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| Même la pluie [Iciar Bollain] | |
| | Auteur | Message |
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traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Même la pluie [Iciar Bollain] Sam 8 Jan 2011 - 18:17 | |
| Même la pluie d'Iciar Bollain - Citation :
- Une équipe de tournage espagnole vient filmer en Bolivie une oeuvre autour de Christophe Colomb et de la colonisation de l'Amérique. Très vite, les principaux figurants se révoltent contre le pouvoir en place qui souhaite privatiser l'accès à l'eau courante. Le film est menacé.
Le point fort de Même la pluie, c'est son scénario. Ecrit par le collaborateur habituel de Ken Loach, il évoque la mondialisation avec force, dresse un parallèle osé entre la colonisation espagnole et l'exploitation des figurants boliviens par un producteur et un réalisateur espagnols sans scrupules. La matière est riche, presque trop, et passionnante, avec des images superbes du film dans le film, quand Bartolomé de Las Casas dénonce les exactions des colons : " vous êtes tous en état de pêché mortel à cause de votre cruauté envers une race innocente." Entre Pirandello et le Herzog de Fitzcarraldo, Même la pluie est alors plus que convaincant. L'autre aspect du film, celui qui prend le dessus au fil des minutes, est hélas moins réussi, par excès de bons sentiments et un manichéisme parfois gênant. Quand une partie de l'équipe de tournage, en particulier son producteur, abandonne son cynisme pour prendre fait et cause pour les indiens révoltés, le film frise la caricature. Dommage, car Luis Tosar, dans le rôle dudit producteur, est exceptionnel, et éclipse sans peine un Gael Garcia Bernal assez transparent. On est peu désolé de terminer sur cette note chagrine tant Iciar Bollain, réalisatrice de films intimistes et précieux (Ne dis rien, Mataharis), met du coeur pour faire passer son message. Sa générosité, on le regrette, a malheureusement un côté démonstratif qui a du mal à passer. | |
| | | swallow Sage de la littérature
Messages : 1366 Inscription le : 06/02/2007 Localisation : Tolède. Espagne.
| Sujet: Re: Même la pluie [Iciar Bollain] Sam 8 Jan 2011 - 19:06 | |
| Bollaín est une courageuse, car ce ne doit pas être facile de choisir le tournage d´un film comme matière et thème de son propre film. Ça me fait penser à ces tableaux peints qui apparaissent sur d´autres tableaux, incrustés dans le décor. Très difficile à réaliser! Pour moi, ce "côté démonstratif "que tu lui reproches, Traversay, c´est je crois, la manie du didactisme et les excés de ton pédagogique que je reprocherai toujours à Loach. Je constate que le compagnon de Bollaín, Paul Laverty, adopte ce même procédé que Loach. Ils ont beaucoup travaillé ensemble et c´est normal. Mais il n´est pas trop tard pour qu´Iciar Bollain reprenne sa griffe d´origine et s´emancipe de ce point de vue " ciné-social" et normé qui n´est pas le sien. j´ai beaucoup aimé le film, et en particulier le personnage de l´acteur, un peu alcoolique, parce que c´est le seul qui depuis le début a les idées claires, indépendamment des montées en tension, des contretemps, des négociations et autres revirements. Il suit son instinct, et sa trajectoire coûte que coûte et ce n´est pas rien quand on travaille en equipe et qu´il faut s´entendre avec chacun, tout en restant fidèle à ses convictions et à ses attentes. | |
| | | traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: Même la pluie [Iciar Bollain] Sam 8 Jan 2011 - 19:56 | |
| - swallow a écrit:
j´ai beaucoup aimé le film, et en particulier le personnage de l´acteur, un peu alcoolique, parce que c´est le seul qui depuis le début a les idées claires, indépendamment des montées en tension, des contretemps, des négociations et autres revirements. Il suit son instinct, et sa trajectoire coûte que coûte et ce n´est pas rien quand on travaille en equipe et qu´il faut s´entendre avec chacun, tout en restant fidèle à ses convictions et à ses attentes. Je suis d'accord. J'ai aimé toutes les scènes "d'intimité" du tournage du film, c'est là où la réalisatrice excelle vraiment. Dans Mataharis, le sujet était très léger mais les portraits de femmes étaient formidables. Tout bien pensé, Même la pluie est un film foisonnant et qui mérite vraiment d'être vu, en dépit des défauts qu'on peut lui trouver. Et les paysages boliviens sont magnifiques. | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Même la pluie [Iciar Bollain] Sam 8 Jan 2011 - 19:59 | |
| - swallow a écrit:
- Bollaín est une courageuse.
J'avais beaucoup aimé son film Ne dis rien...Sur les violences faites aux femmes... | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Même la pluie [Iciar Bollain] Mar 25 Jan 2011 - 23:15 | |
| - traversay a écrit:
Même la pluie d'Iciar Bollain
- Citation :
- Une équipe de tournage espagnole vient filmer en Bolivie une oeuvre autour de Christophe Colomb et de la colonisation de l'Amérique. Très vite, les principaux figurants se révoltent contre le pouvoir en place qui souhaite privatiser l'accès à l'eau courante. Le film est menacé.
Le point fort de Même la pluie, c'est son scénario. Ecrit par le collaborateur habituel de Ken Loach, il évoque la mondialisation avec force, dresse un parallèle osé entre la colonisation espagnole et l'exploitation des figurants boliviens par un producteur et un réalisateur espagnols sans scrupules. La matière est riche, presque trop, et passionnante, avec des images superbes du film dans le film, quand Bartolomé de Las Casas dénonce les exactions des colons : " vous êtes tous en état de pêché mortel à cause de votre cruauté envers une race innocente." Entre Pirandello et le Herzog de Fitzcarraldo, Même la pluie est alors plus que convaincant. L'autre aspect du film, celui qui prend le dessus au fil des minutes, est hélas moins réussi, par excès de bons sentiments et un manichéisme parfois gênant. Quand une partie de l'équipe de tournage, en particulier son producteur, abandonne son cynisme pour prendre fait et cause pour les indiens révoltés, le film frise la caricature. Dommage, car Luis Tosar, dans le rôle dudit producteur, est exceptionnel, et éclipse sans peine un Gael Garcia Bernal assez transparent. On est peu désolé de terminer sur cette note chagrine tant Iciar Bollain, réalisatrice de films intimistes et précieux (Ne dis rien, Mataharis), met du coeur pour faire passer son message. Sa générosité, on le regrette, a malheureusement un côté démonstratif qui a du mal à passer.
Ce film est très troublant par les contrastes qu'il parvient à générer. La mise en abîme pirandellienne que tu soulignes est impressionnante et toutes les séquences de tournage du film où réalité et fiction entrent en résonance avec la réalité sociale et politique d'aujourd'hui (comme avec le vécu de chaque personnage) sont exceptionnelles. Voir ces figurants rejouer l'histoire de leur peuple et les acteurs principaux se trouver en prise avec leur propre ambivalence de descendants de colons soucieux de se faire une bonne conscience est assez vertigineux. Il y a une vraie force dans ces 2 premiers tiers du film. Et de fait, la partie mélodramatique finale, bien qu'efficace (on peut verser sa larme), semble plus faible en comparaison par son aspect plus convenu et un peu formaté (mais pas forcément si manichéen que ça). Malgré cette petite réserve, l'ensemble a beaucoup d'allure. Le scénario est d'une rare densité et ce film est à voir sans hésiter. Il nous dit également que si un film est a priori moins important que la réalité, il est pourtant capable d'en créer de fascinants miroirs et de laisser une trace qui justifie la détermination presque aveugle du réalisateur joué par Gael Garcia Bernal. Car cette vision et ce message qui l'habitent lui font peut-être détourner la tête des violences dont il est le témoin mais il en est aussi à sa façon le porte parole qui sait que le film restera encore au moment où ces hommes et ces femmes seront oubliés. Le combat politique et la vision artistique ont leur place côté à côte pour se révolter et agir, chacun avec ses moyens. | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Même la pluie Lun 7 Mar 2011 - 18:07 | |
| - Marko a écrit:
- Même la pluie d'Iciar Bollain
[...]Malgré cette petite réserve, l'ensemble a beaucoup d'allure. Le scénario est d'une rare densité et ce film est à voir sans hésiter. Il nous dit également que si un film est a priori moins important que la réalité, il est pourtant capable d'en créer de fascinants miroirs et de laisser une trace qui justifie la détermination presque aveugle du réalisateur joué par Gael Garcia Bernal. Car cette vision et ce message qui l'habitent lui font peut-être détourner la tête des violences dont il est le témoin mais il en est aussi à sa façon le porte parole qui sait que le film restera encore au moment où ces hommes et ces femmes seront oubliés. Le combat politique et la vision artistique ont leur place côté à côte pour se révolter et agir, chacun avec ses moyens. Plutôt d'avis de Marko que de Traversay, que je trouve un peu difficile Je ne suis pas une cinéphile confirmée mais très franchement ce film m'a embarquée! J'ai aimé le propos, cette histoire dans l'histoire, ce jeux de miroirs dans lesquels chacun se retrouve confronté à sa propre conscience simplement parce qu'il est là au moment où tout se passe et qu'il est impossible de détourner les yeux. La fiction rattrapée par la réalité, l'homme face à son devoir, la mise en scène joue magnifiquement de ce prisme au point que le spectateur est souvent déstabilisé, interpellé en tout cas, tout comme les personnages dans le film. Il y a aussi de très beaux rôles, je pense à celui de l'acteur jouant Christophe Colomb, coincé dans son image et malheureux de ne pouvoir exprimer ses doutes. Celui du producteur est évidemment très charismatique, lui qui se découvre brutalement une humanité qu'il avait sans doute oubliée, et que masquait une confortable insolence. Même Hatuey/Daniel est carrément habité par son rôle. Des images superbes avec cette croix lourde à porter, plânant au dessus d'eux ou lors des reconstitutions historiques dans une nature belle à couper le souffle.. Et cette question qui taraude Gael Garcia Bernal et que souligne Marko: vaut-il mieux combattre (et vivre ) l'instant ou laisser une trace de ce qui a été, pour ne pas oublier. Où se situe le véritable engagement et quand devient-on immoral? C'est un peu ce que suggère la discussion dans les salons privés entre le ministre et le cinéaste/Garcia Bernal: Personne n'est tout blanc ni noir. Chacun ses compromissions, ses arrangements et les censeurs ne sont pas toujours sans tache et sans reproche... Donc Un très bon moment de cinéma que je vous recommande d'aller voir et qui nous laisse dans l'interrogation, pas si manichéen que ça en tout cas, parce qu'il n'affirme rien et a le mérite de soulever le problème, surtout par les temps qui courent. Et c'est déjà beaucoup... | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Même la pluie [Iciar Bollain] Lun 14 Mar 2011 - 17:42 | |
| - aeriale a écrit:
Donc Un très bon moment de cinéma que je vous recommande d'aller voir et qui nous laisse dans l'interrogation, pas si manichéen que ça en tout cas, parce qu'il n'affirme rien et a le mérite de soulever le problème, surtout par les temps qui courent. Et c'est déjà beaucoup... Autre coup de coeur de l'année. Sortie DVD? | |
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| | | | Même la pluie [Iciar Bollain] | |
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