Cet auteur est l'une des plus appréciées en Israël, tant pour ses dons littéraires que pour son parcours dans la Résistance au nazisme.
Hannah Senesh est née à Budapest en 1921, dans une famille juive assimilée et aisée. Son père, Béla Senesh est un auteur de pièces de théâtre à succès. De santé fragile, il meurt à 33 ans quand Hannah n’a que six ans. C’est donc la mère, Catherine Senesh, qui doit, seule, élever Hannah et son frère Georges, d’un an plus âgé. Curieuse de tout, très douée pour la littérature, elle écrit des poèmes dès l’âge de douze ans. Elle est brillante dans ses études, aime la lecture, le théâtre, le cinéma et les voyages. Dans le journal intime qu’elle tient soigneusement, on sent l’inquiétude devenir de plus en plus intense au fur et à mesure que la menace hitlérienne se précise sur l’Europe Centrale en 1938 et 1939. Sa crainte se confirme : les lois anti-juives sont de plus en plus restrictives. Le gouvernement hongrois décide de restreindre l’influence juive dans la presse, la vie intellectuelle, le commerce et l’industrie.
En septembre 1939, elle s installe en Palestine, qui est sous mandat britannique.
Dès la fin de 1942, on commence à savoir en Palestine ce qui se passe en Europe. Elle entrera au Palmah, branche armée de la Haganah (l armée secrète juive). Elle entre alors dans un groupe de jeunes Juifs issus de l’immigration, qui auront pour mission de sauver des Juifs en Europe occupée, aider au sauvetage de pilotes abattus et établir des réseaux de communication pour la résistance.
Le 13 mars, le commando de jeunes Juifs part pour être parachuté au-dessus de la Yougoslavie. Mais la Hongrie étant passée sous le joug nazi, il leur est impossible de passer la frontière pour réaliser leur mission. Hannah et ses compagnons devront rester en Yougoslavie pendant près de trois mois. Elle continue durant ce temps-là, à écrire des poèmes.
Le 9 juin 1944, a lieu le passage clandestin de la frontière hongroise. « Il vaut mieux mourir la conscience en paix, que de renoncer à notre mission », confie t’elle à l’un de ses camarades.
Les voilà arrivés près d’un village hongrois où il doivent pouvoir se procurer de faux papiers. Avant même d’y parvenir, elle est découverte par un gendarme et livrée aux nazis. Malgré les tortures, elle ne trahira aucun de ses camarades, ni les messages codés qui lui avaient été confiés. On l’emprisonne à Budapest où la police fait venir sa mère. Bouleversante confrontation, car Catherine Senesh croyait sa fille bien à l’abri au kibboutz.
Deux mois de prison au secret, trois semaines en cellule où Hannah réussit à communiquer avec ses voisins, grâce à des coups frappés au mur en alphabet morse. Elle remonte le moral des prisonniers. Le 28 octobre 1944, elle passe en jugement pour espionnage. Elle écrit pour la dernière fois à sa mère :
Chère Maman,
Je ne sais que te dire, juste ceci :
Un million de mercis et pardonne-moi si tu le peux.
Tu sais bien que les mots ne sont pas utiles.
Avec mon amour, pour toujours.
Ta fille.
L’armée rouge avance vers la Hongrie et l’espoir ne la quitte pas. Mais le 7 novembre 1944, elle est froidement exécutée après avoir refusé qu’on lui bande les yeux. Elle sera enterrée le jour-même dans le cimetière juif de Budapest, à côté de la tombe de son père et en 1950, sa tombe sera transférée au Mont Herzl, à Jérusalem.
Ses dons littéraires, son dévouement, son courage et sa fin tragique ont fait d’elle l’une des plus grandes héroïnes juives de tous les temps. On lui doit le plus célèbre de ses poèmes : « Eli, Eli she lo yigamer leolam » qui est l’un des chants prières le plus souvent chanté en Israël lors des cérémonies du souvenir.
Traduction du poème le plus célèbre de Hanna, Eli, Eli, Mon Dieu...
Mon Dieu, mon Dieu, je prie que ces choses ne finissent jamais,
Le sable et la mer,
Le bruissement des eaux,
La foudre des cieux,
La prière de l'homme.