un bonheur que de le lire .Ce serait un bonheur d’autres aient envie de le lire, et le dégustent autant que moi .Un coup de cœur à partager


En guise de conclusion, et pour donner à réfléchir, pour la route…

« Votre version de l’histoire n’est pas exactement ma version de l’histoire. Mais c’est votre traversée derrière le miroir, je n’ai pu que vous y accompagner, être à vos côtés quand vous aviez besoin de moi. Vos compagnons de route et moi-même n’avons rien fait, seulement parfois donné une chiquenaude, une petite impulsion, l’élan était en vous, l’élan est en vous… » Dit le blanc lapin à la Reine Alice

«Le présent est le présent. Le présent est un cadeau permanent. Il contient tous les possibles, le présent contient l’imprévisible. Il n’y a pas d’autre liberté. Le présent contient à chaque instant toute la vie. »

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MessageSujet: Re: Lydia Flem [Belgique]   Lydia Flem [Belgique] EmptyVen 11 Mar 2011 - 17:16

mimi54 a écrit:
La Reine Alice

Je ne peux m’empêcher d’y voir un message ; en effet Lydia Flem est psychanalyste….Et si dans ce conte, elle nous signifiait qu’en fin de compte, la maladie avait un sens ?

coline a écrit:


On voudrait bien sûr pouvoir arriver plus en douceur au fond de soi …mais il faut trop souvent l’épreuve qui nous arrête dans notre frénésie pour trouver le temps nécessaire d’y descendre…Quelle que soit l'épreuve d'ailleurs...




« Dans le Labyrinthe des Agitations Vaines, Alice fit la connaissance d’Alice. A bout de forces, à bout de souffle, elle a expérimenté la quintessence de soi.
Pour rien au monde…pour personne, je n’abdiquerais cela, murmurait-elle sourdement.
Puis d’une voix limpide, elle affirma :
A mon impuissance, oui, je dis merci .»

« Le temps de la maladie n’était pas un temps perdu, seulement une mise entre parenthèses, loin du monde, proche de soi. »

(Lydia Flem dans "La Reine Alice")

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MessageSujet: Re: Lydia Flem [Belgique]   Lydia Flem [Belgique] EmptyJeu 1 Mar 2012 - 0:18

La Reine Alice

Je ne voudrais pas gâcher le plaisir de Coline et Mimi mais je ne suis jamais entré dans ce roman que j'ai pourtant lu en entier. L'idée de départ est intéressante: faire de la traversée de la maladie (un cancer) un parcours initiatique à la façon d'un conte onirique à la Lewis Carroll. Les étapes à franchir (le ressenti physique et psychique, les soins médicaux, les conseils psychologiques, le cheminement vers la paix intérieure...) s'illustrant de manière métaphorique comme dans un rêve lynchien qui reprendrait les personnages et situations d'Alice au Pays des merveilles (ce qu'est d'ailleurs le film "Inland Empire" dans une certaine mesure). Le problème est qu'elle n'a ni la force ni l'originalité de ces modèles. Chaque phrase est sur-signifiante et bien trop animée d'un désir de faire sens et de se référer à l'abécédaire psychanalytique, aux jeux de mots lacaniens... On est entre l'imagerie d'Epinal (le conte pour enfant au style minimaliste) et la leçon de vie qui tourne souvent au truisme. Un exemple: Le monde nous plonge dans ses ombres, ses lumières et ses nuits. Le monde est beau, non pas malgré ses peines, mais avec elles. Il ne pourrait y avoir de joie s'il n'y avait de douleur, de tendresse s'il n'y avait de solitude. C'est ainsi. Et c'est bien ainsi. (p.172/173).

Elle site nombre d'écrivains et de philosophes comme autant de guides spirituels en quelque sorte. Mais elle n'en fait pas grand chose. Comme si on était dans un roman de Coelho ou dans Le monde de Sophie. On les croise et puis voilà tout. Lewis Carroll lui-même se glissait tantôt entre les lignes de James Joyce, tantôt celles persanes des Mille et Une Nuits, sanscrites du Mahabharata ou hébraïques du Cantique des cantiques. Personne ne s'inquiétait plus ni de la marche du temps ni des soucis de traduction, chacun comprenant instantanément toutes les autres langues au présent historique, au plus-que-parfait du subjonctif au passé composé et recomposé. (p.115/116).

On peut trouver émouvant et potentiellement "poétique" cette façon de dire les choses tout en les travestissant. De s'évader dans l'imaginaire pour sublimer la violence et la souffrance de la maladie... De chercher une issue, de s'apaiser. Mais dès les premières pages j'ai ressenti une sorte de vacuité, d'artifice qui ne m'ont jamais lâché. Comme si je m'attendais à voir se dérouler le programme à l'avance sans réelle surprise à l'exception de quelques tournures de phrases parfois charmantes ou intrigantes. Elle veut faire preuve d'originalité, de finesse, d'érudition discrète mais on n' atteint jamais à mon sens ce qu'elle recherche manifestement et qui serait une sorte de conte philosophique ou de variation poético-surréaliste sur ses illustres modèles. En relisant Alice de Lewis Carroll on se rend compte de l'écart terrible de style, d'imaginaire, de profondeur. Il faut dire que je suis par ailleurs en pleine lecture de Proust et le contraste est forcément un peu cruel pour Lydia Flem. Mais je suis peut-être passé à côté et j'ai lu des avis très élogieux un peu partout. Aussi ce n'est qu'un ressenti bien subjectif.

Que Mimi ne regrette pas de m'avoir proposé ce choix pour la chaîne de lecture. Je n'ai pas aimé mais c'est une expérience de lecture que je ne regrette pas car elle reste malgré tout très singulière.




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topocl
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MessageSujet: Re: Lydia Flem [Belgique]   Lydia Flem [Belgique] EmptyJeu 1 Mar 2012 - 7:42

Marko, nous parlions avec Aériale de l'art de faire une critique négative sans blesser/vexer les personnes qui avaient aimé le livre. Bravo! Tu es le maître!
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MessageSujet: Re: Lydia Flem [Belgique]   Lydia Flem [Belgique] EmptyJeu 1 Mar 2012 - 8:53

Ah oui, la classe Marko! J'ai sans doute des leçons à prendre (moi et quelques autres rire )

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Marko
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MessageSujet: Re: Lydia Flem [Belgique]   Lydia Flem [Belgique] EmptyJeu 1 Mar 2012 - 11:30

C'est surtout que ce qui apparaîtra comme des truismes aux uns pourra toucher les autres sans que ça fasse d'eux des idiots. Je me souviens du débat sur "Entre ciel et terre" de Stefansson que j'aime beaucoup et que d'autres n'aimaient pas pour les mêmes raisons que j'avance ici. Mais c'est surtout le style qui m'agace. Ce côté enfantin pour parler de choses difficiles ou "profondes". Comme si elle nous prenait par la main en nous disant même à quel moment ce qu'elle raconte est "poétique":

Oh, fit-il, compatissant, nous sommes à la veille de la sixième visite chez le chimiste, la tension monte de quelques crans, c'est bien normal. Vous êtes secouée, chahutée, sens dessus dessous. Encore un peu de courage et l'épreuve sera derrière vous. Vous devriez vous distraire, vous aérer, faire quelques pas dans le jardin. Les buis sont couverts de givre, et l'eau des fontaines est figée, c'est plein de poésie.

Un avis négatif d'une internaute trouvé sur amazon et qui va un peu dans le sens de ce qui me gêne:

Citation :
Après de multiples et conscienceux efforts... j'ai (enfin !) réussi à aller au bout de ce livre.

Je n'ai pas aimé l'écriture. Je vois bien la parenté avec Lewis Caroll, mais là j'ai quand même eu la sensation de lire une laborieuse rédaction d'école.

Vu les critiques élogieuses un peu partout dans les médias (le journaliste François Busnel à même parlé de chef d'oeuvre à de nombreuses reprises) je m'attendais sans doute à quelque chose de plus intense ou plus créatif (l'appareil photo se nomme "l'attrape lumière" et c'est un peu tout sur ce registre là, après on aime ou on n'aime pas). De plus incarné également car les personnages sont certes sympas mais je trouve qu'ils ont si peu d'épaisseur.
Finalement tout reste assez cérébral, chacun proposant ses conseils à Alice, "lâcher prise", "ne réflechissez pas trop", "se défaire"...

Par contre, j'ai quand même beaucoup appris sur la douleur physique occasionnée par le cancer.

Alors c'est sûr il y a des idées et parfois de bons dialogues mais j'ai assez vite eu la sensation d'une longue et ennuyeuse visite au musée de cire.
C'est dommage car j'aurais adoré aimer ce livre.
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MessageSujet: Re: Lydia Flem [Belgique]   Lydia Flem [Belgique] EmptyJeu 1 Mar 2012 - 12:43

topocl a écrit:
Marko, nous parlions avec Aériale de l'art de faire une critique négative sans blesser/vexer les personnes qui avaient aimé le livre. Bravo! Tu es le maître!

Marko a écrit:


Je ne voudrais pas gâcher le plaisir de Coline et Mimi mais je ne suis jamais entré dans ce roman que j'ai pourtant lu en entier.


Marko a écrit:
C'est surtout que ce qui apparaîtra comme des truismes aux uns pourra toucher les autres sans que ça fasse d'eux des idiots.[...]

On veut tellement être "gentil" sur ce forum qu'on en arrive même à modérer nos commentaires lorsqu'ils vont à l'encontre d'autres avis. Very Happy

Marko a écrit:
Mais c'est surtout le style qui m'agace. Ce côté enfantin pour parler de choses difficiles ou "profondes". Comme si elle nous prenait par la main

Je vais forcément ramener à mon vécu pour pouvoir réagir à ton commentaire...Je ne peux pas dire ON, je ne peux qu'employer le JE et me livrer un peu forcément...

Je ne sais pas si c'est l'expérience de cette traversée qui me fait penser que justement, ce qui n'arrive guère dans ces moments dramatiques que constituent un combat contre le cancer (ce doit être pareil pour d'autres maladies dont je n'ai pas l'expérience) c'est justement d'être accompagné, "pris par la main", comme un enfant oui, alors que l'on se sent (ce fut mon cas) désarmé, fragilisé devant la situation inconnue et la perspective qu'il puisse ne pas y avoir d'issue ...
Le traitement de la maladie est au point, les équipes médicales assurent, mais personnellement il m'a manqué quelqu'un qui m'accompagne psychologiquement...Quelqu'un qui m'aurait peut-être parlé comme Lydia Flem, comme à une enfant, l'enfant, l'être neuf...l'infans qui n'avait pas les mots pour dire à quel point j'étais à la naissance d'une nouvelle vie où j'aurais tout à apprendre à nouveau, où tous les repères connus auraient changé, où je devrais affronter mes peurs terribles...Comme une enfant!...
Cela m'aurait peut-être évité un effondrement au bout de huit années ...et la chute au fond d'un trou d'où je suis remontée pour affronter la vie avec bonheur, nourrie de plein d'enseignements "basiques" assez identiques à ceux que Lydia Flem dispense à travers ce livre.

Marko a écrit:

L'idée de départ est intéressante: faire de la traversée de la maladie (un cancer) un parcours initiatique à la façon d'un conte onirique à la Lewis Carroll. Les étapes à franchir (le ressenti physique et psychique, les soins médicaux, les conseils psychologiques, le cheminement vers la paix intérieure...) s'illustrant de manière métaphorique comme dans un rêve lynchien qui reprendrait les personnages et situations d'Alice au Pays des merveilles (ce qu'est d'ailleurs le film "Inland Empire" dans une certaine mesure). Le problème est qu'elle n'a ni la force ni l'originalité de ces modèles.

Là tu te places en cinéphile qui aspire au génie et aux fortes émotions que procurent les images de Lynch.
Lydia Flem n'est pas Lynch, je ne pense pas qu'elle prétende rivaliser avec aucun modèle. Et surtout pas avec Lynch.

Je vois juste dans ce récit un besoin d'exprimer avec simplicité et sincérité, et à sa manière, comment elle a vécu sa traversée , ce qu'elle en retire.
Je n'attendais d'ailleurs rien d'autre...
J'ai toujours tant de mal à lire des livres sur le sujet!
Je fus surprise de voir à quel point tout ce qu'elle écrivait mettait en mots mon propre vécu et correspondait à mon "petit" imaginaire, quelque peu enfantin peut-être, mais doux...et c'est le mien.


Marko a écrit:
Chaque phrase est sur-signifiante et bien trop animée d'un désir de faire sens et de se référer à l'abécédaire psychanalytique, aux jeux de mots lacaniens...
Tu le vois, là, parce que c'est ton domaine...
Cela échappera sans lui faire de mal au lecteur non averti.


Marko a écrit:

On est entre l'imagerie d'Epinal (le conte pour enfant au style minimaliste) et la leçon de vie qui tourne souvent au truisme. Un exemple: Le monde nous plonge dans ses ombres, ses lumières et ses nuits. Le monde est beau, non pas malgré ses peines, mais avec elles. Il ne pourrait y avoir de joie s'il n'y avait de douleur, de tendresse s'il n'y avait de solitude. C'est ainsi. Et c'est bien ainsi. (p.172/173).

Oui certes la citation choisi illustre bien ce que tu dis, je suis d'accord.
Mais personnellement j'ai retenu beaucoup d'autres passages (j'en ai cité pas mal dans mon commentaire) qui ne me paraissent pas aussi simplistes...et qui sont surtout réconfortants, ou sujets à méditation...pendant ou après...
Franchement on n'est quand même pas au niveau de Coelho ou de Gardner!

Marko a écrit:

On peut trouver émouvant et potentiellement "poétique" cette façon de dire les choses tout en les travestissant. De s'évader dans l'imaginaire pour sublimer la violence et la souffrance de la maladie... De chercher une issue, de s'apaiser.

Oui, bien sûr, on peut!...
Et cette façon d'aborder la maladie à aucun moment ne m'a parue mièvre, nunuche. Elle m'a vraiment parlé! ...
Le cancer est si difficile à vivre, et surtout à surmonter, si violent, que ce peut être une façon de le regarder tout de même en face, mais avec moins de peur et sans révolte, avec un regard qui cherche l'apaisement...

Marko a écrit:
Il faut dire que je suis par ailleurs en pleine lecture de Proust et le contraste est forcément un peu cruel pour Lydia Flem.
Retourne vite à Proust et oublie Lydia Flem...Tu es beaucoup trop sévère avec elle!... rire

...............

« Je tâche de faire en sorte qu’un jour me tienne lieu de toute ma vie. Je ne veux certes pas dire que je me saisis de lui comme s’il était le dernier, mais je le considère comme s’il pouvait l’être. »

« Le présent est le présent. Le présent est un cadeau permanent. Il contient tous les possibles, le présent contient l’imprévisible. Il n’y a pas d’autre liberté. Le présent contient à chaque instant toute la vie. »

« Dans le Labyrinthe des Agitations Vaines, Alice fit la connaissance d’Alice. A bout de forces, à bout de souffle, elle a expérimenté la quintessence de soi.
Pour rien au monde…pour personne, je n’abdiquerais cela, murmurait-elle sourdement.
Puis d’une voix limpide, elle affirma :
A mon impuissance, oui, je dis merci .»

« Le temps de la maladie n’était pas un temps perdu, seulement une mise entre parenthèses, loin du monde, proche de soi. »





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MessageSujet: Re: Lydia Flem [Belgique]   Lydia Flem [Belgique] EmptySam 3 Mar 2012 - 13:51

coline a écrit:


« Je tâche de faire en sorte qu’un jour me tienne lieu de toute ma vie. Je ne veux certes pas dire que je me saisis de lui comme s’il était le dernier, mais je le considère comme s’il pouvait l’être. »

« Le présent est le présent. Le présent est un cadeau permanent. Il contient tous les possibles, le présent contient l’imprévisible. Il n’y a pas d’autre liberté. Le présent contient à chaque instant toute la vie. »

« Dans le Labyrinthe des Agitations Vaines, Alice fit la connaissance d’Alice. A bout de forces, à bout de souffle, elle a expérimenté la quintessence de soi.
Pour rien au monde…pour personne, je n’abdiquerais cela, murmurait-elle sourdement.
Puis d’une voix limpide, elle affirma :
A mon impuissance, oui, je dis merci .»

« Le temps de la maladie n’était pas un temps perdu, seulement une mise entre parenthèses, loin du monde, proche de soi. »

Pour moi toutes ces citations sont également des truismes. Elle exprime finalement des banalités évidentes comme s'il s'agissait de réflexions personnelles originales et sensées être intéressantes ou touchantes pour celui qui va les lire. Si j'évoque Proust c'est que justement lui-aussi n'a pas peur d'affirmer toutes sortes de choses sur tous les sujets possibles avec une assurance qui peut sembler parfois supérieure. Mais il n'est jamais dans le convenu et le cliché. Il suscite constamment l'étonnement, la réflexion. Et surtout son style rend chacune de ces phrases comme un voyage extraordinaire dans la pensée et le temps. Cette Reine Alice reste dans la naïveté du conte tout en aspirant au "message", à la leçon de vie. Elle me semble effectivement trop mièvre ou trop banale.

Je me doute bien que d'avoir soi-même vécu une telle expérience doit rendre la lecture d'autant plus complice. D'ailleurs le plaisir que beaucoup semblent éprouver est ce qui reste le plus important. Je ne le partage pas et c'est juste une question de ressenti.
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